Jamais je n'avais eu la chance d'entendre des mots tels que ceux qu'il venait de prononcer. C'était puissant, et c'était rempli de sincérité. Jamais ma propre mère n'avait prononcé des mots aussi forts, même lorsque j'étais hospitalisée après des bagarres qui se sont avérées sanglantes. Tout ce à quoi j'avais droit, c'était un regard rempli de dédain, d'indifférence ou d'exaspération. Sourire qui trahit l'émotion que ça provoque au fond de moi. « Il va rien m'arriver, promis. J'vais mourir vieille et tu seras pas là pour voir ça. » Léger rire qui se veut rassurant, qui veut faire retomber la pression que j'avais provoquée. Markus laissait un vide, mais il réalisait ses rêves et on ne pouvait pas lui en vouloir. Wolf et mon père avaient toujours cette petite distance qui s'est installée depuis l'idylle avec Yen. J'avais eu la chance de pouvoir parler un peu avec l'allemand quelques jours avant, au point qu'il me confiait l'appareil photo de Candice pour que je puisse continuer à bosser un peu. Et au sujet d'Ophélia, je comprenais qu'il y avait des chances que la famille vienne à s'agrandir. Le statut de soeur aînée, je l'avais endossé quand j'ai appris l'existence de la seconde fille du vieux, et même si je fais de mon mieux, je sens que ce n'est toujours pas bien rose du côté de la cadette. Alors j'osais espérer que si leur projet venait à aboutir, l'entendre serait meilleure. « Ca finira par marcher, papa. J'en suis sûre. Faut pas qu'elle se mine la tête. J'imagine qu'en ce moment, c'est assez galère en plus. Vos différences, c'est votre plus grande force, alors faut pas douter là-dessus. » C'était bien la première fois que j'étais apte à rassurer quelqu'un sentimentalement parlant. J'avais retrouvé un point de repère dans ma vie qui me permet de me sentir sereine, et j'étais heureuse de pouvoir donner un peu de cette sérénité à mon père, et j'osais espérer que ça allait fonctionner.