(famille) née dans une fratrie de cinq enfants, j'ai toujours eu l'habitude d'être entourée de monde. y a d'abord eu Levi, quand on était petit, on aurait pu être pris pour des jumeaux parce qu'on se ressemblait beaucoup et parce qu'on était toujours collé l'un à l'autre. Levia contre le reste du monde. et puis la fratrie s'est agrandit. Queenie, et les jumeaux Anya et Darren on complété notre famille du bonheur. Nos parents, ils se saignaient au travail pour qu'on ait de quoi se nourrir. une mère femme de ménage et un père qui livre le courrier, ça aurait pu être pire comme ça aurait pu être mieux. notre père n'était jamais là et je crois qu'au fond je lui en ai toujours un peu voulu d'avoir laissé la place d'homme de la famille à Levi alors que c'était encore qu'un gosse. les souvenirs que j'ai de lui, c'est quand il m'apprenait comment me comporter si je me faisais arrêter par la police. les mains en évidence, ne pas bouger, obtempérer et puis le ten point program des Black Panther, pour que je me souvienne jour après jour que ce que j'ai n'est pas acquis et que je vais devoir me battre toute ma vie pour être considérée comme un être humain. avec Queenie tout semble compliqué. on a du mal à se comprendre, beaucoup de dispute et souvent pour rien. je pense qu'il y a choses qu'on ne s'est jamais dit et tout le monde sait que les non dits peuvent faire du mal à une famille. Anya c'est le petit bébé, on partage beaucoup de chose elle et moi et je sais qu'elle a l'âme d'une femme qui fera de grande chose. Darren son jumeau, c'est aussi le petit bébé. sa maladie, c'est ce qui m'a aussi poussé à prendre la voie du paramédical. on est très différent lui et moi, j'aurais voulu qu'il ait ma rage, mon envie de me battre mais dans une famille, on accepte les différences et on essaie pas de façonner les autres à notre images. et ma vie, j'avais besoin de la modeler à ma manière, c'est pour ça que je suis partie très tôt, laissant ma famille un peu de côté, alors que j'aurais dû rester..

(vie sociale) ça va sans dire, je suis quelqu'un de très sociable, au grand dam de mes parents. petite je pouvais taper la discute aux inconnus dans la rue sans la moindre gêne. c'est d'ailleurs cette aisance à parler qui m'a aidé à me faire un cercle d'ami important, sans qui je ne serais rien. ils sont comme ma deuxième famille. même si parfois, je suis sûr qu'ils voudraient me tuer, parce que je suis grande gueule et qu'au lieu de faire profil bas, je monte au créneau.

(vie professionnelle) j'aime les gens et je voulais trouver une façon de les aider. c'est pour cette raison que je suis devenue infirmière. c'est une façon pour moi de me sentir utile dans une société qui tend vers l'individualisme. bien trop souvent "chacun pour sa gueule" je ne veux pas vivre avec des oeillères alors que les gens autours de moi souffre et que je pourrais leur apporter un peu de soulagement et de paix. à défaut de pouvoir éradiquer les maladies, les guerres et autres conflits qui peuple la terre, je peux au moins me dire qu'à la fin de la journée, que j'ai apporté un peu de joie dans la vie de quelqu'un. je fais même partie d'une association où un week-end par mois, je vais apporter des soins médicaux à des sans abris. au début, je voulais être avocate. je voulais défendre la veuve et l'orphelin, je voulais bâtir un monde plus sûr pour ma famille. et puis j'ai été absorbé par les marches pacifistes, les organisations de manifestations pour la reconnaissance de la communauté noir, la Gay Pride, les rassemblements pour l'égalité homme/femme. au final j'ai passé plus de temps à me battre qu'à étudier. puis la mort de ma mère m'a tellement affecté que je me suis dis que je pourrais aider autrement. c'est comme ça que je suis devenue infirmière à l'âge de 23 ans.

(militantisme) petite, je me suis très vite intéressée à l'histoire de notre pays. j'ai grandis à la nouvelle orléans avec toute ma famille, berceau de la culture afro-américaine. j'ai voulu en savoir plus quant à notre communauté, notre culture, notre héritage. j'ai trouvé de magnifiques souvenirs et des moins bons. très vite je me suis rendue compte que dans notre société, être une femme noire et bisexuelle ça voulait dire devoir se battre toute sa vie. inégalité homme/femme, droit et reconnaissance de la femme dans une société plus patriarcale que jamais, racisme, discrimination et j'en passe. autant de maux que de bataille à mener. je ne veux pas, pour mes enfants, d'un monde où on choisi un ami pour la couleur de sa peau, je ne veux pas d'un monde où le genre est un critère d'embauche quand les qualifications sont les mêmes, je ne veux pas d'un monde où l'orientation sexuelle est une putain de case à cocher dans un formulaire médical.