TENENSPOON

La légèreté revient peu à peu. On oublie la fatigue, le stress cumulé et on recommence à zéro. Par chance, - bien que cela soit à l'hôpital - nous voilà tout deux dans un lit, endroit supposé être notre bulle anti-crise. J'aurais néanmoins préféré te trouver dans un endroit plus intime, moins aseptisé et peut-être plus en bordel. Toujours est-il que toute la pression semble s'évacuer pour ne laisser que la légèreté des retrouvailles. Désormais, tout ira pour le mieux, parce qu'on fera attention quand la folie te gagnera un peu trop. Je resterais juste derrière pour récupérer les pots cassés. Jamais très loin pour m'assurer que tu tiennes encore debout. Quelques éléments en plus et je te rafistolerais pour faire de toi ma créature. « Tu sais bien que la créature cherche désespérément une fiancée aussi cabossée n’est-ce pas ? » Les sourcils se dressent face à cet affront. Les lèvres se pincent parce que je sais très bien où tu veux en venir. " Tu me demandes de te trouver une fiancée ? T'es pas gonflé. " Je ris et surtout, j'embrasse tes lèvres dans l'espoir de te faire perdre la tête et que tu te taises.

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La provocation n’est jamais loin et peut-être que dans une part plus sombre de ma personne, j’espère pouvoir cueillir de nouveau quelques nuances plus rosées sur tes joues. La Créature que je peux être, aussi improbable, aussi contrastée que celle de Frankenstein cherche effectivement désespérément une fiancée. Et là où auparavant, face à mes frasques, je me contentais de poursuivre sur la même voie entêtée, tu parviens légèrement à me faire dévier doucement de mon sillage. « Mais je l’ai trouvé voyons. » Et je serais aussi bien capable un jour de te surprendre avec la surprise d’une bague. On ne sait jamais vraiment avec moi, mais pour la première fois oui je l’envisage. Sans doute parce que cela t’effraie au plus haut point et qu’en bon contradictoire j’envisage l’inverse de ce que tu désires. Je raffermis légèrement ma poigne autour de ta hanche alors que tes lèvres viennent se sceller aux miennes. « Tu ne voudrais pas ? » Je provoque, je m’amuse, mais je me questionne aussi un peu finalement, j’explore tes peurs Marla, je les apprivoise, je les attise en bon kamikaze.

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Tu sais très bien où tu vas avec une remarque pareil. Tu sais très bien de quel côté tu t'aventures. On a déjà eu cette discussion et tu sais qu'elle me dérange, qu'elle me fait grincer des dents. Un mariage ? Non, jamais de la vie. Puis, plus tu insisteras et plus ça deviendra un jeu. D'ailleurs, même dans un lit d'hôpital, tu n'oublies pas de relancer la partie. « Mais je l’ai trouvé voyons. » Bun tiens. Les joues se colorent et pour faire diversion, je t'embrasse dans l'espoir que tu arrêtes de dire n'importe quoi. J'profite même un peu. J'accentue le baiser, je le prolonge. Tu sais, histoire que tu oublies vraiment... En vain. « Tu ne voudrais pas ? » Je grogne et je roule un peu sur le côté pour enfouir ma tête dans ton cou. Moins tu m'observes, moins je suis rouge. " J'peeeux pas ! " que j'lâche en râlant. " J'te déteste encore un peu pour ce que tu as fait, alors j'peux pas t'épouser, on partirait d'un mauvais pied, t'vois ? " Grimace exagérée, puis sourire angélique et triomphant sur les lèvres, je redresse la tête pour t'observer à nouveau et voir ta réaction. " Puis, pourquoi vouloir faire comme tout le monde ? " C'est vrai, pourquoi ?

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Dans tes ombres, je balance mes lumières. T’aidant à oublier les sombres heures par lesquelles tu es passée, l’inquiétude, l’anxiété, compagnes familières qui étaient venues te ronger. Par mon inconstance, mes conneries, mes coups de folie, je viens te murmurer là, te provoquer, d’autres promesses, de serments que tu te refuses et dans lesquels moi, je serai prêt à m’aventurer, je suis pas du genre à hésiter, c’est ma qualité et mon défaut. Et de voir le rose colorer de nouveau tes joues me fait marrer. Me saisissant de tes lèvres au passage, tentative désespérée de ta part pour me faire taire, y’a pire sentence faut avouer. « Je comprends, faut se laisser le temps de la réflexion, d’être sûre que la marchandise vaut la peine. » Et je suis pas certain qu’elle vaille avec la tête que je me paie là présentement mais… « Tu peux m’essayer autant que tu voudras. » Hésite Marla, hésite, je ne demande que ça. « Et pourquoi pas ? » Je suis certain qu’en faisant comme tout le monde, on arriverait à être différent parce que c’est toi et moi. Le monde ne pourrait se voir qu’autrement, mais en vrai, tu pourras prendre tout le temps qu’il te faudra, je viendrai jamais te presser avec ça. « Tu t’es toujours imaginée seule plus tard ? » Je veux dire la plupart des filles rêvent du mariage, des gosses, mais pas toi apparemment.

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Je suis à l'agonie sous tes yeux et pourtant, tu continues. Je n'ai jamais été à l'aise avec cette discussion. Non pas que mon avis soit définitivement arrêté, mais pour le moment, je me visualisais mal en bonne mère de famille, mariée de surcroit. Je vivais pour mes études, pour mon futur travail. J'avais des objectifs qui allaient m'amener à déménager très certainement et je ne pouvais pas t'obliger à me suivre plus tard. Tu vois, je pensais à ta liberté quand toi tu nous imaginais déjà enchainé pour la vie. « Je comprends, faut se laisser le temps de la réflexion, d’être sûre que la marchandise vaut la peine. » Ma moue se transforme, tu arrives à me faire culpabiliser de mes mots, mais j'ne dis rien. « Tu peux m’essayer autant que tu voudras. » Le contraire m'aurait étonné. Je pouvais toujours compter sur toi pour faire le guignol dans ce genre de situation. On était différent des autres nous, on était capable de toutes les folies pourvu que personne n'y ait pensé avant nous. « Et pourquoi pas ? » Mes sourcils se froncent automatiquement, " ils ont dû toucher ton cerveau... " Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon Maverick ? Un nouveau soupir et voilà que mes pensées divaguent pour essayer d'imaginer. « Tu t’es toujours imaginée seule plus tard ? » Je cherche justement et il n'y a pas que les beaux souvenirs qui apparaissent. Mes épaules se dressent et j'ose te regarder pour la suite. " Non. Ne pas avoir envie de se marier ne veut pas dire être seule. Je ne vois aucun problème à passer ma vie à tes côtés, mais le mariage... " Les épaules se dressent à nouveau. " Est-ce que c'est vraiment utile ? Est-ce qu'il y a besoin de ça ? " C'est vrai, c'est toi qui me disais il n'y a pas si longtemps que tu le ferais "pour le fun" ou pour "emmerder ton père". Pas moi. J'pourrais pas. " Mon ex a une fille. J'étais sa nounou bien avant qu'il se passe un truc et j'ai toujours aimé cette gamine. Et quand bien même la relation a été chaotique, je suis toujours restée dans la vie de sa fille parce que je suis devenue bien plus qu'une nounou à ses yeux. " Au point que je voulais l'adopter. " Et maintenant, je n'ai plus du tout de nouvelles d'elle et j'dois composer avec. " Entre ça, qui me travaille et le fait que je sois aussi folle que ma propre mère, je ne crois pas que ça soit réellement un job pour moi.

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Je vois bien que le sujet te met mal à l’aise et ça m’amuse. C’est pas de parler du truc qui va provoquer les choses mais apparemment tu n’as pas l’air de penser comme tel. Mon sourire s’accentue lorsque tu parles d’avoir touché le cerveau. « Mon cerveau est atteint depuis longtemps tu sais ? » Et en réalité, je fais pas réellement de projets lorsque je viens te lancer sur le sujet mais disons que oui, j’ai été assez fou pour envisager de me poser un de ces jours même si je me suis jamais vraiment projeté dans le futur. « Je ne sais pas ! » Je hausse les épaules. Ne pas se marier était une chose qui pouvait me convenir, mais me marier aussi, juste pour la folie du truc, j’avais vraiment pas d’idées préconçues là-dessus. « Je vais pas te demander en mariage tout de suite si c’est ça qui te fait peur. » Je rigole mais je sens bien que toi au fond, t’es vraiment dans le mal, et moi j’ai juste encore un peu trop mal au crâne alors. « Je veux que tu sois bien Marla c’est tout. » Et moi aussi par la même occasion. Pour le moment, on avait les mêmes envies, les mêmes préoccupations et peut-être que cela changerait un jour mais on aurait alors tout le temps de prendre des décisions, je voulais pas trop anticiper les choses, c’est pas vraiment ma nature. « T’es resté combien de temps avec cet ex ? » Moi la mienne s’était finalement barrée de la ville après m’avoir menacé d’un couteau alors que j’étais prêt à m’engager pour de bon cette fois-ci. On dira mauvais timing, mais peu de chances qu’on se recontacte à nouveau. « Comment elle s’appelle ? » T’étais attachée à cette gamine et je pouvais comprendre, de toute façon en adepte de la liberté, je t’empêcherai pas de quoi que ce soit.

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« Mon cerveau est atteint depuis longtemps tu sais ? » Mon sourire s'étire à nouveau. Je le sais oui. Je l'ai compris un peu plus ce week-end, suite à votre disparition. Pourtant, il a beau être atteint, ça t'empêche pas de te souvenir que j'ai en horreur certaine de nos conversations. Surtout concernant le mariage et les enfants. Je n'ai pas envie d'être la femme de. L'amour en lui même est largement suffisant. Pour les enfants, je n'ai pas envie d'être attachée à ce point. C'est compliqué à expliquer, mais largement compréhensible je pense. « Je vais pas te demander en mariage tout de suite si c’est ça qui te fait peur. » J'grimace en te regardant, ma main vient repousser quelques unes de tes mèches en arrière. " Tu te prendrais le refus de ta vie Tenenbaum... " Autant être clair à ce propos. J'ai moyennement envie qu'on se prenne la tête à ce sujet dès maintenant. « Je veux que tu sois bien Marla c’est tout. » - " Je le suis " que je réponds sans une once d'hésitation, resserrant mon emprise autour de tes côtes. J'étais bien à tes côtés et je voulais pas que ça change tout de suite. Pour les enfants, j'étais pas prête à en avoir un avant... au moins une dizaine d'année. Plus ? Jamais ? Pourtant, il y avait Caprice, la fille de Miles, que j'aurais adopté sur le champ s'il avait dit oui. « T’es resté combien de temps avec cet ex ? » J'en sais trop rien à vrai dire. " Quelques mois... Officiellement pas très longtemps et officieusement... c'était compliqué. Puis, l'été dernier, il a eu un accident de voiture et il a perdu la mémoire. " Nous avec. Ça avait été vraiment difficile. Je l'avais perdu lui et sa fille en même temps. Éjectée de sa vie pour atterrir dans la tienne. Aujourd'hui, je ne m'en plaignais pas. « Comment elle s’appelle ? » - " Caprice. Elle a du caractère, une vraie princesse. Elle est forte et attachante. " Elle est malade aussi et j'avais passé beaucoup de temps à ses côtés.

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Je le sais que t’es pas prête, moi-même je suis pas certain de l’être un jour. C’est sans doute bête mais je me suis jamais imaginé à un âge aussi avancé, persuadé que la terre serait déjà venu m’enlacer depuis des années. Regarde-donc. J’ai un trou dans le crâne, une colonne en métal et des os sans doute trop ressoudés dans l’ensemble de mon corps. Je suis tellement barge, que je serai prêt à passer le cap avec toi je pense oui, histoire de rien avoir à regretter. On est bien loin de la vision posée et éternelle de mon paternel. Moi je vis dans l’instant, et lui il est avec toi. Mais t’invites les histoires du passé entre nos murs d’hosto. De cet ex et de sa gosse. « Tu m’en avais jamais parlé. » Pourtant on se connaît depuis de nombreux mois maintenant, quasi une année oui, je pense bien être à peu près certain de ça. Et je viens à grimacer légèrement lorsque tu évoques son accident. C’est pas une vraie rupture ça, juste des sentiments qu’on vient couvrir d’un drap, pas de déchirure, pas de dispute, et une gamine au milieu. « Vous avez des points communs apparemment. » Je souris effronté, princesse au caractère bien trempé, ça me rappelle quelque chose. Je sens le doute s’insinuer en moi mais je viendrai rien te dire, j’aime trop la liberté pour ça. Si t’es avec moi, c’est parce que tu le désires et je viendrai certainement pas te supplier, je l’ai fait avec personne alors ça commencera pas maintenant. « Elle s’appelle comment cette Princesse ? » Nouvelle arrivée dans le parcours qu’on trace ensemble apparemment, faudra bien l’accepter si elle est importante pour toi.

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« Tu m’en avais jamais parlé. » Arriveras-tu à comprendre, un jour, que je garde de nombreux secrets en moi Maverick ? Te rends-tu comptes que je ne parle jamais et de rien d'important. Tu ne connais pas mon enfance, tu ne connais pas ce que j'ai vécu à cette période. Tu sais pas quelle relation j'entretiens avec mes parents, mes sœurs ou mes frères. Je n'ai jamais parlé de mes ex-petits amis. Je n'ai jamais parlé de tous les drames que j'ai traversé. Tu ne sais pas ce qui me traverse dans la tête quand je suis au plus bas. Tu ne sais pas même comment et dans quelle conditions j'en suis arrivée à faire une tentative de suicide. Tu ne sais pas grand chose et pourtant, tu me connais mieux que personne. Du moins, tu fais partie de ceux qui me connaissent le mieux, avec Mikke, par exemple. " Je ne parle jamais et tu ne poses pas de questions non plus... " Ce n'est pas un reproche, loin de là. C'est juste qu'au sein de notre couple, nous sommes ainsi. On parle de ce qui va ressortir et se mettre sur le passage et on garde le reste sous silence. Et si on ne pose pas de questions, c'est peut-être aussi parce qu'on a encore à apprendre justement, à décrypter, avant de se mouiller. « Vous avez des points communs apparemment. » Le sourire s’agrandit avant de finalement être plus triste quand les souvenirs de Caprice s'enchainent et que je me souviens que je ne la reverrais certainement jamais. J'avais encore du mal à me dire qu'elle appartenait au passé. « Elle s’appelle comment cette Princesse ? » - " Caprice " Capi de son surnom. Je laisse échapper un soupir, songeuse. Je crois que je préfère ne plus en parler. De toute façon, " Tu devrais dormir, tu as l'air épuisé... ". Mes lèvres se posent sur les tiennes pour t'embrasser délicatement avant que je ne me redresse complètement pour te faire de la place dans ton lit d'hôpital. J'allais m'asseoir sur la chaise des visiteurs en attendant que tu te reposes. Il n'était pas question que je te laisse seul après ces péripéties.

FIN DU RP