On avait prévus de se revoir, mais la question était surtout quand est-ce qu'on le ferait ? Parce que du temps a passé depuis notre journée sur le terrain de basket, journée où je ne suis pas parvenus a lui faire rentrer un panier d'ailleurs... Les jours ont passés, on s'est croisés de nombreuses fois dans les couloirs de la Adams House, mais sans se voir plus de quelques minutes. Je suis même devenus sa Lilo quand elle était déguisée en Stitch durant la partie de laser-game avec les nouveaux bizuts. C'est pourquoi cette nuit, entre deux heures et trois heures du matin, je quitte la Adams House et prends le bus jusqu'à Carson Beach. Éclairé seulement par la lumière de mon téléphone je galère a trouver un emplacement sur la plage désertique et sors ce que j'ai amené dans mon sac à dos. Quelques bûches pour faire un foyer, de l'essence comme combustible et un briquet pour allumer le tout. Je sors mon téléphone et envoie un SMS à la blondinette pour lui dire: "Retrouve moi sur Carson Beach, je t'attends !". Faites qu'elle ne dort pas... J'aurais peut-être dû lui demander avant, ou veiller à ce qu'elle soit encore éveillée au moins. Mais je prends le risque, ne me lâche pas Nadia, ne me laisse pas tout seul sur cette plage désert. Des chamallows nous attendent pour une longue nuit bercée par le son des vagues.

Nadia, elle ne connait pas trop le principe d’avoir son téléphone en silencieux. Soit en vibreur, soit en mode général… Et là… En pleine nuit quand le silence règne dans l’appartement, que ce soit l’un ou l’autre mode… Ce n’est pas réellement quelque chose de discret. La vibration sur le bois de sa table de nuit qui pourrait réveiller un mort… Ou encore la sonnerie, quand la voix de Shakira se laisse entendre… Aussi apprécie puisse-t-elle être apprécier par la jeune femme, autant cela peut être pénible pour elle… Encore heureux que peu de monde l’appel en plein milieu de la nuit ou lui envoi des textos… Sauf cette nuit…

Un grognement franchit ses lèvres alors que les yeux clos, elle cherche à attrapper son téléphone qui vibre sur sa table de nuit. Il lui faut du temps, elle ouvre les yeux finalement, péniblement même. Elle porte le téléphone à son visage, se faisant éblouir par la luminosité de celui-ci… Elle la baisse, clignant des yeux plusieurs fois avant de pouvoir regarder l’écran et le nom qui s’affiche. Alan. C’est rare. Tellement. Puis l’heure. Elle se redresse alors, allumant sa lampe de chevet avant d’ouvrir le message pour le lire. Carson Beach. Il attend. Elle comprend pas la blonde. Il s’est passé quelque chose ? Pourquoi il l’attend ? Pourquoi en pleine nuit ? Elle s’inquiète pour lui alors. Parce qu’elle comprend pas. C’est quoi ce message ? “Qu’est-ce qu’il se passe ?” lui envoie-t-elle alors avant de déposer son téléphone après l’avoir mit en silencieux, espérant ne pas avoir réveiller Nixon à cause du bruit qu’il a fait et qu’elle risque encore de faire…

La blonde s’habille alors rapidement, prenant le premier pantalon qu’elle trouve et enfilant un pull ainsi que sa veste par dessus le haut de son pyjama. Elle n’est pas vraiment dans l’optique de faire attention à son style là. Elle prend même pas la peine de passer un coup de brosse dans ses cheveux avant de les attacher en une queue basse. Sortant de sa chambre, elle griffonne rapidement un mot pour son frère avant de prendre son casque de moto et les clefs de la moto de Nixon.

L’air froid fini de la réveiller et avant d’enfourcher sa moto, elle regarde une nouvelle fois son téléphone, espérant une réponse d’Alan. En vain. Elle démarre alors le deux roues pour prendre la direction de Carson Beach, comme demandé par le jeune homme. Encore heureux qu’elle avait suivit l’exemple de son frère et avait passé le permis moto en même temps que lui, sinon, là elle aurait du se faire chier avec les transports en commun ou pire avec un taxi… Là, c’est plus rapide, plus direct.

Elle arrive d’ailleurs, peut-être un peu trop rapidement sur le parking bordant la plage. Arrêtant le véhicule, elle en descend avant de retirer son casque et de chercher Alan des yeux. Quand elle voit une silhouette, elle s’approche de lui. “C’est quoi ce message ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu fais ici ?” Parce qu’elle a pas eu sa réponse à son texto, a-t-il répondu entre temps ? Elle ne sait pas, elle ne vérifie pas, mais en tout cas, elle le regarde avec inquiétude, parce que pour elle, c’est pas normal d’être là, à cette heure-ci et surtout tout seul.

J'attends. Les minutes défilent et heureusement que le feu de camp est là pour me réchauffer. S'il commence à faire chaud en pleine journée, la fraîcheur est encore bien présente une fois la nuit tombée en cette fin de mois de mai. Je commence à ma dire que la jeune femme dort bien profondément, qu'elle n'a pas entendus sa sonnerie ou son vibreur, qu'elle n'a donc pas lu mon message et qu'elle ne viendra jamais. Moment que choisis la demoiselle pour faire son apparition dans la lumière émanant du foyer. C'est qu'elle m'a presque fait flipper la Nadia ! J'ai faillis sursauter au son de sa voix...

"Approche Nadia", que je lui dis en tendant ma main vers elle pour qu'elle la prenne et vienne s'asseoir à mes côtés. De mon sac, je sors des marshmallow que je pose sur le sable et aussi, de l'alcool. Ouais, tu me diras surement que ce n'est pas bon pour moi, mais je suis d'humeur à boire un peu cette nuit. Si tu ne m'aide pas, je boirais cette bouteille tout seul et je finirais dans un plus sale état que si on la partage ma belle. "Tu me tiens compagnie ?", annonçais-je subitement. Ouais, c'est une demande un peu farfelus d'un mec encore plus farfelus dans sa tête. T'en connais beaucoup des gars qui te demande de les rejoindre sur la plage pour un feu de camp à trois heures du matin. Et tout ça sans prévenir. Mais tu vois, j'en connais encore moins qui aurait fait le déplacement, la plupart des gens se serait rendormis, même après avoir lu le message. C'est pour cela que je t'apprécie Nadia, parce que tu les tolères mes plans foireux, tu les acceptes et tu y participes volontiers. Les gens comme toi, ça ne court pas les rues. Pas de "il est bizarre ce gars" ou de "Alan ? C'est le mec louche non ?". Non. Toi, tu ne portes aucun jugement et si je le propose à toi, c'est parce que je sais que tu accepteras ce genre de plans avec au pire, un levé de sourcils traduisant ta surprise.

Nadia, elle est pas des plus sereines en arrivant sur la plage, parce qu’elle ignore ce qu’il se passe pour Alan. Elle comprend pas ce message qui lui a envoyé en pleine nuit et quand elle le voit tranquillement… Elle pige encore moins, surtout qu’il ne daigne même pas répondre à ses questions, la laissant dans le floue en lui tendant tout simplement la main pour qu’elle prenne place à côté de lui sur le sable. Elle hausse un sourcil, parce que là, elle comprend vraiment pas ce qu’il se passe dans la tête de son pote. Néanmoins, elle obtempère et pose ses fesses sur le sable, déposant son casque à côté d’elle, à l’envers, pour ne pas avoir du sable dedans ensuite. Elle dépose d’ailleurs les clefs de la moto dedans. “Maintenant que je suis là, je vais pas rentrer tout de suite.” L’informe-t-elle alors pour répondre à sa question, mais elle n’était pas réellement sûre que ça soit une bonne idée de boire pour sa part, étant venue avec la moto de son aîné… Bien qu’elle pourrait toujours l'appeler pour qu’il vienne la chercher… En espérant qu’elle n’aura pas trop de remarque de sa part. “Pourquoi cette virée nocturne Alan? Il s’est passé quelque chose ?” Parce que oui, la belle était désireuse d’avoir des réponses, elle veut comprendre. “Je sais que ma question est délicate, mais tu m’as pas dit l’autre jour que tu étais un alcoolique ?” C’était une rumeur peut-être, mais était-ce aussi la réalité ? La blonde n’en savait rien et elle était un peu mal à l’aise de lui poser cette question… Surtout qu’elle ne relève pas la suite, ce qu’il avait dit, le suicidaire qu’il avait précisé…

Il fallait s'en douter. Elle ne me connait pas depuis longtemps, mais elle sait quand même que la bouteille en main, ce n'est pas forcément bon signe me concernant. Il ne lui faut pas plus d'une minute pour faire la déduction, s'installer à mes côtés et me demander ce qu'il ne va pas. Elle s'inquiète, et au fond c'est mignon de sa part, mais j'ai en horreur de provoquer ce sentiment chez les gens. C'est en contradiction avec mes actes n'est-ce-pas ? Je ne veux pas l'inquiéter, et je l'invite ici en pleine nuit avec une bouteille pleine de vodka. Je la vois mal débarquer et ne pas se demander ce qu'il se passe du coup. "Des pensées merdiques, j'ai sentis que j'allais me mettre à boire et il vaut mieux que je ne reste pas seul quand ça arrive...", dis-je, léger sourire en coin et haussement d'épaules pour faire comme si tout allait bien. Si Scarlett était à la coloc, j'aurais pu squatter sa chambre et je n'aurais pas touché à cette bouteille, mais la rouquine passe de plus en plus de temps avec sa femme, je suis solo dans cette chambre bien plus souvent qu'avant. A vrai dire, elle va même bientôt s'en aller à la fin de ses études et je ne donne pas cher de ma peau quand je serais seul dans cette chambre... Mais ça c'est dans un futur proche, le présent il est avec toi cette nuit. "Tu m'en veux ? Désolé j'aurais pas dû te déranger en pleine nuit comme ça... C'est très con.". Alan le mec qui a constamment besoin d'être surveillé pour ne pas sombrer une nouvelle fois dans les ténèbres. Alan le mec qui dérange n'importe qui, à n'importe quelle heure pour son propre bien être, sans se soucier de celui des autres.

Sa question maladroite franchit ses lèvres. Elle ne sait pas réellement si elle fait bien de la poser, mais maintenant, c'est trop tard et elle escompte avoir une réponse de la part d'Alan. Et c'est ce qu'il fait, sans se faire prier. Il accepte de lui répondre, sans pour autant en dire de trop. Un mal-être. La danseuse peut facilement comprendre cela, mais la faiblesse de succomber à l'alcool, cela elle comprend moins... Mais elle ne se fera pas juge ni même avocat du diable ce soir. Elle est assez compréhensive et se doute bien qu'une prise de tête n'aide en rien son ami à cet instant. Elle lui sourit alors doucement. "Merci d'avoir pensée à moi alors, mais ne t'excuse pas de m'avoir contacter, si je suis là, c'est que ça ne me dérange pas." Elle penche un peu la tête en continuant de lui sourire doucement avant d'attraper la bouteille. "Par contre..." lance-t-elle alors en se relevant. "Si tu veux boire, faudra m'attraper d'abord !" Elle lui tire alors la langue, parce que s'il pensait réellement passer une soirée à se morfondre en buvant en sa compagnie, c'est qu'il connaissait encore très mal la Sherwood. Pour toucher à sa bouteille, il allait devoir le mérité et elle ne se laisserait pas attraper aussi facilement ! Et oui, encore une fois, la jeune femme se retrouver à le provoquer, bien que cette fois-ci, il s'agit d'un nouveau style de provocation, bien que toujours du jeu. Combien de temps faudrait-il pour que sa dérape encore une fois ? Probablement très peu de temps, mais là, l'objectif de la belle, c'est de le faire penser à autre chose, de chasser les idées noires de celui-ci et réussir à lui arracher un sourire ou même un rire.

Ce n'est pas conventionnel, je dois bien l'admettre. Ce n'est même carrément pas normal pour une personne de déranger une de ses connaissances en plein de milieu de la nuit pour un plan aussi bizarre. Mais je ne suis pas normal, je suis le gars bizarre auquel on finit quand même par s'attacher quand on creuse un peu. Ce que tu as fait Nadia, et que tu fais encore cette nuit en acceptant mon invitation nocturne. Mais les plans de la jeune femme sont bien différent, la bouteille qui s'échappe des mains en même temps que la silhouette de la blondinette qui s'éloigne, tirant la langue pour me narguer comme elle sait si bien le faire. "Nooooon ! Nadia !", que je râle dans un premier temps, sachant pertinemment que cela ne permettra pas de revoir ma bouteille plus tôt. "Rooooh t'es chiante...", que je lâche dans un soupir tout en me levant, marchant vers toi dans un premier temps et accélérant le pas pour finir par courir derrière toi afin de te rattraper, ce qui ne met guère longtemps finalement même si je dois bien avouer être surpris par la vitesse de course de la demoiselle. Si elle n'avait pas d'aussi petites jambes, j'aurais eu surement plus de mal à l'attraper. La retenant désormais par le bras, chipie persiste à ne pas vouloir me donner cette bouteille et râlant une nouvelle fois, je lui dis: "Si tu me donnes pas cette bouteille je te fous à l'eau !". Et je le ferais, je n'aurais aucun scrupule à le faire.

Il proteste, mais il sait dors et déjà que la demoiselle ne lui rendra pas sa bouteille aussi facilement. Après une complainte ? Que nenni ! La danseuse est bien plus résistante que cela, surtout quand on sait qu'il s'agit de quelque chose de mauvais, de nocifs pour la dites personne. Alors oui, elle tente de jouer un peu, l'invitant à ce jeu d'enfant. Un remake du chat bien que les deux partis ne sont visiblement pas dans le même état d'esprit. Un t'es chiante qui franchit les lèvres du jeune homme, arrachant un rire à la blonde. Un rire amusé, laissant comprendre qu'elle s'en fiche et que cela l'amuse plus qu'autre chose. Nadia, elle sait qu'elle est chiante, elle sait que c'est le genre de meuf qui peut rapidement taper sur le système quand elle le désire, mais elle sait aussi qu'elle n'est pas que ça, c'est pour cela qu'elle ne prend guère cette remarque en mal.

Alors elle court, sans trop s'éloigné du feu non plus, pour ne pas tenter le diable avec un possible rôdeur/voleur même si à cette heure aussi tardive, ou bien trop matinale, au choix, cela serait peut probable. Elle éclate de rire alors se penchant en avant en serrant la bouteille contre sa poitrine alors qu'Alan vient de l'attraper. Elle s'y attendait et s'il ne l'avait pas attrapé, cela aurait été bien trop ennuyant. Elle rigole donc, tandis que la menace tombe. "Tu finiras à l'eau avec moi !" L'informe t'elle alors, parce que si réellement il est désireux de mettre ce plan à exécution, il comprendra que la New-Yorkaise peut être semblable à une sang-sue.