cause I'm asleep
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@Lukas O. Spritz
sam 16 mai, appart KLM
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Les traits fatigués. Témoins d'une nuit sans sommeil. La peine et la tristesse ont fait le reste. T'arrives pas à croire que c'est terminé, t'y arrive juste pas, Katalia. Tu sors de la bouche de métro, ton premier passage dans le métro depuis ton arrivée à Boston, preuve qu'il n'y a vraiment rien, mais rien, qui ne va. T'as été du lieu de la soirée du bal jusqu'à ta chambre à la pforzheimer house à pied, cette nuit, mais ton appartement est bien trop loin et t'es surtout trop fatiguée pour marcher encore. T'as passé le reste de la nuit à te tourner et retourner dans ton lit, à cogiter, à paniquer et à pleurer. Au bout d'un moment, tu n'avais plus de mouchoirs alors t'es juste restée dans la salle de bain, assise sur la cuvette des toilettes fermées, le visage dans les mains, à passer de l'eau sur tes traits à intervalles réguliers pour tenter d'effacer la tristesse humide sur ton visage. Rien n'a su y faire et ce matin, t'as juste l'impression d'être vidée de tout. Sauf de la tristesse. T'as pas eu ton téléphone pour appeler un uber ou un taxi alors t'as récupérer quelques billets dans tes affaires à la pfor, enfilée un jogging noir de Swann et agrémenté le tout d'un épais sweat aussi sombre. Baskets aux pieds, capuche visée sur la tête, lunette de soleil, seule tes belles ondulations restée de la soirée de la veille dénotent dans ce look et viennent orner ton visage et ton buste. Tu vas vite rejoindre ton appartement avec autant de vivacité que tes jambes fatiguées te le permettent. Tu tiens les clés dans ta main et ouvres tout doucement la porte pour ne réveiller personne. Hors de question qu'on te voit, t'as juste l’intention de repartir aussi vite qu'arrivée, avec ton téléphone et ton ordinateur pour retourner à la pfor. Tu pousses la porte de l'appartement et entres sur la pointe des pieds en retirant la capuche du sweat de ta tête. Pause à la porte, tu entends quelqu'un respirer dans le canapé, probablement Lukas. Tu fronces les sourcils, te demandes pourquoi il s'est endormi ici. Soit, tu vas devoir faire avec et tu commences à chercher du regard sa veste à travers la veste. Elle est juste là, au pied du canapé. Tu approches à pas de loup pour venir y fourrer la main. Bingo ! voici ton téléphone. Tu te retournes furtivement pour vite sortir lorsque tu l'entends s'agiter sur le canapé. Tu te figes sur place, dos à lui et t’apprêtes finalement et reprendre le chemin vers la porte d'entrée (ou plutôt de sortie) de l'appartement lorsque tu entends un petit "Kat?" s'échapper de ses lèvres encore endolories par le sommeil. Et merde.

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Tu pourrais raidement fuir, prendre tes jambes à ton cou et sortir de l'appartement en espérant qu'il confonde sa vision de l’instant en rêve dans sa nuit. C'est ce que tu vas tenter de faire, d'ailleurs. Qu'il ne t'en veille pas, tu lui expliqueras plus tard. Tu veux être seule, t'en as vraiment besoin. Tu vas dépenser toutes les heures de ta journée telles celles que tu as passées cette nuit. C'est ton seul objectif et rien ni personne ne saura t'en détourner. Ton téléphone à la main et ton ordinateur sous le bras, tu vas vers la porte d'entrée. T'y es presque lorsqu'il répond la parole. Ces mots avec la voix bien plus vive et réveillée et le ton qui grimpe sur la fin, synonyme de question. T'es stoppée dans ton élan, sur place, dos à lui et juste devant la porte. Tu regardes tes pieds en silence et ta respiration à comme un loupé lorsque tu réprimandes un sanglot. Tu ne veux pas te retourner, tu ne veux pas qu'il voit les traits de ton visage, ni tes cernes, ni tes pupilles, ni cet air de tristesse qui te suit partout depuis hier. Personne n'est au courant de ce qu'il s'est passé au bal et personne ne le sauras car tu vas arranger les choses avec Toni avant cela. T'es toujours là, debout face à la porte, dos à ton ami visiblement au plus mal dans le canapé. Tu ne te retournes pas, tu ne bouges pas, t'es comme figée lorsque tu laisses couler un instant avant de prendre la parole « je vais travailler à la pfor Lukas, à ce soir. » ta voix est beaucoup trop cassée et tremblante sur les trois derniers mots. Tu mords ta lèvre et plisses très fort les paupières. Tu te maudis intérieurement de n'avoir pas été foutue de donner le change mieux que cela. Tu tentes de calmer ta respiration, de la dompter au mieux pour qu'elle reste inaudible alors que tes doigts tremblant peinent à tenir correctement ton ordinateur sous ton bras qui risque de venir s’écraser au sol d'ici peu si tu ne prends pas soin de t'échapper très vite de l'appartement.

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Figée. Incapable de faire ne serait qu'un mouvement vers cette foutue porte. Tu ne bouges pas et pourtant plus tu la regardes, plus t'as l'impression qu'elle s'éloigne, qu'elle recule, qu'elle disparaît au loin et qu'elle devient finalement inaccessible. Tu vas devoir prendre une décision, et vite. Tu vas devoir trouver la force. Tu la cherches encore et encore en toi, mais tu ne la trouves pas. C'est Lukas qui la trouve alors que tu l'entends se lever avec difficulté et diriger ses pas en ta direction. Une main qui se pose sur ton bras et qui te tire doucement pour que tu retournes. Tu frissonnes et tu cèdes. Ton visage ravagé par la tristesse et par une nuit sans sommeil. Voilà la vision qui s'offre à lui alors que tu relèves à peine le nez lorsqu'il te dit d'aller dans ta chambre. T'as pas eu la force de fuir, t'as encore moins la force de résister. Alors tu déposes l'ordinateur sur le comptoir du bar en silence, ton téléphone toujours en main alors qu'il attrape l'autre pour te tirer doucement. Pantin entre ses mains avisées qui même elles ne sauront te consoler. Rien ni personne. Tu veux juste fermer les yeux, t'endormir, oublier. T'as pas été capable de le faire cette nuit, t'as l'impression que tu n'en seras jamais capable. Cette vérité te blesse, te serre le cœur et fait couler une nouvelle larme sur ton visage. En silence, il ne le voit pas mais semble le deviner car il se retourne à nouveau vers toi une fois arrivés dans la chambre. Ton regard ne va toujours pas vers sur son visage, par crainte d'y voir ce sentiment de douceur et d'amitié que tu ne mérites pas. A la place, tes pupilles se tournent vers ton lit que tu viens retrouver après deux pas et après avoir laissé tomber ton corps fatigué sur le matelas. Du bout des doigts, tu attrapes ton oreiller et viens enfuir ton visage dans ce dernier, encore incapable de prononcer un seul mot sans te mettre à pleurer.

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Cet oreiller dans lequel tu suffoques. T'as plus d'air pourtant t'es pas capable de relever la tête. C'est plus facile de te cacher. Plus facile de ressentir cette douleur sur ton visage brûlant, ta gorge et ton torse secoué parce qu'il manque d’oxygène. Plus facile que de ressentir la douleur dans ton cœur. Tu finis par relever la tête en prenant une grande respiration et te retourner sur le dos, non sans venir cacher ton visage de tes mains. Tu n'as même pas pris la peine de remettre tes lentilles ce matin, parce que tu pleurais trop, de toute façon. Tes lunettes sont restées à l'appartement si bien que t'as du plisser les yeux de nombreuses fois dans le métro pour ne pas te tromper de station. Encore maintenant, tu plisses les yeux lorsque tu retires tes mains de ton visage pour voir Lukas. T'as pas besoin de l’entièreté de ton sens de la vue pour voir que son visage est aussi fatigué que le tien. T'as la bouche très sèche, tellement que t'as l'impression que ta langue se colle à ton palais. T'arrives pas à parler mais tu vas devoir le faire. Tu te penches vers ta table de nuit pour attraper ta bouteille d'eau et la porte à tes lèvres. Encore à moitié allongée, tu fais couler la moitié dans ton cou et tes yeux se mettent à nouveau à pleurer sans que tu ne puisses rien contrôler. Tu ne voulais pas qu'il te voit dans cet état, c'est loupé. Toujours allongée sur le dos, une main déposée sur ton cœur et l'autre devant ta bouche, tu tentes de te calmer en basculant doucement la tête vers la gauche, où il se trouve assis. Ton visage tout proche de lui, tu vois nettement un bleu sur le haut de son ventre, là juste ou le plaid s'ouvre lorsqu'il bouge. Tu fronces les sourcils et approches ta main. T'as encore du mal à savoir si t'es dans un rêve ou dans la réalité alors t'as besoin de sentir sa peau trembler sous le bout de tes doigts lorsqu'ils passent sur le bleu pour bien comprendre qu'il s'agit de réalité. « qu'est ce que tu as ? » La réalité. Vive et colorée comme cette marque. Vive et douloureuse. Réelle et cruelle. Tu bascules sur le côté, rapproches tes genoux de ton ventre et te roules en boule, le visage à nouveau dans tes mains « c'est Toni, Lukas... » Sanglot tortionnaire et ta voix qui chancelle « il m'a quitté... » Puis plus rien. Ce flou. Pas provoqué par ta myopie non corrigée mais par ta fébrilité. Et ton corps qui semble s'enfoncer dans ce matelas qui se régale de ton mal.

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L'esprit qui s'accroche. A cette réalité et ce qu'elle veut te faire réaliser. Être de peines à la merci de ses tourments. C'est plus dur que c'était d'autant plus pas prévu. Ça avait été tout, puis ça n'avait pas rien. Il t'a fait du mal, il vous a fait du mal. Tu lui en veux, tu le déteste, tu l'aimes. T'en sans rien. Tout ça à la fois. Grimace et rauque de douleur lorsque tes doigts glissent sur sa peau gelée. Ce plaid qui se rabat et dissimule le mal. Une toute partie du mal, cependant. Le mal qui se voit. Le mal invisible transpire à travers ses traits que tu vois flou. Et il te ronge de partout, te laisse interdite et annule tout esprit de discernement. Ta tête qui te fait mal lorsque tu te concentres. Fort et très vite. Pas assez vite car le sanglot s’empare de ta voix lorsque tu ouvres la bouche. Tu frisonnes car l'eau dans ton cou te fait froid. La vérité s'impose et t'aurais aimé la laisser sous silence, juste pour espérer qu'elle n'ai jamais existé. Pourtant elle est là, vive et brutale et te pousses même à ouvrir grand les yeux lorsque tu relèves le regard vers lui à travers tes mains. Lukas se glisse à tes côtés, son visage en face du tien. Tu le regardes et tu te tais. Il tire doucement sur tes poignets pour te découvrir le visage. Tu le fais sans broncher, seulement parce que t'as pas la force de résister. « il m'a dit que... » l'une de tes mains reste dans la sienne, il vient y déposer un tendre baiser. Tu soupires, réprimandes de nouvelles larmes et avoues doucement « il m'a dit que c'était terminé, que je me foutais de sa gueule, qu'il n'avait plus confiance en moi. » Silence dans la pièce. Vérité blessante que tu lui partages. T'es mal et t'as mal, tu ne veux toujours pas y croire que tu vas devoir y croire. « tu trouves que je ne suis pas une personne de confiance ? » il ne connait cependant pas tes tords et tes travers. Tes incartades et tes déboires. Rien d’extravagant mais qui mis bout à bout peuvent laisser à penser que tu pourrais ne pas mériter l'attention qu'on a souvent si facilement tendance à t'offrir...

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