Ne me demandez pas comment je suis devenue celle que je suis. Qui peut savoir comment l’ont fait pour devenir qui l’on est. J’ai appris des gens autour de moi, des paroles que l’on dit sans le penser, des gestes que le fait fait sans s’en rendre compte, des actes, des erreurs. Tout ce qui fait une personne. Et je me suis demandé si c’était le genre de personne que je voulais devenir. Après soyons honnête, nous ne choisissons pas vraiment qui l’on est de nature.

Je suis la petite dernière d’une famille de quatre enfants. Princesse surprotégée, emmitouflé dans un amour parfois envahissant mais dont je ne me suis jamais plainte. J’ai eu beaucoup de chance dans la vie. Une famille unie, ne manquant de rien. Une situation des plus confortables, des parents qui nous ont appris à devenir qui nous voulions être. Je ne vous cache pas que chaque façon de vivre à ses défauts. Je n’ai que très peu de réel amis, ici trop intéresser par l’argent et la notoriété. Tantôt par la popularité, ou par les privilèges. C’est le revers de la médaille comme on dit. Au lycée j’avais beaucoup de mal à distinguer les vrais des faux. Toujours entournée par une foule de monde, c’est étouffant.

L’adolescence n’est jamais vraiment un passage facile à vivre. Que l’on soit populaire, ou bien invisible. La vie nous réserve toujours un juste retour des choses. J’avais seize ans lorsqu’un ami de ma sœur, un peu trop bourré a franchi toutes les limites. Une soirée, de l’alcool, la musique qui couvre les cris. Je lui aie demandé d’arrêté. Je me suis débattue de toutes mes forces. Cela n’a rien changé à l’issue de l'évènement. J’ai fini allongé sur un lit inconnu, les poignets maintenu à la force de sa main gauche. Tandis que la droite déchirait ma petite culotte. C’était ma première fois. Je voulais stupidement attendre d’être prête avant de me lancer. Personne n’a jamais su ce qu’il c’était passer dans cette chambre. Je ne me sentais pas capable d’assumer un acte de violence gratuite qui aurait mis ma famille en première page. Et puis c’était plus simple d’occulter. C’est vrai, après tout y a-t-il une façon de dire j’ai été violée ?!

Après ça je ne vais pas vous dire que tout est redevenu comme avant. Envolée l’innocence. L’on m’a diagnostiqué ce que l’on appelle un syndrome de stress posttraumatique. Pensée désordonnée, vomissement, nausée, obsession de me laver. Tout ça c’est la partie, émergée de l’iceberg. La phase aigüe, je ne vais pas non plus vous bassiner avec les termes médicaux. J’ai même cru être tombée enceinte. Après ça c’était plutôt déni, cauchemars, insomnie, trouble du sommeil, flashback, dissociation, sentiments d’abandon et j’en passe. A terme ce n'est pas facile à vivre sans soutiens. Mais j’ai tenu le choc. Je ne vais pas vous dire qu’au jour d’aujourd’hui je m’en suis tellement bien remise que le SSPT a entièrement disparu. Ce serait vous mentir. J’ai toujours des insomnies, des troubles de sommeil, des cauchemars. Je somatise pas mal. Mais je me dis que c’est derrière moi.

Je crois que le diagnostic du cancer de maman en 2017 a relancé mon SSPT à ses débuts. Google mon ami jusqu’à là, n’a plus suffi. En vue de la dépression qui me guettait, ma famille m’a fait consulter un spécialiste, une nouvelle fois. Qui a confirmé le SSPT,une nouvelle fois, sans pour autant connaître toute l’histoire. Je pense que c’est beaucoup plus facile de mentir au monde, lorsqu’on arrive à se mentir à soi-même. Je me suis convaincue tellement de fois que tout allait bien, lorsque j’avais l’impression de mourir à l’intérieur. Qu’aujourd’hui, le sourire est mon arme la plus précieuse.

2019 a été une année difficile, lorsque maman a faits sa rechute je me suis sentie tellement impuissante. Il faut dire que me débattant toujours avec ma SSPT, j’ai eu du mal à encaisser. Mais le pire restait encore à venir. Son décès ma anéantie. Perdue dans ma dissociation entre illusion et réalité. Ewan a dû me veiller jour et nuit pendant des semaines entières. Ewan c’est l’amour de lycée qui a survécu à tout ou presque. Entre le viol qui s’est produit quelques mois à peine après notre rencontre. Le SSPT, son départ pour l’université, les rumeurs, les erreurs, ma dépression. Malgré plusieurs ruptures éclairées, nous avons survécu. Je pensais avoir passé le pire, mais la notoriété amène avec elle beaucoup de vautour. Étant influenceuse reconnue depuis mon adolescence, les réseaux sociaux font partie intégrante de ma vie. Ce qui fait que lorsque mon passer m’a éclaté en pleine figure, je n’ai plus eu d’autres choix que de dire la vérité. Une vidéo du viol de mes seize ans a été posté sur la toile. Je n’avais jamais parlé de cette nuit-là à personne. Allez faire avalez un viol 6 ans après les faits. Pourtant la vidéo parle d’elle-même, mais ce qui m’a le plus choqué c’est que celle ou celui qui filme l’a regardé faire sans l’arrêté. Comme si c’était prémédité. Ewan est parti à l’étranger pour son travail. Il faut avouer qu’il a eu du mal à accuser le choc, à distance en plus. Sa première réaction était de revenir, instinctivement il voulait me protégée. Mais après un nombre de visionnage incalculable, il a plutôt décidé de prolonger son séjour. Mettant un terme, d’une période indéfinie, à notre relation. Ce que j’ai assez mal pris. Il venait juste de me briser le cœur, une chose en plus a digéré. Le pire c’est que je sens que cette histoire est loin d’être terminée. Cela ne fait que commencé et j’ai déjà peur de voir la suite arrivée.