Hé, hé, attends, t'es en train de me dire que tu m'aimes pas ? Comment voudrais-tu que je le prenne ? Mal ? À la rigolade ? Et si tu me reprochais d’être trop égoïste, trop têtu, ou même peut-être même trop bagarreur ? Devrais-je te croire, douter de ma personne, changer ? Tu sais bien qu’il est impossible pour moi de changer, d’être quelqu’un d’autre, non, attends. Ne pars pas, recule. Laisse-moi t’expliquer ma franchise, laisse-moi t’expliquer mes blessures, mes tatouages. Laisses-moi te raconter mon histoire, un peu tordu, un peu à se tirer les cheveux de la tête. Mais, non. Je te jure, je ne te veux aucun mal, quoi ? C’est ma gueule ? Ouais, j’ai pas mal de cicatrices, j’ai eu pas mal de coups à prendre, mais ça va. Franchement, je m’en sors plutôt bien. Je sais que j’apparaît comme ça, je sais que je peux paraître pour un fantôme, mais c’était pas facile pour moi, c’était l’échec, c’était l’abandon. Ouais, je sais. Tout à changé, mais le ville est restée la même, pis attends, j’ai même trouvé un job. Ca paye pas des masses, mais je commence à marcher droit, même si il m’arrive de vagabonder dans les endroits où j’allais avant. Des fois, je vends encore, mais c’est juste quand les fins de mois sont compliqués. Ouais, voilà. Quand j’ai pas le choix, faut bien que je me nourrisse. Mais sinon, tu disais quoi ? Que j’avais pas changé ? Tu me complimentes un peu là, non ? Tu sais très bien que je vais jamais pouvoir changer, que ma grande gueule je vais toujours l’avoir, que mon sang va toujours pulser trop fort, trop vite dans mes veines, que j’ai la colère du monde sur les épaules, Mais je suis plus calme, aller, tu peux l’avouer. Je crame plus les voitures, je défonce plus chaque personne qui croise mal mon regard, je ferme souvent ma gueule quand j’entends des clients cons. T’sais comment je suis, j’suis qu’un sale gosse perdu dans l’corps d’un adulte cabossé.