gamine abandonnée, personne pour la recueillir, devient le fardeau de la société. vogue de foyer en foyer jusqu'à la famille d'accueil. (e n f e r ). livrée à elle même la plupart du temps, elle souffre d’un contexte familial désastreux où elle n’est pas vu comme une enfant mais comme un parasite. (un moyen d'avoir un chèque en fin de mois.) et elle subit les violences, les insultes et les diverses attaques contre sa personne, en fait une habitude, finit par croire que c’est même normal d’être le souffre douleur, avance malgré tout. à l'école, c'est un désastre. peu habituée aux relations sociales, elle est considérée comme sauvage et mal élevée. c'est la gosse agressive, abîmée, que tout le monde laisse sur le bas côté. reflet d'une existence douloureuse que personne ne semble comprendre. c'est tout de même dans l'appartement de son enfance que les pires scènes ont lieu. lena est la femme de ménage, le punching ball pour toutes les injustices de la vie, pour toutes les crises passagères de ceux qui l'hébergent. elle fait la cuisine, la vaisselle, le ménage, se plie en quatre pour répondre à toutes les exigences. cendrillon des temps modernes qui essuie les coups portés sur son épiderme quand ses tâches sont jugées bâclées. le silence face aux assistantes sociales, convaincue que les menaces sont vrai. si elle parle, elle ne pourra plus se relever. c'est son voisin de palier, kaiden, qui deviendra son échappatoire. lui même soumis à son propre enfer, ils passeront des nuits entières dans la cage d'escalier à refaire le monde éternellement dans l'espoir que les cris provenant des deux appartements finiront par se taire. les bonnes semaines sont celles où la gosse compte moins de brûlure de cigarette que la précédente. drôle d'idéologie de vie. elle croit dur comme fer qu'avoir mal équivaut à aimer, l'homme de la maison qui lui répète inlassablement que c'est l'amour qui lui porte qui explique la violence à son encontre. et c'est quand ce même homme lui fait des avances, subjuguée par le corps enfantin devenant féminin, que la peur s'installe. la douceur de sa peau découverte par le géniteur, lourd secret qu'elle garde des viols à répétition. elle est abusée, abimée et fait promettre à kai de la suivre, de fuir, de disparaître de la surface de la terre. le lycée est un calvaire, les insultes à son encontre auxquelles elle répond avec les mains. lena est toujours dans diverses attaques, les bagarres qu'elle enchaîne, ne répond qu'avec ses poings comme si ce serait suffisant pour se débarrasser du poids de ses peines. ( cause perdue, les enfants dont on ne se soucient pas). plan mis en place, des semaines à voler respectivement ce qu'ils peuvent dans le creux de l'appartement jusqu'au jour j. ils se retrouvent dans le parc en face du bâtiment délabré. les gosses de quinze et seize ans qui choisissent de tout laisser derrière eux, de partir sans jamais se retourner. adieu seattle, bonjour boston. c'est dur et les vivres disparaissent rapidement. pas d'argent, pas de diplôme, pas d'avenir. deux longues années qu'elle passe dans les rues, à crever de froid, à se battre pour essayer de survivre à tout ce que la vie semble lui voler. les pires moments sans le moindre doute. vole dans les magasins pour survivre, pour se nourrir convenablement. une supérette basique et une lena fatiguée qui s'installe entre deux rayons. ouvre les paquets de céréales, mange à même le sol. la menace d'appeler les autorités et la gosse qui s'en fiche, continue à se remplir l'estomac sans broncher jusqu'à ce que le gérant intervienne. pas d'autorité, un job offert, un espoir pour la première fois. premier appartement, premier revenu. une vie pauvre mais toujours mieux. elle entraîne kai avec elle et à deux, ils réfléchissent, créent une application visant à aider ceux qui comme eux sont dehors. application miracle soudainement racheté par un géant, les millions de dollars qui pleuvent, l'extrême richesse. lena est compliquée, lena ne sait pas faire face. elle est trop jeune et son quotidien est un désastre. les soirées qu'elle enchaîne encore et encore, le groupe de potes qu'elle rencontre, désabusés, comme elle. ils deviennent son monde et c'est avec eux qu'elle part à la dérive. l'alcool, les drogues surtout. coke, sa prédilection. c'est dans cette période qu'elle rencontre levi. l'ami d'un ami. le coup de foudre au premier regard. le genre qu'on explique pas, qui survient soudainement sans qu'on s'y attende. l'amour passionnel qui les lient, les promesses de jour meilleur jusqu'à l'accident. la gosse abîmée qui tombe enceinte. et si levi semble prêt à prendre ses responsabilités, lena continue à se détruire. les drogues qui continuent à pleuvoir pendant toute sa grossesse, le désintérêt total pour l'être qu'elle porte en elle. levi qui pose les ultimatums et selena qui promet éternellement sans jamais rien faire pour changer. jusqu'à la naissance de yeri, véritable miracle non endommagée par les frasques de sa mère. et elle promet encore une fois. essaye réellement cette fois. sans réussir, sans s'en sortir. elle finit par disparaître de la circulation, abandonne derrière elle homme et enfant. et peut être la maturité qui vient finalement. le besoin de grandir, d’aller mieux. désintoxication qui pour une fois ne se solde pas par un échec, qui l’aide à avancer. deux ans de sobriété derrière elle et pourtant les même combats à chaque fois. celui de ne pas replonger, de ne pas se laisser couler. le tout dans le but de la retrouver elle ; yeri. besoin de rattraper ses erreurs, de connaître sa fille, partager sa vie.