Pars. ─ w/

J’ai toujours été le méchant dans l’histoire. J’ai toujours été celui qui ne prenait jamais le temps de comprendre, ou bien de questionner. J’agissais, tout bêtement, envers et contre tous, je ne voyais que le fait de survivre, et qu’importe si je laissais des cadavres derrière moi. C’était la pensée que j’avais, avant le décès d’un gosse, il y a quelques mois déjà. Personne n’avait été au courant, sauf Deirdre. Ce fut la seule, qui a compris, qui ne m’a pas jugé, qui m’a dit que finalement, ce n’était pas totalement ma faute. Mais c’était avant de la perdre, parce que depuis que je suis revenu, je ne dors plus. Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Avec le fantôme du gosse partout où je pose mon regard ? Plus rien ne me touche, je suis voué à ne ressentir que haine envers cette vie. Elle m’a pris mon frère, il ne s’est pas retourné, et encore maintenant, il me hante. Je suis revenu dans cette ville pour savoir si oui, ou non, j’ai ma place, si je me dois de me battre ou si je dois simplement abandonné l’idée de me retrouver. Pour le moment, je sais juste que je dois me protéger. Je n’ai pas peur, ne te méprends pas, je veux juste garder un œil sur le décors, juste savoir qui s’approche de moi, lorsque mon corps endormi, accoudé contre le mur sous un pont s’éloigne de ma conscience. Je ne dors plus, c’est un fait, mes proches savent que même avant, je ne trouvais pas le sommeil, que j’étais égorgé par mes maux et mes terreurs nocturnes. Mais c’est bien pire maintenant, j’angoisse. Je dors à peine trente minutes, et je me réveille en sursaut. Les bruits de la ville, les gens qui passent, heureusement que j’ai ma capuche, parce que la simple idée d’être découvert, me fous la gerbe. Je secoue la tête de gauche à droite, quand je me trouve face à trois hommes. Je connais bien celui du milieu. Ce gars qui veut mon âme, qui me veut pour lui entier, pour lui rendre service. Parce qu’il sait, que je suis capable du pire, juste pour m’en sortir. « Je bosse pour toi, pendant trois ans. C’est le prix pour l’arme. » Il me regarde, avant de parler en russe, ou en une autre putain de langue. « Quatre ans, et je te donne l’arme. Tu dois suivre chacune des choses que je veux. Et je veux que tu sois prêt à utiliser cette arme s’il le faut. » Je n’ai jamais tué quelqu’un, pas comme ça, pas face à face, et étonnement. Je ne sais même pas si je vais en être capable. J’hoche la tête, tendant ma phalange droite. « Et je veux de l’argents, j’ai pas d’appartement, je peux pas me balader avec une arme. » Il arque un sourcil, calant vivement l’embout de l’arme contre mon estomac, et pas un geste. Pas une expression. Mon vieux, tu crois vraiment que j’ai peur de crever ? Je souris, haussant les épaules. « C’est comme tu veux, tu sais que je peux vite être protégé en prison, mais toi ? Je crois que t’as pas mal d’ennemis. » Je veux bosser pour personne, mais dans ce cas, je suis capable de me soumettre. Il me donne l’arme, que je cache contre ma ceinture. Je m’empresse de retendre la main afin qu’il comprenne que j’attends aussi un peu d’argents, juste de quoi faire. « Je te donne ça pour ce soir. Il faut que tu fasses peur à l’autre gars, il vend sur notre territoire. » J’hoche la tête, en plaçant l’argents dans mon sac à dos, les mains dans les poches. J’écoutais, et je parlais attentivement avec, encore pendant environ une heure, juste le temps de régler les choses, et de le voir disparaître dans sa voiture, dans la noirceur de la nuit.

credits img/gif: chrysalis
code by lumos s.

Pars. ─ w/

Je viens de signer aveuglément quelque chose, juste pour me sauver de la pauvreté. Mais tu veux savoir le plus drôle ? C’est que même ainsi, je suis conscient que je vais juste pouvoir survivre. Ouais, c’est pitoyable, mais c’est la seule manière que j’ai de pouvoir avoir un toit sur la tête, de pouvoir avoir de la bouffe sur la table. Tu me diras, chercher un boulot, c’est tellement simple pour un gars comme moi, pas vrai ? Aucune étude, aucun job, j’ai toujours vécu dans la rue avec mon véritable frère et mon frère de cœur, puis on m’a tout prit, la salope qui me sert de vie, s’est acharnée sur moi jusqu’à ne plus voir d’espoir dans le creux de mes prunelles. Je ne suis plus qu’un simple humain, désorienté, totalement paumé, et qui ne trouvera pas son chemin d’aussitôt. Probablement crever dans une ruelle, une balle dans le crâne, et des sachets de poudres blanches dans les poches, on dira que c’est un règlement de compte, sans voir l’humain au fond de moi. Quand ils partent, j’ai presque envie de gerber. Moi, qui voulais revenir propre, qui voulais recommencer une vie entière, et entier. Je viens juste d’avoir le couteau sous la gorge et je n’ai même pas hésité à accepter. C’est sans compter sous le bruit sourd qui m’enveloppe. D’un geste automatique, je sors l’arme et je le pointe sur la destination du bruit. Je ne tremble pas. Je ne bouge pas. Mon cœur bat à un rythme normal, mon sang circule dans mes veines comme il le fait chaque seconde. Et je me rends compte, qu’avec ce geste pourtant pas anodin, que je n’ai stupidement plus peur de crever. Je passe ma langue sur mes lippes. Ma voix grave, rauque de plusieurs clopes, s’allume dans les ténèbres qui est la nuit. « Je vous donne deux minutes pour sortir, deux putains de minutes ! » Je regarde partout, je m’assure qu’il n’y a aucune preuve si je dois appuyer sur la gâchette, le plus terrible serait d’aller en prison, enfin non, le plus terrible, serait de perdre encore une fois Deirdre. Je secoue la tête, je m’approche en tenant la pointe de l’arme guidée en ta direction, quand la poussière s’élève, j’écarquille des yeux. Ma mâchoire se contracte. « Qu’est-ce que tu fous ici !? » La rage s’empare de moi, le doute, l’hésitation, et je range l’arme, comme si tu ne l’avais déjà pas vu il y a quelques secondes. « Comment t’as su que j’étais là putain !? Dégage d’ici ! » Je hurle à m’en déchirer les cordes vocales. Tu es tout pour moi, t’es ma meilleure amie, celle dont j’aurai pu vendre mon âme au diable juste pour te voir bien, mais pas cette fois. Tu ne dois pas être auprès de moi, et je ne le veux certainement pas. « Pars. » C’est idiot, mais je me calme, je respire, en me recule de quelques pas, comme si je voulais m’éloigner de mon passé. Comme si, je voulais éviter que tu souffres une nouvelle fois, à cause de moi. Je baisse la tête, mes yeux rivés sur mes Nike, juste à quelques pas de ta personne. Ton visage gravé sous mes paupières, celui dont j’ai tant aimé regardé quand tu te moquais de ma personne pour rire.

credits img/gif: chrysalis
code by lumos s.

Pars. ─ w/

Tu m’as cherché, putain, pourquoi tu m’as cherché sérieusement ? J’ai disparu, je suis parti, pourquoi vous vouliez absolument me retrouver !? Je fronce les sourcils, je peine à entendre toutes les paroles que franchissent tes lippes féminines. Tu me bouleverses, et putain, ça me fait de la peine, je sens même mon organe se contracter, se serrer tant je suis conscient du mal que j’ai propagé. Mais c’est moi, c’est moi ça. Je n’ai jamais été et je vais probablement jamais être un bon gars. « Tu aurais dû me trouver dans une morgue. » Ma voix se casse, mais je tiens. Je tiens, parce que c’est la vérité, et j’ai même un faible rire qui s’éclipse de mes cordes vocales. J’aurai du crever, j’aurai du mourir, une balle dans le crâne, je te jure que le monde n’aura rien remarqué, je te jure que le monde, n’aurait pas pleuré ma perte. Je te sens derrière moi, je sens ton contact qui me brise de l’intérieur. Tu es si importante pour moi, que j’ai bien peur de te briser à chaque fois que je pose mon regard sur toi. « Ne me touche pas ! » J’agis comme un véritable connard, j’agis… Parce que je ne veux plus voir quelqu’un souffrir à cause de moi, et même si je dois, éternellement être seul, alors il sera mieux ainsi. Je m’avance. Je tiens l’arme contre ma hanche en me retournant pour te faire face. Tu sembles aussi paumé que moi. Petite poupée désarticuler, à la recherche d’un réconfort. Dont je ne peux pour le moment pas offrir. « Tu veux que je t’explique quoi ? » J’arrête de hurler. C’est juste ma voix rauque, détruire par les émotions qui me submergent et qui n’arrivent pas à sortir de mon âme. Même ma conscience, en boule dans un coin de la pièce, ne me regarde plus, parce qu’elle sait, elle sait que je suis juste un gosse perdu, et qu’il n’y a plus d’espoir pour moi. « J’ai été cherché Caleb, je voulais retrouver mon frère et ce gros fils de pute. Il a préféré s’en aller, sans même me dire au revoir. » Et ça me coupe, parce que je venais d’agir comme lui. Caleb, il a été un frère pour moi, il a ouvert un club de boxe en ma compagnie, et il a disparu, brutalement. M’arrachant tout. Je secoue la tête de gauche à droite, passant mes doigts dans mes cheveux lâchés. Avant de braquer mes iris sur la blessure au niveau de ton poignet. Je panique. Comme j’ai toujours paniqué quand tu te blessais. Maladroite que tu es. Ton appareil dans ma main, j’ai même pas envie de regarder, alors je replace autour de ta nuque, avant que ma poigne droite s’entoure autour de ton poignet. « Tu as mal. Tu auras toujours mal à mes côtés. » Je lève mes cils en ta direction, effleurant doucement de mon pouce cette zone blessé. « C’est pour ça, que tu dois partir. Tu peux pas rester auprès de moi, c’est pas possible. » Parce que je ne veux pas te blesser, et regarde. C’est limite encore une putain de preuve. Je laisse mes lèvres rencontrer le sommet de ton front, d’un baiser protecteur, d’un baiser d’une sincérité tellement forte, que ça me fait fermer les yeux. « Je peux pas t’expliquer, pas plus, je suis désolé. » Je suis désolé, d’être le type que je suis, mais c’est pas pour autant, que je compte changer.

credits img/gif: chrysalis
code by lumos s.

Pars. ─ w/

Est-ce qu’on parle de masque, ou de nature humaine ? Ne sois pas naïve. Je ne porte pas de masque, c’est moi, tout en entier, et c’est bien assez malheureux comme ça. J’ai toujours fonctionné ainsi, j’ai toujours vu les choses de cette manière. Si j’étais présent dans la vie de quelqu’un, mais que cette personne en viendrait à souffrir, c’est qu’ici, je n’ai pas ma place. Et c’est évident, tu ne penses pas ? On ne devrait pas accompagner quelqu’un dans la douleur, on devrait le laisser s’empoissonner seul, surtout que je le fais bien, surtout, que c’est le seul moyen que j’ai de survivre. Je reste silencieux, je me mords la langue afin de ne pas dire quelque chose que je pourrais éventuellement regretter, et ma conscience, qui en rajoute une couche. Elle me dit que je t’apprécie trop, bien trop pour te voir t’en aller, bien trop pour te voir décoller de ma vie. Mais elle me répète inlassablement à quel point je suis mauvais, que ce n’est pas un putain de personnage, on né pas mauvais, putain. Je suis pas né dans l’optique d’avoir ce genre de vie. Non, on le devient, en grandissant. Il y a des gens qui s’en sortent, et il y a d’autres qui se laissent enlacer par l’obscurité, parce qu’il fait bon, parce que la lumière elle, nous aveugle pas. « Je ne suis pas lui. J’ai été fidèle à ce gamin, je lui voulais du bien, je voulais pas qu’il abandonne. J’étais un oncle pour sa gosse, et pour la première fois, je voulais… » Puis je me coupe, parce que rentrer dans les détails, serait bien trop dangereux, comme pour toi, comme pour moi. Je secoue la tête de gauche à droite, mes iris bleutés s’orientent sur la zone de mon tatouage qui nous lie les deux. Je te souris, comme instinct. Parce qu’avec toi, la nuit me parait bien plus paisible. « Il n’y a rien à combattre. Tu ne peux pas combattre à ma place. » Pourquoi te donner autant de peine. Regarde, tu t’es blessée en voulant simplement me voir. Je relâche l’emprise de ton poignet, avant de fourrer mes deux poches de mes poignes, soupirant, déviant ma vision sur les alentours, me rassurant que personne n’a rien vu de cet échange entre eux et moi. « T’es toute seule ? » Comme si j’avais peur que tu sois accompagnée, que quelqu’un m’a vu prendre l’arme. Je serre la mâchoire, sortant une clope de mon paquet, la calant entre mes chaires masculines. « Je te raccompagne, si tu veux. » Parce que cela veut dire te laisser. Mais cela ne veut pas dire pour autant, que je vais arrêter de penser à toi, loin de cette idée stupide. « Tu mérites quelqu’un de saint, pas quelqu’un comme moi. » Parce que ce n’est que la vérité. Une personne brisée, le restera éternellement. Et il en serait bien triste, d’embarquer ceux que nous aimons.

credits img/gif: chrysalis
code by lumos s.

Pars. ─ w/

Est-ce que tu as tout vu ? Tout analysé ? Est-ce que tu as remarquée quelque chose que tu ne comprends pas ? Tu sembles perdue, tu sembles croire que tout ceci n’est pas moi, que je suis l’ombre de moi-même et qu’à tout moment, je vais être capable de me réveiller et d’être la personne que tu souhaites. Mais c’est loin d’être ainsi, c’est loin d’être aussi facile. Je ne dis rien, j’examine ton poignet que je prends en otage juste le temps de le mettre contre ta poitrine et grâce au bandage, faire un nœud autour de ton cou. Histoire que tu évites de le briser, maladroite que tu es. Quand tu termines avec tes sous-entendus, je me perds une seconde dans mes pensées. C’était quoi les chances de se retrouver ainsi ? Je veux dire, putain, il fait nuit, je suis dans un coin paumé où personne ne s’y attarde, et vu le monde qu’il y avait, c’était sur toi que je tombais. Ouais, je suis persuadé que je devais être le plus gros fils de pute de l’histoire dans une ancienne vie. Je viens happer le briquet, souriant faiblement sous l’effigie inscrite dessus. La faucheuse déguisée. Elle est partout, comme la mort, elle attend patiemment que nous mourrons pour happer notre âme et de voir si oui ou non, on mérite les portes de l’enfer. « Je ne veux pas dormir chez toi. T’as assez de merdes comme ça à gérer, et le mieux, c’est que tu te reposes. » Je dors jamais chez les gens, ou seulement quand je vois que je suis au bout et que je ne peux pas faire autrement. Je te relâche, jouant nerveusement avec ton briquet, avant d’élever la flamme auprès de l’embout de ma clope. Cette envie de fumer qui ne s’envole pas, qui me prend aux tripes, quand je réalise la vie que je mène désormais. J’ai perdu la femme que j’aimais, que j’aime, j’ai perdu mon club, j’ai perdu le frère que j’aimais et qui maintenant, me donne envie de gerber juste à penser à lui. Je me suis perdu, dès que je suis revenu. D’un faible soupire, je te redonne se briquer, avant de détourner le regard et d’enfoncer mes mains dans les poches. « Je te raccompagne, avant que tu te brises quelque chose d’autre. » Parce que je tiens à toi, je t’apprécie terriblement, tu es la douceur, tu es la tendresse qui manquait dans ma vie. Tu étais cette stabilité qui me forçait à reprendre mon souffle hors de l’eau. Je passais une main sage derrière ton dos, t’obligeant à prendre la marche en direction de la lumière des lampadaires. Je ne veux même pas savoir ce que tu as vu, je veux même pas que tu me questionne là-dessus. Pas maintenant, pas ce soir.

credits img/gif: chrysalis
code by lumos s.