You can do it
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Je n’étais pas tellement déçue de notre première rencontre, même si ça ne ressemblait en rien à un entretien d’embauche. Allais-tu me porter rigueur de mon manque de professionnalisme ? J’avais légèrement honte, et je espérais ne pas apporter une mauvaise image de l’entreprise et de notre nom. Je n’étais pas seule dans ce projet, et en aucun cas Connor ne devait apprendre le désastre de cet rendez-vous. « Pas grave. » T’étais quand même là, devant moi, et tu semblais parfait pour le poste de barman, surtout que tu semblais assez ouvert d’esprit et séducteur, pour être un atout auprès de notre future clientèle féminine. D’ailleurs, tu devais me plaire inconsciemment, puisque je m’approchais dangereusement de toi, me perdant dans mes excuses. Une fois ma main retirée de tes cheveux, tu semblais plus à l’aise. Ouf, j’avais frôlé la cata. Ton rire, semblait peu naturel, mais si j’inversais la situation, probablement que j’aurais bloqué aussi. « Sérieux ? T’en veux ? » Un sourire s’étirait le long de mes lèvres, avant que je jette pas coup d’œil vers les deux barmans. « Fini comme moi. » Je terminais le mien vitesse grand V, attrapant rapidement ton bras, pour t’entraîner avec moi jusqu’à l’extérieur et me mettre à courir. Je tournais à la première rue parallèle pour reprendre ma respiration. « Putain, j’ai les poumons d’une vieille. » Et tout naturellement, je sortais de mon paquet un joint tout près. « A toi l’honneur. »

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Le truc, c'était que j'avais déjà passé pas mal d'entretien par le passé, ne serait-ce que pour pouvoir vivre ici, pendant mes études, hors de mes études. J'étais pas le richou, celui qui a tout par l'argent de papa et maman. J'devais me démerder tout seul, sans rien ni personne. Alors j'agissais, et c'était ce que je faisais ce soir, en ta compagnie. Cet entretien ne ressemblait en rien aux précédents que j'avais pu passer mais c'est pas grave, j'appréciais quand même le moment. Sauf quand tu passais tes mains dans mes cheveux mais très vite, tu te ravisais. Un peu plus serein, je commençais à faire comprendre que j'étais opé pour prendre ce que t'avais pris et là, ton visage s'est transformé. Un sourire plus grand, des yeux qui pétillent. Et je suivais tes directives sans chercher à comprendre. « Okay » Et je buvais cul sec le verre que je venais à peine d'avoir avant que tu ne finisses par prendre mon bras pour m'emmener à l'extérieur. Alors, à savoir que courir, c'était pas dans mes cordes réellement. Du coup, comme toi, j'étais essoufflé comme jamais à l'angle de la rue parallèle dans laquelle on se trouvait. « Et moi le cœur d'un vieux crouton j'suis sûr » Celui qu'on m'a greffé. Mais tu le sais pas, tu le sauras probablement jamais d'ailleurs. Mais ton joint était enfin de sortie et je me redressais, fier et heureux. « Ouuuuuh » Je l'attrapais, le glissant entre mes lèvres et je sortais mon briquet pour l'allumer, aspirant comme il fallait la première taffe. « Oh putain de bordel de merde, c'est bon » Tête en arrière, fumée recrachée, je m'appropriais l'état d'esprit avant de te le tendre. Sauf si c'était full pour moi et là, j't'en serai à jamais redevable.

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J’étais consciente de ne pas faire les choses correctement, mais au-delà de ta réaction à toi, j’avais peur de contrarier Connor. Et s’il pensait que je ne prenais pas le job au sérieux ? L’avantage, c’est qu’avec tout ce que j’avais bu et fumé, mon esprit et mes gestes, me jouaient suffisamment de tour, pour que je m’en tape. J’avais plus l’impression d’apprendre à te connaître plutôt qu’être dans une démarche de patronne. Après mon index qui s’était entrepris dans une roulade dans tes cheveux, je me contentais de m’excuser et te suggérais de finir rapidement ton verre, vu ce que je t’avais prévu. Tu l’enfilais aussi vite que moi, avant de reposer ton verre et de t’entraîner dans ma course. Ok, j’avais peut-être surestimé mes capacités, ayant davantage usé de la course, lorsque j’étais en position de danger, or, partir sans payer, c’était presque une routine pour moi. On arrivait tous les deux essoufflé au premier coin de rue qui se présentait à nous, alors que je me plaignais de ma condition physique. « Tu n'es pas un peu dans l’abus ? » Je riais avant de me concentrer pour reprendre rapidement mon souffle, puis je sortais le joint de mon paquet, déjà prêt, pour te le tendre. « Je saurais comment t’amadouer à présent. » Je sourirais, avant de me poser contre le mur, de façon nonchalante, ce qui dénotait clairement de ma tenue. « Tu fumes souvent ? » Demandais-je curieuse.

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C'était de toute évidence l'entretien le plus atypique que j'ai pu passer. Et j'en avais passé pas mal depuis que je suis à Boston. Je n'étais pas un prodige, je n'avais pas droit à la bourse et forcément, il fallait que je paye ma vie ici. Donc des jobs, divers et variés. Il fallait bien que je gagne mon pain pour me nourrir et surtout me loger. Quoi qu'il en soit, c'était atypique avec toi et c'était pas plus mal. Ça me mettait en confiance un peu plus et je me dis que j'ai plus de chance d'avoir le job aussi. Alors quand tu me disais de boire d'une traite mon verre pour te suivre, je m'exécutais sans broncher. Et on se mettait ensemble à courir jusqu'à l'extérieur et même à une rue un peu plus loin, parallèle et isolée. Quand tu parlais de tes poumons, je ne pouvais pas m'empêcher de parler de mon cœur et… ouais, bon, j'étais pas dans l'abus mais j'allais faire comme si. « Ouais si, p'tete un peu » Je hausse les épaules avant de récupérer le joint que tu me tendais pour le glisser entre mes lèvres, excité à l'idée de sentir la toxine se répandre en moi. Et quand c'était enfin le cas, je m'extasiais totalement devant tes yeux, sans retenue. « Quelques fois par semaine. Des fois moins, des fois plus… Tout dépend des occasions » disais-je en te le tendant. Sait-on jamais si t'en voulais de nouveau ou pas. « Et toi ? » Histoire de faire la conversation. Le minimum syndical.

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J’étais loin d’être une véritable patronne, mon comportement parlait d’ailleurs pour moi. Je n’étais pas très à l’aise à l’idée de donner des ordres et faire entendre ma voix, plus que de raison, pourtant, j’allais devoir le faire dans un futur proche. Pour le moment, j’essayais simplement de me racheter une image et une conduite auprès de toi. Mon doigt baladeur m’ayant fait défaut, je captivais ton attention en t’ordonnant presque de finir ton verre pour nous enfuir, à grande foulée. T’allais certainement me prendre pour une tarée, mais dans l’fond, je m’en fichais pas mal de l’avis qu’on avait de moi. J’étais le genre de personne qu’aimait vivre sur l’instant, sans penser au lendemain. Consommer gratos dans les bars, c’était l’une de mes règles d’or. On reprenait doucement notre souffle, alors que ma remarque était bien loin de la réalité à ton sujet. « J’ai un peu d’eau dans mon sac t’en veux ? » Parce que t’avais l’air vraiment mal en point, malgré le sourire que t’affichais quand je t’offrais le joint. Je ne manquais pas de te taquiner au passage, partant du principe que t’étais déjà engagé. « Petit consommateur occasionnel. » Et ce n’était pas plus mal, parce que ma vie sans ça ressemblait à une page blanche. « Tout le temps, enfin, tous les jours. » Ce n’était pas avec fierté que je l’avouais, mais depuis la mort de mes parents, la drogue m’avait permis de tenir le coup. « Parfois, je me dis que c’est mal, puis je tire dessus et j’oublie la raison, pour vivre ma vie pleinement. » Mon espérance de vie, compte tenu de mon nom de famille, n’était pas très élevé de toute façon.

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Je ne savais pas trop dans quoi je mettais les pieds en cherchant à intégrer le staff de ce bar, mais de toute évidence, c'était un tout nouveau monde pour moi. Tu étais une patronne assez différente de ce que j'avais l'habitude de connaître par mes expériences passées. Et c'était cool hein, te méprends pas. C'était juste étrange parce que c'était une première. Courir pour éviter de payer nos consommations pour ensuite se retrouver dans une ruelle un peu plus loin, un joint entre les doigts pour pouvoir fumer tranquillement. C'était… pas vraiment les standards qu'on pouvait avoir habituellement. Mais j'apprécie, vraiment. Ça se voit certainement sur le sourire plaqué sur mes lèvres actuellement. « Non c'est bon, t'inquiète, ça ira » Il me fallait juste un peu de temps pour me remettre de mes émotions, voilà tout. Et finalement, je me redressais pour fumer le cône que tu me tendais, l'allumant et appréciant la fumée se répandre dans mes poumons. Un vrai fumeur putain, c'était hallucinant. C'était étrange d'ailleurs que ma santé n'en prenne pas un coup. « Je pourrais tous les jours, si j'avais l'argent » Parce que faut pas croire que je suis un richou. Au contraire. J'avais vraiment besoin de ce job parce que j'étais dans la merde sinon. Et puis, quand j'aurais Maddie, fallait pas que je prenne l'habitude de fumer tout ça quand elle serait là. Pas bien pour elle, pas bien pour moi non plus. « J'te comprends. L'effet que ça fait… un paradis » Et je tirais une nouvelle fois dessus, avant de te le tendre. « C'est le premier entretien que tu fais ? » Simple question, de l'ordre de la curiosité, rien de plus.

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