Une nuit a dormir près d'elle pendant que madame déssaoule. Ca pourrait presque etre devenu une chose habituelle mais tu ne veux pas. Tu te lèves doucement alors qu'elle dort enlevant soigneusement ses mains de toi. Elle s'accroche celle là. Tu pars alors dans la salle de séjour de la suite pour commencer ton sport matinal. Des pompes, des abdos, même des flexions. Tu t'entretiens. Voilà ensuite le temps de déjeuner et tu pars la réveiller pour reprendre Debout, mange un truc puis on sort. Oui, elle ne s'en sortira pas comme ça. Tu te mets pas minable tous les soirs pour ensuite te laisser aller. Jamais. Tu n'es pas cette personne toi. Tu finis par ouvrir les rideaux pour laisser la lumière atteindre sa peau translucide que tu admires le temps d'un instant. Tu pars ensuite dans la salle où tu te manges un repas de roi. Oeufs sur le plat, bacon, fruits, tout y est même du saumon. Tu manges ce que tu veux le matin tu fais attention mais t'es quand même content de faire ce que tu veux. Tu finis par te préparer tu pars à la douche et tu reviens en tenue de sport, prêt a conquérir le monde. Tu la regardes pour reprendre Aller on sort courir là, enfile un truc. on ne bavasse pas avec toi. T'attends qu'elle s'habille et tu l'emmènes dans le fameux Central Park pour commencer les foulées autour de la verdure. Ca fait toujours du bien après les excès. ça permet surtout de ne pas parler il faut le dire. T'es un génie toi.

La douleur disparaît dans le sommeil. La preuve, j'en oublie presque que je suis là. Paupières closes, absentes du monde. Je fais abstraction de la façon dont je me suis répandue hier entre ses bras. Je sens à peine ses phalanges qui me repoussent, je réprime tout juste un grognement là entre mes dents avant d'enfouir la tête à nouveau sous l'oreiller. Mais c'est sans compter sur l'Indomptable qui vient me tirer d'entre les draps. La lumière s'abat puis sa voix, je me redresse, passant une main sur mon visage comme pour repousser la trêve mais je ne dis rien, sachant que j'ai pertinemment mériter ce qu'il est entrain de faire. J'y vois de l'arrogance, pas l'ombre d'une sincère pitié, mais simplement une envie de me remettre sur les rails. Lui mieux que personne sait simplement que c'est ce qu'il me faut. Je me lève tant bien que mal, mes jambes semblent trop longues, trop malhabiles pour mon short. Et puis, j'ai tout juste le temps d'épeler mon prénom que c'est le retour de la tornade Abelard. Mes yeux s'écarquillent. Je l'ai jamais cotoyé le matin faut dire, la dernière fois je me suis juste enfuie. « Ok. Ok. » Je commence à machinalement remonter mon débardeur avant de porter un regard vers lui. J'allais oublier. Je m'isole quelques instants dans la salle de bain pour enfiler un leggings de sport et une brassière, domptant mes boucles en une natte. Voilà qui est mieux. Et ma tête n'est pas très enviable, faut dire ce qui est mais pour courir, on se contentera de ça. Je te suis finalement Abelard jusqu'à Central Park où tu t'apprêtes à délivrer la torture en bon geôlier. « Il paraît oui. On court sur combien de minutes ? » Tant que ça me permet d'oublier, moi je signe.

Roi capricieux, garde fou, dompteur de lion, tu finis par la réveiller non sans encombre et sans aucun aspect que tu aurais tel un gentleman. Tu la laisses se réveiller et quand elle manque de se changer devant toi tu lui lances un regard glacial. Elle fait exprès ? Elle voit son erreur, change de pièce et revient changer. Tu vas sortir avec un zombie au vu de la pâleur de sa peau mais je suppose que tu devras faire avec pour aujourd'hui en espérant qu'elle devienne vite rouge à cause de la pression. Tu finis par l'emmener jusque dans central park. Elle est habillée comme il faut et tu lui dis que c'est ce qu'il faut après une soirée arrosée, après les excès il faut éliminer quitte a vomir ses tripes au moins on évacue le mal par le mal comme on dit. Elle te demande alors innocemment combien de temps vous allez devoir courir. Si elle savait que t'es pas prêt de t'arrêter là maintenant. Un léger sourire vient se loger sur l'arc de tes lèvres pour reprendre Le temps qu'il faudra. en comprenne ce qu'elle veut après tous. Tu finis par reprendre Va falloir suivre la cadence Wheelan. oui, pas de pitié, pas de "pauvre Deirdre elle est mal" t'as jamais fais ça avec Cole, tu vas pas le faire avec quelqu'un d'autre après tous.

Je pense savoir ce que tu mets dans tes gestes, dans ces actions où tu m'entraines. Le corps en mouvement, on pense moins. Encore moins à se détruire puisque quelque part on extirpe une sorte de rage. Je plisse les yeux à la lumière. Pâle fantôme irlandais aux mèches de jais. Quelques badauds s'arrêtent d'ailleurs quelques secondes sur notre singulier duo. Quand tu respires la forme, j'ai juste l'air au plus mal. Je te demande alors combien de temps je devais courir et je reconnais ce sourire un peu mauvais sur tes traits. Faut croire que tu souris jamais au bonheur Prince. Je hausse les épaules. « Très bien. » Tu n'en attends pas moins de ma part et tu te lances. Suivant ton sillage, j'adopte la cadence, rencontrant au passage les excès de la veille. Mon corps proteste, se raidit, s'essouffle vite et je ne suis sans doute pas aussi pâle. Mais tu sais aussi que je suis bien trop fière pour lâcher et venir me plaindre. On fait ainsi plusieurs kilomètres où tu t'agaces de devoir ralentir ton rythme. Je n'ai pas fait de sport depuis des semaines. Je sens mon dos qui expirer toute l'eau, toute la sueur provoquée par l'effort et je dois plus rien à avoir avec la grande Wheelan, mais peu importe.

Oui toi tu imposes un cadre, tu imposes des règles, tu imposes tous court t'es le roi après tous non ? Tu décides qu'il est temps de dérrouillé le bolide qu'elle était, quand tu l'as regardé dormir t'as cru apercevoir quelques kilos qui se sont installés depuis son pseudo couple. Elle peut pas être pauvre et grosse quand même ? Oui t'es complètement mysogine après tous t'es toujours sorti avec des mannequins qui ne faisaient pas de taille, tu t'affichais avec aux grands évènements et avant tu avais ton couple. Tu avais Potter, mannequin des magasines, elle était parfaite et encore plus. Tu t'afficheras pas avec un thon ou une fille médiocre aux prochains évènements. Elle a besoin de courir. Dans Central Park tu commences a dicter le rythme, tu lui dis qu'elle courrera le temps qu'il faudra et qu'elle saurait bien vite quand tu aurai fini. Enfin vous voilà a commencer a courir, toi, fier conquérent toujours classe même quand tu fais du sport tous les regards sont tournés vers toi et ta préstance d'habitude mais aujourd'hui c'est vers la loque qui t'accompagne et il n'y a rien de glorieu, croyez moi. N'oublions pas qu'elle t'a laissé fut un temps et que tu es juste quelqu'un d'une générosité extrême. Enfin, tu vois bien qu'elle ne suit absolument pas le rythme et te voilà obligé du pire : ralentir. Tu ralentis un peu, encore un peu quand tu la vois suer -c'est une bonne chose- et a un moment tu finis par la regarder agacer Aller arrête de ralentir je vais finir par marcher. oui a ce train là t'iras pas moins vite. T'es un connard Abelard tu le sais ça ? Evidemment et tu n'en as absolument rien à faire. Tu sais qu'elle peut faire bien plus.

Ce n'est pas la pitié qui anime tes veines Abélard mais je n'en attendais pas moins de ta part. Je ne me plains pas, je garde le rythme même si il est moindre que le tien. Mais moi, je ne suis pas une machine contrairement à toi. Je vois bien que ça t'agace d'être avec moi, de voir à quel point je suis l'ombre de moi-même. Je rattrape mon retard pour venir à nouveau à ta hauteur, quand bien même je suis à la limite de l'accident cardiaque, au moins ce sera une mort rapide. « T'es pas obligé de faire ça. » dis-je entre deux souffles avant de continuer ma route, j'augmente la cadence alors que je n'ai plus aucune force. Mais c'est ça le but, non ? Tester mes limites. Je cours ainsi de longues minutes avant de finalement m'arrêter. « Fais-moi faire autre chose. » Je grince les paroles entre mes dents, parce que je sens toujours là. Ça fait toujours mal et je veux plus rien sentir tu comprends ?

Tu as beau être horrible, ta dame de pique reste près de toi et elle continue a se battre comme pour te donner tord, te dire qu'elle survivra même après toi. Elle ralenti de plus en plus avant d'essayer d'accelerer la cadence en te disant que t'es pas obligé de faire ça mais elle veut que tu fasses quoi ? Que tu la laisses crever seule a détruire tous ce qu'elle a ? Elle a du mal a avoir du souffle, son palpitant doit être en apotéose à l'entendre respirer mais il faut souffrir pour que ça fonctionne. Tu continues ta course alors qu'elle s'arrête. Elle te demande de lui faire autre chose ou tu le prends comme ça malgré sa voix autoritaire parce que sinon tu vas encore faire le prince que personne ne dompte. Elle grince des dents alors que tu fais du sur place pour ensuite reprendre Aller abdos mets toi par terre je vais tenir tes pieds. tu t'assoies et tu poses tes pieds sur les siens pour pas qu'elle bouge ou même triche elle en serait capable de faire la fainéante. Tu suis le compte et me demande pas combien on en fera. oui autant qu'il faudra sera la réponse que tu lui donneras. Mains derrière la tête tu descends avant de revenir en position assise sans bouger tes pieds qui restent fixés sur les siens. Aller 1, t'es déjà en retard t'as oublié comment on faisait ? oui parce que si en plus faut que tu soit le prof tu t'en sortiras pas il faut le dire. et tu redescends en prenant le compte à haute voix gardant une cadence soutenue. On est pas à la plage ici.

Je n'ai pas besoin de clémence, je n'ai pas besoin de pitié. J'ai simplement qu'on me reconnecte avec ma force, avec ma capacité de dépasser ces enfers dans lesquels je me retrouve noyée. Tu sais parfaitement que je suis capable d'une rage puissante Abélard. Simplement parce qu'on en partage la froideur, les angles, la force. Je me dépasse en n'écoutant pas mon corps, en ne prenant pas garde à mon corps qui proteste. Cela peut paraître paradoxal mais je fais partie de ces personnes qui trouvent un certain réconfort dans la douleur. Courir commence toutefois à me fatiguer, à m'épuiser dans parvenir à sortir cette rage. Je te demande donc de faire autre chose. Ne prenant aucunement attention au fait que je suis rouge écarlate ou transpirante comme jamais. Je ne regrette juste pas ma natte à la place de mes boucles. Je m'allonge sous tes ordres, tes pieds au dessus des miens. Je m’exécute pour les abdominaux mais on sait simplement que tu as de meilleures capacités physiques que moi. Je m'applique toutefois, enchaînant les relevés. « J'en ai dans le ventre tu crois quoi ? » que je souffle entre deux exercices, l'envie de vomir se présente, je dois l'avouer mais on m'y reprendra pas à deux fois, je suis capable de me maîtriser tout de même. Mes ongles se plantent dans tes genoux alors que le rage me consume et c'est bon. « C'est toi qui a oublié. » Toi qui va essuyer mes excès, comme habituellement, mais je te sais suffisamment solide pour ça.

Toujours oublier ce qu'on ressent c'est l'ordre qu'on t'a bien vite donné. Tu surpasses tous, la douleur comme la peur ou la rage que tu peux avoir. Tu tiens avec ça, la haine, la rage, c'est l'enfer qui te tiens en vie finalement parce que l'amour n'en est pas capable. L'amour c'est comme l'amitié, ça se barre aux premieres tempêtes comme elle l'a fait. Tu as encore une haine profonde contre elle, t'as tous donné pour qu'elle réussisse et non, elle a choisit de s'allier avec un plouc. C'est encore pire que si tu t'affichais en soirée avec une mannequin connue pour ses frasques et sa petite vertue. C'est la trahison ultime, tu ne donnes pas a manger aux pauvres qui veulent rester sur le coté. Tu finis par la faire s'assoir, elle est rouge écarlate, on doit la repérer au loin mais c'est l'heure des abdominaux, tu vas pas casser toute ta routine sportive pour elle. Tes pieds sur les siens tu commences déjà et t'es toujours aussi énergique. Les gens se demandent parfois comment tu fais mais en réalité tu ne te poses pas de questions et tu le fais. Tu finis par la regarder qui se plaint de tes paroles parce que c'est une grande fille, qu'elle en a dans le ventre et t'en passes mais franchement. T'en penses pas moins. Tu comptes parler ou agir ? trop de blabla elle ne sait donc pas que tu détestes ça ? Tu vois bien ses hauts le coeur qu'elle tente de dissimuler, elle a déjà baptisé tes chaussures qu'elle fasse pas de même avec ton jogging de marque. Tu es malaimable au possible, un connard il faut le dire mais tu continues en plus et tu la laisses faire finissant ta série avant de reprendre Aller on s'arrête pas des pompes ! tu te mets en position avec rapidité pour commencer 1, t'es en retard. Et vas pas me faire ça comme les faibles sur les genoux. oui, aucune pitié, aucune amitié, juste du sport et de la souffrance.

Dans l'effort, on trouve un second souffle. Alors je ne lâche rien. Je m'accroche parce que c'est tout ce que je peux faire franchement. Tu me demandes si je veux parler ou bien agir. On a jamais été très doués pour la première option. On se heurte simplement au mur de nos incompréhensions. Je termine ainsi l'exercice tant bien que mal luttant contre quelques hauts de cœur. Mais ceux-ci finissent par passer, n'en déplaise à ton jogging de marque. Je me relève finalement pour boire quelques gorgées de ma bouteille. Il faut que je m'hydrate si je veux tenir sur la durée. Je me campe droite, mes bras amorçant la distance entre mon corps parfaitement gainée et le sol.  La pratique intensive de la danse fait que le poids de mon corps est plutôt un allié qu'un rival. Même si je suis affaiblie, je renoue avec cette pratique assidue, voir austère. En revanche, je ne suis pas certaine que tu sois aussi souple. Je fais ainsi plusieurs pompes, avant que mes bras n'avouent la défaite et que je m'écrase contre le sol. J'ai envie de chialer puissamment. Mais je n'en ferais rien. Je ne me donnerai pas en spectacle une fois de plus. Et je me doute que ta pitié sera effrontément absente.