Maintenant qu’Agathe va un peu mieux j’avoue que je relâche un peu la pression, ça me fait un bien fou de la revoir prendre du poil de la bête à cette vitesse. Tout cela nous a énormément rapproché et malgré ma rancœur, je ne peux rester de marbre quand je la vois ainsi, quand je l’entends me faire quelques déclarations en l’occurrence. Aujourd’hui je ne sais pas quand j’irais la voir mais de toute évidence j’irais bien entendu, mais il est normal que je laisse aussi la place à ses frères, tout aussi cons qu’ils puissent être. Après avoir fait mon sport, je me prépare pour sortir et me balader un peu en ville et peut être prendre un cocktail au bar ou je ne sais quoi mais ce temps me donne envie d’être en terrasse ou alors dans une piscine, seulement je n’ai pas la tête à aller dans une pool party maintenant. Alors que j’attends que le feu passe au vert, je lève les yeux vers les buildings et j’aperçois les photos de mon dernier shooting ce qui me fait sourire, c’est franchement cool et j’suis assez fier de moi d’être vu par tout Boston. Quelques minutes plus tard j’arrive à la plage et je ne manque pas de me mettre en maillot de bain pour aller me baigner tranquillement et surtout seul, j’y tiens à ma liberté. L’eau est bonne, ça fait du bien d’en profiter mais après m’être suffisamment prélasser je pars sous la douche pour retirer les impuretés et je retourne à hauteur de ma serviette pour m’essuyer afin de pouvoir bronzer par la suite. Cependant je ne me couche pas sur la serviette de suite, j’attends quelques peu debout, observant un peu les gens autour de moi derrière mes lunettes de soleil.

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À peine débarquée et je regrettais déjà mon choix. Pourquoi j'avais décidé de revenir dans cette ville que j'avais quitté quelques mois plus tôt? J'avais fui l'université, fui cette ville par peur de ce qui m'attendait, de ce que je ressentais. J'avais trouvé refuge auprès de mon père dans l'US Air Force. Même ça, j'avais fini par le fuir. Comme quoi je n'allais pas au bout des choses finalement. Et la liste commençait à s'allonger. Mes cours de médecine que j'avais abandonné, ma relation avec Antonio que j'avais saboté en partant, mon avenir dans l'US Air Force. Même le mariage dans lequel je m'étais engagé, je le fuyais avant même qu'il ne soit prononcé. En soi, ça faisait du bien d'avoir quelques jours seule avant que mon fiancé débarque. Je me retrouvais avec ma mère à ouvrir les dernières boites du déménagement avant de décider d'aller courir. J'avais pris l'habitude de le faire pendant que je m'entraînais et j'avais réalisé à quel point ça me faisait du bien, à quel point ça me permettait de réfléchir ou de me changer les idées, selon ce que j'avais besoin. Les étudiants devaient être en période d'examens, les rues et la plage seraient donc assez libre d'accès. J'enfila un short ainsi qu'un débardeur assez simple avant de remonter mes cheveux dans une queue de cheval. Une fois partie, je quitta l'appartement où nous nous trouvions pour me diriger vers la plage en joggant à une bonne vitesse. Chaque lieu me faisait penser à quelque chose que j'avais vécu ici, à quelqu'un que j'avais rencontré et abandonné. Alors que je courrais dans le sable chaud, je m'arrêta pour prendre une gorgée d'eau. Mon regard se porta sur un jeune homme qui se tenait debout devant sa serviette. À regarder rapidement son corps, il pourrait facilement me plaire. C'est en arrivant à la hauteur de son visage que je cru rêver en voyant Antonio. J'avala mon eau de travers et me mit à tousser bruyamment en me tournant dans l'autre direction, probablement toute rouge.

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L’été apporte toujours avec lui un certain lot de surprise ainsi qu’une chaleur assommante et je doute que cette année les choses soient différentes, surtout avec le Summer Camp. Je ne suis pas particulièrement enchanté à l’idée de potentiellement faire de nouvelles rencontres. Au lieu de penser à tout ça j’vais me baigner et je profite de l’instant pour par la suite bronzer sur la plage puisqu’il n’y a pas trop de monde pour une fois, autant profiter de l’absence des plus jeunes et du calme qui règne sur cette bordure de sable. Seulement alors que j’observe un tout le monde autour de moi, mon attention se porte sur une jeune femme non loin qui se met à tousser et tourner la tête. Je fronce un peu les sourcils ne sachant pas trop ce qu’il en est mais après tout si je la mets mal à l’aise c’est toujours flatteur dans un sens alors je souris, mais mon sourire disparait très vite lorsque je reconnais Ayana. C’est pas possible j’dois rêver, qu’est ce qu’elle fout ici soudainement, elle était pas censée être en train de se faire tringler par tous les mecs de l’US Air Force ? De plus pourquoi débarquer à ce moment là alors qu’avec Agathe les choses s’arrangent enfin pour une fois depuis de longs mois. Mon envie de bronzer et de profiter de la plage disparait surtout en sa présence et je ne tarde pas de secouer ma serviette pour y retirer le peu de sable présent avant de la mettre autour de mon cou et de partir sans même la calculer, elle ne mérite pas que je lui donne la moindre once d’importance.

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Tout ce que je voulais, c'était d'aller courir pour me changer les idées, pour réfléchir aux choix que j'avais fait dernièrement. Après tout, j'avais quitté mes études de médecine pour aller dans l'US Air force par peur de ressentir quelque chose pour Antonio, puis j'avais quitté ma bouée de secours quand mon père était décédé et j'en ressortait avec un fiancé qui devait me rejoindre d'ici quelques jours. Comment ma vie avait-elle pu basculer autant? Et si rapidement? J'avais toujours été la fille qui fonçait, qui n'avait pas peur. Puis, parce que j'avais développé des sentiments pour ce bel espagnol, j'avais tout plaqué par peur de me faire briser le coeur encore. Parlant de ce bel espagnol, je croyais rêver quand je l'avais aperçu sur la plage, toujours aussi beau. Ça m'avait tellement surprise que j'avais avalé ma gorgée de travers. Quand je repris mes esprits, je vis que c'était vraiment lui et qu'il s'apprêtait à quitter la plage. Prise un peu de panique, je tenta de le rattraper. "Antonio, attend." dis-je alors que je marchais derrière lui. Et pourquoi d'ailleurs? Je connaissais assez bien le jeune homme pour savoir qu'il ne serait pas du genre à me prendre dans ses bras après ce que j'avais fait. Puis, j'étais fiancée maintenant. À quoi bon ressasser les choses du passé? Mais c'était plus fort que moi.

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Je ne m’attendais pas à la revoir un jour et encore moins maintenant mais pourtant je n’étais pas en train de rêver, Ayana était bien revenue ici comme si de rien était. Seulement je n’avais nullement l’envie de parler avec elle ou de reprendre quoi que ce soit, elle a fait son choix il y a de ça quelques mois en quittant Boston pour rejoindre son père et bien soit que grand bien lui fasse, à présent c’est terminé et si elle insiste, elle risque d’être surprise de la personne qui va se trouver face à elle car je ne serais pas aussi accueillant avec elle aujourd’hui que j’ai pu l’être dans le passé. Si à l’époque nous partageons le même lit, aujourd’hui le simple fait de partager une plage ça me déplait donc je quitte cette dernière, après tout j’ai fait ce que j’avais à faire dans l’ensemble et puis même c’est juste trop pour moi, j’tiens pas à me lancer dans une discussion ou le moindre jeu de regard. Alors que je pars, j’entends sa voix s’élever dans l’air et elle me demande de l’attendre. Est-ce que c’est une blague ? Je serre la mâchoire et je fais comme si je n’avais pas entendu, ayant la ferme intention de partir sans même entendre une fois de plus le son de sa voix, seulement elle se place devant moi et me bloque le passage. Je ne retire pas mes lunettes de soleil et au fond vaut mieux pour elle vu à quel point je suis en train de la dévisager salement à l’heure actuelle. « On se connait ? Vous devez faire erreur sur la personne » Je ne vais pas lui faciliter la tâche, bien au contraire même et si elle insiste il va falloir qu’elle ait les nerfs solides car je vais lui en mettre plein la gueule, donc un conseil pour toi Ayana, pars et oublie tout ça.

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Retrouver Antonio. En décidant de revenir à Boston, je ne savais pas si c'était quelque chose dont j'avais vraiment envie ou si, au contraire, je préférais éviter. Encore ce matin, je ne le savais pas. D'un côté, j'étais réellement tombée amoureuse du bel espagnol, j'avais espéré pouvoir aller plus loin avec lui, j'avais même senti à certains moments que ça pourrait être possible. D'un autre côté, ces sentiments m'avaient fait tellement peur que j'avais quitté Boston sans même me retourner, je lui avais laissé une lettre pour lui dévoiler mes sentiments avant de fuir comme une lâche et de revenir quelques mois plus tard, une bague au doigt. Même cette bague, je n'étais pas certaine de ce qu'elle signifiait. Sur le coup, ça m'avait semblé la chose à faire. Après tout, mes parents l'aimaient bien. Il avait un bel avenir devant lui. Dans un sens, je me sentais bien avec lui. Mais j'avais peut-être pas ce feu qui brûlait en moi comme quand j'étais avec Antonio. Parlant de ce dernier, je le croisais sur cette plage et mon premier réflexe avait été d'aller vers lui, comme un aimant. Évidemment, il se poussa rapidement et je me dépêcha de lui bloquer le chemin. Il me répondit comme si j'étais une parfaite inconnue. Et à son ton de voix, je pouvais bien voir qu'il bouillonnait. "Fais pas ça stp." Pas après que je lui aille avouer mes sentiments, après que je me sois ouverte à lui. Après tout, s'il aurait voulu la même chose que moi, il serait venu me chercher, non? Le quitter, partir ainsi, avait été une décision tellement difficile pour moi. "Je peux t'expliquer." Expliquer quoi? Que j'avais eu peur de me faire briser le coeur, d'avoir l'air ridicule, de gâcher ce que nous avions. En tout cas, pour le dernier point, c'était fait. J'avais tout gâché.

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Je ne suis pas du genre à avoir des explications et encore moins à donner des secondes chances, donc quand je vois Ayana, je ne peux que partir mais non pas car je suis effrayé par elle, simplement que je n’ai rien à lui dire. Elle a pris sa décision il y a des mois de ça, aujourd’hui elle allait devoir l’assumer totalement et ne pas revenir vers moi en s’excusant. Alors que je me prépare à quitter cette plage, voilà qu’elle se place devant moi et je la traite comme une vulgaire inconnu, ce qui peut être la blesse mais j’en ai rien à faire là. « Ne pas faire quoi ? » Ouais au juste quoi ? Je ne lui dois rien je fais absolument ce que je veux, que ça lui plaise ou non en fait. Ce qu’elle me dit me fait sortir de mes gonds intérieurement et je serre la mâchoire tout en la regardant avec des yeux sombres, elle qui pourtant a eu l’habitude que je la regarde avec de tout autres yeux. « J’ai eu le mot, j’ai eu mes explications c’est bon. Tu es partie pour te faire tringler par tout l’US Air Force c’est bon, pas besoin de gaspiller de la salive et me faire perdre mon temps. » J’hausse les épaules, fronçant les sourcils car oui je ne crois pas un mot sur ses pseudos sentiments, sinon elle serait simplement restée et se serait battue pour qu’il se passe quelque chose. Je ne fais même pas attention à sa bague, ça ne me regarde plus.

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À quoi j'avais pensé de remettre les pieds à Boston. Après tout ce qui s'était passé ici, après ma fuite sans dire un mot à personne. Qui allait m'accueillir avec les bras grands ouverts? J'avais coupé les ponts avec à peu près tout le monde. S'il y a bien une personne qui ne m'accueillerait pas avec le sourire, c'était Antonio. Je le connaissais assez pour savoir qu'il était rancunier. Et il avait fallu que ce soit le premier que je croise. Honnêtement, j'avais l'impression que cette rencontre allait dicter mon séjour à Boston. Des regrets, de la rancoeur, un cauchemar. J'aurais dû simplement faire demi-tour, retourner à mon jogging. Mais non, il avait fallu que j'aille me planter devant lui, que je l'empêche de s'en aller. "Je sais que tu veux rien entendre." Je le connaissais, je savais que les deuxième chance ce n'était pas pour lui. Est-ce que j'espérais qu'il fasse une exception pour moi, pour me prouver que ce qu'on avait, c'était possible? Une partie de moi le voudrait, je crois. L'autre partie de moi joua nerveusement avec la bague que j'avais au doigt me rappelant que j'avais promis à un autre ce que j'aurais aimé avec Antonio quelques mois plus tôt. Maintenant, il disait qu'il s'avait, qu'il avait bien lu la lettre que je lui avais laissé. "Tu penses que c'est pour ça que j'suis partie? Parce que j'avais envie de me faire sauter par n'importe quel mec sans importance?" C'est pas comme si j'avais besoin de partir loin pour avoir les gars que je voulais dans mon lit.

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Inutile de parler, de gaspiller de la salive pour m’expliquer je ne sais quoi, je ne veux pas lui parler, je n’ai rien à lui dire. J’ai reçu son message il y a de ça quelques mois, c’est pas maintenant qu’il faut venir pour me parler et m’expliquer je ne sais quoi et surtout pas à moi. Elle pouvait agir de la sorte avec n’importe qui mais avec moi elle savait très bien à quoi elle s’exposait en cas de retour. « Bah alors si tu sais qu’est ce que tu fous là à me courir après ? » Ouais je suis froid, limite mauvais avec elle mais après tout elle le mérite donc je ne vais pas me sentir mal, mon comportement à son égard est tout à fait normal et il ne changera pas d’un poil. Elle peut espérer autant qu’elle veut que je m’adoucisse mais ça n’arrivera pas. Elle est tellement insignifiante pour moi à ce moment précis que je ne fais même pas attention à sa bague et au fait qu’elle joue avec cette dernière, non j’ai le regard qui divague un peu partout car elle m’intéresse plus, que c’est comme si elle n’existait pas. Et le peu de fois que mon regard croise le sien, c’est pour la foudroyer sur place. « Ouais pour t’amuser, après tout y’a de quoi faire là bas vu tous les mecs qu’il y a » J’hoche la tête, c’est horrible ce que je dis mais je le pense en tout cas « Tu pensais vraiment que j’allais croire à ton mot en carton ? Honnêtement ? Tu pars sans explication, comme ça et tu crois que je vais croire à trois mots sur un papier ? C’est mal me connaitre» Clairement je ne vais pas croire ce qu’elle me dit de la sorte et je ne la croirais jamais en fait même « Mais en tout cas j’espère pour toi que tu t’es bien amusée et que ça en valait la peine » Ouais parce que me concernant y’a plus rien de possible, même pas de contact physique, rien.

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Ça ne faisait même pas vingt quatre heures que j'avais remis les pieds à Boston que déjà, je regrettais d'être là. Je n'avais qu'une envie, c'était de repartir pour le Kansas, retrouver ma famille élargie, retrouver ceux qui, peu importe mes erreurs, ne me jugerais jamais, ne m'en voudrais jamais. Clairement, ce n'était pas le cas de l'espagnol qui était furax. Je le voyais juste à sa façon de se tenir. Et c'était difficile d'ignorer ses paroles. Il n'était pas tendre du tout. Il me balançait tout ce venin, critiquant ma façon de faire, jugeant faux ce que je lui avais écrit ou encore ce que j'avais pu ressentir pour lui. "Si t'en a rien à faire de ce que j'te dis, pourquoi t'es encore là?" Ouais, pourquoi tu avais pas tout simplement passer à côté de moi comme si j'étais l'inconnue que tu prétendais que j'étais. Si tu avais aucune envie d'entendre ce que j'avais à te dire, pourquoi tu étais encore là devant moi? Je ne me faisais pas d'illusion. J'étais pas assez bête pour penser que tu aurais attendu mon retour pour m'ouvrir de nouveau tes bras. Mais il devait bien y avoir quelque chose qui te poussait à rester là. "Faut que je fasse quoi pour que tu le comprennes? Que je te le dises en pleine face?" C'est ça que t'avais besoin? "Je suis tombée amoureuse de toi. C'est ça que tu veux entendre. J'étais amoureuse de toi et j'ai pas voulu avoir le coeur brisé. Alors, j'ai juste fui." Pour une fois dans ma vie que j'avais été sincère avec quelqu'un, ça me rendait dingue qu'il n'y croit même pas. "J'ai fui parce que je te connaissais assez pour savoir que tu fais pas dans les relations sérieuses."

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