What are you waiting for ?
w/ @Cléolya A. Strauss
~~~~

• Jamais je n'aurais pu croire être dans cette situation un jour. Moi qui avait osé penser que je n'aurais plus jamais besoin de m’intéresser à la gente féminine, je m'étais bien trompé. La première question était pourquoi je m'étais inscrit sur cette application ? Honnêtement, sans vouloir me lancer des fleurs, je n'avais pas besoin de toutes ces conneries d'adolescents en chaleur pour rencontrer quelqu'un. Mais je ne sais pas, j'avais eu comme une pulsion, comme une envie de passer le temps et de voir ce que j'aurais bien pu y trouver. Et puis, je peux m'en servir pour le travail. Imaginez que je croise une personne que je recherche dessus, plus qu'à entamer la conversation pour lui donner rendez-vous. Putain, faudrait que je pense à me créer un faux compte féminin. Mais bref, là n'est pas la question. Je me retrouvais assis dans ce bar qui faisait toute sorte de cocktails, attendant une parfaite inconnue avec qui j'avais échangé deux trois messages, c'est ça, la génération de maintenant ? Il y a quinze ans en arrière, on avait pas besoin de tout ça, chez moi, au Texas, on se rencontrait dans des espèces de soirées ou on mettait à l'honneur les plus gros bouffeurs de burger ou les plus grosses vaches laitières, mais pas avec des applications. Mais je sais pas, cette fille, sa photo m'avait attiré, et elle avait l'air de savoir ce qu'elle voulait, alors pourquoi pas, pourquoi pas passer la soirée ensemble, boire un ou deux verres, et voir ou cela nous mène. Attendant qu'elle arrive, je regarde un peu partout autour de moi, les gens sont bien habillés ici, à croire qu'ils jouent la soirée de leurs vies. Personnellement, j'ai pas fait plus d'effort que ça, un jean, une chemise, et voilà. •

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Manfred V. Tulum
~~~~

Sur un coup de tête, j’avais réinstallé l’application, guidée par une colère qui se voulait malsaine, mais aussi par une envie de légèreté. Après avoir passé des jours enfermer dans ma chambre, j’avais eu le temps de cogiter sur ce que je voulais pour aller mieux. Te rencontrer toi, qui ne connaissait rien de ma vie, de mes tourments et de mon penchant à détruire les gens qu’était sur ma route, ne verrait pas dans l’océan mes yeux, la détresse. Je me préparais, enfilant un petit chemisier à manche longue – histoire de cacher la cicatrisation de mes poignets, un pantalon et des talons. Je restais la plus naturelle possible, maquillant simplement mes yeux d’une petite touche de mascara puis je m’en allais de chez moi, pour prendre place derrière le volant de mon bolide. T’apprendrais bien vite que je n’étais pas du genre discrète. J’arrivais vite sur le lieu de notre rendez-vous qui n’était autre que le bar de mon meilleur ami d’Oxford. J’espérais cependant ne pas lui faire fasse ce soir, compte tenu du baiser qu’il m’avait volé lors du bal. Je te cherchais du regard, avant que mes yeux ne se posent sur ton dos – plus imposant que je ne l’avais imaginé – puis je m’approchais. Je posais ma pochette sur le bar, sourire au coin des lèvres avant de me présenter. « Prête pour l’épreuve de conformité. » Soufflais-je en m’installant à tes côtés. Je t’observais un instant avant de faire signe au barman de venir. « Je ne t’ai pas trop fait attendre ? »

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Cléolya A. Strauss
~~~~

• Putain, j'ai passé l'âge normalement de toutes ces conneries d'application de rencontre. J'ai trente quatre ans, normalement, je devrais être marié avec des enfants, mais ça, c'est normalement. C'est ce que j'aurais du avoir, si ma vie n'aurait pas pris ce chemin bien plus sombre que j'aurais pu l'imaginer même dans mes pires cauchemars. Charly, elle devrait être à mes côtés, elle m'aurait donné des enfants, on aurait notre maison, notre petite vie paisible au Texas. Mais non, évidemment que non, rien ne se passe comme prévu, et tout ça, c'est ma faute, c'est ma putain de faute, j'en suis le seul fautif. Alors pourquoi j'avais installé cette application ? J'ai pensé quoi ? Que j'avais 20 ans ? Putain non, mais je sais pas, c'était comme une pulsion, une envie soudaine de ne rien devoir à personne, pas une envie de reconstruire ma vie, non. Toute façon, je n'avais plus de vie, je n'avais plus rien à part mon métier et ma haine, ma vengeance, c'est tout ce qu'il me restait, c'est tout ce qui me permettait de tenir encore debout. Mais passons, on va pas plomber l'ambiance, je ne pense pas être là pour ça. Il y a cette jeune femme, cette complète inconnue pour moi, cette fille dont je n'ai vu qu'une seule et unique photo, avec qui j'ai échangé trois messages à tout péter, et je me retrouve là, assis dans ce bar, attendant que cette dernière arrive. Ouais, déformation professionnelle, je suis déjà sur place, à regarder rapidement autour de moi, à tout noter dans ma tête, comme un automatisme. C'est sa voix, qui me fit sortir de mes pensées, je tourna rapidement la tête pour la regarder, la voyant s’asseoir à mes côtés et appeler rapidement le barman. "Non t'inquiète je viens d'arriver." Un léger sourire aux lèvres, je la regarde de haut en bas, juste pour voir si elle est conforme aux photos, et pour le coup, ça va, c'est même mieux en vrai. "T'as pas l'air d'avoir menti !" Haussant les épaules, comme si j'étais déçu et que j'aurais aimé qu'elle mente. Le barman me coupa dans ma lancée, nous donnant deux cartes. Putain, trop de cocktails étrange, elle est ou la simplicité là ? •

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Manfred V. Tulum
~~~~

C’était une sorte de second souffle, d’une double vie, que je m’offrais là. Si j’étais sur Tinder, c’était uniquement pour rencontrer des personnes qui ne connaissaient rien de moi. Notre conversation avait été très évasive, se concluant par un rendez-vous en face-à-face. Exit les petites phrases toutes faites, on allait devoir s’accommoder de la présence de l’un et l’autre. T’étais sûr de vouloir faire ça avec moi ? Parce qu’honnêtement, j’attirais le mauvais en règles général. Il n’y avait qu’à voir mon historique pour comprendre que j’étais une boulette sur patte et que la vie, m’avait certes offert une cuillère en argent dans la bouche, mais j’le payais au prix fort. Tu m’avais donc donné rendez-vous au Drink, établissement que je connaissais plus que bien et après une préparation éclair, j’avais pris la route pour te rejoindre. J’avais frôlé le danger, laissant alors la puissance de la magnifique sportive rouge, rugir à travers la ville. Je me garais, puis je poussais les portes du bar, parcourant du regard la salle, à ta recherche. Il ne me fallait pas longtemps avant de t’apercevoir au bar, seul. Je m’approchais, posant ma pochette non loin de toi le sourire aux lèvres. Tu me rassurais quant à ta récente arrivée, avant que tes yeux ne balayent ma silhouette. Un rire s’échappait de mes lèvres à ta remarque, alors que je m’installais à tes côtés. « Et moi, j’suis ravie de voir que tu n’es pas un pervers de 50 piges. » Parce que c’était possible non ? Je m’étais bien retrouver kidnappée par des gens que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, alors tout me semblait probable. J’appréciais cependant la nonchalance dans tes gestes, qui te démarquait des autres qu’avaient tendance à débuter par des compliments. Le barman nous apportait la carte des cocktails et tandis que tu l’ouvrais, je commandais directement une piña colada. J’avais besoin d’une valeur sûre ce soir, histoire de rester en confiance, parce que j’étais en stress là. « Si tu peux me permettre… » Que je soufflais en jouant légèrement avec mes doigts. « J’ai plus tellement l’habitude de ce genre de rendez-vous. » Si à une époque, quand j’avais 18 ans et que je rencontrais les gens directement au bar, avec un coup dans l’nez et non via une application. « Alors ne m’en tiens pas rigueur si je sirote mon verre à une vitesse folle. » Je n’étais pas contre en boire deux/trois cul-sec, mais j’reprenais le volant après, alors j’allais m’en contenter d’un.

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Cléolya A. Strauss
~~~~

• J'aurais pu partir. Décider de quitter cet endroit et de la laisser là, en plan, sans aucune excuse, sans aucune raison. Peut-être qu'elle se serait dit qu'elle n'était pas à mon goût, ou tout simplement que je n'étais qu'un détraqué de plus. je ne sais pas pourquoi j'étais ici, je ne savais pas vraiment dans quel but, comment tout ça allait se finir, et surtout, pourquoi ça avait commencé. Mais je pense que j'avais besoin de me détendre, besoin de me changer les idées, de mettre ma vie sur pause, de faire comme si je n'étais plus moi, comme si Manfred n'était plus là. Parfois, ça serait tellement plus simple de pouvoir tout abandonner, tout oublier pour vivre une autre vie, sous une autre identité. J'aurais pu le faire, il y a de ça bien des années en arrière. J'aurais pu accepter cette main que l'on m'avait tendu quand on a tué la femme que j'aimais. Changer d'identité, ne plus être moi, tout oublier, et tout recommencer comme si tout ça n'était jamais arrivé. Sauf que c'était impossible, je ne pouvais me résigner à laisser son meurtre sans réponse, sans répercutions. Avide de vengeance, assoiffé par la haine, je passais mon temps à frapper sur des criminels, attendant avec impatiente le jour ou je tomberais enfin sur ces enfants de salope qui m'ont enlever ma seule et unique raison de vivre et d'être un homme bien. Alors ce soir, j'avais envie de ne penser à rien, et c'est surement pour ça que je m'étais inscrit sur cette application, que j'avais accepté ce rendez-vous. De toute façon, qu'est-ce que je risque, honnêtement ? "Et non, malheureusement pour toi c'est bien la même personne que tu as vu en photo !" Malheureusement, heureusement, je ne sais pas. A elle de le décider. Regardant la carte et commandant un simple whisky, ouais, leur cocktails là avec des noms à tendance érotique ça me chauffe pas trop, je souris à sa remarque. "Alors pour toi comme pour moi, c'est une première, ce genre de rendez-vous improvisé avec un total inconnu ?" Car c'était ça, on ne se connaissait pas, on avait échangé seulement quelques messages, pas assez suffisant pour tout connaitre l'un de l'autre. Alors non, je ne lui en tiendrais pas rigueur, et puis, plus vite elle aura finir son verre, plus vite l'alcool fera effet, et plus vite elle enlèvera ces barrières qu'elle pourrait avoir pour me parler d'elle sans gêne. •

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Manfred V. Tulum
~~~~

J’avais une certaine assurance, je ne manquais pas de confiance en moi et quand je voulais quelques choses, je donnais tout pour l’obtenir. Ça c’était la cléo d’avant, celle qui souriait pour un rien, qui vivait d’amour et d’eau fraîche, la petite anglaise qui débarquait à l’autre bout de l’océan pour être dans la meilleure université du monde. Les obstacles que j’avais surmontés, ils m’avaient écorché, touché, changé et au lieu de vivre, j’me contentais de survire. J’en voulais à la terre entière de m’avoir volé mon innocence, mon insouciance et pire encore, mon âme. Tu faisais face à une coquille vide Manfred, et si ce soir je m’ouvrais un peu trop à toi, tu partirais, comme tous les autres. J’aimais me dire que le bonheur c’était surfait et que je me complaisais dans cette nouvelle vie rempli d’obscurité or, je savais que c’était en mettant un pied l’un devant l’autre que j’arriverais à m’en sortir. J’aimais me dire que t’étais mon premier pas, celui qui me mènerait à la lumière au bout du tunnel, mais je savais que mes démons me rattraperaient un jour ou l’autre. Je tentais de faire le vide, une fois installé près de toi, pour me concentrer uniquement sur toi, sur nous, sur ce rendez-vous qu’on c’était donné après seulement quelques messages échangés. « Heureusement. » Que je reprenais à la suite de ta réaction, en te jetant un bref regard. J’essayais tant bien que mal de me remettre de l’enfer de la nuit du bal, la cicatrisation de mes poignets, me rappelant à chaque instant la force qu’avaient mit ces hommes à serrer la corde pour me forcer à regarder les atrocités qu’ils avaient fait subir à ma meilleure amie. Gênée, je jouais avec mes mains avant de t’avouer mon inconfort face à cette situation. « Pas réellement première, mais disons que depuis un long moment, je n’ai pas pris de temps pour ça. » Donner de mon temps à un parfait inconnu, je l’avais fait avec Elliot, et tout, c’était très mal terminer alors… Je portais mon verre à mes lèvres pour en boire une bonne moitié. « J’accorde peu de crédit à ce genre d’application. » C’était bien pratique pour trouver des plans culs rapidement cependant. « Mais pourtant, j’suis quand même là. » Tu vois, je n’étais pas la meuf la plus stable de la terre. « Et toi qu’est-ce qui t'as poussé à l’installer ? »

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Cléolya A. Strauss
~~~~

• Des fois, je me demande si elle m'en voudrait... Est-ce qu'elle aurait voulu que je refasse ma vie ? Que je l'oublie et que j'aille de l'avant ? Est-ce qu'elle aurait eu envie de ça pour moi ? Est-ce que c'était lui manquer de respect de sortir et de voir d'autres filles ? Je ne sais pas, putain j'en ai aucune idée et ça me brise de l'intérieur, encore plus quand je sais que je n'aurais jamais la réponse. Elle, elle doit être au Paradis, moi, j'irais en Enfer, et jamais on ne se retrouvera, jamais je ne pourrais la reprendre dans mes bras, jamais je ne pourrais la revoir, et j'ai peur, j'ai peur de ça. Je ne veux pas de cette fin. Des fois, je me demande comment je pourrais faire, comment je pourrais la retrouver, pour au moins juste une fois la reprendre dans mes bras. Est-ce qu'elle aurait honte de ce que je suis devenu ? Je n'étais plus le même depuis qu'elle n'était plus là, j'avais changé, en mal, j'étais une mauvaise personne essayant de faire le bien. Est-ce qu'elle aurait accepter le fait que ce soir, je sois en compagnie d'une parfaite inconnue dans un bar ? Putain j'en sais rien, putain Charly, pourquoi t'es partie en fait ? Pourquoi je t'ai mêlé à ça ? Je ne sais pas, mais merde, j'en sais foutrement rien, et ça me bute, ça me bute et je ne sais pas comment faire. Alors j'essaie de chasser ces questions de mon esprit, me concentrer sur cette jeune femme qui avait l'air de faire face aux mêmes genre de dilemme que moi en étant là ce soir. "Je comprends..." Que je réponds simplement. Elle n'a pas besoin de rentrer dans les détails, on a tous nos démons, tous nos problèmes, et je ne pense pas qu'on soit là pour jouer aux pseudos psy. Non, on veut juste passer une soirée, faire comme si tout était normal, comme si c'était normal. Un sourire se dessine sur mon visage lorsqu'elle me dit de pas accorder de crédit à l'application qui nous a poussé à être au même endroit ce soir. Haussant les épaules, je suis d'accord avec elle, en fait. "Je comprends ce que tu veux dire... Mais je me suis dit pourquoi pas, peut-être un moment de faiblesse, je sais pas trop, je devais m'ennuyer et voilà ou ça m'a mener, donc... Pour l'instant, c'est pas déplaisant !" Ouais, j'aurais pu tomber sur pire, j'aurais pu tomber sur une folle ou je ne sais pas quelle tarée du genre. Alors autant profiter, autant ne pas se poser de questions et vivre cette soirée comme on le désire. •

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Manfred V. Tulum
~~~~

Inspirer, expirer. C’était simple pourtant, mais s’étaient les gestes nécessaires pour survivre et j’étais bonne qu’à ça. Mon esprit tourmenté, m’empêchait de trouver des petites satisfactions dans ma vie quotidienne, à l’inverse, les ténèbres m’entouraient. Je cherchais pourtant cette foutue lumière au bout du tunnel, celle qui pourrait me redonner un peu d’espoir, celle qui m’aiguillerait sur le chemin à prendre. Là, j’avançais à l’aveugle, trébuchant à chaque obstacle et tu vois, j’étais épuisée de joncher le sol à chaque fois. Tu croyais toi qu’il y avait forcément beau temps après la tempête ? Plus le temps passait, moi, j’y croyais. Ma solution, c’était de te rencontrer eux, toi, qui ne connaissait rien de mon passé, de mes frasques, des démons qui s’amusaient à marquer un peu plus mon épiderme sous leurs griffes acérées. J’avais besoin de sentir des yeux nouveaux se poser sur ma silhouette, n’y voyant que la poupée que je pouvais être. Contrairement aux apparences, je savais que j’étais le type de beaucoup d’hommes, mais je n’en abusais pas. Mes partenaires sexuels se comptaient sur les doigts d’une main et si certaines se plaisait à croire qu’enchaîner les coups d’un soir était un exploit, je préférais largement être raisonnable. J’avais toujours privilégié les relations sérieuses, tendres parfois au détriment de la passion. Mais j’étais tellement perdue à l’heure d’aujourd’hui que je n’étais même plus certaine de mes convictions. Et si cette nuit, t’était ma cible et que je te sautais dessus, parce qu’on pouvait l’avouer t’étais clairement attirant comme garçon, est-ce que ça m’apporterait quelque chose de plus ? Je balayais toutes ces questions d’ma tête, pour me concentrer sur le moment présent, et me laisser guider par mon instinct. Je me détendais un peu plus à ta réponse « Pas déplaisant ? » Que je te demandais faussement offusqué avant de finalement rire. « Je vais devoir mettre les bouchers doubles, si je veux te faire passer un bon moment alors ? » Mais tu vois à 26 ans, j’étais plus la séductrice d’avant, mais c’était comme le vélo, ça ne s’oubliait pas, si ? « Vu que tu n’es pas un vieux pervers, qu’est-ce que tu fais dans la vie, quand t’es pas occupée à rencontrer des demoiselles en détresse ? »

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Cléolya A. Strauss
~~~~

• Est-ce que je crois au Paradis, à un Dieu qui pourrait tous nous sauver de la fin du monde ? A une force que personne ne connait, que personne n'a jamais vu et qui nous fera une place dans son monde une fois que notre corps sera éteint ici ? J'sais pas. En réalité, j'en ai aucune idée. J'me dis que parfois, le destin fait bien les choses, que peut-être, c'est écrit quelque part, que peut-être, j'étais fait pour devenir le gars que je suis devenue, ce gars que je ne comprends plus, cet enculé que j'étais. Mais dans d'autre cas, j'vois vraiment des trucs qui me donne envie de chier sur la gueule de tous ceux qui me diraient que c'est le destin, que si un tel est parti, c'est que c'était écrit. Mais nique ta mère gros pd ouais, si demain, j'prend ta mère dans un coin, je l'encule, je la torture pendant des heures et des heures et, après lui avoir coupé tous les doigts, je lui rentre dans la bouche et je la décapite avec une lame de rasoir, tu vas dire quoi ? Que c'est triste mais que c'est le destin, où que j'suis un putain de fils de pute qui ne mérite que de cramer en enfer, fouetter par tous les enfants de putain que la terre ai eu ? Bonne question n'est-ce pas hein ? De toute façon, je n'y comprends rien au destin. Je pensais avoir été un bon gars, ne jamais voir la femme que j'aimais morte à cause de moi. Est-ce que mon destin, c'était de me retrouver ici, ce soir ? J'en sais rien, mais je dois arrêter de trop me poser de questions, d'arrêter de me prendre la tête, au moins juste pour ce soir, pour éviter à la jeune femme de passer une mauvaise soirée. Un sourire sur les lèvres, je hausse les épaules quand elle me dit vouloir mettre les bouchées doubles pour me faire passer une bonne soirée. "Si tu as confiance en toi, tu vas surement réussir..." Ouais, elle pouvait réussir. Elle n'avait pas l'air d'être ce genre de filles ennuyante, ce genre de fille qui n'avait rien dans le crane et avec qui tu ne pouvais pas avoir de conversation. Non, elle avait l'air drôle, avec un passé pas des plus joyeux, mais drôle. "Habituellement, je ne rencontre pas trop de demoiselle en détresse... Disons que j'ai pour habitude de les sauver..." Je marque une pause, buvant une gorgée de mon verre. "J'suis enquêteur..." Là, c'est soit elle prends ces jambes à son cou, soit elle reste, verdict... •

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.

What are you waiting for ?
w/ @Manfred V. Tulum
~~~~

À l’instant où je fermais les yeux, je me remémorais cette scène ou mains et pieds liés, je n’avais d’autre choix que de regarder nos kidnappeurs s’en prendre à ma meilleure amie. J’avais lutté, encore et encore, dans l’espoir de la sortir de là, de la sauver de leurs griffes acérées, me brulant la peau des poignets jusqu’à sang, pour tenter de m’extirper des liens, en vain. Je m’en voulais de ne pas avoir su la protéger, et toute cette terreur, me rappelait l’épisode du Canada. J’essayais d’avancer, à ma façon, trouvant une sorte d’échappatoire dans les yeux d’hommes, qui ne me savaient pas blessée, démunie de toute insouciance. T’étais le premier, celui qui n’avait pas posé trop de question, celui qu’avait été suffisamment curieux pour prendre le risque de me rencontrer et lors de nos premiers échanges, j’avais perçu ta nonchalance, comme signe d’une bonne soirée. Je n’avais pas besoin de quelqu’un qu’allait me flatter à tout vas et qu’irait dans mon sens, à chaque fois que j’ouvrais la bouche. J’étais honnête avec toi, préférant jouer cartes sur table, sur mon angoisse de la première rencontre, t’avouant au passage, ne pas être le genre de fille qu’enchaînaient les rendez-vous et par la même occasion les histoires sans lendemain. Mais au vu des événements récents, n’était-ce pas ce dont j’avais besoin ? Peut-être que c’était ça la clé, trouver un peu de lumière une fois le soleil couché, pour retourner dans ma pénombre, une fois l’aube levée. Si j’avais la réponse à toutes ces questions, je serais venue à toi, pleine de confiance en moi, preuve étant que tu me faisais la remarque. J’avais envie de te faire passer un bon moment, déjà parce que tu me plaisais, mais aussi parce que pour ma guérison, j’avais besoin de sentir que j’étais capable d’effectuer des bonnes actions. « Je vais réussir. » Disais-je en souriant, pour ne laisser aucune place au doute, ce soir. Tes mots avaient eu l’effet d’un déclic, alors je commençais à me détendre, m’intéressant à toi, à ce que tu pouvais bien faire de ta vie, retrouvant l’aisance et l’art de manier les mots. T’étais intriguant, mystérieux et t’éveillais toute ma curiosité. « Sauveur de demoiselle en détresse, quel lourd fardeau tu portes sur tes épaules. » Que je soufflais presque admirative, mais amusée. T’avais dû en voir des choses aussi difficiles que loufoques au cours de ta carrière, non ? « Mais j’imagine que si t’es là ce soir, ce n’est pas pour parler boulot, j’me trompe ? » On était tous pareil après tout, une fois fini, on avait juste envie de souffler et profiter de la vie. « Tu vois, je te pensais mannequin, au vu de ta photo tinder, j’étais à côté de la plaque. » Je tournais sur ma chaise de bar, croisant les jambes pour mieux te regarder, avant de porter mon verre à mes lèvres. « Tu devrais penser à une reconversion. » Disais-je en secouant la tête avant de terminer mon verre et le poser sur le bar, tout en t’observant, souriante.

credits img/gif: pinterest
code by lumos s.