Je suis du genre à adorer les fêtes. Qu'on me promette des excès, des volutes de fumée, des sons assourdissants et frénétiques, vous me verrez débarquer avant que l'ombre ne me guette. Mais cette année, j'ai cette envie sourde de fuir. Cette impression que le masque tire trop sur une peau déjà bien abrasée par les tempêtes que j'essuie, ou que je provoque. Je me marie à l'air au dehors. On me voit plus aux abords que sur la piste. Je suis resté avec les potes, puis avec Scar, mais finalement chacun reprend de l'espace. On est dans cette heure où les sangs sont noyés d'alcool, embrumés parfois par les drogues. J'ai tout fait pour embrasser les paradis artificiels mais mes pieds restent désespérément ancrés dans le bitume. Je n'ai plus d'aile. Une nouvelle clope à mes lèvres, je sors une fois de plus, tentant de remettre un semblant d'ordre dans mes boucles brunes. Vain espoir. Un peu comme toi Ava. Mes yeux s'écarquillent davantage à te voir là. J'oublie que parfois on fréquente le même monde. J'ai laissé le silence venir orner notre union désormais consumée pour de bon. Sans doute que tu aurais envie de fuir à ma seule vision. La fumée s'échappe de mes lèvres désavouées et je ne souris même pas. Pas cette fois. Ça ne marche plus et je n'ai plus envie vois-tu. « Tu es magnifique. » Parce que je ne tente même pas de te séduire sous cet aveu, je ne fais qu'avouer cette vérité qui vient étirer la fumée grisâtre entre nous. « Ton cavalier a de la chance. » que je dis en tirant de nouveau sur ma clope. Prêt à voir ton dos au prochain coup d'oeil, mais tu es toujours face à moi. Peut-être que c'est ta haine que tu veux m'envoyer au visage. Je ne suis plus dans un lit d'hôpital. Je l'accueille. Regarde mes bras se tendent au sol, mes paumes se tendent aux tiennes, les phalanges s'ouvrent. Je l'accueille, parce qu'on récolte ce qu'on sème. De nous deux, j'accueille les cendres, encensé par cette fumée empoisonnée que je laisse se répandre.

Que j'aimerai que la soirée s'achève, qu'elle m'achève, et ce jusqu'au matin. J'ai plus tellement la force de rien. J'ai dansé, beaucoup. J'ai bu aussi, probablement un peu trop, mais la fête est désormais plus amusante, les autres le sont aussi. Le monde tourne et il aurait pas pu mieux tourner que ce soir, il n'aurait pas réussi à être si beau. J'ai tout oublié, comme d'un instant, et je n'entends que la musique qui fait tambour, et je ne vois que les couleurs et les gens autour. Dans un mouvement peut-être trop rapide, le talon glisse, mon pied se tord et ma cheville fait mal. Moi, ça me fait rire, moi, ça m'amuse, j'avale un nouveau verre probablement trop rapidement et décide d'aller dehors. L'air frais fait du bien. Je m'appuie sur un poteau juste là, retire une chaussure d'abord, puis l'autre ensuite. Elles sont belles, dommages qu'elles fassent si mal. « Tu es magnifique. » Quoi ? La tête se relève, la bouche pouffe d'un rire. Stupide. « Ton cavalier a de la chance. » Soudain, fronce les sourcils et se met à regarder autour de moi. C'est vrai tiens, il est où celui là ? Je le cherche des yeux, rigole franchement, "Ah oui. Hm. J'l'ai perdu." fait de gros yeux, une bouche en forme de o. "Oups." et rigole de nouveau. "Si tu veux m'offrir un verre à sa place, j'suis pas contre." assoiffée, encore trop. L'argent lui hélas, ne coule pas à flot. Tu vois, c'est plus facile de t'affronter quand l'alcool est léger, quand il a mis de côté la tromperie, l'enfant, les sentiments. Si une drogue pouvait me faire t'oublier, c'est tous les jours que je la prendrai. J'ai pas encore trouvé comment, Maverick, mais j'ai encore de l'espoir, un jour, j'arriverai à t'effacer.

Je vois bien que tu n’es pas dans ton état normal Ava. Je peux sentir d’ici les flux d’alcool qui viennent étreindre ta raison, la menacer et la faire taire de leurs longs doigts. Je n’ai pas besoin de tes mots pour savoir que tu n’es pas vraiment toi. Juste un regard. Car je sais la haine que tu me portes désormais, la glace qui enveloppe tes iris, le chagrin qui pulse au rebord de tes paupières lorsque tu me vois. Tu ne me fuis pas et c’est suffisant pour moi. Mes épaules se haussent. Je t’envie je crois, sarcasme aux lèvres, je me prends à vouloir perdre la raison autant que toi. Mais plus rien ne me soulève. Je ne suis plus léger. Je ne suis plus moi, je crois. « Je pense que tu en as eu assez non ? » Ce n’est pas mon genre de te dicter une bonne conduite, de te mettre en garde contre tes excès. Mais je ne voudrais pas que quelque chose t’arrive, même si franchement, le pire qu’il puisse t’arriver, c’est bien moi. La cigarette se porte à mes lèvres, vient expier ces mots que je ne sais pas trop prononcer, espère rattraper la distance entre nous. Mais tu le sais Ava. Je comprends toujours trop tard. J’agis sans réfléchir au mal que je commets. « Je suis désolé pour tout ça, vraiment. » que je dis en levant soudainement mon regard vers le tien. Je n’espère même plus que tu me pardonnes, je n’espère même plus que tu reviennes même si j’en ressens toutes les failles. Je m’y habitue, je me perds et je ne proteste même plus. Parce que quelque part en moi, je pense tout simplement que je n’en vaut pas la peine. Je suis bien loin de ces valeurs dans lesquelles mon père m’a élevé, c’est aux enfers que je suis condamné et j’y suis déjà pieds et poings liés. « Tu m’accordes une danse ? » que je demande avec un sourire sans doute trop léger. La danse du condamné, ne refuse pas Ava, tu pourrais allègrement me marcher sur les pieds, me rappeler ce que j’ai perdu de ta peau contre la mienne, de mes phalanges sur la taille, de mon souffle perdu à tes côtés. Une belle torture pour un condamné.

Je me suis laissé tenté par un démon, grand, brun, les yeux marrons. Je l'ai effacé avec un liquide plus froid, anesthésiant le corps, le coeur et l'esprit. « Je pense que tu en as eu assez non ? » rigole, secoue la tête ; "J'arrive encore à prononcer ton prénom ; signe que ce n'est pas assez !" j'arrive encore à te voir, à te regarder, à l'épeler, à le penser. Il fait des boums encore trop puissants dans mon coeur, qui me donne envie de vomir. Je suppose que je n'aurais quand même pas de verre offert par tes soins, au vu du jugement dans la précédente question. « Je suis désolé pour tout ça, vraiment. » fait une moue, hausse les épaules, agit comme celle qui n'a pas envie de comprendre. "Tout ça ? tu m'refuse juste un verre, j'suis déjà passé par pire." le sourire est hypocrite, il fait même mal aux lèvres. Mes chaussures se pose à mes pieds, j'en ai marre de ça, des faux semblants, et bizarrement, face à moi, il est celui qui fait descendre l'alcool. Ou alors qui lui enlève juste son côté marrant. C'est fou, Maverick, t'arrives même à retirer les points positifs d'une boisson joyeuse. « Tu m’accordes une danse ? » regarde l'homme et se met à rire. Il est pas sérieux ? Il comprends pas, il sait pas, lui, qu'il est le diable pour qui j'aurais tout abandonné. Je tenais même pas à la stabilité, au mariage, aux enfants et à la voiture sept places. Je le voulais juste à mes côtés, et je me serais parrée de ma plus belles robes sombres pour descendre en enfer, main dans la tienne. "comme tu m'a accordé ta fidélité ?" souris, les yeux rieurs, le coeur qui pleure. T'es encore venu tout gâché, une fois n'est pas assez. L'alcool dans mes veines et je me transformerai en vipère, Maverick. Elle joue, Ava. Elle joue, piquante, menaçante. "Aïe, touché." Et moi je m'amuse de ma stupidité. Ma vie est drôle, quand on la regarde du bon côté.

Je n’aime quand le sarcasme vient peindre tes traits Ava. Je n’aime pas quand je peux constater le mal que je t’ai fait. Je suis comme ça moi. Trop maladroit pour prendre soin. Trop mouvementé pour éviter les fracas. Et je ne sais même pas pourquoi tu te tiens toujours dans mon chemin. Pourquoi tu viens t’attacher à une malédiction comme moi ? « Tout va bien alors ouais. » que je rétorque en haussant les épaules, une esquisse de sourire sur mes lèvres. Tu te souviens encore de mon prénom et de la douleur dans ton sein lorsque tu en épelles les lettres. Alors je ne sais pas pourquoi je viens m’excuser. Encore. Je ne suis bon qu’à ça. Semer le chaos sans même ramasser les miettes. Je pourrais dérouler cette histoire de timing, t’assurer que depuis mes draps n’ont pas rencontré d’autres que toi, mais toute la trame est contre moi. De ma meilleure amie que j’ai abîmée elle aussi, faut croire que je ne mérite pas de happy end. Quand bien même j’en ai un jour voulu ? Je veux plus voir ça sur ton visage, je veux plus constater les failles, alors je remplis d’une danse, de l’éphémère, de la légèreté sur la lourdeur mais y’a que moi qui suis aveugle. Tu rigoles, tu te moques et ton dédain vient m’atteindre plus que j’aurais voulu. « Tu sais que je ne suis pas bon pour toi, je ne te l’ai jamais caché. » J’ai eu au moins cette honnêteté. J’ai voulu y croire la première fois, penser que j’en serai capable. Mais je ne suis capable de rien, sinon de t’écorcher, belle Ava. « T’es venu avec qui ? » J’ai aucun droit de demander ça, j’ai aucun mérite à dévoiler une curiosité sans doute trop malsaine pour tes projets. C’est le démon qui vient me hanter, le diable qui souffle à mes oreilles, de savoir pour quelle paires d’yeux tu vas désormais t’incliner, de savoir pour quel prince tu vas soupirer. J’attise le feu, je frotte l’allumette, je crois que je préfère encore cramer que de disparaître dans le silence d’un nom qu’on redoute.

Mon alcool est mauvais, mon alcool est surtout trop honnête. C'est difficile à entendre, la vérité. Ca fait mal, je le sais. Je suis celle qui la vit depuis déjà trop longtemps, j'ai essayé de changer, j'ai essayé de passer à autre chose, mais t'avoir dans le cadre n'aide pas vraiment, et pourtant j'arrive pas à l'imaginer sans toi, cette vie qui se dessine. « Tout va bien alors ouais. » Tout va bien, oui. La terre tourne encore, les gens continuent de danser, le coeur d'Ava est toujours brisé. Tout a toujours été bien, pour toi qui vit le drame de l'autre côté. Moi, je m'y suis installé, dans cette peine sans fin, je la trouve rassurante, parce qu'elle est composée de tes bras. « Tu sais que je ne suis pas bon pour toi, je ne te l’ai jamais caché. » fronce les sourcils, essaie de comprendre l'idée. Le problème ici c'est pas qui était bon ou mauvais pour l'autre, c'est qu'on était beaux, ensemble. Que j'aimais cette union, j'aimais ce nous, j'aimais tout ce qui nous constituais. « T’es venu avec qui ? » la question est ignorée tant la phrase précédente est resté bloquée. Mes mains s'appuient sur son torse, le repoussant violemment. "Tu t'fous d'moi ?!" le sang tourne pire quand il est mélangé à la liqueur, la colère gronde plus fort, le courage est beaucoup plus mis en avant. "T'es pas bon pour moi ?!" t'es qui pour décider ça ? Les bras le poussent encore. "Alors pourquoi t'as couché avec moi, hein ?!" le repousse de plus belle, "Putain Maverick tu l'sais que j'suis amoureuse de toi, tu l'sais !" l'alcool est trop honnête, tu sais trop de chose sur moi. De mes yeux qui deviennent plus doux quand ils sont posés sur toi, de ma voix qui se transforme pour te plaire, jusqu'à ma démarche, aux formes que prends mon corps. Tu le vois tout ça, n'est-ce pas ? Je conjuge au présent les sentiments qui te concernent, parce qu'ils ne m'ont jamais échappés, ils ont toujours été présents, et je ne sais pas lequel de nous deux est le plus à blâmer. J'aimerais te creuver les yeux, que tu ne puisse plus voir les femmes autour, que tu ne puisse plus connaître aucun autre corps que le mien, que tous tes pas t'y mènent, que tes gestes t'y amènent, que ton coeur t'y porte. J'aimerais être ton bourreau, pour que tu arrêtes d'être le mien.

Je suis l’étincelle, le grain de sable dans le rouage de ta vie parfaitement orchestrée. Celui que tu n’attendais pas, que tu espères encore mais que tu redoutes. Je le vois, j’accueille presque avec soulagement ta colère Ava. Tu le sais qu’au fond, je suis parfaitement dingue. Et c’est sans doute ma folie qui te ramène éternellement à moi. Je ne sais pas pourquoi. Je pourrais me gorger de te savoir là, à ma merci, soumise au gré de mes envies, en colère contre moi. J’en suis soulagé ouais, mais apeuré aussi, parce que j’ai l’impression que je ne pourrais jamais te faire assez mal pour te tenir loin de moi. Et ça vois-tu, c’est inédit. Tes mains sur mon torse, je recule de quelques pas, pour te donner l’illusion que tu peux exercer une force sur moi. Mes sourcils se haussent sous tes mots, je provoque et je m’étonne, c’est tout moi finalement. Un gamin un peu trop inconscient des flammes qu’il expose, un pyromane de la vie bien trop imprudent. Je crame et je te crame au passage. Je laisse que des cendres de notre union, de ton aveu en suspens, je le cueille de mes lèvres entrouvertes, je m’en abreuve en bon vampire incandescent. « Je t’aime aussi Ava. » que j’articule d’une voix froide, empreinte de sincère, mais je me rattrape. « Mais je le fais mal, je ne sais pas faire ça, je suis incapable, handicapé, inconstant, impulsif et complètement cramé. » Je brise tout sur mon passage, les gens que j’aime en premier. Je ne suis pas capable de réparer. « Oublie-moi. » Je prononce ça comme une formule magique simple à énoncer, mais tu ne peux pas et je le sais. Tout comme je suis incapable de me décrocher, de fuir, de te laisser.

Pourquoi tu joues ? Pourquoi tu m'effleure, fait naître les tourbillons de mon coeur puis part d'un seul coup ? Pourquoi tu joues à l'ombre, celle qui vient, celle qui hante, puis celle qui part ? J'aimerai tellement savoir dire pourquoi je suis encore tienne avec tout ce temps qui est passé, j'aimerai dire ce qui m'attire pour mieux le retirer, j'aimerais dire ce que j'aime pour l'effacer. J'aimerais tellement de chose, en réalité. J'aimerais revoir son sourire sur l'oreiller le matin, j'aimerais venir contre lui pendant un film un peu trop bien, j'aimerais glisser ma main dans ses cheveux pile juste avant qu'il s'endorme, j'aimerais entendre ses soupires sous les ondulations de mon corps. Douce Ava, que je suis, encore trop amoureuse. « Je t’aime aussi Ava. » le coeur loupe un bon, la tritesse et la colère ne font qu'un, parce qu'il sait les répercutions de ses mots, il sait que ça me plaît comme je sais que ce n'est que mensonge. « Mais je le fais mal, je ne sais pas faire ça, je suis incapable, handicapé, inconstant, impulsif et complètement cramé. » C'est faux. Moi je sais ce que tu es, je sais aussi ce que tu n'es pas. Aimes-moi, à deux, on s'en sortira. « Oublie-moi. » Les larmes aux bords du précipice, la colère au bout des lèvres ; "Mais parce que tu crois que c'est facile ?!" hurlé, s'avançant vers l'homme, "Tu crois que j'en ai pas envie ?!" tu crois que j'aime vivre cette vie ? Les mains repoussent de nouveau le torse, comme pour le repousser. Même si la violence le pousse, la moitié de mon coeur est encore avec lui. Et, les forces abandonnent. Et, le réalisme me rattrape. "Moi j'veux juste qu'on s'aime, même si on sait pas faire." vivons de cet amour bancal, de cette chose peut cohérente qui se forme en nous. C'est pas grave si je suis trop belle et toi trop inconstant, on s'en fout si t'es cruel et si moi je fais tout tendrement. "J'veux que t'arrêtes de faire des enfants aux autres, j'veux que t'arrêtes de te perdre ailleurs, j'veux que ce soit moi, celle chez qui tu pense aller quand ça va pas." le maquillage coule, le mascara tâche les joues. "Tu m'aimes pas, Mav. Parce que si tu m'aimais vraiment, tu saurais qu'on s'en fout que tu sois handicapé ou incapable." souris tristement, parce que je réalise enfin ; "T'aimes toutes les femmes, pas moi." t'aimes leur courbes, t'aimes la manière dont valsent leur corps, t'aimes l'espèce humaine quand ses courbes t'appelles. Tu m'aimes pas moi, pas uniquement moi. T'aimes toutes celles qui sont formées comme je le suis. Le problème c'est que moi je suis amoureuse de toi, toi et pas tous les hommes. Entends la nuance, marque la. Tu es le seul pour moi quand je suis un grain de sable sur une plage pour toi.

De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas. C’est cette phrase qu’on récite, ce cliche qu’on entretient, cette vérité qu’on vit parfois. Ce que je ressens lorsque tes paumes viennent s’appliquer à mon torse, lorsque tes mots viennent pousser les miens dans leur retranchement. Je t’observe, je viens cueillir ta colère, incapable de t’en servir une similaire. Je ne veux pas me mettre en colère parce que je ne maîtrise plus rien lorsque je la sers mais surtout parce que tu ne la mérites pas. Il n’y a qu’à moi que je peux m’en prendre. « C’est pas vrai. » que je rétorque néanmoins d’un regard un peu plus noir. Ce ne l’est plus. Je suis devenu un espèce de moine dans ma vie sentimentale, le feu s’est éteint et je ne sais même pas si c’est à cause de toi. A cause de Apple et de cet enfant qu’on aura pas. A cause de tout ça , je te jure que je ne sais plus. J’ai juste cette sensation de mal à l’idée de te perdre, mes côtes qui m’oppresse, mon souffle qui se taille mais sans doute que tu pourras voir dans la folie de mes yeux que je suis perdu. J’ai même plus le cœur à me battre, à te rattraper, à enrober mes conneries de gestes tendres et d’une certaine naïveté. M’oublier, c’est vraiment la meilleure chose que tu puisses faire Ava. « Tu peux avoir n’importe qui, tu perds sérieusement ton temps avec moi. » Tu t’accroches et j’ignore même pourquoi même si moi je ne peux plus te laisser. On est que des lambeaux trop déchirés, des gamins qui ont beaucoup trop joué, qui se sont trop abîmés. Je suis trop brisé moi, trop tourmenté pour m’offrir à quelqu’un, à n’importe qui et même à toi. Même si une partie de mon être me hurle que c’est bon d’être entre tes bras, de me reposer à l’abri de ton regard et de tes mèches dorées, que je pourrai laisser mon souffle se suspendre là contre le tien, la solitude s’étendre jusqu’à nous deux, que je pourrai oublier. Mais je veux pas t’abîmer, je peux pas te promettre d’être apaisé, de m’ancrer à tes courbes même si celles des autres ne m’attirent plus vraiment. Je suis cette énigme que moi-même je ne parviens pas à résoudre.

Je me suis avouée vaincue depuis longtemps, j'ai compris depuis longtemps. Mon coeur, lui, il a plus de mal. Il assimile mal quand les ombres te concernent. « C’est pas vrai. » j'hôche la tête. Tu dis des choses comme ça, et moi j'y crois pas. "Si, c'est vrai." et je pourrais même aller jusqu'à me battre pour te le montrer, de le démontrer. Est-ce qu'un jour même, tu m'as sincèrement aimé ? J'en suis rendue là, rendue à ces doutes qui rougent, à cette angoisse qui pèse. Moi j'aurais tout donné pour rien qu'un nouveau moment avec toi, et toi, qu'est-ce que tu donnerais pour moi ? Est-ce que tu donnerais pour moi ?   « Tu peux avoir n’importe qui, tu perds sérieusement ton temps avec moi. » il écoute mais n'entends pas, il essaie mais ne comprends pas. Il voit pas que je suis là. Je crois qu'au fond, je le hais pour ça. Je rigole nerveisement, secoue la tête, sèche les larmes sous les yeux d'un revers de main. "Mais j'm'en fous moi des autres." hausse les épaules, c'est pas d'eux que j'ai envie de prendre la main, c'est pas d'eux que j'ai envie de recevoir des compliments. Je ne suis bien que dans tes bras. J'abandonne, les forces me lâchent, le corps se laisse descendre, les jambes se plient, je fini par m'assoir sur le sol, le visage entre mes mains. "C'est tellement dur Mav, de vivre sans toi.." j'y arrive pas, j'avance pas, quand tu quittes le paysage. T'es l'ombre du tableau, mais sans les ombres, l'oeuvre est tellement plate. Je sais pas faire dans ce monde en deux dimentions, j'ai besoin que tu m'offre le relief.