@Miles Hohenstaufen // DIMANCHE 28 AVRIL - 17 HEURE 36 Tout cela, ça avait ni queue, ni tête. J'étais d'une stupidité sans précédent. Si mes meilleurs amis me voyaient à cet instant, ils seraient en train de me secouer dans tous les sens pour que je réagisse. Je venais de quitter une relation compliquée qui m'avait fait souffrir plus que de raison, pour en retrouver un nouvelle qui me faisait déjà souffrir. Comme toujours, je me jetais corps et âme dans cette aventure que Miles me proposait. Enfin, qu'il ne me proposait plus. Justement, là était la stupidité de la chose. Après qu'il m'ait insulté et trainé dans la boue, j'étais toujours accrochée à sa jambe dans l'optique de justement ne pas le laisser s'enfuir quand lui me demandait d'aller voir ailleurs. J'étais longue à la détente, je n'avais pas compris les signaux qu'il m'avait envoyé - aussi parce que j'avais eu peur. Mais là, je me tenais devant lui, prête à en découdre malgré ma timidité évidente. Non Miles, je ne comptais pas tourner les talons et partir en courant sous prétexte qu'on a essayé de se faire du mal tous les deux. Parce qu'au fond de moi, je savais très bien que ces sms qu'il avait envoyé, il ne les avait pas pensé. Tout ça, ça faisait partie de sa façon de procéder pour construire des remparts tout autour de lui. « Tu es là. » Mes yeux s'écarquillèrent. Je m'attendais à tout sauf à ça. Les secondes défilèrent alors que nous étions en train de se regarder dans le blanc des yeux sous un silence pesant. Mon rythme cardiaque battait à une vitesse folle, mes joues gardaient leur tinte rosée. Qu'il dise quelque chose d'autre s'il vous plait.  « T'as vraiment un instinct de survie qui frôle le zéro, à ne pas te sauver au bon moment et t'accrocher à des cons, Witherfourchette. » Mes épaules se haussent dans un mouvement à peine visible, ma respiration se suspend à mesure qu'il s'approche et enfin, je respire à nouveau dans ses lèvres viennent se poser sur les miennes. Mes mains venaient agripper son pull avant de finalement me rapprocher et entourer sa taille de mes bras pour prolonger le baiser quelques instants de plus. Je préférais ça plutôt que de devoir lui faire la guerre, nettement. Nos lèvres se séparaient quelques secondes que je lui volais un baiser avant de le regarder dans les yeux. J'avais sorti la carte du visage d'ange et les yeux de chien battu qui laissaient penser que j'avais quelque chose à demander. « J'ai le droit de rester avec Caprice, d'avoir des explications et de revenir les prochains jours ? » Je resserrais mon étreinte pour appuyer ma demande. Mais n'allait pas croire à une quelconque victoire dans tout cela. C'était d'avantage un moment de paix, parce que malgré ma stupidité, je n'oubliais pas qu'il m'avait insulté de trainé et qu'il allait devoir reparler de ça.

@Marla Witherspoon // DIMANCHE 28 AVRIL - 17 HEURE 36 Miles était loin d'être un ange, et prenez la première personne dans son entourage pour confirmation, elle vous le confirmera. Il était même con, appelons un chat un chat. Et d'autant plus lorsqu'il ne maîtrisait pas le déroulement des événements dans sa vie. Parce qu'il était incapable de gérer ses émotions - clairement. Peu de personnes ont d'ailleurs eu la patience de gérer ce sale caractère, il était donc si facile pour Miles de disposer de ce qu'il souhaitait disposer, pour x ou y raisons. C'était ça le soucis avec lui, c'est qu'un seul faux pas à ses yeux et il voyait déjà la personne évincée de sa vie. Ses exs pourraient le confirmer, aujourd'hui, il faisait comme si elles n'avaient pas été présentes dans sa vie. Radicale mais efficace. Et c'est ainsi qu'il se retrouvait sans attaches. Quand la personne d'en face ne bataillait pas pour rester, évidemment. A la Marla. Il avait été brutal, si ce n'est vulgaire à l'insulter vendredi comme sa technique habituelle pour passer à autre chose après avoir été blessé, puis il avait été encore moins tendre aujourd'hui, si ce n'est encore plus virulent que par sms. Pourtant, elle s'accrochait, même si son envie de prendre ses jambes à son cou était grillée, elle s'accrochait et ne le laissait pas l'évincer, le forçait à faire face à ses dires, ses conneries, ses torts, leurs torts. Et une parole entraînant une autre, une réflexion en emmenant une autre, il se retrouvait à.. l'embrasser. Pas du tout son plan de base où il lui ordonnait de quitter les lieux de ce pas, qu'on se le dise. Pourtant, il l'embrassait actuellement, sentant ses petites mains l'agripper par le pull et s'enrouler autour de sa taille tandis qu'elle lui rendit le baiser et il la maudissait beaucoup moins de s'être stupidement accrochée. Toute rage contenue dans son corps, sa cage thoracique venait d'être subitement remplacée par un sentiment de satisfaction. En se détachant l'un de l'autre, il lâcha un autre soupir en caressant du bout des doigts ses fameuses joues rougies tandis qu'elle lui volait un autre baiser. S'il se demandait encore comment elle avait réussi à lui retourner le cerveau, la réponse était devant ses yeux : ce visage, ce regard, ces yeux de biche.. Autant dire qu'il était on ne peut plus victime de ce charme dont ils avaient tous deux parlé il y a quelques semaines. Tout comme il était une sale victime de ce regard de chien battu qu'elle lui lançait actuellement, toujours accrochée à lui. « J'ai le droit de rester avec Caprice, d'avoir des explications et de revenir les prochains jours ? » Si depuis le début de leur altercation, il n'avait laissé transparaître aucun sourire, caché derrière ce masque dur et froid, là, il ne put s'en empêcher. Un petit. Elle n'oubliait jamais Caprice, tout comme lui. « Est-ce que tu viens de m'enrouler avec tout ce truc juste pour pouvoir rester avec Caprice ? » Rétorqua-t-il dans un murmure, l'air taquin, comme s'il ne venait littéralement pas de l'insulter dix minutes plus tôt. Il était taré, ou elle le rendait taré. Mais soit. Il s'apprêtait à répondre, en levant exagérément les yeux au ciel - dramatique as always - mais fut interrompu avant qu'un mot sorte de sa bouche. « Monsieur et Madame Hohenstaufen, ravie de vous revoir.. excusez-moi de vous déranger.. Je viens réquisitionner la petite princesse pour sa chimio, elle est prête ? » L'infirmière du jour débarqua, le regard brillant de malice devant le couple encore entremêlé - ce qui ne gêna absolument pas Miles, pas décidé à lâcher la rousse d'ailleurs. « Elle est prête, rentrez, elle n'attendait plus que vous. On vous attend ici. » Pas le moins du monde décontenancé le Miles, et pas du tout réactif par rapport à la situation, à la séance de chimio de Caprice qui étonnera sans doute Marla, à ces soucis là. Par contre, il y a eu une partie qui l'avait interpellé et pour ce, il se tourna vers la rousse, la tête penchée, intrigué. « 'Madame Hohenstaufen ?' »

@Miles Hohenstaufen // DIMANCHE 28 AVRIL - 17 HEURE 36 À choisir, je préférais quand Miles devenait mielleux, comme actuellement. (S'il savait que j'étais en train de penser au fait qu'il était mielleux, il me sortirait sa tête de dramaqueen boudeuse, le genre de tête où on comprend tout de suite qu'il a mal à son égo). J'aimais quand il était comme ça. Quand il était doux, attachant, protecteur. Ces mots qui ne lui collaient pas à la peau quand justement il avait décidé qu'il allait se faire la mienne. Là, c'était juste apaisant. J'aurais voulu rester ainsi quelques heures, dans ses bras, à s'embrasser et ne plus sortir de cette bulle, mais la réalité faisait qu'il était impossible d'oublier que nous étions à l'hôpital. De la même façon que je ne pouvais pas m'empêcher de repenser à Caprice et à cette vague de questions sans réponses. Même si j'étais arrivée ici dans l'optique de ne pas laisser le choix à Miles que de m’accepter auprès de Caprice - au moins le temps d'une heure pour comprendre -, désormais, je le regardais avec mon air d'ange - je mettais les chances de mon côté quand même - pour remettre le sujet sur le tapis. « Est-ce que tu viens de m'enrouler avec tout ce truc juste pour pouvoir rester avec Caprice ? » - « Oui... et ça a fonctionné » que je lui glissais avant même qu'il ne me donne une vraie réponse. Je misais tout sur le large sourire que j'avais aux lèvres pour terminer de l'achever, tandis que je l'observais avec beaucoup d'amusement, le voyant reprendre le jeu de nos taquineries avec cœur. Néanmoins, je me fige en sentant une présence derrière nous, tout d'un coup, je suis peu à l'aise d'avoir une telle proximité avec le brun en public. « Monsieur et Madame Hohenstaufen, ravie de vous revoir.. excusez-moi de vous déranger.. Je viens réquisitionner la petite princesse pour sa chimio, elle est prête ? » Mon cœur se stoppa en même temps que ma respiration. Mes joues sont d'un rouge vif, mes oreilles chauffent, mon cou me démange. Merde. Mes bras se ramollissent alors que je tente de remettre une petite distance entre nous, bien trop pudique, mais cette fois, c'était Miles qui s'accrochait tout en répondant à l'infirmière en charge. C'était la honte, mais mon attention fut happée par un seul mot : chimio. Le stress arriva en flèche, un regard de panique me trahissait si bien que même sa remarque ne me changea pas les idées. « 'Madame Hohenstaufen ?' » J'haussais les épaules, complètement confuse et je quittais ses bras pour le suivre dans la chambre de Capi. C'était apparemment l'heure de rassurer la petite et ma gorge se nouait à mesure que je comprenais la situation. J'assurais que je serais toujours là à son retour, bien que je me demandais dans quel état on allait la retrouver. La seconde suivant le départ de Caprice et de l'infirmière, je cachais mon visage entre mes mains, me dirigeais en vitesse contre Miles pour m'effondrer en larmes. Entre le stress, l'angoisse, la dispute, la peur et même le bonheur de le voir s'adoucir, mon estomac et mon cerveau étaient en vrac. Et il n'y avait rien à faire, je restais une éponge à sentiments incapable de tout gérer, surtout après avoir subi le grand tour des montagnes russes. Je laissais Miles me rassurer et au retour de Caprice, j'étais prête à lui remonter le moral à mon tour.

THE END