Alejandro et Inès ont eu une histoire brève, c’est vrai, mais il a plus connu cette femme et il s’est plus confié à elle que bien de ses relations qui ont duré des mois. Ils ont juste eu cette connexion, comme si elle avait vu d’emblée au-delà de son apparence et de sa fortune et lui la voyait une femme forte, unique, avec une âme d’artiste, une âme capable de le toucher, même lui, tout rationnel qu’il peut être parfois. Il était devenu fou d’elle et elle était folle de lui. L’avoir près de lui l’amenait à ressasser tout cela, même si le temps avait fait son œuvre. Pour autant, il avait dans l’idée de vouloir aider celle qu’il ne considérait même pas comme une ex’, comme si ce statut pouvait la réduire à un passé définitif. C’est peut-être son côté légal en lui, mais ils ne se sont jamais vraiment laissés. Le temps, la vie, a suspendu leur relation. C’est différent d’un couple dont la passion s’est épuisée, les chicanes ont détruit. Dans l’autre sens, ils se sont fréquentés, sans être formellement ensemble, quoiqu’à leurs yeux, cela n’ait pas fait grand différence. Ils vivaient leur relation comme ils l’entendaient, voilà tout, sans préoccuper des autres et des on dit. En tout cas, Inès avait hâte d’entendre le récit de ses voyages et il avait hâte de lui raconter.

-Les aventures d’Alejandro Ortega plutôt. Bonnes et moins bonnes ahah… Moi aussi, je suis content de te revoir Inès. Je passais un samedi bien paisible, je n’attendais rien et finalement, une belle Anglaise vint cogner à ma porte.

Toujours aussi charmeur le Alejandro, un point qui n’a pas changé. Fallait voir le beau brun traiter la question de la colocation de la belle brune comme une banalité, ce que c’était, d’une certaine façon. Il voulait surtout ne pas donner trop d’importance à son aide. Si c’était un geste simple, il y avait plus de chance qu’elle accepte selon lui. L’Espagnol n’eut pas le temps de tendre la main pour attraper son verre, que sa nouvelle coloc’, dirait-on, se jetait à son cou et le jeune homme rigole, l’entoure aussitôt de son bras pour la serrer contre lui, lâchant un « hey! » amusé, avant de la flatter doucement. Il recule un peu sa tête pour ancrer son regard dans le sien.

-Je t’assure, ça ne me dérange pas du tout. J’ai une chambre d’invité, il faut bien qu’elle serve.

Son appartement est grand et avec l’absence de Leah, il s’y sentait un peu seul. Inès tombait bien et il était plus qu’heureux de l’aider. Le baiser contre sa joue la réchauffa aussitôt et eut l’effet de répandre une certaine chaleur dans tout son corps. Alejandro esquisse un doux sourire et tend son index pour replacer une mèche des cheveux de la belle brune.

-On aura tout le temps de rediscuter des détails.

Qui fera la cuisine, l’épicerie, le montant du loyer… Alejandro comptait lui faire payer un montant dérisoire, c’est clair, mais il fallait qu’il respecte les vœux de la jeune femme, qui a sa fierté et qui ne veut pas se faire vivre, ce qu’il respecte.

-Où sont tes affaires au fait?

Elle est débarquée chez lui sans bagage, plutôt normal vu qu’elle n’avait aucune façon de savoir comment leur conversation tournerait. Elle lui parle alors de ce motel miteux où elle loge. Alejandro jongle un peu, il a tout ce qui faut pour recevoir un invité, même une invitée et en attendant, prend sa coupe de vin et boit, pensif.

-Si on n’était pas samedi, je serais volontiers aller chercher tes affaires mais… Je me dis que ça peut attendre demain. Tu n’as pas plutôt envie de papoter, boire du vin, écouter de la musique ou un film?

Prendre une douche même, faire comme chez toi quoi. Demain, promis, on ira chercher tes trucs, sauf si tu insistes. Peut-être qu’elle avait des biens importants qu’elle devait avoir avec elle le plus possible.