"Merci" Je vais lui dire beaucoup aujourd'hui et sûrement tout le temps qu'on va passer à Nauru avant de retourner à Boston. Je ne vois pas comment lui faire comprendre autrement à quel point je suis heureuse et reconnaissante qu'elle ait fait le déplacement jusqu'ici. Alors qu'elle était au spring break qui était exactement ce qu'il lui fallait pour le moment. Parce qu'elle en a vécu des choses difficiles. Elle a eut du mal après les attentats. En fait, je m'en veux presque un peu de l'avoir prévenue et en quelque sorte obligée à venir ici. Parce que je me doutais bien en l'appelant qu'elle n'hésiterait pas, exactement comme je n'aurais pas hésité pour elle. Mais elle aurait du rester profiter du soleil, s'amuser et dorer sur la plage. La cérémonie commence, les hommages aussi. Les gens qui devaient prendre la parole le font un à un et bien trop vite, c'est mon tour. Je sers le papier sur lequel j'ai écrit ce que je voulais dire. J'ai les mains qui tremblent et je suis sur le point de me remettre à pleurer. Mais je me retiens, pour avoir le temps de dire à toutes les personnes présentes à quel point ma grand-mère était une personne fantastique et tout ce qu'elle m'a apporté dans ma vie. Je ne regarde pas les gens, je fixe les peintures qui m'impressionnaient tellement quand j'étais petite. En les regardant, j'ai un peu l'impression qu'elle est là, juste à coté de moi, prête à me rattraper si je tombe. Puis l'instant d'après, je reviens à la réalité et je finis ce que j'ai à dire les larmes aux yeux. Le temps de retourner m'asseoir, je pleure à nouveaux. Je prends Céleste dans mes bras parce que j'ai besoin d'elle. "Et je serais toujours là pour toi." On ne se lâchera pas, parce qu'une amitié comme ça, on ne peut pas la perdre. "Merci. Je voulais dire aux gens à quel point elle a été importante pour moi, leur dire tout ce qu'elle m'a apporté. Que même si elle n'était pas d'accord avec moi, elle me soutenait dans mes choix. Comme pour Boston." Boston où je n'aurais jamais mis les pieds si Céleste ne m'avait pas motivé tout le long des épreuves d'admissions pour qu'on y fasse notre rentrée ensemble. Mais où je n'aurais jamais osé mettre les pieds si ma grand-mère ne m'avait pas appris à être une femme forte et à me battre pour mes idées.

Elle me prend dans ses bras après avoir parlé de sa mamie et j’ai trouvé son discours réellement touchant même si je n’ai pas tout compris. L’émotion était présente et elle avait réussi à me faire passer plusieurs du rire aux larmes en une fraction de seconde. Elle est extraordinaire et je ne doutais même pas que sa grand-mère devait être pareil. « Je n’en doute même pas. » Elle me l’avait prouvé lors des attentats malgré ce qu’elle avait du endurer aussi. J’étais consciente d’avoir une amie en or comme elle donc je ferai tout mon possible pour la garder à mes côtés. « Elle a toujours voulu ton bonheur et ton épanouissement. C’est très noble de sa part. Elle était vraiment quelqu’un de bien et tu tiens ça d’elle. » Je lui parlais avec sincérité et si un jour je la voyais perdre pied à cause de sa perte alors je lui rappellerai à quel point elle lui ressemble. « Elle vivra toujours près de toi. Ici. » Je posais doucement mon doigt vers son cœur pour qu’elle comprenne qu’elle n’était pas seule car sa mamie veillera toujours sur elle. Mais voilà que le moment le plus éprouvant arriva car elle allait devoir accompagner sa mamie jusqu’au cimetière et je sentais déjà mon coeur se serrer à  l’idée d’être à sa place. Le prêtre nous invita à aller bénir le cercueil et je suivais ma meilleure amie afin de prendre ma place dans la file car je voulais lui dire au revoir aussi et lui dire à quel point je lui suis reconnaissante de l’avoir laissé venir à Boston. Bref. Je voulais lui parler avant qu’elle ne parte...

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Retrouver Céleste après mon discours me fait du bien. Parce que je sais que je vais pouvoir m'appuyer sur elle pour traverser ça, qu'elle ne me laissera pas tomber. Alors je la sers contre moi, je la remercie encore une fois d'avoir abandonné le soleil d’Hawaï pour venir me voir. Je lui explique ce que j'ai voulu dire dans mon discours qu'elle n'a pu comprendre. "Oui c'était vraiment quelqu'un de bien. J'essaye de suivre son exemple, de la rendre fière." Enfant, j'avais toujours voulu faire les choses bien pour rendre fière ma mère, qu'elle puisse me voir ou non de là où elle est. Maintenant, j'ai aussi ma grand-mère à rendre fière chaque jour. Je veux lui montrer que je peux être une femme forte comme elle me l'a appris. Avoir Céleste qui me dit que je suis quelqu'un de bien, comme ma mamie, c'est un beau compliment. Sûrement plus beau que ce qu'elle imagine. "Je sais. Elle a rejoint ma mère. Et elles vont veiller sur moi de là haut, toutes les deux en râlant à chaque fois que je fais une connerie." Mon grand-père qui est juste derrière nous hoche la tête et je lui souris. On n'est plus que tous les deux. Mais elles sont toujours là toutes les deux, on le sait l'un comme l'autre. L'assemblée se met en marche pour le cimetière. Le moment le plus dur est sûrement arrivé mais je me sens plus légère qu'avant. J'ai moins l'impression que je vais m'effondrer d'une seconde à l'autre. Alors je suis sans un mot, je me mets dans la file pour dire les derniers mots à ma grand-mère avant de me mettre sur le coté pour laisser la place aux autres. Je regarde les amis passer un à un. Je les salue quand ils viennent m'offrir une nouvelle fois leurs condoléances. Et je regarde la mer en arrière plan. Céleste vient me rejoindre quand elle a fini. "Elle t'aurais adoré tu sais."

Aujourd’hui est l’un des jours les plus douloureux pour ma meilleure amie et j’essaie tant bien que mal de lui donner la force de surmonter cette épreuve. Elle compte énormément pour moi donc je dois prendre soin d’elle et je sais que sa mamie aurait voulu que je le fasse. Je ne veux pas qu’elle pense qu’elle l’a abandonné car ce n’est pas le cas...elles se retrouveront un jour. Un jour très lointain je l’espère. « Et si tu continues comme tu le fais elle sera toujours fière de toi. » souriais-je avant de hocher la tête pour qu’elle comprenne que j’étais très sincère avec elle. Je l’étais toujours mais je ne voulais pas qu’elle l’oublie. Elles avaient les deux femmes de sa vie là-haut prêtes à décortiquer ses faits et gestes, ce qui me faisait sourire juste à l’idée qu’elles lui feraient la morale plus tard. « Oui et elles rigoleront de toutes les blagues et les bourdes que tu vas faire. » Oui ma meilleure amie est connue pour ses bourdes et intérieurement je rigole déjà de certaines car elle est comme moi et elle ne contrôle pas toujours ses paroles. On se ressemble beaucoup et c’est pour ça qu’on s’entend à merveille. Bref. On s’avance vers le cimetière et je laisse ma meilleure amie ainsi que son pépé faire leurs adieux puis je m’avance lorsque c’est mon tour, et je chuchote tout en posant ma main sur le cercueil. « Vous allez terriblement lui manquer mais je vous promet de toujours tout faire pour qu’elle garde le sourire et qu’elle pense à vous en souriant. Vous pouvez être fière d’elle...et je voulais aussi vous remercier de l’avoir laissé venir à Boston car je suis la plus heureuse depuis qu’on s’est retrouvés à Harvard. » Je souriais légèrement en regardant la photo. « Prenez soin de sa maman. » puis je m’avance vers ma meilleure amie alors que je sens les larmes qui ne sont pas loin mais je les ravale pour éviter de pleurer devant Brook. « Et je l’aurai aussi adoré. » dis-je avant de passer ma main sur la sienne. « Si tu veux on pourra aller se promener sur la plage après pour souffler un peu...» Je ne connaissais pas les habitudes concernant les enterrements alors je comptais sur elle pour m’éclairer un peu plus.

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"Je ferais en sorte qu'elle soit fière de moi. Je lui dois bien ça." Je me dis que c'est faisable, de la rendre fière. Elle l'a toujours été. Je me souviens de son regard quand je lui ramenais mes bulletins. Même quand j'ai été admise à Harvard, elle a été fière de moi. Triste, peut-être un peu déçue de me voir partir mais fière. Et dans le fond, je me dis qu'elle a aussi du être fière de me voir partir, de me battre pour mes idées comme elle m'avait appris. Alors je peux faire ça, je peux la rendre fière pour tout ce qu'elle a fait pour moi. Je souris à Céleste quand elle me sort que ma mère et ma grand-mère rigoleront à toutes mes boulettes de là haut. "Comme si c'était mon genre de faire des bourdes. C'est pas du tout comme si c'est un art que je maîtrise presque à la perfection." Je plaisante bien entendu. J'ai un don certains pour enchaîner les boulettes. D'ailleurs à ce niveau-là, c'est presque de l'abus. Heureusement que Céleste supporte et qu'elle est un peu comme moi au final. Elle va dire quelques mots à ma grand-mère que j'entends de là où je suis et j'ai presque envie de pleurer encore tellement c'est touchant. Elle a un truc pour trouver les bons mots, ce n'est pas possible autrement. Je suis convaincue que ma grand-mère l'aurait adoré. Tout comme mon grand-père qui me souris quand il l'a voit près de moi. Je ne suis pas trop présente à ses cotés mais je sais qu'il comprend. Il voit bien que la présence de Céleste me réconforte, qu'elle est importante pour moi. "Oui on pourra sans problème. Faudra juste être rentré à temps pour le dîner." J'accepte directement parce que j'ai besoin de m'éloigner un peu de la maison et je sais qu'il y aura du monde pour tenir compagnie à mon grand-père. Les parents de Wes seront là, tout comme l'un ou l'autre voisin. Je n'ai donc pas à m'inquiéter à l'idée de le laisser seul. L'enterrement touche à sa fin et les gens commencent à partir un a un. Je sers une dernière fois la main du prêtre et je regarde le cercueil. Un dernier au revoir, un adieu avant de tourner la tête pour regarder la mer et essayer de me faire à l'idée.

Je souriais à ma meilleure amie lorsqu’elle me parlait de sa mamie et je hochais la tête pour valider ses paroles car elle devait tout faire pour rester elle-même et ne pas décevoir sa mamie. Je savais que ça pouvait être dur et d’ailleurs je me demandais si Floyd était fier de la fille que j’étais devenue après les attentats mais je me doutais de la réponse. J’avais changé, peut-être un peu trop. Puis je plisse les yeux quand elle me parle de ses bourdes et je rigole doucement avant de lui répondre. « Et je pense que tu le maîtrise encore mieux que moi et pourtant je suis déjà un sacré phénomène. » Je me souvenais de tout ce qu’elle pouvait faire comme boulettes et c’était aussi ce qui me plaisait chez elle, elle était nature et cela nous rapprochait encore plus. J’avais la meilleure des meilleures amies dans ma vie et je ferai tout pour la garder dans ma vie. J’ai besoin d’elle tout comme elle a besoin de moi. Je la laisse quelques instants avant d’aller me recueillir sur la tombe de sa mamie et je lui parle à coeur ouvert avant de sourire et je la laisse pour retrouver Brook. « Oui bien sur et je pourrai cuisiner si vous voulez. » Je n’avais pas envie que son papy fasse tout car il devait être fatigué en plus d’être triste à cause de la perte de sa femme. Je voulais alléger leur peine alors j’essayais de tout faire pour arriver à les rendre moins attristés. Je laisse tout le monde s’en aller et je me recule de quelques pas pour la laisser aux côtés de son papy afin de faire son dernier au revoir et je ferme le yeux tout en pensant à sa mamie. Je regardais le cercueil descendre et je sentais mon coeur se serrer quand ils refermaient le tout et j’essuyais mes larmes avant de regarder la direction du regard de ma meilleure amie. J’allais vers elle avant de chuchoter. « Elle aimait aller à la mer ? » Question idiote mais importante car je l’avais vu regarder la mer à plusieurs reprises durant l’enterrement alors peut-être qu’il y avait une signification à tout ceci.

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Je me retiens de rire à sa remarque sur mes bourdes. C'est vrai que je maîtrise cet art encore mieux qu'elle. C'est vrai qu'elle est plutôt douée pour les bourde aussi. Mais j'ai un manque de tact certains qui fait que je suis hors catégorie. "C'est des années de pratique ça. Un jour toi aussi tu seras un grand maître de la boulette." Je parle comme si j'étais beaucoup plus âgée qu'elle alors qu'il n'y a que quelques mois de différence entre nous. Mais je balance ça en mode excuse imparable pour expliquer pourquoi je suis la reine des gaffes. Toutes les excuses sont bonnes à prendre d'ailleurs. Elle me demande si on peut aller se promener et je dis oui direct, prévenant juste qu'on devra être rentrée pour le dîner. Céleste trop gentille se propose directement pour cuisiner. Ma meilleure amie est une perle. Je répète, ma meilleure amie est une perle. "Pas besoin. On a à manger pour aux moins deux semaines avec ce que les gens nous ont apportés. Tous le monde aimaient ma grand-mère alors les gens sont super sympa avec nous." Trop peut-être. Trop prévenant, trop attentionnés, trop à faire attention à ce qu'on aille bien. Alors que j'ai juste envie de me rouler sous ma couette pour pleurer et de ne voir personne. Depuis l'annonce du décès, j'avais envie de leur dire de nous foutre la paix, de nous laisser dans notre chagrin. Mais leur présence nous faisait du bien, surtout à papy. Voir du monde l'empêchait de trop sombrer dans la tristesse et voir tous nos voisins se relayer à la maison me rassurait pour quand je serais retournée à Boston. "Oui." Je réponds à la question de Céleste sur la mer. Oui elle l'adorait, comme tout le monde ici. Quand tu vis sur une île, constamment à proximité de l'océan, tu ne peux que l'apprécier. "Quand j'étais enfant, elle m'emmenait à la plage tous les soirs pour regarder le coucher de soleil. On restait là sans parler, juste à regarder les reflet du soleil sur l'eau. Puis parfois elle me parlait de ma mère. Ça fait partie de mes plus beaux souvenirs."

Elle fait des bourdes mais moi je suis miss catastrophe en plus de ce petit détail. Je fais tout tomber dès que je touche à quelque chose ou j’atterris très rapidement (un peu trop) au sol quand j’ai deux pieds gauche. Il faut que je fasse attention quand je suis dans ce genre de situations car ça peut très rapidement devenir délicat et gênant. Bon je n’ai pas que des défauts et heureusement pour moi car sinon ma vie serait trop difficile à vivre. Je regarde ma meilleure amie quand je lui parle du repas et du fait que je peux cuisiner pour eux mais sa réponse ne me surprend pas. « Oh c’est vrai que je n’avais pas pensé à ça...» En réalité je n’avais jamais été à des funérailles donc je ne savais pas que les ami(e)s pouvaient cuisiner pour la famille mais je trouvais ce geste vraiment beau. « Ils aiment ta grand-mère et ils prendront soin de vous. » Y compris son grand-père et c’était pour cela que je lui disais car je ne voulais pas qu’elle culpabilise quand on devra repartir à Boston. Son entourage allait être là pour lui et je sais que malgré la distance elle sera là pour lui. Je la connais et je n’en doute même pas.
Elle se tourne vers la mer et je fais de même tout en prenant sa main pour qu’elle sache que j’étais là avec elle. Je ne voulais pas qu’elle se sente seule aujourd’hui alors je ferai mon maximum pour être à la hauteur. « Des souvenirs que tu te souviendras toute ta vie. Il faut que tu t’accroches à tout ce que tu as vécu avec elle et grâce à elle. » dis-je en souriant. Elle avait été chanceuse dans son malheur car elle avait des beaux souvenirs, de belles paroles de sa maman et au fond de moi je l’enviais car je n’avais jamais connu ça et je ne le connaîtrais jamais. « Sache que je suis et serais toujours là pour toi, d’accord ? » Si elle voulait me parler de sa mère ou de sa grand-mère alors je l’écouterai quelque soit l’heure. J’étais sa meilleure amie et je l’assumais entièrement.

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A nous deux, on fait un sacré duo. On devrait d'ailleurs se faire une petite pancarte pour mettre à l'entrée de notre chambre, pour prévenir tout le monde que venir nous voir, c'est entrer dans l'entre des spécialistes en boulettes et maladresses. De quoi faire sensation à la dunster et mettre au courant tout le monde que venir nous voir, ça peut être dangereux. Pas qu'on soit méchante, loin de là. Juste qu'on n'est pas douée de nos dix doigts et que parfois, les phrases sortent toutes seules sans qu'on les contrôle. Je hoche la tête pour appuyer ma remarque sur la nourriture. Je ne sais pas si c'est quelque chose qui se fait uniquement ici ou si c'est pareil partout, que les voisins et les amis apportent un petit quelque chose, qu'ils se rendent utiles. "Je sais. C'est pour ça que je t'ai pas encore annoncé que je restais ici au lieu de rentrer à Boston." A vrai dire, l'idée ne m'a même pas effleurer l'esprit. Même en étant au plus mal, je n'ai pas penser une seule seconde rester ici pour m'occuper de mon grand-père. Ce qui m'a fait culpabiliser. Mais je sais qu'il n'aimerai pas me voir tout abandonner pour m'occuper de lui, qu'il est heureux de me savoir à Boston, dans une université que j'ai choisit, avec mes amis. C'est ce que je me dis pour me sentir mieux. Je sens la main de Céleste dans la mienne quand je lui explique en quoi la mer est importante pour moi, pour ma grand-mère, les souvenirs qu'on a partagé toutes les deux. "Je m'y accrocherais. Ce n'est pas comme si je pouvais oublier ce qu'on a vécu toutes les deux de toute façon." Je regarde une dernière fois la mer et je me sens bien. Je suis apaisée. Céleste à su trouver les mots justes, les mots qu'il fallait pour me remonter le morale aujourd'hui. Alors quand je l’entraîne avec moi vers la plage pour qu'on se promène et qu'elle me dit qu'elle sera toujours là pour moi, je ne peux que lui sourire. "Et je serais toujours là pour toi moi aussi."