Efrain commence à faire des compliments sur mon meilleur ami et là mon visage s’éclaire à nouveau car j’adore recevoir des réponses à mes questions sans même les poser. Il est vraiment fort et maintenant c’est à moi d’être forte pour continuer de combler ma curiosité. « Disons que Morgan a été gâté par la nature oui..» souriais-je avant de lui faire un clin d’oeil. Je ne savais pas ce qu’il allait répondre mais j’avais déjà hâte de rebondir sur sa phrase et de commencer à lui poser quelques questions. Alors s’il vous plaît monsieur Delarosa ne laissez pas ce sujet sur le côté.. J’ai vécu beaucoup de choses en ce début de Spring Break mais j’ai peur d’être heureuse car j’ai peur des on dit mais surtout des jugements qu’on peut me porter. Bien évidemment je n’oublie pas tout ce que j’ai vécu mais je n’ai pas envie de rester aussi sombre car cela me détruit à petit feu alors je vie afin de ne rien regretter. Ici à Hawaï personne ne me juge mais j’ai peur de revenir à Boston car je sais que je vais être la cible des autres..comme au début de ma scolarité à Harvard. J’ai été prise à part par un groupe mais on est venu à mon secours et heureusement car je ne sais pas comment je m’en serai sortie sans lui. « Tu sais on ne sait jamais inquiété pour moi alors depuis mon enfance j’ai décidé de m’inquiéter pour les autres afin de ne pas souffrir de ce manque...» Clairement j’avais manqué de l’amour d’une mère mais aussi d’un père. Je n’avais jamais vu mon père et j’étais persuadée que je ne le verrai jamais. Ma mère nous avais abandonné dès notre naissance et je refusais de la voir car j’étais en colère contre elle mais je ne savais plus si c’était la meilleure chose à faire. Je fermais un instant mes yeux afin d’éviter de penser à elle mais surtout à tout ce que j’avais vécu à cause d’elle. Elle n’a jamais cru en moi et c’est aussi pour ça que je manque cruellement de confiance en moi et notamment dans mon domaine d’études. Je regarde Efrain avant de laisser mon regard se perdre dans les flammes et je hausse les épaules. « Certainement mais c’était la première fois que je voyais quelqu’un partir...entre mes mains et je ne sais pas si je suis assez forte pour ça..» Au fond de moi je l’étais mais là on parlait d’une personne que j’appréciais donc c’était plus difficile.

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La petite a tout compris, et je suis là, comme un débutant, à lui fournir sur un plateau toutes les informations nécessaires pour combler le vide créé par sa curiosité. Je vois clair dans son jeu, surtout lorsqu’elle insiste sur le fait qu’il a été gâté par la nature. Alors je me contente de la toiser longuement du regard, un long sourire sur les lèvres, le genre de sourire qui en dit long sans pour autant que ce soit fait explicitement. Je lui laisse de la place pour interpréter à sa guise, parce qu’il est hors de question que je lui facilite la tâche davantage encore. Son clin d’œil me fait mourir de rire et m’éloigne de toutes les bêtises qu’il pourrait m’être aisé de balancer si elle continuait à me tendre des perches en me parlant de Morgan. J’utilise le mot bêtise… Mais il n’y a rien d’autre que la vérité, c’est peut-être ce qui me met dans une situation embarrassante au final, parce qu’on sait tous les deux que je ne joue pas et que les mots me viennent tout droit du cœur. Un gage de qualité pour la plupart de mes amis qui ne cessent de crier sur tous les toits qu’on ne peut pas se faire balader par un garçon comme moi, qui préfère mettre un bon coup de pied dans la fourmilière en y allant avec franchise, sans y mettre les formes, plutôt que de jouer du violon pendant des heures pour ne pas blesser les tempéraments des uns et des autres. Je me plais à être un livre ouvert, la transparence ça a parfois du bon, surtout lorsqu’elle implique de partager sa joie de vivre. Si j’étais psychologue, je commencerais probablement à formuler des hypothèses, un début de diagnostique impliquant un traumatisme lié à la petite-enfance, à un sentiment de désintérêt des proches, peut-être même que j’irais jusqu’à employer des termes forts comme peur de l’abandon. Une chance que je ne sois pas psychologue et que je ne sois pas intéressé par toutes ces petites cases dans lesquels ils essaient de nous mettre pour formuler des diagnostiques censés tout simplifier. On ne règle pas la complexité d’une âme humaine en la réduisant à quelques grands termes savants. « Je pense qu’à présent, tu n’auras plus jamais cette sensation d’être toute seule face à tes démons… J’en connais un qui ne te lâchera pas de sitôt ! » Morgan n’est peut-être pas un superhéros, mais je puis vous assurer qu’il tient à elle, ses mots transpirent l’affection qu’il éprouve à son égard. La perte humaine, le chagrin que cela inspire, le deuil qui se doit d’être fait… Tout ceci, un médecin se doit de l’expérimenter tôt ou tard, c’est même là-dessus que peut se reposer un professionnel de la médecine pour venir challenger la mort en permanence. Ce sont de ces défaites que l’on part pour éviter de répéter le même schéma, pour essayer de faire mieux. La raison pour laquelle on demande aux professionnels de la santé de ne pas soigner leurs proches se trouve juste ici : en cas de décès, le deuil est double. Il est médical et affectueux. « Tu ne l’étais probablement pas à ce moment-là, parce que rien ne peut nous préparer à une telle tragédie. Tu ne l’es peut-être pas encore présentement, parce qu’il te reste des étapes à franchir, du chemin à parcourir, une partie de ton deuil à effectuer… Mais en bout de course, tu te rendras compte que ta force te viens justement de cette épreuve, de tout ce que cela a bouleversé en toi ! » Ce qui ne te tue pas te rends plus fort, comme ils disent.

Et merde il a mis le sujet de côté. C’est pas grave Céleste fait ta curieuse ! Je le regarde dans les yeux alors qu’il laisse un large sourire s’inscrire sur son visage et je souriais à mon tour. Il fallait que je le cuisine mais en douceur bien que je n’arrivais jamais à être discrète lorsque je voulais des informations. « Morgan est beau. Tu es beau. Vous avez l’air de bien vous entendre...hm...est-ce qu’il y aurait anguille sous roche ? » Pour le tact et la discrétion on repassera plus tard mais si je n’ai pas braquée Morgan avec mes questions alors Efrain ne devrait pas l’être non plus. Je l’espère car je ne le connais que depuis quelques minutes. Je voulais savoir ce qu’il pensait de mon ami afin de satisfaire ma curiosité mais j’avais peur qu’il s’amuse à me torturer avec ses réponses. « Et j’ai également ma meilleure amie qui ressemble énormément à Morgan. Je suis bien entourée et c’est aussi pour eux que je voulais relever la tête de l’eau. » Morgan. Brook. Marla...ce n’était qu’une partie des personnes qui comptait énormément et pour qui je voulais me battre pour ne pas me noyer après toutes ses épreuves. Je n’étais pas croyante mais si tout cela m’arrivait alors c’était pour une bonne raison, laquelle ? Je l’a cherchais encore. Je n’aurai jamais cru qu’en arrivant à Harvard je puisse faire une rencontre comme celle avec Morgan et pourtant juste pour cette dernière je ne regrettais pas d’être venue. Impossible de regretter même si je me suis déjà posée la question...sans mon arrivée à Harvard je n’aurai pas retrouvée ma sœur et encore moins rencontrée Brook. Ma vie avait complètement changée autant en bien qu’en mal. « J’ai senti son corps devenir de plus en plus lourd et j’ai senti aussi son âme partir...c’était tellement irréaliste et tellement intense…» Je soufflais alors que je détestais me souvenir de ce jour qui m’avait tant marqué. « Je sais qu’il voudrait que je continue mais je ne sais pas si je serai à la hauteur. » Cependant dès mon retour du Spring Break j’allais me remettre dans mes cours afin de passer mes partiels. Je me poserai toutes ses questions à la fin de l’année.

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J’attends, je ménage le suspense parce que je la vois venir de loin, avec ses grands sabots. Une question lui brûle les lèvres, je peux le percevoir dans ses yeux, dans la manière dont elle a mentionné le plus innocemment du monde Morgan à chaque fois en s’assurant de bien rebondir sur mes propos. Elle a cette étincelle dans le regard qui laisse présager qu’elle va lâcher les chevaux, je ne me trompe pas d’ailleurs, à peine le temps d’avaler ma salive, de laisser ce sourire en dire long sur la beauté de son meilleur ami qu’elle s’embarque pour une question à laquelle je ne sais même pas répondre. Il est beau, je suppose que je suis beau également, nous sommes beaux tous les deux, de quoi avons-nous besoin de plus ? « Anguille sous roche ? Je ne sais pas ! » Aucun mensonge là-dedans, parce que j’ignore s’il y a ambigüité ou non. « Je suppose qu’il aurait pu se passer quelque chose au Mexique, l’emmener là-bas c’était lui ouvrir les portes d’une partie très intime de ma vie… Ce sont mes racines, il a pu rencontrer certains membres de ma famille, ma grand-mère et ses cookies dont il te parlera surement à un moment ou un autre… » Les cookies de ma grand-mère, une institution qui pourrait te sauver un pays tout entier pendant la guerre, si vous voulez mon avis. Je m’interromps sur cette note plus amusante parce que j’ignore jusqu’où je peux me permettre d’aller ou non, jusqu’où mon propre esprit s’est déjà rendu ou non dans une analyse de notre relation à Morgan et à moi. « Je me dis que ç’aurait été l’endroit idéal pour qu’il se passe quelque chose, si tel avait dû être le cas… Mais ce n’est pas arrivé alors bon… » J’ai pourtant été tenté… A plusieurs reprises. Morgan n’a jamais manifesté le moindre intérêt ambigu à mon égard, pas la moindre perche sur laquelle j’aurais pu rebondir comme je sais si bien le faire. La vérité c’est que je suis bien trop respectueux vis-à-vis de lui pour prendre des risques inconsidérés. Le poids d’une perte, rien de plus destructeur, surtout pour un jeune étudiant en médecine qui ne devrait pas être confronté aussi tôt à une telle réalité. « Je ne suis pas devin, je ne sais pas à quel point tu es passionnée ou non par la médecine, tout ça… Mais mon petit doigt me dit que tu ne seras pas seulement à la hauteur… Tu seras exceptionnelle, si bien qu’il me faudra carburer deux fois plus pour être un chirurgien à ta hauteur ! » Un petit clin d’œil, je suis sincère.

Il a l’air de m’avoir cerné malgré le fait qu’on se connaisse depuis quelques minutes mais je me demande si Morgan n’a pas un peu trop parlé de mon à son ami ce qui l’a aidé à mieux comprendre mes réactions. Peut-être que je suis trop prévisible, tant pis. Je le regarde lorsqu’il commence à me parler car je ne veux pas louper une information croustillante à me mettre sous la dent. « Qu’il aurait pu se passer quelque chose mais pourquoi ça n’a pas été le cas ? » Ses paroles m’interrogeaient beaucoup et il allait très rapidement le comprendre car j’allais rebondir sur chaque morceaux qui m’intéressait. « Tu penses qu’il pourrait se passer quelque chose entre vous ? » demandais-je sérieusement avant de lui sourire lorsqu’il me parle des cookies. « Il m’a dit qu’ils étaient délicieux donc j’ai été jalouse de ne pas avoir pu en goûter un ! » riais-je avant de lever les yeux au ciel. J’étais gourmande et à chaque fois que je voyais passer une sucrerie sous mes yeux je l’a mangeais sans me poser de question. J’aimais me faire plaisir même si cela ne se voyait pas au niveau de mon corps. « Je ne te connais pas encore assez pour comprendre pourquoi tu n’as pas fais le premier pas mais Morgan est un garçon extraordinaire mais timide alors ça doit être compliqué pour lui… Et sans vouloir le défendre je pense qu’il était perturbé par mon départ. » Bon peut être que je le défendais mais il était mon meilleur ami et je voulais lui donner des excuses pour tout bien que ça ne soit pas réellement important sur ce coup.
On laissait le sujet des deux amis sur le côté pour parler de moi et je n’aimais pas spécialement ce nouveau sujet de conversation mais je me devais de faire avec. « C’est gentil je te remercie Efrain car tes mots me touche. » Je lui souriais avant de poser ma main sur son bras avant de regarder le feu. « J’ai de bonnes notes depuis le début de l’année mais le futur me fait un peu peur...» Je n’avais pas confiance en moi et encore moins en mes capacités même si je savais que j’en avais.

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Céleste est perspicace, je suis quasiment sûr qu’elle a déjà une idée de ce que je vais répondre à cette simple question formulée l’air de rien, avec une franchise que je trouve rafraichissante. Pourquoi tourner en rond quand tu peux aller droit au but et mettre les pieds dans le plat ? J’aime les gens qui ont la force d’assumer leur curiosité et qui affichent clairement leur souhait d’obtenir des réponses à leurs interrogations. Loin d’être le mec le plus gêné ou le moins bavard au monde, je me lance et esquisse de premières pistes de réflexion. Moi-même j’ignore si nous avons des atomes crochus ou non, la question ne s’est jamais véritablement posée. L’hypocrisie atteindrait son paroxysme si j’admettais ne pas m’être senti hyper bien en sa présence, au point d’avoir envie d’effleurer sa peau, de me refugier contre ses bras, de prendre au pied de la lettre mes désirs les plus immédiats en profitant de sa naïveté, de son corps si peu vêtu dans les mêmes draps que moi. J’aurais surement pu user et abuser de notre situation au Mexique des dizaines de fois pour obtenir un rapprochement, mais j’ai choisi de ne pas le faire. Je n’ai jamais vraiment ressenti le moindre regard lourd de sens, la moindre petite remarque à double interprétation… Morgan n’a jamais fait un pas dans une direction plus intime, j’imagine donc que toutes ces sensations étaient à sens unique, fin de la question et du débat. La jeune femme ne l’entend pas de cette manière. « Tu sais… Quand quelqu’un me plait, ça se voit tout de suite. Je me suis laissé aller à quelques sous-entendus, à quelques remarques mais ça n’a jamais vraiment porté ses fruits. » Rien de plus, rien de moins. Je tiens beaucoup trop au garçon pour prendre des risques incalculés. Ce serait mettre en danger une relation qui me fait énormément de bien. « Tu devrais peut-être reformuler ta question… Le problème, ce n’est pas de pouvoir, mais de vouloir… J’pense que tu connais déjà la réponse à cette question en ce qui me concerne ! » J’hausse les épaules, un fin sourire aux lèvres. « Et voilà… Fut un temps où mes cookies étaient les meilleurs cookies auxquels il avait goûté… Jamais je n’aurais dû l’emmener voir ma grand-mère, la concurrence est trop forte ! » Pauvre de mes cookies, appréciés mais si rapidement oubliés dès que mamie rentre dans la course. Un jour je parviendrais à me hisser à son niveau, c’est une promesse que je me fais. Elle a peut-être raison, Céleste, peut-être était-il perturbé par son départ. Il est également très timide, c’est certain. « Je ne sais pas… D’un autre côté, s’il doit se passer quelque chose, je suppose que l’avenir nous le dira ! » Un signe, le moindre signe de sa part et l’idée de m’élancer sans réfléchir recommencera probablement à germer dans mon esprit. Ses résultats sont bons et vont dans mon sens. Pourquoi renoncer maintenant ? Ses craintes sont tellement légitimes, je ne peux que me mettre à sa place mais ce serait oublier le gâchis qu’un tel abandon engendrerait. « Tu iras loin dans tes études en te comportant de la sorte. Craindre, se remettre en question… C’est ce qui fera de toi une excellente étudiante, mais également un excellent médecin ! »

Je n’ai pas beaucoup d’expérience avec les hommes ce qui fait que je ne connais pas le genre de comportement que nous devons avoir pour essayer de plaire à l’autre. J’imagine qu’il faut rester sois même tout en charmant la personne qui nous plaît mais c’est certainement très différent… Je regarde Efrain alors qu’il me parle de Morgan et de tout ce qu’il peut ressentir pour lui ou même ce qu’il a ressenti durant leur séjour. « Il a peut-être pas vu les signes que tu envoyais. » Si il était aussi novice que moi dans le domaine alors cela ne m’étonnerait guère mais c’est vrai que je ne sais pas si il a plus d’expérience que moi sur l’amour. « Mais j’aime savoir que mon meilleur ami te plaît..» lui confiais-je avant de lui faire un sourire. « Il n’est pas insensible à ton charme enfin le contraire serait étonnant puisqu’il a accepté de venir au Mexique avec toi dans ta famille. » Ce n’était pas rien autant pour Efrain que pour Morgan et sans qu’ils ne le comprennent ils avaient fait un pas ensemble. Puis on parlait des cookies que faisaient sa grand-mère et je riais doucement. « Le seul moyen pour que je départage vos cookies seraient que je puisse en goûter un de chaque au minimum. » Je le regardais en coin avant de laisser mes yeux se poser sur le feu. J’étais très gourmande et je ne pouvais pas refuser de manger des cookies surtout qu’ils semblaient réellement bons. Il serait plus simple de goûter ceux d’Efrain que ceux de sa grand-mère, ça je m’en doutais. « Il a été touché que tu l’invites dans ta famille et ça a du l’intimider. Tu sais quand il me parle de toi je vois qu’il est heureux, comme toi quand tu me parles de lui… Tu ne dois pas tirer un trait sur un quelconque avenir entre vous deux, laissez vous le temps. » souriais-je avant de poser ma main sur son bras pour lui montrer que j’étais sincère mais malheureusement je ne pouvais pas en dire plus car je n’avais pas envie de mettre mon meilleur ami dans l’embarras. Ils devaient se parler et j’espérais qu’ils le fassent rapidement. « C’est gentil de me rassurer Efrain, merci. » Je lui souriais avant de m’intéresser de nouveau à lui. « Et toi alors parle moi de tes études et du métier de tes rêves. »

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Je ne suis pas du genre à me prendre la tête, surtout pas pour des sentiments. J’ai toujours été meilleur au naturel, lorsque je laissais les choses se faire tranquillement, en ne faisant confiance à rien d’autre qu’à mes sensations sur le moment présent, à mon ressenti sur l’instant. Impulsif, je le suis en amour. Tout ceci m’évite de réfléchir, commencer à se questionner sur des sentiments, sur ses propres intentions, sur celles des autres… Une torture qui ne rend service à personne et qui t’éloigne généralement de la vérité, se faire des films c’est la pire des choses quand tu penses être attiré par quelqu’un d’autre, la chute est toujours plus grande, la déception toujours plus tranchante. Avec Morgan les choses sont différentes, j’ai l’impression d’agir bien plus cérébralement qu’avec les autres… Peut-être parce que le naturel ne m’a pas rendu service avec Jonah, peut-être parce que j’ai pris une claque qui me laisse un goût amer entre les lèvres. Toujours est-il que j’ai bel et bien conscience de l’attraction qu’il m’inspire, du désir qu’il fait régulièrement naitre en moi. Le Mexique aurait pu influencer les choses d’une manière ou d’une autre, ce ne fut pas le cas, fin de l’histoire ? « C’est possible… Il est naïf Morgan, parfois ! » Je remarque en riant, parce qu’il pourrait avaler n’importe quelle couleuvre, trop facilement influençable ce petit. « Je le prends comme un compliment, ça veut dire que tu m’apprécie ? J’ai passé le premier test, c’est ça ? » Je plaisante en faisant référence à ce rite de passage presque obligatoire, ce moment où les meilleurs amis d’un côté comme de l’autre sont amenés à rencontrer ton crush et à se prononcer sur lui. Le consentement peut parfois énormément jouer. Les cookies de ma grand-mère, une véritable institution si vous voulez mon avis. « Je vais mettre ça en place, lancer la première compétition officielle entre elle et moi, un battle d’anthologie ! » Ce sera perdu d’avance, ma grand-mère est bien trop talentueuse et ses cookies… Je pourrais me faire exploser le bide sans aucun remord. J’acquiesce sans trop me prononcer, elle semble plus au courant que moi sur tous ces détails, sur ce que Morgan a pensé de notre voyage au Mexique. « Je ne me ferme pas à l’idée, qui sait… Ma seule certitude, c’est que je ne veux pas faire n’importe quoi pour mettre en danger ce que l’on a. » Plutôt l’avoir en ami quitte à devoir lutter contre certaines pulsions que de le perdre bêtement pour une histoire de cul ou un crush temporaire. Place à nous, Céleste qui m’en apprend davantage à son sujet et me permet de la cerner un petit peu plus. « Je termine ma sixième année de médecine, je vais pouvoir démarrer mon internat dans un grand hôpital… J’ai hâte, j’en ai marre de faire de la théorie, je pense être prêt à me lancer, à expérimenter, à apprendre concrètement ! » Ces années d’internat, je les attends comme le messie. « J’aimerais être chirurgien, probablement en pédiatrie parce que j’ai une connexion assez forte avec les enfants, ils me tiennent à cœur… Mais je reste ouvert à toutes les options, j’espère avoir l’opportunité de me frotter à un maximum de spécialités pendant mon internat pour pouvoir me donner l’embarras du choix ! »

Je ne suis jamais tombée amoureuse et quand je vois les couples amoureux cela me donne envie de l’être car ce sentiment doit être très agréable à vivre. Je suis heureuse comme je suis mais j’ai envie de connaître de nouvelles choses alors j’espère pouvoir tomber amoureuse très prochainement. « Un peu mais ça lui va tellement bien. » souriais-je avant de le regarder car je ne pouvais qu’aimer ce petit détail chez lui car j’étais totalement pareille, c’était peut-être ce qui nous avait encore plus rapproché, qui sait. « Oui c’était une sorte de premier test et tu l’as passé haut la main ! » ajoutais-je avant de lui faire un clin d’oeil avant de rire. Malgré ce petit rire j’étais très sérieuse et j’allais prendre mon rôle de Cupidon très à coeur. Je n’avais pas dis mon dernier mot alors j’espérais qu’il était prêt à me voir à l’ouvrage. Je lui souris lorsqu’il parle des cookies et je ne rebondis pas sur le sujet car je sens déjà mon estomac se tordre dans tous les sens...j’ai faim, merci les cookies de mamie. « Je comprends ce que tu veux dire et c’est la meilleure chose à faire mais tu as quelqu’un d’autre en vue ? » Je posais cette question très naturellement car cela pouvait expliquer le fait qu’il soit un peu en retenu face à Morgan. Je ne connaissais pas grand-chose en l’amour mais j’avais quelques bases.
« L’internat ça va être quelque chose de fou ! Tu as intérêt à profiter de tout ça et surtout à tout me raconter. » souriais-je avant de lui faire un nouveau clin d’oeil. J’avais hâte de pouvoir faire mon internat pour m’épanouir davantage alors j’allais peut-être l’être grâce à lui. Je me le souhaitais. « Les enfants c’est la vie. » dis-je doucement avant de reprendre. « Prends le temps et varies tes stages pendant l’internat pour trouver la spécialisation qui te correspond le plus. » Être médecin était beau mais il ne fallait pas se tromper car on le restait toute notre vie.

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« Totalement ! » La naïveté de Morgan est mignonne, elle est touchante. « J’espère juste que les gens ne s’en serviront pas contre lui, parce qu’il y a de sacrés enfoirés dans le coin ! » Je guette, dans l’ombre, je veille au grain depuis que nous nous sommes rapprochés mais je suis bel et bien conscient que je ne pourrais pas toujours être là pour le préserver de la méchanceté des autres. A Harvard, tous les coups sont permis, ce ne sont pas les remords qui étouffent certains professeurs et étudiants. « Tu sais comment on s’est rencontrés d’ailleurs ? C’est assez amusant, quand on y repense ! » Il lui a surement déjà tout raconté, ça ne me surprendrait pas. J’ai passé la première étape, je suis partiellement validé par la jeune femme et cette simple idée fait naitre un immense sourire satisfait sur mes lèvres. « Parfait, ça fait ressurgir mes mauvaises habitudes d’étudiant qui déteste ne pas réussir les tests auxquels il est soumis ! » J’ai toujours été ainsi, ultra compétitif. Pas du genre à cracher sur les autres pour se hisser plus rapidement dans les hauteurs, non, j’ai toujours accordé beaucoup d’importance à réussir honnêtement. Le mérite, c’est tout ce qui importe et je ne suis pas sûr que je pourrais apprécier une victoire si elle n’était pas décrochée dans les règles de l’art et de la bienséance. Toujours est-il que je déteste échouer. Si j’ai quelqu’un d’autre en vue ? Sa question a le mérite de me surprendre. « Les choses se sont un peu compliquées avant le Spring Break, je me suis rapproché de mon dernier copain en date… Une histoire qui remonte à quelques années déjà, parce que j’ai tout mis de côté pour me concentrer sur mes études… Il y avait beaucoup de non-dits, un sentiment d’inachevé… J’ai été pas mal perturbé, je me suis posé un tas de questions mais non… Ce chapitre-là est bien fermé, contrairement à ce que j’aurais pu penser ! » Peut-être est-ce la raison pour laquelle j’ai pris soin de ne pas forcer les choses, de prendre mon temps, de laisser à Morgan le loisir de répondre (ou non) à mes signaux… Parce que je me savais partagé et perturbé par quelqu’un d’autre, embourbé au milieu de questions auxquelles je voulais apporter des réponses le plus rapidement possible. C’est chose faite à présent, j’y vois plus clair. Pouvoir parler aussi librement de médecine, ça fait un bien fou. Elle sait de quoi je parle et ça n’a pas de prix. « Tu peux compter sur moi, je vais profiter de toutes les occasions, de toutes les perches qui me seront tendues pour emmagasiner un maximum d’informations, d’expérience avant de me lancer dans un domaine précis ! »