Jour 6 du spring break et j’ai passé ma journée à faire des activités que je n’avais jamais eu l’occasion de faire avec un vol en hélicoptère. Je suis heureuse de pouvoir souffler autant et de profiter. Bien évidemment je n’oublie pas tout ce que j’ai vécu mais cela me fait du bien de voir que la vie continue et qu’elle peut être belle loin de Boston. Dans les airs je me suis trouvée plus légère et j’ai réussi à réfléchir sur quelques points. Je suis contente d’arriver à mettre des mots sur ce que je ressens et je me souhaite que ça continue. Ce soir je n’avais rien de prévu alors je suis allée sur la plage afin de marcher les pieds dans l’eau. Je regarde l’eau turquoise devenue noir à cause de la nuit et je souris lorsque je me perds dans mes pensées. Je suis ailleurs et sans même remarquer quoique ce soit je commence à marcher en direction de l’eau et doucement l’eau caresse mes jambes puis entoure mes hanches. Je suis littéralement ailleurs mais sans le vouloir je me met en danger...

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J’ignore comment j’aurais réagi dans d’autres circonstances, si j’avais été confronté à une autre personne. Je me serais peut-être simplement détourné, je serais resté là, en retrait, à observer de loin, à analyser le moindre mouvement de cet individu. Mon esprit m’interdit de me livrer à un tel acte parce qu’il a très bien reconnu ce faciès. Je n’ai pourtant jamais eu le loisir de la rencontrer, pas en personne, pas directement en tout cas. Morgan m’a tellement parlé d’elle, il m’a inondé de clichés. Mon excellente mémoire ne me permet pas seulement de briller sur les bancs de l’université, je retiens avec une facilité déconcertante le visage des gens qui m’entourent. Céleste, elle est récemment passée par un tas d’épreuves, du genre à te marquer, une trace invisible et indélébile à la fois. Elle s’est éloignée un moment, pour reprendre son souffle, pour retrouver un sens à donner à sa vie. Morgan était intenable pendant son absence, constamment inquiet, stressé, paniqué à l’idée qu’elle fasse une connerie. Son départ a énormément joué dans notre rapprochement, parce qu’il a fallu être suffisamment présent pour le rassurer, pour lui changer les idées sans pour autant l’étouffer. Le Mexique, j’ai choisi de lui ouvrir la porte de ma propre intimité, de lui faire découvrir le pays de mon enfance, mes racines. Suis-je parvenu à lui changer les idées ? Je suppose que ce fut un minimum le cas puisqu’il a retrouvé le sourire, un sourire qui n’a eu de cesse de gagner en intensité et en sincérité depuis qu’elle est rentrée. Alors qu’elle s’enfonce de plus en plus profondément sous cette eau tiède malgré l’heure avancée de la soirée, je fonce tête baissée. Et si… Les gens peuvent être sacrément instables après un traumatisme, ils peuvent sombrer à n’importe quel moment, sans même le voir venir. Je sprint à en perdre haleine, à ne plus pouvoir reprendre mon souffle en hurlant à m’en arracher les cordes vocales. « Céleste, attends, reviens ! » Elle ne m’entend pas, je crois qu’elle ne m’entend pas… Peut-être ne veut-elle pas m’entendre ? Mes idées s’embrouillent alors que je plonge dans l’eau pour la rejoindre plus rapidement – mes années dans l’équipe universitaire de natation jouant en ma faveur –. J’arrive bientôt à son niveau, suffisamment près pour pouvoir lui attraper le bras et la forcer à se retourner. « Stop, quoique tu sois sur le point de faire, tu dois penser à tes proches, à Morgan, tu m’entends ? » Je suis en panique, mon cœur tape jusque dans ma tempe, il me déconcentre.

Je continue de m’avancer dans l’eau et cette dernière entoure mes hanches puis mon ventre ainsi que ma poitrine. Je suis perdue dans me pensées mais je n’ai jamais souhaité mettre fin à ma vie...j’avance sans me poser de questions. Je ne l’entends pas m’appeler mais rapidement je sens quelque chose m’attraper le bras et je me laisse me retourner avant de grimacer. Sans le vouloir il m’avait fait mal et je passais ma main sur le bras où il m’avait attrapé. « Doucement..» Je relève le regard avant de comprendre qu’il connaît Morgan et j’essaie de mettre un prénom sur son visage mais je ne l’ai jamais vu..même pas en photo. « Penser à Morgan et à mes proches ? Je ne faisais rien de stupide, je marchais dans l’eau. » En réalité je n’avais pas fais attention au fait que je m’étais avancée vers les profondeurs. « Et à qui ais-je l’honneur ? » Je regardais mes mains alors que je sentais l'eau et je grimaçais lorsque je comprenais que j'avais pu lui faire peur mais je n'étais pas aussi triste pour faire ce genre de choses. Impossible pour moi mais ça il ne peut pas le savoir car il ne me connait pas...pas encore.

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La première chose que l’on nous apprend, en médecine, c’est à analyser les autres en permanence pour déceler les signes. Les symptômes ont leur importance, surtout lorsqu’ils sont mis en avant par les patients eux-mêmes, mais il faut être prêt en permanence à des cas de force majeur. Ce que l’on appelle cas de force majeur ? Ces instants où les victimes débarquent dans un état critique, lorsque les blessures ne sont pas uniquement externes et qu’il faut se servir de ses yeux, de son toucher… Faire appel à toutes les sensations dont on dispose pour récolter les informations nécessaires avant d’agir. Agir, encore et toujours, plus rapidement à chaque fois. Combien d’entre nous restent paralysés lorsque l’enfer semble s’abattre sur tes épaules de la sorte, quand tout te tombe sur le coin de la gueule d’un seul coup sans que tu aies pu reprendre ton souffle ? Il s’agit peut-être du test ultime, celui qui fait la différence entre les meilleurs urgentistes – qu’ils soient médecins, pompiers, ambulanciers ou que sais-je – et ceux qui, malheureusement, ne sont peut-être pas voués à faire carrière dans un tel domaine. Ce soir, loin de toutes les préoccupations médicales qui m’inondent le reste du temps, je suis rappelé à ma véritable nature, à mes réflexes lorsque j’aperçois Céleste au loin, s’enfoncer toute habillée, toujours plus profondément dans cette large étendue d’eau. Mon sang ne fait qu’un tour, je ne perds pas une seconde et m’élance à sa poursuite. S’il lui arrivait quelque chose, jamais je ne me le pardonnerais, jamais je ne parviendrais à regarder à nouveau Morgan dans les yeux. Je fonce, tête baissée, à la nage, trempé à mon tour. Ais-je déjà précisé à quel point cette sensation est désagréable ? Les vêtements trempés qui te collent à la peau, l’irritation qui ne tarde jamais à apparaitre après cela… Non, franchement, j’ai horreur de cela. Elle se retourne, perturbée. « Tu marchais simplement dans l’eau ? Mais… J’veux dire… C’est hyper dangereux à cette heure-là, toute seule, dans les courants… Habillée… Et puis… » Je bafouille, gêné et rassuré à la fois. « Efrain… Efrain Delarosa… J’suis un ami de Morgan ! » Je marque une pause pour me retourner, à la recherche d’éventuels regards indiscrets. Personne ne nous a remarqué, tant mieux. « On peut se rapprocher du bord, s’il te plait ? J’adore l’eau, la plage, tout ça… Mais j’ai abandonné mon téléphone au milieu du sable et j’voudrais pas me le faire voler ! »

Je ne le connais pas et je déteste qu’on m’attrape comme il l’a fait mais je préfère ne rien dire de plus à ce sujet car je n’ai vraiment pas envie de me prendre la tête. Il doit avoir une raison de l’avoir fait et il me tarde de l’entendre mais ma petite mauvaise humeur s’en va lorsqu’il me parle de Morgan. Visiblement il le connaît et il lui a parlé de moi...cela me flatte même si je ne comprends pas toute cette situation. Je le regarde tout en hochant la tête pour valider ses dires avant de lui répondre. « Je suis une fille mais je sais ma défendre, je fais du karaté. » Je n’avais pas compris qu’il parlait de la dangerosité de l’eau alors tout de suite je me faisais des films concernant des hommes qui pouvaient me vouloir du mal. Je n’en avais pas peur car j’avais appris à me défendre. « Disons que je marchais les pieds dans l’eau et sans pouvoir contrôler mon corps je me suis avancée vers l’horizon. » Je lui souriais afin qu’il comprenne que tout allait bien et que je n’étais pas suicidaire. « Efrain. Oh mais oui je sais très bien qui tu es, enfin il m’a parlé un peu de toi. » Je ne connaissais rien de sa vie sauf qu’il avait de la famille au Mexique, pour le reste Morgan était assez secret. Je le laisse regarder autour de lui avant de froncer les sourcils. « Si c’est seulement pour sauver ton portable alors allons sur la plage. » ajoutais-je avant de lui sourire et je commençais à faire marche arrière. « Merci. » Sans lui je ne savais pas jusqu’où je serai allée...

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Loin d’être rassuré, je me sens néanmoins beaucoup moins inquiet. La jeune femme ne semble pas avoir pour objectif d’en finir, pas ce soir en tout cas. J’analyse discrètement ses traits, ses réactions, la toise du regard à la recherche d’un signe. Les yeux sont toujours beaucoup plus bavards, ils en disent long et trahissent jusqu’à la plus infime de tes intentions. Rares sont ceux qui parviennent réellement à faire mentir leurs yeux. Je ne les envie pas, pour être honnête, la vérité est parfois libératrice, surtout lorsqu’elle est devinée. Certaines choses ne peuvent pas être dévoilées à travers les mots, ils n’ont pas la puissance nécessaire, ne sortent pas naturellement de ta bouche. Ce sont les autres qui parviennent à te libérer d’un tel poids en parvenant à te déchiffrer. C’est à cela qu’on reconnait les bons amis, les personnes dignes de confiance. Un rictus m’échappe alors que Céleste se targue de pouvoir se défendre toute seule, karaté oblige. « Je ne doute pas de tes capacités à casser des gueules, mais j’suis pas sûr que tes poings s’avèrent utiles contre les vagues ou les requins… » Parce que tout le monde sait qu’à la nuit tombée, les requins se regroupent pour chasser et se nourrir. Autant éviter de s’ajouter à leur menu, nous qui pourrions très bien être confondus avec des petits phoques. Je sais bien que nous ne sommes pas suffisamment éloignés pour que le danger soit réel, mais j’ai beaucoup trop regardé les dents de la mer pour ne pas me méfier malgré tout. « Bon, d’accord… J’suis rassuré alors. Tu m’as fait peur ! » Je me sens doublement ridicule de m’être élancé de la sorte à son secours alors qu’elle n’en avait clairement pas besoin. D’un autre côté, j’ai l’impression qu’il était temps que je la rencontre, d’une manière ou d’une autre. Mes lèvres s’étirent nerveusement lorsqu’elle me reconnait, Morgan lui a donc parlé de moi. « Ah oui ? Il a parlé de moi ? En bien j’espère ! » Ce serait difficile de dire du mal de moi alors que nous rentrons tout juste d’une dizaine de jours au Mexique… Quoique… C’est peut-être justement l’occasion, à vrai dire. Quoiqu’il en soit, je me surprends à encore m’inquiéter du regard qu’il pourrait porter sur ma personne. Parce qu’il est important pour moi, très important. « D’ailleurs, j’espère que tu n’avais pas ton téléphone sur toi… Si c’était le cas, RIP à lui ! » Elle est trempée jusqu’aux os, impossible qu’un téléphone ne survive à une telle quantité de flotte. Nous rejoignons le banc de sable où je parviens à récupérer mon portable. « Tu parles, je ne manquerais jamais une occasion de jouer le superhéros ! » Je pouffe à nouveau de rire, pas le moins du monde sérieux. « Tu n’as pas trop froid ? »

Je n’ai jamais voulu en finir avec la vie et jamais je ne penserai à ceci...j’ai failli perdre la seule personne à qui je pourrai donner ma vie, ma sœur. Je lui ai pardonné son geste après plusieurs semaines mais je n’ai pas oublié ce dernier et au fond je m’en veux de ne pas avoir vu qu’elle allait faire une connerie. J’avais déjà vu ses cicatrices, ses scarifications et malgré ce cris à l’aide je n’avais rien vu. Je détestais repenser à cette période, à ce début d’année 2019. Je fermais les yeux quelques secondes avant de les ouvrir à nouveau afin de regarder Efrain en souriant. « Les requins...j’avais presque oublié qu’il y en avait ici la nuit tombée. » Je grimaçais alors qu’il venait de me tirer d’une mauvaise situation et je le remerciais avant d’essayer de le rassurer sur mon comportement. « Désolée ce n’était pas mon but mais je pense que tu pourrai postuler pour Alerte à Malibu. » ajoutais-je avant de rire doucement. Il savait nager et visiblement il le faisait assez rapidement. Je ne me moquais pas de lui mais j’avais observé certaines choses et je ne faisais que les dires à voix haute. « Morgan est bien trop gentil pour dire des choses négatives sur quelqu’un surtout quand il tient à cette personne. » Je ne savais pas trop ce qu’il se passait entre les deux mais j’allais essayer de questionner Efrain afin de satisfaire ma curiosité. « J’avais besoin de me couper du téléphone ce soir alors il est resté sur mon lit. » Je pensais que ma vie serait plus simple en revenant du Texas mais c’était tout l’inverse, j’étais entrain de m’amouracher à un homme qui aimaient les femmes. Rien de bon en prévision. « Non ça va… et toi ? » lui demandais-je alors qu’il était allé dans l’eau à contre coeur, et je tournais mon visage avant de voir un feu de camp qui était entrain de mourir, il avait été abandonné. « Si on ramène quelques morceaux de bois on pourra se réchauffer autour de ce feu. Ça te tente ? »

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J’ai appris avec les années à me blinder pour prendre sur moi et ne pas porter le moindre jugement sur les gens et les décisions qu’ils prennent par faiblesse ou, au contraire, par force. Le suicide est un sujet sacrément casse-gueule, certains crieront à la facilité par le biais de l’abandon, ne feront que reprocher aux victimes de ne pas avoir su faire autre chose que baisser les bras. D’un autre côté, prendre la décision de se soustraire à sa propre vie demande une force non négligeable, rares sont ceux qui parviennent à aller jusqu’au bout de leur idée, parce qu’il en faut du tempérament pour s’enrouler une corde autour du cou et se laisser étouffer pendant de longues – très longues – minutes. J’imagine qu’il faut du courage en tout cas, je n’ai jamais été tenté par tout cela après tout. Je n’ai aucun mépris pour ces individus qui ne perçoivent la lumière au bout du tunnel qu’à travers un acte aussi extrême, voilà pourquoi je n’aurais pas le moins du monde jugé Céleste si sa volonté lorgnait véritablement du côté du suicide. Par chance, ce n’est pas le cas, j’en suis largement rassuré et j’enchaine sur les autres dangers liés à notre position actuelle : les requins en tête de liste. « Oh que oui, l’eau est suffisamment tempérée ici, faut se méfier ! Les attaques ne sont pas hyper nombreuses, parait que c’est même un phénomène isolé mais j’tiens pas spécialement à être l’exception qui confirme la règle ! » Ouais, non, je laisse ma place à celui qui a envie de se faire becter les miches par un requin affamé. « C’est noté, j’serais le prochain Mitch, celui qui fait fantasmer les téléspectateurs avec son petit short rouge tout moulant ! » N’est-ce pas la raison pour laquelle la série fut un succès, pour son casting plastiquement prestigieux ? Je crois que les gens s’intéressaient davantage aux formes d’une Pamela Anderson plutôt qu’à l’intrigue de la série. Je souris bêtement lorsqu’elle remarque que Morgan n’est jamais méchant, encore moins avec les personnes auxquelles il tient. Il doit tenir à moi alors, et j’en suis ravi. On se rapproche du bord et ma première pensée est à nouveau adressée à ma camarade, je ne voudrais pas qu’elle attrape un mauvais rhume à cause de la température. « Non, ça va, j’ai rarement froid ! » Un truc assez inexplicable, j’ai la peau constamment brûlante, on pourrait même imaginer que j’ai de la fièvre alors que pas du tout. « Bonne idée, je vais nous trouver du bois, je crois qu’il y en a là-bas ! » Je l’abandonne un court instant et revient les bras chargés de deux grosses buches de bois, de quoi raviver le feu pendant plusieurs heures. « Que penses-tu du Spring Break ? L’ambiance te plait ? »      

Morgan a parlé de moi à Efrain et je suis curieuse de savoir ce qu’il lui a dit mais je me doute qu’il s’est confié sur ses craintes concernant mon voyage. Il ne m’avait jamais dis qu’il était contre mais j’avais senti dans ses paroles qui n’était pas serein de savoir que je partais seule mais il m’avait fait confiance et c’était la plus belle preuve d’amitié. J’étais chanceuse et très reconnaissante de l’avoir dans ma vie mais surtout en tant que meilleur ami, il m’aidait à chaque fois que j’en avais besoin et ses bras m’étaient dans très grand réconfort. « Je t’avouerai que je n’ai pas lu les derniers articles sur les attaques de requins mais évitons de revenir avec des dents plantés dans la jambe. » souriais-je avant de lâcher un petit rire par la suite. Bien évidemment si on se faisait attaquer par un squale on se retrouverait sans jambes mais il avait compris l’idée enfin j’espérais. « Je suis persuadée qu’il t’irait à merveille ! » riais-je alors que je commençais à partir dans un délire mais heureusement pour moi il me suivait ce qui m’évitait de me sentir seule dans ce jeu.
Je pourrai parler durant des heures de mon meilleur ami mais j’allais prendre un peu de repos avant de remettre le sujet ‘Morgan’ sur la table. « Super ! On va pouvoir se réchauffer et profiter pour faire plus ample connaissance. » Je le laissais aller chercher le bois avant de lui sourire légèrement lorsqu’il revenait. « Tu sais je peux aussi porter du bois. » Je suis une femme de 18 ans, certes, mais je ne suis pas en sucre bien au contraire. « C’est la première fois que je participe au Spring Break et j’adore. Je n’arrête pas de vivre des premières avec toutes les activités que nous offre l’île. Je suis heureuse ici, et toi ? » lui demandais-je sincèrement avant de nous approcher du feu.

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« Évitons de tenter le diable, oui… J’suis pas sûr que notre chair soit à leur goût en plus, ils peuvent trouver mieux pour festoyer ! » J’ai cru lire dans un article l’autre jour que la chair des humains ne plaisait pas vraiment aux requins. Le problème, et c’est à l’image du reste de notre société, c’est que les denrées sont de plus en plus rares, que les océans sont vidés et qu’il ne reste plus rien à manger à ces animaux qui n’ont dès lors plus d’autres choix que de se rabattre sur ce qu’ils peuvent attaquer facilement. Nous sommes fautifs, mais personne ne sera surpris de l’apprendre. Quitte à choisir entre se faire bouffer les miches par un grand blanc ou me trouver une nouvelle vocation en la carrière de sauveteur, short rouge à l’appui, je préfère largement opter pour la deuxième option. Ainsi, peut-être que certaines personnes se mettront à fantasmer sur moi et mon corps musclé… C’est un truc qui fonctionne plutôt bien généralement, non ? Les gens deviennent complètement dingues dès lors qu’ils croisent une personne en uniforme. Les pompiers, les médecins, les flics… Ils font saliver les femmes – comme les hommes d’ailleurs – depuis la nuit des temps. « J’ai survécu aux horribles chemises hawaïennes qu’a voulu me faire enfiler Morgan, après cela plus rien ne peut moins bien m’aller ! » Je remarque en riant, parce qu’il ne m’a pas gâté lorsqu’il a dégainé les chemises fleuries pour la soirée hawaïenne à notre arrivée. Son sourire de gamin, la joie avec laquelle il se préparait à enfiler sa chemise ont achevé de me convaincre de le suivre dans son mauvais goût… Dans quoi ne le suivrais-je pas de toute manière ? Je dégaine les buches de bois pour nous réchauffer autour de ce feu de camp laissé à l’agonie. « Je ne doute pas une seule seconde de tes capacités à porter du bois… Mais ma mère me tuerait si je te laissais faire ! » J’ai été élevé en parfait gentleman, voyez-vous. A propos du Spring Break… « Ce n’est pas mon premier, j’ai pris l’habitude d’y venir chaque année pour relâcher la pression avant les derniers examens… Mais j’ai toujours le même plaisir à découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles cultures… C’est du kiffe ! »