Je n'en peux plus. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de m'arracher le coeur et ne plus rien ressentir. Je savais que t'étais ce genre d'homme imbu de lui même et odieux qu'on ne veut pas avoir dans sa vie mais je n'imaginais pas un tel niveau de méchanceté. On n'a rien en commun et pourtant on vient de la même chaire. A cet instant j'en veux à ma mère de m'avoir dévoilé cette vérité qui n'est en aucun cas bénéfique pour moi. Je voudrais revenir en arrière. Ne rien savoir de toi, encore moins t'avoir rencontré ce soir. T'as fait disjoncté mon cerveau et mon hypersensibilité a pris le dessus sur mon esprit. Genoux à terre dans ces toilettes, je voudrais que le sol s'effondre sous mon poids et que je disparaisse, encore plus quand ta voix résonne dans mon dos. Des frissons parcourt mon échine. Encore des mots qui ne servent qu'à me lamine de part en part. Je suis tellement fatiguée, sonnée que les larmes ne sortent pas. J'essaye d'inspirer tout l'air possible mais rien n'y fait. Je suis coupée. Je tremble de toute part. Tu dois bien te moquer de moi en me surplombant." Je... " Les mots ont du mal à sortir de ma bouche." Je n'y arrive pas. " Je ne sais pas pourquoi je te dis ça. Cette confession ne te fera ni chaud, ni froid. Tu vas me laisser là parce que je suis une idiote, une pauvre fille. Même si je te disais la vérité là, maintenant, je suis quasi certaine que tu ne m'accorderas pas la moindre importance et que au contraire ça empirera la situation. Tu me prendrais pour une menteuse. Ce n'est pas toi qui me sauvera, moi qui a pourtant longtemps rêvé d'avoir un grand frère super héros. Un homme qui me protègerait de ce monde cruel.

Quelle idée ai-je eu de m’enfermer avec toi dans la salle de bains. Sincèrement, j’aurai dû m’abstenir, mais non… Il a fallu que je fasse comme toujours et que je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Je soupire et m’approche de toi lorsque tu as dit que tu n’arrives pas à reprendre correctement ton souffle. Je ne peux tout simplement pas croire que je suis la raison, ou du moins une des raisons, qui te pousse à avoir autant de mal à respirer. Certes, j’essouffle beaucoup les femmes, mais ça c’est pour d’autres raisons, si vous voyez ce que je veux dire. Je n’ai pas du tout l’habitude de rendre les filles dans cet état lamentable, crois-moi sincèrement. « Tu vas tout de même pas pleurer, si ? » Je m’agenouille à tes côtés, et ce n’est pas l’envie qui manque de tirer sur la crinière de cheveux pour que tu me regardes droit dans les yeux, sauf que je m’abstiens pour cette fois. Je cherche simplement à comprendre pourquoi je te fais aussi peur. Prenant une voix un peu plus douce, même si c’est loin d’être amical, je parviens à te dire : « Non, mais c’est correct. T’as besoin d’air, j’vais y aller. Mais crie pas victoire trop vite parce que j’vais finir par trouver ce qui cloche avec toi. Pourquoi t’as si peur de moi. » Compte toi chanceuse, puisque j’aurais très bien pu t’asperger d’eau pour te faire réveiller. Il doit y avoir une part de gentillesse en moi aujourd’hui ! Je ne vais tout de même pas te prendre en pitié, on ne se connaît pas et on n’a rien en commun. Je me relève donc et quitte la salle de bains des femmes, te laissant seule face à tes problèmes.

Je savais que j'allais perdre les pédales lorsqu'un jour je me retrouverai face à toi, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit autant. Le dégoût et la déception a créé un immense court-circuit dans mon cerveau. Je sais qu'il existe toute sorte de vermines sur terre mais pourquoi faut-il que toi tu en sois un. Pourquoi je ne peux pas avoir un frère normal, respectueux et protecteur au lieu d'un homme qui traite les femmes comme des objets, des moins que rien. Je suis juste horrifiée, et le mot est faible. Jamais je ne trouverai le courage de te dévoiler mon identité. Je crois bien que tu me réduirais en pièce, que tu me traiterais de tout les noms. Tu es dénué d'amour. Je crois bien même que tu ne possèdes aucun coeur. T'es juste toxique. Mon cerveau est ailleurs. Je ne sais pas ce qu'il se passe. Je ne saurais dire si je pleure ou non. Je n'entends même plus ce que tu dis, beaucoup trop concentrée à essayer de t'effacer de ma mémoire. C'est la seule solution si je ne veux pas être blessée encore plus que je ne le suis. Mais tes derniers mots me ramènent à la réalité. Ils me glacent le dos. Vas tu m'épier, me faire du mal pour que je finisse par me confesser. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Je ne doit pas y songer si je ne veux pas partir encore plus à la dérive que je ne le suis. Notre histoire est loin d'être terminé je le sais. Mais comment va t-elle s'écrire, je n'en sais rien et je crois que je ne préfère pas savoir. Il me faudra une bonne heure pour trouver la force de me lever et quitter cette soirées, les yeux toujours emplis de larmes et le coeur à vif.