J'crois que j'aurais pu faire flic, genre super enquêter. Inspecteur Gadget, tout le tralala. Téléphone en main, j'ai réussi à avoir ta géolocalisation, je t'ai très vite trouvé. T'envoyer un message pour qu'on se voit ? Je ne pense pas que tu aurais accepté alors... Alors, je prends le taureau par les cornes, directement. Je m'en vais à l'adresse trouvée, t'es au sur le trottoir, au bord de la plage. Jolie vue, par ailleurs. Je m'approche, me poste tout juste à côté de toi. J'attends un petit peu avant de prendre la parole. T'en es à combien de mois ? Je sais que t'es enceinte. Je sais aussi que je eux tout faire casser en toi, comme dans le passé. J'y suis habitué, je t'ai ramassé à la petite cuillère, mais je peux le faire encore et encore. Tu es à moi, tu dois le comprendre.

Prendre l’air, t’en as grand besoin. Après cet attentat, après ce qui vous est arrivé, après avoir vu Magnus dans le coma et sans savoir s’il allait un jour se réveiller. Et, surtout, après avoir appris qu’il resterait paralysé. Combien de temps, ils savent pas les médecins. Pour toujours, peut-être. Ca t’a foutu un coup, t’as mal au cœur mais t’essayes de rester forte. Ce faux sourire à tes lèvres, t’as eu besoin de faire un tour, seule. De remettre tes idées en place, d’autant plus après ces messages de ton frère. Postée face à la rivière, les yeux dans le vague, tu ne fais rien d’autre que respirer. T’es paumée dans tes pensées, à tel point que tu remarques même pas le corps qui se tient à côté du tien. Sa prise de parole t’arrache d’ailleurs un sursaut tandis que ta tête se tourne finalement vers lui. « Qu’est-ce que ça change ? » Deux mois. Ca fait deux mois et t’as pas envie qu’Alec fasse encore des siennes.

Je ne sais pas trop ce qu'il est advenu de Magnus, je n'ai pas trop envie de savoir et ce que je sais aujourd'hui est déjà suffisant. Il m'a volé ma jumelle, mon âme sœur, il lui a fait quitté Harvard et l'a mise enceinte. C'est tout ce dont j'ai besoin de savoir pour le moment. Je me positionnes à tes côtés après avoir réussi à te retrouver, à croire que tu cherches à m'éviter. Tu ne me vois pas dans l'immédiat, c'est ma voix qui te fait un peu émerger de tes songeries. T'es malpolie, pas ravie de me voir. Tu peux être plus heureuse en me voyant, non ? Rétorques-je, acerbe. Triste de ce qu'est devenu notre relation. Rien, je veux juste savoir. C'est important. J'ai besoin de savoir s'il est trop tard ou non, j'espère encore être arrivé à temps pour arrêter cette mascarade, ce cauchemar éveilllé.

Tu roules des yeux. Est-ce que vous êtes réellement censés faire semblant ? Comme s’il cherchait à rattraper le temps perdu. Tu vois clair dans son jeu, t’as fini par le connaître. T’as fini par comprendre son bonheur quand t’as perdu ton premier enfant, cette lueur dans son regard, ce sourire sur ses lèvres. A croire que pour lui, t’arracher ta chair était quelque chose de jouissif. Te voir au plus bas, morte intérieurement. « Pas en sachant pourquoi t’es là, non. » que tu réponds froidement en détournant le regard pour le reposer sur le paysage qui vous fait face. Il insiste, en plus. Il veut savoir depuis combien de temps. « Deux mois. Tu me l’enlèveras pas, Alec. » reprends-tu, la mâchoire serrée. Tu survivrais pas, cette fois. Tu pourrais pas.

Bien sûr, je veux retrouver ce sourire que t'as toujours eu quand tu me voyais sauf que là, je le ressens bien la haine que tu éprouves pour moi. Qu'est-ce-que je peux te dire de plus hein ? Oh, tu sais pourquoi je suis là ? Vas-y, éclaire moi. Je ne t'ai encore rien dit, rien avoué. Je réfléchis encore à la manière pour te récupérer, j'ai plusieurs solutions en tête. Je cherche juste la meilleure. Hm. Pourquoi tu me dis ça ? Tu ne me connais pas encore alors, tu sais que je ne veux que ton bonheur. Ton bonheur oui mais seulement avec moi, comme ça l'a toujours été. You and me against the world. Ca a toujours été ça. Je te le répèterai encore et encore s'il faut pour que tu comprennes que je n'abandonnerai pas.

Alec t’a retrouvée, très bien. T’étais venue ici pour te vider l’esprit, une paix intérieure probablement, pour te rafraîchir les idées et aller de l’avant. Parce que savoir que Magnus risque de rester comme ça, paralysé, à vie, ça t’a mis une claque. Tu t’estimes encore chanceuse de ne pas avoir fait de fausse couche suite aux derniers évènements, tu l’aurais pas supporté de toute façon et Dieu seul sait où t’en serais aujourd’hui. « T’es là parce que t’acceptes pas. T’acceptes pas qu’un autre puisse faire partie de ma vie et tu veux que je lâche tout ça, tout ce que j’ai construit. » lui réponds-tu franchement. Ca sert à rien de passer par quatre chemins, vous en êtes plus là, vous l’avez jamais été d’ailleurs. La franchise était de mise entre vous. Alors, ouais, tu t’en veux de lui avoir caché ta relation avec Magnus mais tu voulais pas perdre ton frère pour ça, alors t’as dû faire des choix. « Tu sais très bien pourquoi je te dis ça. » Il fait comme si de rien n’était mais bien sûr qu’il sait. Bien sûr qu’il sait que t’as fini par voir clair dans son petit manège. Mais cet enfant, tu refuses de le perdre. « Ca l’était, oui. Jusqu’à ce que tu me foutes dehors Alec. » C’est un peu de ta faute, mais quand bien même ça l’est, tu l’as toujours en travers de la gorge.

Non, je peux pas accepter, c'est vrai. Depuis le début, t'as toujours été à moi et avec moi. Ça n'avait jamais changé jusqu'à ce que tu commences à fréquenter celui qui était censé être mon meilleur ami... Et, je ne l'ai pas encore croisé, tant mieux pour lui, il ne paye rien pour attendre, à coup sûr. Tu sais ce dont je suis capable, je suis loin d'être un enfant de cœur, c'est vrai. C'était ensemble qu'on devait construire ça... Alors c'est que tu ne m'as jamais aimé. Aimer comme moi je t'aime et malgré le mal que tu m'aies fait, je t'aime encore aujourd'hui, de ça tu peux pas en douter. J'espère que tu n'en doutes pas. Non, je ne vois pas. Feins-je, mais je sais. Je sais très bien, mais je préfère ne pas le croire, c'est tout. Inverse les rôles, tu l'aurais fait aussi. A coup sûr, ne me mens pas sur ça, surtout pas .

Tu soupires. Tu soupires parce que ça te fatigue déjà, cette discussion. Qu’il remette en question ce que tu peux ressentir pour lui, la place qu’il a pu occuper dans ta vie jusqu’à cette coupure, ça t’exaspère. « Arrête de remettre en doute le fait que je t’aime. Tu me saoules, Alec. » Tu secoues la tête en soupirant, est-ce que vous êtes vraiment obligés de faire ça ? T’as trop de rancœur pour lui et t’en arrives à avoir peur de ton propre frère. « Je sais très bien que tu vois de quoi je veux parler, me prends pas pour une conne. » reprends-tu. T’as les nerfs à vif depuis quelques semaines et t’aimerais autant ne pas sortir de tes gonds face à ton jumeau, ce serait dommage. Vraiment. Quand il te dit que t’aurais fait pareil à sa place, tu ris jaune. Quelle belle blague. « Non. J’aurais préféré te voir avec une autre plutôt que de te perdre. J’avais besoin de toi en priorité Alec, je voulais que tu sois là. Mais visiblement ça pourra jamais être le cas. » En fait, ça te saoule de devoir te justifier. Il te connaît parfaitement et il devrait savoir que t’aurais mis son bonheur avant le tien systématiquement.

Je ne peux pas te faire confiance. Tu m'as trahi, tu m'as laissé. Depuis ce jour où je t'ai vu avec lui, je me dis même que tu m'as menti. Devant moi. Oh, tu ne peux pas nier ce fait là. T'as été la première à trahir l'autre, tu le sais bien ça. Alors, s'il te plaît, ne te fais pas passer pour la sainte dans toute cette histoire, c'est toi qui a tout gâché, c'est tout. Non, j'vois pas. Encore et toujours nier, ça en fera douter plus la personne. Je ne vois pas pourquoi j'assumerai des choses de ce genre, tu n'as pas les preuves, rien du tout. Je me mets à rire alors que tu essayes de me faire culpabiliser, me faire croire que t'aurais préféré me voir heureux et ne pas me perdre. Te fous pas de ma gueule, putain. T'as toujours été jalouse de celles que j'ai cotoyé ! Non ? Je mens, peut-être.

Tu le laisses piailler dans tes oreilles, sortir tout un tas de conneries. Ouais, tu lui as caché ta relation avec Magnus mais quand tu vois ce que ça a fait, ça aurait rien changé de le lui dire plus tôt. « Ca va, t’as vidé ton sac ? Me fais pas croire que ça aurait changé quoi que ce soit si je te l’avais dit tout de suite. » Toi non plus, me prends pas pour une conne. On se connaît, on sait ce qu’est notre histoire. Alors me fais pas croire que c’est le temps qui a tout fait éclater. C’est toi et moi, c’est tout. On pouvait pas être ensemble. Et il continue de nier, qu’il le fasse. Tu sais ce qu’il a ressenti alors t’ignores. T’ignores tout simplement le fait qu’il se joue de toi encore une fois. Mais lorsque tu lui dis que t’aurais préféré le voir avec une autre que de le perdre, il éclate de rire. Tu te retournes vers lui, la mâchoire serrée, les traits durs. « Ouais, j’ai pas envie de te voir avec une autre. Et puis ? Qu’est-ce que ça change ? Je préfère encore te voir avec une autre plutôt que de te perdre à tout jamais. » T’hausses le ton, des gens autour se retournent. T’as envie de les envoyer chier, de leur gueuler dessus, de leur balancer ton sac à la gueule. « Et maintenant, ça va changer quoi hein, dis-moi ? Tu me fais tout ce cirque pour quoi ? Pour que je le quitte ? Ce sera pas le cas, je te le redis et je te le redirai encore jusqu’à ce que ça rentre dans ta tête Alec. Tu te rends même pas compte que tout ça, c’est grâce à toi. Si tu m’avais pas foutue à la porte, je serais probablement même pas enceinte. Tu peux t’en prendre qu’à toi-même maintenant. »