« Tu ne devrais pas changer pour ceux qui te le demandent. La seule personne pour laquelle tu peux décider de changer, c'est pour toi-même. » Et c'était bien pour cette raison que je ne souhaitais pas changer. J'étais très bien comme j'étais. Bien sûr, il y avait toujours des "ajustements" à faire en cours de route, mais sur le fond, ma timidité et cetera, je n'avais aucune envie de la voir disparaitre. C'était l’essence même de la personne que j'étais aux yeux de tous, la raison de pourquoi certaines personnes me parlaient ou m'appréciaient. Pour ce qui étaient des avances de Bleach. Là aussi, c'était une histoire compliquée. Dieu sait que j'avais envie d'y répondre. J'étais célibataire, j'avais déjà eu une relation. Je me sentais capable de tenter des choses physiquement parlant, sans que cela ne devienne plus que ça. Ouais, je crois, maintenant que mes sentiments pour Philip étaient bel et bien réels et établis, que j'étais capable de dissocier le physique du mental. Seulement. Il y avait toujours une part de moi qui refusait, allant même jusqu'au blocage, d'aller plus loin. Aussi belle et attirante pouvait être Bleach, ce n'était pas elle que j'avais envie de retrouver à cet instant. Et malgré le stop que je venais de lui mettre, ça ne m'empêchait pas, dans toute ma contradiction, de lever mes fesses pour venir les poser à ses côtés, sur son lit. « Le cœur et la raison sont souvent bien en contradiction. A tel point que parfois c'est mieux d'ignorer les deux. » J'eus un petit mouvement d'épaules. Je ne savais pas quoi penser de cette phrase. Elle m'embrouillait l'esprit. Les mots de Maxine venaient faire écho à tout cela : ne te prends pas la tête Marla. À la seconde où la main de la jeune femme se pose sur ma joue, la totalité de mon corps se fige au point d'en oublier de respirer. Son pouce, à lui seul, éveille tous mes sens. Ma bouche s’entrouvre quand ce dernière rencontre ma lèvre. Bleach est ensorcelante. « Repousse moi si t'en as pas envie. » Qu'elle commence en s'approchant doucement. « ... évite juste l'épaule gauche, de préférence. » Qu'elle termine en chuchotant, ses lèvres effleurant les miennes. Putain. C'était fini pour moi. Comment je pourrais la repousser ? Je vous le redis : Bleach est ensorcelante. « J'ose pour toi. » Et voilà qu'elle s'échappe la fourbe. Tout ça, ce n'est pas du jeu. Mes yeux s'ouvrent à nouveau pour croiser son sourire. Ni une, ni deux, j'avance vers elle et mes lèvres viennent s'écraser sur les siennes pour l'embrasser. J'avais le cœur battant, l'envie et le stress qui menaient une grande bataille. Ma main vient se poser sur sa nuque pour ne pas qu'elle m'échappe, pour continuer ce baiser. J'essayais de fermer mon esprit, juste le temps de voir ce que ça fait et après, j'irais culpabiliser ailleurs.

J'ai jamais connu ça, les blocages par amour. Marla, elle l'a déjà clairement sous entendu, qu'elle sortait d'une relation douloureuse. Et quoi d'autre pour interférer avec la suite ? Qui que ce soit qui lui ai brisé le cœur, il continuait de la hanter, clairement. Et j'étais pas là pour lui forcer la main, pas là pour la séduire et la briser un peu plus. J'ferai rien qui aille à contre sens pour elle... Du moins, rien de trop important. Parce que je sens que si je fais pas un seul pas dans sa direction, la rouquine, elle restera coincée pendant longtemps. J'ai rien à perdre, de mon côté, et si je peux participer, même un peu, pour qu'elle se lâche un peu plus... Ainsi soit-il ? Silencieuse, j'approche, et du bout des doigts, je tâte le terrain. Marla, elle bouge pas, elle dit rien. Elle recule pas non plus. Un geste, et j'arrêtais tout. Dis moi non, Marla. Sauf qu'y a rien qui me dit non, comme je m'y attendais. Au contraire, dans ses yeux déjà, j'le lis ce grand oui qu'elle arrive pas à assumer. Alors je fonce, tête baissée. Je tente, j'effleure ses lèvres, mon regard décroche pas du sien, pas une seule seconde. Et maintenant ? Y a deux options, dans ma tête. La première, elle se lève et s'en va sans un mot, probablement rouge comme une écrevisse, et peut-être énervée contre moi, accessoirement. La seconde... la seconde, elle craque en retour, comme elle le fait à l'instant. Mon sourire se fige, se perd contre sa bouche qui s'écrase contre la mienne, me coupant le souffle. Puis le sourire revient, malgré moi. Victoire. Sa main qui s'agrippe à ma nuque, la mienne qui s'enroule autour de sa taille pour la rapprocher, rien qu'un peu. Abandonne toi un peu, Marla. Faut juste que tu saches ce que ça fait, pour mieux y repenser plus tard quand les remords partiront. Je recule, le souffle court, proche du sien. « Je te prendrai rien de plus. » T'es pas là pour ça. Je vole un dernier baiser, furtif, puis un autre, à l'angle de sa mâchoire. Je profite juste des dernières secondes de sursis, avant qu'elle retrouve ses esprits. Puis je retombe sur les oreillers, pinçant mes lèvres où j'ai encore l'impression de sentir le goût des siennes. « Et rappelle toi que tu dois rien à personne, sinon à toi même, Marla. » Sois égoïste, un peu. Si les autres n'hésitent pas à penser à eux avant de penser à toi, y a aucune raison que tu fasses pas de même. Puis j'attends, simplement. Me doutant que ma première option... risque de succéder à la seconde, finalement.

Bleach était persévérante. Bien que la première méthode pour m'attirer jusqu'à elle n'avait pas fonctionné, elle n'avait pas baissé les bras pour autant. Dès l'instant où j'avais posé mes fesses à côté des siennes, elle en profitait pour m'attirer à nouveau dans ses filets. Est-ce que ça fonctionnait ? Oui. À la seconde où elle avait commencé à caresser ma peau, je ne répondais plus de rien. J'étais absorbée par son regard magnifique, par son souffle chaud qui venait me chatouiller, par son parfum que je pouvais désormais sentir à plein nez. Elle faisait partie de ces filles qui dégageait un aura et un charme fou. Si bien que la petite personne chétive que j'étais avait l'impression d'être une simple mortelle devant une déesse. En d'autre terme, je n'avais pas tant l'impression d'être à ma place dans ses bras et je me rappelais avoir ressentir cela au début de ma relation avec Philip, ne comprenant pas vraiment où étaient mes atouts pour attirer la divine Bleach. Quand elle commença à s'échapper, je laissais donc place à la spontanéité pour rattraper ses lèvres et l'embrasser une bonne fois pour toute. J'en avais envie, elle aussi. Peut-être qu'on se sentira mieux quand cette barrière sera tombée ? Je me cherche des excuses peut-être ? Oui. Toujours est-il que je prenais plaisir à faire ce que j'étais en train de faire et que je faisais durer le moment jusqu'à ce que la demoiselle recule pour me laisser seule avec mes grandes interrogations. Qu'est-ce que tu as fait Marla ? Peu à peu, l'envie laissait totalement place à l'angoisse et j'avais bien du mal à assumer ce qu'il venait d'arriver. J'avais embrassé quelqu'un et ce n'était pas lui et cette pensée, elle me tordait l'estomac de la pire des façons. « Je te prendrai rien de plus. » Alors on est quitte ? Je déglutis et je me redresse, une moue tendue sur le visage. La blonde, elle était sur son nuage elle. Rien de ce qui venait d'arriver n'avait soulagé quoi que ce soit. Rien. « Et rappelle toi que tu dois rien à personne, sinon à toi même, Marla. » C'était certainement la pire chose qu'elle pouvait me dire. Je me levais et j'attrapais mes affaires dans la panique. Je ne savais même pas quoi lui dire la pauvre. J'étais... Je ne sais pas. En tout cas, la dernière fois que je m'étais retrouvée avec moi-même, que j'avais été égoïste et que j'avais décidé de ne plus écouter les autres, j'avais sauté d'un pont dans l'espoir de mettre fin à ma vie. Et là, à cet instant, j'avais l'impression que dès que je prenais les choses en main, c'était pour faire des erreurs. « Je.. » Parce que j'allais quand même devoir articuler quelques mots. « Je suis désolée ».

Et le voilà. Ce regard paniqué, ce regard coupable qu'elle me lance, comme si elle venait de commettre l'erreur de sa vie. A trop se frotter aux flammes, la rouquine se serait-elle brûlé ? Seulement parce qu'elle en a l'impression. Moi, je ne vois pas où est le mal, mais je suppose que je ne suis pas dans sa tête après tout. Alors je reste passive, tandis que Marla, elle se redresse brusquement, m'arrachant un mouvement automatique qui m'arrache une brève grimace. Aie, ça tire. Je retombe sur les oreillers, à regarder la jeune femme qui ramasse ses affaires, comme si elle s'apprêtait à sauter par la fenêtre. Et j'avais raison, option un, nous voilà. Elle balbutie, et moi, je secoue la tête, automatiquement. Gauche, droite. « T'as aucune raison de t'excuser. » Auprès de moi, auprès des autres. On devrait jamais s'en vouloir pour s'accorder un minimum de plaisir. Et j'étais sincère, j'espère qu'elle peut le voir dans mon sourire bienveillant. J'suis pas là pour la narguer, pour m'estimer satisfaite de l'avoir embrassé. « Je suppose que tu veux y aller. » Je pince les lèvres, mon regard dévie sur la porte. Je hausse les épaules, et m'étire. « De toutes façons, j'ai besoin d'une sieste, la pizza m'a calé. » Est-ce que je suis fatiguée ? Pas du tout. Mais avec un peu de chance, elle culpabilisera moins une fois la porte franchie. Je remonte les draps sur moi, et reporte mon regard sur Marla, ses joues rougies, ses grands yeux bleus confus. « Je l'ai aimé, ce baiser. » Dis-je plus doucement, avant qu'elle ne s'en aille. J'l'ai aimé, et j'ai pas de regrets. « J'espère juste que tu comprendras que ton passé devrait pas t'empêcher d'admettre que toi aussi, tu l'as aimé.. » Parce que je le sais. Parce que le langage corporel mens pas. Tes yeux non plus, d'ailleurs, Marla.

Je passais de la personne qui prenait un plaisir fou dans ce qu'elle était en train de faire, à celle qui était en train de culpabiliser au point de courir se cacher dans le premier trou à rat qu'elle trouve. C'était un bordel monstre dans ma tête. Je me sentais au plus mal. Je. Je ne pouvais pas dire que je n'assumais pas ce que j'avais fait. Au contraire. Je ne pouvais pas dire que je le regrettais. Non, je ne regrettais pas. C'est juste que j'avais l'impression de tromper quelqu'un, de mentir à quelqu'un. Ou même, d'agir dans une pulsion qui dans le fond, ne me ressemble pas tellement. Écouter mes envies comme si j'étais une collégienne ? non. Ce n'était pas une bonne idée. Dans la panique, je la laisse maladroitement sur son lit, me dirigeant vers mes affaires pour les rassembler et m'apprêter à fuir la situation au plus vite. « T'as aucune raison de t'excuser. » Si, quand même. Je la laissais en plan là, alors que moi-même, je lui avais dit que je voulais l'embrasser. « Je suppose que tu veux y aller. » - « Oui » Même si je ne bouge pas d'un pouce. « De toutes façons, j'ai besoin d'une sieste, la pizza m'a calé. » Je sais bien qu'elle dit ça au vue de la situation. Mes joues rougissent et c'est à peine si j'ose la regarder. « Je l'ai aimé, ce baiser. J'espère juste que tu comprendras que ton passé devrait pas t'empêcher d'admettre que toi aussi, tu l'as aimé.. » Je tournais enfin le regard dans sa direction, serrant poings et mâchoire. « Repose-toi bien Bleach ». Bien sûr que j'ai aimé. Elle le sait. Mais là... Ce n'est pas possible. Je n'attendais pas plus longtemps et je passais la porte pour partir et rentrer chez moi tout en me torturant l'esprit.

FIN DU RP
(sauf si tu veux clôturer ?)