Moi ? Stressée ? Vraiment ? Vous pensez ? Je crois bien que le mot était faible. Faire autant de révélation par sms en aussi peu de temps, c'était un record pour moi. En fait, c'était toujours très simple par sms et quand j'arrivais devant la personne par la suite, je m'écrasais totalement. Ma timidité était envahissante, d'autant plus en face à face. Je n'étais pas du genre à me démonter, loin de là, mais il me fallait un temps d’acclimatation, d'adaptation. Revoir Bleach, j'en avais vraiment envie. Notre rencontre, notre premier rendez-vous m'avait clairement marqué et malgré le fait que je n'avais aucune expérience avec les femmes, le fait d'être avec elle m'avait réconforté quant à ce que j'étais capable de ressentir pour une personne, peu importe son sexe. Depuis ce moment partagé à l'aquarium de la ville, j'avais eu très envie de la revoir. Malheureusement, les attentats avaient mis nos vies en stand-by pour quelques temps, bloquant Bleach dans un lit d'hôpital et me laissant seule avec mes pensées. J'allais la rejoindre et lui faire plaisir en apportant de la nourriture. Des chocolats et.. une pizza. J'avais passé des longues minutes à réfléchir pour finalement prendre quelque chose de simple et classique. Je ne savais même pas si elle allait aimer et quels étaient ses goûts. Au moins, elle pourra toujours manger les chocolats qui eux-même étaient d'une simplicité. Bref, je ne me mouillais pas trop en prenant le minimum de risque, le but étant de la soulager un peu dans sa peine le temps de quelques heures. Sur le chemin, mon coeur et mes pensées étaient tiraillés, repensant à la conversation que j'avais eu plus tôt, par sms, avec Maxine. Tout ce qui se passait était très compliqué, mais le but était aussi de lâcher prise et c'est pour cette raison que j'arrivais d'un pas déterminé jusqu'à la chambre de ma belle. « J’apporte de quoi survivre » que j'annonçais d'une voix timide en entrant dans la chambre.

@Bleach Hansen

C'est interminable, insupportable. Quatre jours s'étaient écoulés depuis mon réveil. Sept depuis mon opération. Et je sais pas pour combien de temps encore j'allais rester coincée dans cet hôpital. Ca pue la mort, la nourriture est immonde, et en quatre jours, j'ai toujours pas le droit de me promener dans l'hôpital. Au moins, je pouvais bouger de plus en plus. Mon épaule me tirait moins. Mon abdomen c'était une autre paire de manche, mais tant que je ne me tortillais pas dans tous les sens... je pouvais presque oublier que j'y avais pris une balle. Une putain de balle. Les souvenirs de l'attentat sont encore là. Freya ne donne pas de nouvelles, Hardin squatte la plupart de son temps par ici, quand il se rend suffisamment insupportable pour qu'on l'amène jusqu'à moi. Mais là, c'était Marla que j'attendais. Marla et ses jolies mèches rousses, ses joues rosies, ses aveux intimidés. Je relisais sagement notre discussion sur mon téléphone, légèrement redressée sur mon lit. De ce que j'ai compris, elle sort d'une relation compliquée, tente d'avancer, sans pour autant réussir. J'ai jamais vraiment connu ça, mais si y a bien un rayon dans lequel j'excelle, c'est le lâcher prise. Et je le lui ai fait comprendre, sans vraiment y passer par quatre chemins. Le souci, c'est que dans une configuration où je suis pas coincée dans un lit d'hôpital, je lui aurai déjà dit de se pointer chez moi. Là, tout ce que je pouvais faire, c'était lui dire d'attendre... ou de venir ici. Ce qu'elle fait. Bon, pour m'amener de quoi manger sans m'étouffer, mais je suis sincèrement intriguée sur la tournure que les choses vont prendre. Si elle va être aussi timide que la première fois qu'on s'est vues, toutes les deux, dans cet aquarium. Puis finalement, un bruit de porte, une tête rousse, une voix timide. Je tourne la tête vers Marla, pour lui faire un sourire ravi... qui s'agrandit d'avantage en voyant une « PIZZA. » pourquoi j'y ai pas pensé tout à l'heure quand elle m'a demandé ce que je voulais ? Je me redresse un peu plus pour mieux m'asseoir dans le lit, reposant mon téléphone sur le meuble à côté. « Tu sais que tu sauves une vie là ? » Genre là, j'allais mourir à petit feu dans cet hosto sans elle. Faut que je pense à faire de Zayn mon esclave et que je lui demande de me ramener de la pizza tous les jours. Désignant le fauteuil juste à côté de moi, je la laisse s'approcher et s'installer, sans la quitter du regard. « Désolé pour le manque de glamour de cette deuxième rencontre. » dis-je en fronçant le nez, non sans humour.

« PIZZA. » C'était un véritable cri du cœur dont j'avais le droit. Malgré ma timidité en entrant dans la chambre et malgré mon trouble en la voyant dans sa tenue d'hôpital et dans ce lit, je ne pouvais m'empêcher de me détendre dans la seconde suivante. C'était l'effet que Bleach avait sur moi apparemment, avec sa simplicité, elle arrivait à faire disparaitre ma nervosité. J'arrivais donc avec une pizza des plus classiques ainsi qu'une boîte de chocolats. Je savais à quel point le temps pouvait être très long à l'hôpital et je savais aussi à quel point la nourriture y était dégueulasse. J'aurais aimé que l'on m'apporte ce genre de petite chose quand je m'y trouvais. Vous savez, j'étais du genre à donner beaucoup plus que je n'avais en retour. « Tu sais que tu sauves une vie là ? » Je pouffais de rire en rougissant un peu, ouvrant le carton pour laisser échapper l'odeur dans la chambre. Ça allait lui remonter le moral, j'en étais certaine. « C'est mon surnom : la sauveuse » Au moins, elle avait l'air assez en forme pour se redresser un peu dans son lit, se tenir assise. Ça semblait être un bon début. J'allais sur le fauteuil qu'elle m'indiquait, le rapprochant un peu d'elle pour qu'on puisse partager la pizza sans grande difficulté. « Désolé pour le manque de glamour de cette deuxième rencontre. » J'haussais les épaules. « Je crois que j'ai instauré le rituel dès notre première rencontre... » J'avais tellement mal dans les côtes à ce moment là, que ça avait été un miracle que je puisse la suivre le long des aquarium. Je lui tendais la pizza pour qu'elle prenne une part et je me servais juste après elle. « Tu sais combien de temps tu vas rester ici au juste ? » Est-ce qu'elle allait se rétablir vite ou bien, est-ce qu'elle allait avoir des longs mois de rééducation ?

Est-ce qu'elle a la moindre idée de combien la moindre petite chose peut être incroyable, de mon point de vue ? Je déteste les hôpitaux (ironie du sort quand ta mère dirige le plus grand centre hospitalier de New York) et tout ce qui s'y rapporte : la bouffe, l'odeur, les gens, la blouse que j'ai sur le dos. Mais là, elle vient littéralement d'illuminer ma journée, certes en se ramenant jusque ici, mais surtout avec la pizza. Vous savez pas ce que ça peut être de manger dans un hôpital pendant une semaine quand t'es une habituée d'uber eats et des restaurants. J'ai bien tenté de demander un verre de vin avec mon plat la dernière fois, mais bizarrement, ils étaient pas trop chauds. J'esquisse un sourire à la réponse de Marla, tandis qu'elle s'approche pour venir s'installer sur le siège, rapproché de moi. « A croire qu'il faut qu'une de nous deux soit cassée à chaque fois. » Si on était trop en forme, ça ferait des étincelles, voyez vous. J'attrape une part de pizza que j'enfourne directement dans ma bouche, et réprime difficilement un orgasme gustatif au goût du fromage fondu. « Bon sang c'est trop bon. » Est-ce qu'Uber Eats livre à l'hôpital ? Non, mauvaise idée, je peux plus faire mon sport quotidien dans cet état là. Marla m'interroge, et je fronce le nez, avalant ma part de pizza en un rien de temps. « Une semaine minimum, peut-être même deux. Après je pourrai rentrer chez moi mais toujours pas aller en cours... j'aurai des soins infirmiers pour les pansements. » Bref, en gros je vis littéralement sur pause depuis que je me suis pris ces balles dans l'abdomen et dans l'épaule. On adore. Je tends la main pour reprendre une part de pizza, et lui faire subir le même sort qu'à la première. « Mon meilleur ami est aussi ici, alors au moins je suis pas seule. Mon frère aussi mais.. il s'est pas encore réveillé. » Je soupire, songeant à Duncan dont l'état n'avait toujours pas progressé. Puis je secoue la tête, adressant un sourire à Marla pour détendre l'atmosphère. « J'aurai du faire semblant d'être blessée aux bras, j'aurai pu négocier pour que tu me nourrisses. » Bon, j'sais pas trop comment j'aurai expliqué pour les sms, mais on a le droit de rêver.

« A croire qu'il faut qu'une de nous deux soit cassée à chaque fois. » - « Ouais » Un petit ouais à peine chuchoté dans un petit rire. Ça me m'amenait à réfléchir tout ça. Surtout, ça me faisait repenser à mon état, il y a quelques semaines de cela, un état qui avait été provoqué, voulu. Quand je la voyais à l'instant, je me sentais mal vis à vis d'elle. « Compte pas sur moi pour être encore cassée » que je lâche finalement sur le ton de la plaisanterie histoire de reprendre un peu de contenance. Aucune envie de repasser du temps à l'hôpital. Mes pensées déprimantes s'effacent complètement quand je regarde Bleach manger sa part de pizza et manifester un plaisir certain à la dégustation de celle-ci. Je riais avant de faire de même - sans l'orgasme. « Bon sang c'est trop bon. » - « Je suis d'accords.. C'est une excellente idée que j'ai eu là ». Note l'effort Bleach, je me lance des fleurs, si ça c'est pas de la confiance en soit, j'vois pas ce que je pourrais faire d'autre. On mangeait tranquillement, ça faisait du bien d'être ici, en sa présence et de se remplir l'estomac. Je n'étais pas vraiment gênée à l'idée d'avoir envoyé des sms aussi... intime, même si du coup, le fait d'y repenser me faisait rougir. Est-ce que c'était un coup du sort d'avoir... envie d'elle et d'être complètement coincée dans la situation. Est-ce que c'était une punition divine suite à ma tentative de suicide ? Je ne savais même pas combien de temps elle allait rester ici et c'était frustrant. « Une semaine minimum, peut-être même deux. Après je pourrai rentrer chez moi mais toujours pas aller en cours... j'aurai des soins infirmiers pour les pansements. » Je hochais la tête, un fin sourire triste aux lèvres. « Le plus important, c'est que tu sois en vie et en pas si mauvais état » Parce qu'elle semblait quand même en forme la demoiselle et elle aurait pu avoir bien pire. « Mon meilleur ami est aussi ici, alors au moins je suis pas seule. Mon frère aussi mais.. il s'est pas encore réveillé. » - « J'espère pour toi qu'il se réveillera vite.. » Il y avait tellement de personnes dans le coma, de blessés. N'ayant rien physiquement, j'oubliais que j'avais été présente. Je me mettais naturellement au second plan pour aider les autres. Comme toujours. Le sourire de Bleach illumine la pièce et me fait oublier tout le reste, encore une fois. « J'aurai du faire semblant d'être blessée aux bras, j'aurai pu négocier pour que tu me nourrisses. » Mes sourcils se soulèvent sous l'effet de la surprise. Mes joues deviennent d'un rouge vif et je me mets à rire pour cacher ma nervosité. « C'est.. C'est une.. drôle d'invitation » Oublies pas de respirer Marla, déjà que tu commences à bégayer, ça craint. Le pire, c'est que je ne bougeais pas d'un pouce, n'ayant même pas l'assurance de venir me poser sur son lit pour m'approcher. Si Bleach a un message à faire passer, elle allait devoir être plus clair.

J'ai jamais demandé à Marla le pourquoi du comment de son état, la première fois qu'on s'est vues, qu'on s'est parlé. Peut-être parce que j'ai senti que c'était le genre de sujet à contourner, pour moi comme pour elle. Parce que j'le sens encore, dans sa réponse à ma remarque, dans son observation comme quoi elle ne comptait pas à nouveau être cassée. « C'est une décision plutôt bonne, je dirais. » Dis-je en haussant une épaule avec un rire léger, avant de pratiquement me jeter sur la pizza qu'elle a miraculeusement réussi à transporter jusque ma chambre. L'infirmière ferait une syncope. J'ai presque envie de demander à Marla d'accrocher la boite à la porte en repartant, rien que pour voir les réactions du personnel. Elle s'attribue les mérites de cette réussite, et elle a totalement raison. « Dis toi que t'as autant de mérite que les médecins, à mes yeux là. » Et même si je hais les hôpitaux, les médecins, ils m'ont sauvé la vie, et celle d'Hardin, Duncan, et tant d'autres probablement. Freya aussi, j'espère. Coincée ici pour encore facilement deux semaines, j'espère pouvoir recommencer à marcher d'ici au moins une semaine, et pouvoir retrouver mon appartement au plus vite. J'avais pris une décision auprès de Marla, et je comptais bien m'y tenir. Je hoche la tête pour répondre à sa phrase, et esquisse un sourire quand elle me souhaite sincèrement que mon jumeau se réveille rapidement. « Merci. J'espère aussi. » Sinon je l'insulterai jusqu'à ce qu'il se réveille, sur un malentendu, ça peut marcher. Il a pas le droit de m'abandonner. Je décide alors de détourner la conversation sur un sujet plus joyeux.. plus taquin. Ma phrase fait mouche, Marla rougit. Bingo. Et si elle rit très clairement par nervosité, moi, je suis sincèrement amusée, riant plus discrètement, le regard rivé sur elle. « Je suis mitigée. Une part de moi veut gommer ce joli rouge de tes joues et t'aider à t'affirmer, et l'autre... well, je peux pas m'en passer. » Bon, j'arrête, où elle va tourner au violet. Avec désinvolture, j'attrape une part de pizza entre mes doigts. « C'est pas si drôle, au fond, comme invitation. C'est comme si je t'invitais à goûter quelque chose. Regarde. » Je tends la part dans sa direction, en appui sur le matelas de ma main libre par précaution. Les yeux rivés dans les siens. « Je rigolais pas tout à l'heure, tu sais. » Si t'as besoin, si t'en as envie surtout, j'peux te montrer comment lâcher prise. Comment laisser de côté tes appréhensions. « Qu'est-ce que tu risques au fond ? » Que je demande, du bout des lèvres, mais sans hésitation.

« C'est une décision plutôt bonne, je dirais. » Un sourire timide venait approuver ses propos. Plus de bêtises. Plus de tentative de suicide. J'espérais vraiment être assez forte pour tout ça et que mes idées sombres allaient totalement disparaitre. En attendant, j'étais ici pour penser à autre chose et partager un pizza avec Bleach. Elle aussi, elle avait besoin de se changer les idées et j'espérais vraiment que j'allais réussi ma mission avec brio. À entendre l'orgasme gustatif qu'elle était en train d'avoir, je supposais que j'avais visé bon avec la nourriture. On s’empiffrait toutes les deux et je me lançais des fleurs quant à cette idée brillante que j'avais eu avec le repas sous le bras. « Dis toi que t'as autant de mérite que les médecins, à mes yeux là. » Rien que ça. Je riais en l'écoutant, continuant de manger ensuite. Ce qui est bien quand on est timide et discret, c'est qu'on n'attire pas les regards sur nous et donc, on pouvait passer inaperçu et faire ce que l'on voulait. Venir avec de la nourriture dans son sac quand on a la tête d'une fille inoffensive... Clairement, ce n'était pas à moi qu'on allait poser des questions. Je parlais brièvement du temps qu'allait mettre son séjour à l'hôpital, mais aussi de ses proches et de leur état. Je ne préférais pas m'attarder sur le sujet et de toute façon, le brune n'avait pas perdu de temps pour me partager ses idées. Quelle idée! Il n'en fallait pas plus pour que je me mette à rougir, commençant doucement mais surement à me liquéfier sur place. « Je suis mitigée. Une part de moi veut gommer ce joli rouge de tes joues et t'aider à t'affirmer, et l'autre... well, je peux pas m'en passer. » J'haussais les épaules sans oser la regarder. « Je ne suis pas certaine d'avoir envie de changer... » Parce qu'au final, cette timidité commençait réellement à devenir un atout et j'arrivais à m'en accommoder de mieux en mieux. Avoir des rougeurs, ça faisait partie de moi désormais, c'était une habitude à laquelle je ne faisais plus attention personnellement. « C'est pas si drôle, au fond, comme invitation. C'est comme si je t'invitais à goûter quelque chose. Regarde. » Je relevais enfin les yeux et je comprenais, avec ses propos, que c'était moi qu'attendait la pizza. La bouche entrouverte, je ne savais plus quoi dire, ni faire. « Bleach.. » que je commence doucement avant de me redressant sans pour autant me lever. La vérité, c'est que mon estomac se tordait dans tous les sens sous l'appréhension. « Je rigolais pas tout à l'heure, tu sais. » La part de Pizza, me suffisait d'avancer un peu pour y gouter. Mais là, j'étais absolument pétrifiée par la situation. « Qu'est-ce que tu risques au fond ? » Les mains devant moi, je les secouais doucement pour dire non à l'invitation. « Je n'ai plus faim » Est-ce que je venais de me refermer comme une huitre ? Oui. Parce qu'encore une fois, il y avait une énorme différence entre la Marla des sms qui n'avait peur de rien et la Marla en face à face qui n'arrivait pas du tout à lâcher prise. Et encore une fois, tout comme après mon premier rendez-vous avec la jeune femme, il n'y avait qu'un seul visage qui s'imposait dans ma tête et qui m'empêchait considérablement d'avancer.

Je sais pas trop quel genre de passif habite Marla, et je ne le lui demanderai pas. Non seulement parce que je sens que c'est sensible, mais aussi parce que j'suis le genre de nana qui va s'intéresser à la personne qu'elle est aujourd'hui. A celle qu'elle pourrait - ou voudrait ? - devenir plus tard. Et là, je vois juste une jolie rousse timide avec laquelle je partage une pizza tout en discutant sagement. Du moins, plus ou moins sagement... Parce que c'est plus fort que moi, chaque fois je suis tentée de la titiller, de chercher ses limites, de voir ce que je peux dire ou ne pas dire pour la faire rougir. Et sa première réponse m'étonne. Pas envie de changer, uh ? La demoiselle commencerait-elle à saisir que sa timidité n'est pas uniquement une tare, et qu'elle peut la tirer à son avantage avec un minimum de contrôle ? « Tu vois que c'est pas seulement du négatif. » J'esquisse un sourire, les yeux rivés sur elle. Alors est-ce que je pousse le bouchon un peu plus loin ? Peut-être un peu. Peut-être trop. Mon côté joueur qui ressort, malgré moi, tandis que je lui tend une part de pizza. Parfaite innocente, ou pas. Mon prénom quitte ses lèvres comme un avertissement. Je sais que je pousse trop, mais je sais pas m'arrêter. Et là, Marla, elle est figée, comme si je venais de franchir la limite de trop. A rappeler notre échange de tout à l'heure. A lui dire que non seulement je suis sérieuse, mais qu'avec moi, elle n'a rien à perdre. Absolument rien. Mais voilà, le face à face, c'est pas comme les textos. Et dès que la rouquine indique ne plus avoir faim, je la scrute quelques secondes, avant de laisser retomber ma main et la part de pizza dans le carton. « D'accord. » Je fais un sourire bref, parce que je sens déjà qu'elle va culpabiliser. Attrapant un mouchoir pour m'essuyer les mains, je hausse une épaule alors que je tourne à nouveau les yeux vers la Dunster. « J'te forcerai jamais à quoique ce soit, tu sais. T'en fais pas. » Quand bien même je crève d'envie de l'embrasser, de pousser un peu plus ses limites, y a rien que je ferais qui aille contre sa volonté. « Mais si un jour, t'as besoin de lâcher prise. Si un jour, t'arrives à te vider l'esprit et à foncer tête baissée, tu sais où je suis. » Et j'aurai aucun souci à te communiquer mon adresse quand je serai sortie d'ici.

Est-ce que j'avais envie de changer ? Non. Je n'avais jamais eu envie en réalité. Même bien avant, quand je n'avais aucune conscience de ce que ma timidité pouvait apporter ou bien même, avant qu'on ne me rabâche que j'avais potentiellement du charme. Je n'avais jamais eu envie que quelqu'un tente de ma façonner à son idéal. J'étais timide, c'était ma nature, je ne pouvais pas luter contre et personne ne pourra le faire à ma place. « Tu vois que c'est pas seulement du négatif. » Je haussais les épaules, un sourire timide aux lèvres. « Je ne veux juste pas être comme les autres veulent que je sois. Je ne pense pas qu'on puisse demander à quelqu'un de changer sa nature » Pour ce qui étaient des avantages liés à mon trait de caractère, j'avais encore du chemin à faire pour en parler comme d'un compliment. Et là... Bleach ne pourra pas lutter contre ce que j'étais. Elle avait été prévenu d'entrée de jeu, sur tinder. C'était beaucoup plus facile de dire les choses par sms plutôt qu'en face à face. Et même si l'embrasser me faisait très envie, il y avait des pratiques qui me mettait un peu mal à l'aise. Je n'arrivais juste pas à franchir le pas. C'était stupide de ma part, mais encore une fois, je ne pouvais pas me faire violence à ce point. Sa main retombe et laisse le morceau de pizza dans le carton. « D'accord. » Et bien sûr, je culpabilise un peu. J'avais envie de me lancer des pieds parce que j'étais beaucoup trop coincée. Au moins, j'étais la seule à me braquer dans la pièce, alors ça me permettait de me détendre à nouveau peu de temps après. « J'te forcerai jamais à quoique ce soit, tu sais. T'en fais pas. » Je souriais, mal à l'aise et je détournais le regard pour prendre un mouchoir moi aussi. J'essuyais mes mains méticuleusement et je lâchais un soupir après avoir écouté ses propos. « Mais si un jour, t'as besoin de lâcher prise. Si un jour, t'arrives à te vider l'esprit et à foncer tête baissée, tu sais où je suis. » Je me levais pour rejoindre son lit et m'y assoir. « Une part de moi en a réellement envie.. » Une petite partie de ma tête dirons-nous. « ... mais, une autre ne peut pas » Le cœur. C'était le cœur qui ne voulait pas. Parce que mon cœur battait pour quelqu'un et que je n'arrivais pas à me défaire de ça.

Marla, c'est plus qu'un challenge, c'est une épreuve à elle toute seule. Cette fille elle dégage quelque chose de fou, depuis nos premiers messages échangés sur Tinder, et en même temps, y a cette timidité qui fait obstacle, qui me force à tenter différentes approches. Pas toujours les bonnes, hélas. J'esquisse un sourire quand elle précise qu'elle ne veut pas changer pour les autres. Un haussement d'épaule, et je réponds simplement « Tu ne devrais pas changer pour ceux qui te le demandent. La seule personne pour laquelle tu peux décider de changer, c'est pour toi-même. » Si tu as envie de casser ta routine, fais le. Si tu veux rester comme tu es et ne rien changer, fais le. J'ai jamais accepté de me plier aux exigences des autres, c'est à prendre ou à laisser, y a suffisamment de personnes sur cette planète pour qu'ils aillent chercher ailleurs si je ne les satisfait pas. Alors change pas, Marla, laisse les autres s'adapter à toi. Même si je suis putain de frustrée de te voir te refermer devant mon approche. Un brin trop directe, je l'admets. Je repose la part de pizza, mais je n'affiche aucune contrariété. Je comprends, au fond. J'ai jamais dit que ce serait facile. Et je la contraindrai jamais à quoique ce soit, chose que je ne manque pas de préciser auprès de la rousse, qui semble déjà se flageller mentalement et chercher un trou où se cacher. Finalement, elle décide de venir s'asseoir au bord de mon lit, et je m'assois un peu mieux pour lui laisser de la place. Et j'écoute, silencieusement. Elle est partagée. Donc pas entièrement fermée. Sourcils froncés, je hoche la tête doucement. « Le coeur et la raison sont souvent bien en contradiction. A tel point que parfois c'est mieux d'ignorer les deux. » J'en connais un rayon, moi qui suis plutôt du genre à ignorer mon myocarde et à faire ce dont j'ai envie sans réfléchir. Le coeur et la raison sur la touche. La spontanéité sur le devant. Mais là, j'opte pour une approche plus douce. Je tend la main, doucement, pour la porter sur la joue de la rousse. L'effleurer du bout du pouce, arrêter ma course sur sa lèvre inférieure. « Repousse moi si t'en as pas envie. » J'approche, rien qu'un peu. J'esquisse un sourire puis je murmure « ... évite juste l'épaule gauche, de préférence. » ça pique encore. J'avance encore un peu, juste un peu, pour laisser ma bouche remplacer mon pouce. Effleurer ses lèvres, rien qu'un peu. Quand je recule, c'est pour lui sourire, tout simplement, et conclure « J'ose pour toi. » Echo à notre conversation de tout à l'heure. Je pousserai pas plus, mais d'une manière ou d'une autre, j'avais besoin que tu saches ce que ça fait, d'oublier rien qu'un peu.