« Merci tinder ... ou pas »

Dimanche 13 janvier

Anton reboutonna sa chemise alors qu'il jeta un regard sur la demoiselle qui dormait encore. Le drap était au milieu de ses fesses et le jeune homme se mordilla la lèvre pour ne pas y retourner et les caresser à nouveau. Il s'assit sur le lit pour attacher ses chaussures. Il avait connu la demoiselle grâce à tinder. Cette application était juste géniale lorsqu'on arrive dans une ville et lorsqu'on a juste envie de s'amuser. On discute un peu, on se rencontre. En général, les deux protagonistes veulent la même chose. Ce n'est pas sur cette application qu'on peut trouver le grand amour ni même une histoire sérieuse. Il la regarda une dernière fois avant de sortir de la chambre d'hôtel. Il sifflotait tandis qu'il entrait dans l'ascenseur. « Bonjour » Il salua les personnes présentes, le sourire ne quittait pas le visage d'Anton.

Qu'est ce qu'il foutait là ? La même question tournait dans la tête de Lazuli. Lui-même n'avait plus aucune idée de comment il avait pu se perdre on ne savait où dans cet hôtel de Boston. Il peinait à se retrouver ici. Tout lui était inconnu, un peu menaçant aussi. Ce n'était pas Singapour, il pouvait le sentir de milliers de façons. Boston était une ville relativement plus bruyante, les gens se comportaient différemment, l'architecture n'avait rien à voir avec ce qu'il avait toujours connu... Il avait galéré pour trouver la destination, mais on l'avait attendu à l'entrée, ce qui avait été un réel avantage... jusqu'à ce qu'on l'abandonne pour le chemin du retour. Lazuli avait une bonne mémoire, mais anxieux comme il était, il savait que son esprit allait très mal supporter le fait de pouvoir se tromper en rentrant. Et qu'il allait sûrement se perdre au moins une ou deux fois avant de retrouver son chemin.
Il s'était donc renfrogné, préférant se mettre dans la peau d'un de ses personnages pour éviter de faire une crise de panique en plein milieu d'un hôtel de luxe. Il en avait assez d'être une bête de foire pour aujourd'hui, il préférait passer au maximum incognito, et vite rentrer à l'université.
Il s'était dirigé vers l'ascenseur, pas vraiment dans son assiette quand bien même il s'efforçait de rattraper son rôle. Il était un acteur. Il pouvait faire face à cette situation. Il fallait juste qu'il trouve un truc pour rentrer dans le personnage...

« Bonjour »

Ton joyeux, sifflotements. Oui, c'était certainement la joie de vivre même qui semblait être rentrée dans l'ascenseur. Qu'est ce qui agaçait le plus son personnage, sinon que les gens heureux ?
Le misanthrope était irrité par toute cette joie. C'était trop lumineux, il avait envie de le casser.

"Qu'est ce qui vous rend aussi heureux ? Il s'apprête à pleuvoir, ça craint grave."

Il s'était encore assombri. Mais il était plus à l'aise, ainsi, dans son personnage. C'était drôle de casser l'ambiance. Il le trouvait drôle, le misanthrope. C'était plus facile comme ça, il se disait qu'en étant ainsi, il pourrait tout laisser aller. Il suffisait de devenir quelqu'un d'autre. Il suffisait d'être un sale gosse infect.

gabi le loup

« Merci tinder ... ou pas »

L'une des qualités d'Anton était sa joie de vivre. Qu'importe la situation, il ne voyait généralement que le bon côté. Enfin, il lui arrivait malgré tout de se montrer impulsif ou bagarreur et il avait aussi une franchise pour dire ce qu'il pensait tout le temps. Mais malgré tout, il lui fallait plus qu'une accrochage en voiture, une mauvaise note en cours, un ascenseur en panne ou un verre renversé sur sa chemise. Mais là, il sortait d'une bonne partie de jambes en l'air alors forcément, il ne pouvait qu'avoir le sourire. Cela ne semblait pas être le cas de l'autre occupant de l'ascenseur. Il haussa les épaules. « Tout et rien en même temps » Pourquoi fallait-il une raison d'être heureux ? Lui, il l'était et sa vie était aussi belle qu'il pouvait l'imaginer même s'il cherchait toujours à faire mieux. La pluie ? « C'est bien la pluie ! » Enfant, il adorait sortir avec un ciré, sauter dans les flaques. Pourquoi cela changerait aujourd'hui. Il jeta un regard sur la personne à ses côtés. « T'as peur que cela te décoiffe ? »

Oui, il fallait croire que la joie de vivre l'appelait. Elle attirait ce personnage, comme le miel attirait les ours. Si ce n'est que lui, plus que dangereux, il était surtout infect. Le sale gosse par excellence, parfait tueur d'ambiance. Et la joie qui semblait émaner de ce pauvre jeune homme semblait délicieuse à pourrir. Il voulait la faire fondre comme neige au soleil, lui montrer à quel point tout était pourri, et que sa nature d'humain le rendait lui-même minable. Après tout, tout était permis au théâtre. A sa question sur s'il était heureux, sa pauvre victime haussa les épaules, semblant toujours joviale... plus pour longtemps :

« Tout et rien en même temps »

La réponse était facile. Lazuli l'avait au bout de la langue. Tout lui était évident. Il savait jouer son rôle, il avait de l'expérience. Il était à l'aise, véritable acteur. Il ne devait que faire parler son personnage. Il connaissait ses mécanismes, c'était sa marionnette. Il n'avait pas à utiliser de tours trop compliqués pour arriver au bon résultat, il n'y avait besoin que d'un mouvement de poignet :

"C'est absurde. Pourquoi être heureux pour rien ? Vous ne donnez donc aucun sens à ce que vous désignez comme la joie ? Elle n'est donc rien, qu'une illusion que vous promenez dans l'espoir d'en ressentir juste un fragment ?"

Et puis, être heureux les jours de pluie, c'était un peu bizarre aussi. A moins d'être waterproof, il y avait peu d'amateurs... Même si Lazuli avait en souvenir quelques images désagréables de ses jours candides à atteindre de crever de froid allongé sur le bitume trempé. Il réprima un frisson, manquant de lâcher son personnage. Il ne devait pas y céder. Tout allait bien se passer, n'est ce pas ? Il était juste un énième personnage. Il n'était qu'un acteur, qu'importe son masque.

« C'est bien la pluie ! »

Bon, on allait dire que ce jeune homme était waterproof alors..? Même s'il n'en avait pas l'air. Il n'avait pas non plus des vêtements qui sous-entendraient qu'il pourrait s'en sortir sec après une averse. Il devait juste avoir un bon passif avec l'eau glacée... Un truc du genre... Peut-être ?

« T'as peur que cela te décoiffe ? »

Lazuli croisa le regard de l'inconnu. Il rayonnait, ça, c'était encore certain. Le pauvre... Il aurait pu avoir la journée de sa vie s'il n'avait pas croisé Lazuli... Et si l'ascenseur ne s'était pas bloqué.
Une douce sonnerie avait retentit, indiquant un soucie technique bientôt réglé. Un immense sourire s'étira sur les lèvres du singapourien. Un sourire mêlé d'innocence et de sadisme, qui fut accompagné d'un :

"Dommage, vous ne finirez pas trempé, mais coincé dans un ascenseur. J'ai entendu dire qu'il y avait parfois de sabotages... Vu l'étage auquel nous sommes, l'ascenseur pourrait s'écrouler, et on décéderait sous la pression. Vous savez comment on meurt sous pression ? On est littéralement broyés. On étouffe, écrabouillés comme de vulgaires insectes... Si ce n'est que les insectes sont moins nuisibles que les humains."

Il souriait toujours, le regard plein d'étoile. Jouer ce personnage avait quelque chose de vraiment excitant. Il se plaisait à le faire, même si, extérieurement, cette espèce de joie allait trouver des raisons différentes aux yeux des personnes autour.

gabi le loup

« Merci tinder ... ou pas »

« J'aime la vie, tout simplement. » Et il y avait quoi de mal à cela ? Pourtant Anton n'était pas naïf et il était capable de s'énerver, de faire la tête lorsque quelque chose le touchait mais c'était quand même assez rare. « Y'a quoi de mal à être heureux pour rien ? C'est quand même mieux que de faire la gueule pour rien. » Et il y en avait tellement comme cela. Il ne les supportait pas. La vie est trop courte pour se plaindre sans cesse de choses sans intérêt. Autant profiter de la vie, profiter de chaque instant. Il savait, encore plus que quiconque que la mort pouvait être à chaque coin de porte. L'ascenseur fit alors un peu sursaut avant de clignoter dans tous les sens. La descente se stoppa et avant même d'entendre la voix annonçant un souci, il comprit ce qu'il se passait. Tant pis, il allait prendre son mal en patience. Au moins, il aurait le temps de démontrer à l'homme que le sourire peut faire beaucoup de choses. Mais cela n'allait pas être chose faciles vu les débilités qu'il inventait. « Vous cherchez quoi en fait ? A me faire peur ? A me faire perdre mon sourire ? » Le jeune homme avait tourné le regard vers l'homme le détaillant sans aucune gêne. Il avait froncé les sourcils ne comprenant pas trop la manœuvre de son collègue de galère. Mais le jeune Withaker n'en perdait pas le sourire pour autant. « En tout cas, pour l'un comme pour l'autre, vous perdez votre temps. » Anton était habitué à bien pire. Il avait fait l'armé pendant six ans, il était à présent blessé et contraint d'abandonner temporairement ses rêves et pourtant, il n'avait pas perdu sa joie de vivre. Alors ce n'était pas une panne dans un ascenseur qui allait changer sa façon de voir les choses.

Le plus drôle dans l'histoire, c'était que sa pauvre cible réagissait à sa provocation. C'était bien là tout le but du personnage : il devait être infect au point d'agacer tous ses interlocuteurs. Pour le moment, Anton s'avérait plutôt calme, il ne se démontait pas. Cela faisait un petit défi pour Lazuli, pour tester les limites de son misanthrope. C'était une expérience plutôt intéressante.

« J'aime la vie, tout simplement, avait rétorqué le jeune homme souriant de l'ascenseur, Y'a quoi de mal à être heureux pour rien ? C'est quand même mieux que de faire la gueule pour rien. »

Un sourire cynique se dessina sur les lèvres de Lazuli. C'était vraiment un jeu génial. Pourquoi n'avait il as pris théâtre ? Il se le demandait parfois, parce qu'il n'y avait rien de plus drôle que de revêtir un costume. Il se sentait puissant, et en sécurité.

- En quoi serait-ce préférable ? Cela revient au même, non ?

C'est à ce moment là que le karma décida de frapper, et fit s'arrêter l'ascenseur en pleine descente. L'acteur n'aima pas l'idée, pas du tout rassuré à l'idée de rester à cet endroit, mais le personnage était ravi. Ravi d'une manière malsaine, évidemment. Il avait le temps pour pourrir la journée de tout le monde ! Si ce n'était pas génial ! ...Non ? Cela ne l'était pas ? Ah...

« Vous cherchez quoi en fait ? A me faire peur ? A me faire perdre mon sourire ? »

Le regard d'Anton sur Lazuli aurait pu faire paniquer le singapourien dans son état normal, mais son personnage, lui, était tout sauf aussi facilement dérangé. Au contraire, il gardait un sourire cynique, provocateur, comme un vrai sale type. Il n'en avait rien à faire du sourire de son jeune interlocuteur : il était déterminé à le faire s'effacer.

« En tout cas, pour l'un comme pour l'autre, vous perdez votre temps. »

Il perdait son temps ? Vu la situation, il n'y avait pas grand chose à perdre à lui casser les pieds. Mais il ne fallait pas vendre le poisson, et aller jusqu'au bout de son sale plan. Alors Lazuli resta imperturbable, continuant sur sa lancée, prenant un air hautain toujours plus infect :

- Et vous, vous ne perdez pas votre temps à sourire comme un idiot ? Je vous rappelle que chaque année, il y a des gens à mourir dans un ascenseur ? Vous avez pensé à rédiger votre testament ? Il serait peut-être temps au cas où d'envoyer un message à vos amis et votre famille pour leur dire que vous ne reviendrez pas plutôt qu'à chercher la joie de vivre à peut-être quelques secondes de la mort.

Une vraie tête à claques.

gabi le loup

« Merci tinder ... ou pas »

« Comme je te plains, ta vie doit être bien triste. » C'était le constat qu'Anton faisait à chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un qui avait l'air triste ou qui faisait la tête. La vie n'était déjà pas très drôle et il savait de quoi il parlait. Il ne pensait pas que ce type en face de lui ait vu la moitié de ce que le jeune Withaker avait vu dans son travail et pourtant, il tirait une tête de six pieds de long. Mais cela n'allait pas changer la façon de voir les choses du jeune Withaker. Il continuait de sourire même si l'ascenseur venait de stopper sa course. Ce genre d'hôtel avait les moyens et quelque chose lui disait qu'ils n'allaient pas rester ici trop longtemps. Pourtant, l'homme, plutôt que de se taire semblait vouloir absolument démontrer à Anton par A + B qu'il faut être triste et malheureux dans la vie. Il allait devoir trouver d'autres arguments. « Ca prend pas de temps de sourire » Il ne savait pas pourquoi il perdait son temps avec cet homme là. Apparemment, sa vie était malheureuse. Mais ce n'était pas pour cela qu'Anton allait perdre son sourire à lui. Et même, juste pour embêter ce type, il comptait bien sourire encore plus malgré la situation. Sincèrement, il aurait préféré être bloqué dans l'ascenseur avec sa conquête de la veille mais non. Qu'importe, il ferait avec. Il avait baissé les yeux sur son téléphone lorsqu'il entendit le monologue de l'autre gars. Anton ne pu s'empêcher de laisser échapper un rire. « Vous savez j'ai fait l'armée pendant six ans donc la mort, cela ne m'effraie pas sinon j'aurais choisi un métier plus pépère » Ce serait quand même un comble de mourir dans un ascenseur après tout ce qu'il avait du affronter. Mais il était persuadé que dans quelques minutes, il serait à l'air libre, loin de cet imbécile.

« Comme je te plains, ta vie doit être bien triste. »

S'il avait besoin d'être triste pour être un casseur d'ambiance, ça se saurait ! Non, en vrai, il n'était jamais aussi heureux que dans son rôle. Il se faisait un peu peur, après coup. Mais il fallait dire que c'était mieux que d'être lui-même. Être Lazuli, ce n'était pas drôle. Mais jouer un rôle de type prétendument malheureux, du genre catastrophiste loi de Murphy les humains sont tous pourris, c'était une toute autre paire de manches. Et il pouvait aller très loin dans son délire.

« Ca prend pas de temps de sourire »

Pauvre Anton... Il ne se rendait pas compte qu'il ne faisait qu'encourager la bêtise de son interlocuteur... Il devait pourtant bien voir qu'il perdait son temps. Mais la joie de cet jeune homme semblait inébranlable. Autant dire que le défi n'en était que plus excitant ! De toute façon, le temps que l'ascenseur remarche, Lazuli savait bien qu'il avait le temps de tester pleins de trucs. Dont le fait d'insister sur la mort dans un ascenseur...

« Vous savez j'ai fait l'armée pendant six ans donc la mort, cela ne m'effraie pas sinon j'aurais choisi un métier plus pépère »

Tiens... Cela expliquait des choses. Certaines personnes auraient paniqué, mais il était vrai que pour un soldat, son petit discours n'avait pas dû tant que ça l'ébranler. Comment s'y prendre, donc ? Il dû malgré lui réfléchir, devant bien avouer que les ressources efficaces lui manquaient. Il fallait chercher un autre point de pression que celui de l'appel d'une peur de la mort... Autre chose...

- Vous avez passé six ans à tuer des humains pour sauver des humains ? Merveilleux... Vous voulez une médaille de l'absurde ?

Faire pression sur son ancien métier ? Il ne savait pas trop ce que ça allait donner. Mais 'un coup, il avait recouvré l’entièreté de son imagination. Le reste allait vite venir ! Il n'avait jamais besoin de beaucoup pour se lancer. Il n'était pas bien difficile pour jouer son rôle.

- Comment vous pouvez garder le sourire en sachant que vous avez détruit des vies ? Des familles ? C'est bien humain, d'y trouver quelque chose de noble... L'humanité est immonde.

Il fit mine de grimacer pour regarder sur le côté. Faussement dégoûté, il ne semblait plus vouloir voir l'autre humain.

gabi le loup

« Merci tinder ... ou pas »

Jamais Anton n'avait rencontré quelqu'un comme ce type. C'était même difficile de définir exactement ce qu'il cherchait, difficile de le cerner. On aurait dit que quoi qu'Anton puisse dire, il cherchait toujours le mauvais côté des choses. Il n'avait pas pu le blesser avec le temps, alors il avait essayer avec la mort. Pas de chance, cela avait été son quotidien pendant six ans et le jeune Withaker avait du passer proche de la mort une bonne dizaine de fois, surtout lors de sa dernière blessure au torse. Maintenant, il s'en prenait à l'armée. Des propos qu'Anton avait déjà entendu une centaine de fois. Les gens ne comprenait rien à l'armée et pourtant, ils sont bien contents de trouver les militaires lorsqu'ils en ont besoin. Essayer de le contredire ne mènerait à rien. Plus Anton chercherait à se justifier et plus se type en rajouterait une couche. C'était amusant de voir jusqu'où il pouvait aller mais il n'avait pas envie de rentrer dans son jeu. « Ouais j'en veux bien une ! » Médaille de l'absurde. Ce mec là ne savait vraiment pas de quoi il parlait mais Anton n'avait pas envie de défendre l'armée surtout face à quelqu'un qui ne voudrait rien entendre. C'était une perte de temps. Beaucoup plus perte de temps que de sourire. « Chacun a son avis sur l'armée » Cela montrait bien qu'il voulait couper court à la discussion. En temps normal, il était le premier à taper la discut et à faire la conversation mais pas avec ce genre de mec. « Alors qu'est ce que tu veux critiquer maintenant ? Le sport ? Les études de droit ? Les anglais aussi ? »

Malgré les tentatives de le faire sortir de ses gonds, le jeune soldat semblait imperturbable. Il avait un sang-froid plutôt incroyable, ce qui aurait impressionné Lazuli s'il n'avait pas eu l'impression que son personnage n'était pas infaillible dans sa capacité à mériter des baffes. C'était plutôt agaçant à constater, parce qu'il aimait bien les réactions des gens face à ce type de comportement. Évidemment, le panel de nouvelles réactions que lui offrait Anton était chouette, mais il se disait quand même s'il n'avait pas imaginé que ça se passe ainsi. Il n'était pas tant que ça fan de l'imprévu...

« Ouais j'en veux bien une ! »

Ça, par exemple, il ne l'avait pas anticipé. Il n'avait évidemment aucune médaille sur lui, alors il se contenta de ne rien répondre. Autant laisser lettre morte ce genre de choses, plutôt que de s'enfoncer. Enfin, Lazuli n'était pas certain se savoir si ça collait avec son personnage. Mais autant essayer maintenant, il verrait après !

« Chacun a son avis sur l'armée »

Cette ultra-tolérance le mettait quand même mal à l'aise, au delà de son personnage. Pourquoi ne se défendait il pas ? Parfois, il avait quand même un vague regain de conscience dans son jeu d'acteur, où il se disait que son personnage allait trop loin. Mais que faire face à ça ? Ces personnages, c'était aussi lui, n'est ce pas ? 

« Alors qu'est ce que tu veux critiquer maintenant ? Le sport ? Les études de droit ? Les anglais aussi ? »

C'était vrai qu'il ne manquait pas de ressources à utiliser. Mais la répétition était ce qu'il y avait de plus agaçant. Lazuli le savait, quelques part. Il avait de l'expérience (enfin, de "l'expérience", son personnage n'avait pas été utilisé dans beaucoup de situations au final).

- Restons-en aux testaments. Vous avez rédigé le votre ? En tant que soldat, vous avez dû être mené à le faire ?

Il esquissa un sourire hypocrite.

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