cry baby // @mickey ainsworth ※※※ je devais avoir l’air d’une.. fille pathétique. ouais, c’est ça. un vieux jogging, les cheveux attachés, les bandages toujours fixés à mes poignets comme pour montrer à tout le monde que j’étais une putain de suicidaire et je me retrouvais un dimanche matin, à la supérette du coin, errant entre les rayons. parfois, j’avais l’impression qu’on me lançait des regards à la dérobés. des regards emplit de jugement et j’avais pas besoin d’entendre quoi que ce soit pour être certaine qu’ils devaient être en train de me catégoriser de pauvre fille. ouais bah j’y peux rien. j’avais zéro affaire puisque pas le courage d’aller les chercher chez mon ex et en surplus, je me foutais de tout. alors ouais, c’était clairement pas glorieux, on pouvait le dire. sans parler du fait que j’avais les nerfs à fleur de peau et que c’était l’une des premières fois qu’on me laissait sortir toute seule depuis « l’accident ». ouais parce que beaucoup aimait catégoriser ça comme un accident alors qu’en soit, un accident était quelque chose d’imprévue, de non prémédité. là, j’avais réellement tenté de mettre fin à mes jours mais passons. j’inspirais lentement attrapant un pot tout prêt de nouille chinoise que je balançais dans mon caddie. des nouilles chinoises, du gel douche et un sachet de crackers. j’allais aller loin avec ça. rayon suivant, même topo. j’reste vide devant les tonnes d’aliments présent et finit par me décider sur un sachet de guimauve pour continuer dans le mood healthy. paquet trop haut que j’arrive pas à atteindre malgré mes efforts. et j’crise, j’ai les nerfs qui lâche réellement et les larmes qui commencent à rouler sur mon visage. ils ont raison les gens, je suis pathétique. assez pathétique pour finir sur le sol, mes genoux relevés contre moi, à faire abstraction des gens qui murmurent en me regardant sans pour autant s’arrêter une seule fois. fuck.

cry baby // @mickey ainsworth ※※※ et je sais que je le mérite tout ça. que j'ai été la première à me laisser complètement tomber et que je ne peux pas me plaindre de ce qui m'arrive alors que j'ai rien fait pour réussir à remonter la pente. mais ça ne change pas le fait que je suis misérable, recroquevillée ici au milieu des courses de dernière minute, à offrir un spectacle dans ce genre. et faut croire que dans ce monde, y a au moins une personne qui s'intéresse à la détresse des autres. une personne qui s'agenouille devant moi. et même si personne n'est franchement capable de m'aider, ça me fait du bien qu'au moins quelqu'un s'arrête quitte à perdre trente secondes de son temps. et je relève la tête, les yeux embués, passant mes mains sur mes joues trempés esquissant un faible sourire. « non, non, ça va aller. » que je souffle. et c'est sûrement un gros mensonge mais tant pis. de toute manière, c'est toujours plus facile de repousser les gens. puis j'aurais l'air bête non ? à avouer que je pleure pour un foutu sachet de guimauve. on me prendrait encore plus pour une dégénérée et j'avais déjà pas la meilleure réputation au monde en soit alors ouais, j'allais peut être éviter. j'frotte mes yeux encore une fois et.. je bloque quelques instants, incertaine. j'détourne le regard puis le dérive de nouveau vers toi. « ainsworth ? » le taux de probabilité s'il vous plaît. je me trompe là ? dites moi que je me trompe.

cry baby // @mickey ainsworth ※※※ en fait, j’ai l’impression que tous les fantômes de mon passé s’amusent à ressurgir devant moi à chaque fois. mais moi, j’ai pas signé pour ça. j’ai pas signé pour que ma vie soit toujours aussi merdique. mickey ainsworth, je m’en souviens comme si c’était hier. ce qui est drôle en soit puisque jusqu’à aujourd’hui, j’avais plus eu la moindre pensée pour toi. comme si t’étais sortie de mon esprit, comme si t’avais pas existé. te voir face à moi, ça fait tout revenir. on en a partagés des trucs, je ne pourrais pas dire le contraire. t’as été ma première fois, puis ma deuxième, puis ma troisième. puis un nombre incalculable derrière ça. sauf que j’crois que j’ai jamais été grand chose pour toi. juste la gamine de riche que tu pouvais te taper toutes les semaines mais que t’as jamais présenté à tes potes. j’me suis souvent demandé si tu faisais exprès d’être aveugle ou si t’as juste jamais capté les sentiments que je pouvais avoir pour toi à l’époque. j’avais fini par en conclure que tu ne devais probablement pas en avoir grand chose à faire. puis au fond, on étaient jeunes, j’ai fini par déménager aux états-unis et j’avais une grande vie toute tracée qui te comprenais pas dans le schéma. alors quand tu prononces mon nom à mon tour, j’me dis que c’est pas juste une ressemblance, que c’est bien toi et que du coup, ça me fait chier. je fronce les sourcils et essuie mes yeux. une chance que je me sois maquillée, j’évite les traînées noires sous mes yeux. mais qui dit pas de maquillage dit tâche de rousseur à foison. les même dont tu riais les trois quarts du temps quand j’avais le malheur de pas mettre de fond de teint. m’aidant de mes deux mains pour me redresser, j’enlevais l’élastique retenant mes cheveux comme si ça importait avant de détourner le regard. « c’était cool de te voir » en vrai, j’sais pas du tout quoi te dire et c’est sûrement risible de dire ça puisque notre interaction n’a duré que quelques secondes mais.. il est possible que je cherche à fuir là. tant pis pour les guimauves, j’abandonne.

cry baby // @mickey ainsworth ※※※ je me dis que de toute façon, je suis dans un état tellement lamentable que j’ai pas besoin d’en rajouter une couche en réclamant quoi que ce soit. on s’en fout, c’est pas important et je crois que là, j’dois surtout retourner me planquer sous mes draps. ouais, ça c’est une bonne idée. alors même si j’ai l’air misérable, je me redresse, prête à m’en aller. je m’attendais pas à te tomber dessus de toute façon. je crois qu’en fait, j’aurais jamais pensé te recroiser un jour dans ma vie tout court. et j’ai à peine le temps de faire un pas que tu reprends la parole et.. pourquoi ? j’comprends pas. j’croise les bras sur ma poitrine, dansant d’un pieds à l’autre légèrement mal à l’aise. « euh.. » en fait, le souci c’est surtout mon état actuel. zéro make up, jogging… j’veux dire, c’est le genre de tenue pour laquelle on opte quand on prévoit de rester enfermé toute la journée -ou de passer rapidement acheter des conneries au supermarché du coin. « maintenant ? » pourquoi ? en fait c’est surtout ça ma question mais sur le moment, j’ose pas la poser. j’comprends pas le délire, le but. on s’est pas vu depuis quoi ? cinq ans ? ouais, ça doit être ça. peut être même plus, je me souviens pas à vrai dire. et soudainement, tu réclames qu’on aille trainer ensemble. trainer, c’était déjà ce que tu me proposais quand on était encore au lycée, j’crois que c’est ce qui me chamboule en fait. « j’crois que y a un café à côté » un truc un peu cosy, kitsch même. avec des coussins partout et une odeur de bonbon à la rose mais j’suppose que ça fera l’affaire. pas vrai ?

cry baby // @mickey ainsworth ※※※ j’pourrais dire plus tard à vrai dire et filer tout aussi sec. mais t’as pas mon numéro et.. j’suis pas du genre à répondre à mes messages sur instagram donc en soit, le plus tard serait un jamais. mh, c’était une solution à envisager en fait, pourquoi pas ? mais j’sais pas, t’avais ce putain de sourire sur le visage et cette manière de quasi me dévisager et j’avais l’impression d’être clouée sur place. de pas réellement réussir à bouger. « oh » tu sais, j’suis plus vraiment la fille que t’as connu par le passé. j’veux dire.. ça s’voit sûrement en fait mais.. j’sais pas si t’attends quelque chose en particulier. j’crois que j’ai pas ris depuis des semaines et.. même si toi t’arrêtes pas depuis le début, j’arrive même pas à sortir un sourire. c’est ça mon quotidien maintenant. à ta question, j’hésite. je me mordille la lèvre et finalement je capitule. « j’voulais les guimauves en haut.. celles en chocolat » est-ce que j’ai l’air d’une enfant à demander ça comme ça ? sûrement. j’y peux rien si je fais une fixette sur ça depuis ma sortie de cure. et bref, t’attrapes le sachet pour moi et j’abandonne le reste de mes achats. les nouilles, tout ça.. j’pourrais toujours venir les chercher avant de rentrer chez moi. là, on prends la direction des caisses rapides et puisque je sors avant toi, je t’attends dehors allumant une cigarette par la même occasion. même ça ça m’fait plus rien au final. c’est juste machinal, une habitude que je perds pas. et quand tu me rejoins finalement, j’pointe du doigt une devanture qui paye pas de mine avant de parler « c’est juste là » on traverse la rue pour pousser la petite porte légèrement délabrée. l’odeur est toujours là. et j’prends place dans un coin, sur un tapis de coussin avant de retirer ma veste. « t’as emménagé ici ? »