Un pack de bière à la main, je débarque devant l'appart' de l'un de mes meilleurs amis, à savoir Elliot. Comment on est devenus pote tous les deux ? Je ne saurais même plus dire, ça remonte à assez loin maintenant. Je me rappelle juste que ce mec friqué comme pas possible en avait rien à foutre que mes poches soit vides en ce qui me concerne. On s'est juste très vite entendus, le courant est très bien passé entre nous. Et p'tain, même sa porte est plus belle que celle de mon appartement miteux... Porte sur laquelle je frappe trois fois, tel Sheldon Cooper dans The Big Bang Theory, espérant que ce ne sera pas sa copine en sous-vêtement qui viendra m'ouvrir. Quoique... C'est une vue qui ne me déplairait surement pas. Oui je sais, tu m'avais dis de te passer un SMS avant de venir et je ne l'ai pas fait, ce sera entièrement de ma faute si tu n'es pas là. Mais quand même, j'espère que tu es présent parce que je manque le dessin animé Rebelle et j'adore cette petite rouquine ! Tu me connais, un vrai gamin dans ma tête qui adore encore tous les films destinés aux enfants.

J’suis en train de bouffer une pizza comme un gros flemmard dans mon lit, devant Netflix. J’dévore la nouvelle série espagnole dont tout le monde parle, Elite. Heureusement qu’il y a les sous-titres parce que putain, j’pige rien à l’espagnol moi, genre… nada. C’est cool, y’a beaucoup de cul et ça reste assez teenage, mais ça se laisse regarder. Quand j’entends des coups contre ma porte d’entrée. Hm? J’mise sur Agathe, c’est une des seules qui débarque à l’improviste. Pourtant, dernièrement, on est pas au top tous les deux. Mais la dernière fois qu’on n’était pas au top non plus, elle était venue en pleine nuit pour m’offrir gracieusement son corps. Bon, par contre j’suis pas trop d’humeur ce soir. J’ai envie de rien, pas même de sexe. Le sevrage, c’est vraiment de la merde. Même ma superbe pizza géante me paraît fade. Je me lève finalement, trainant les pieds jusqu’à l’entrée. Et quand j’ouvre la porte, c’est sur toi que je tombe. Il est où, le texto qui prévient de ton arrivée, hein? J’te jure, tu suis jamais les règles toi, tu te rebelles dernièrement ou je rêve? Alors je te fais les gros yeux. "T’as de la chance que j’étais pas en train de baiser." Bon, j’en avais pas envie dans tous les cas, mais c’est pour la blague. Je roule donc des yeux et me décale pour te laisser entrer. "Bienvenue dans ma nouvelle humble demeure…" Aka mon petit appart. Enfin, petit… comparé à la villa, c’est petit ouais. Mais ça reste bien grand pour moi quand même. On se sent limite un peu trop seul parfois. Souvent. Mh. "J’te laisse faire un tour si tu veux, j’étais en train de manger une pizza mais j’ai pris taille XL donc y’en a assez pour deux. J’reviens!" Et je disparais pour aller chercher la boite en carton qui trainait sur mon lit.

Débarquer à l'improviste chez son meilleur pote, ce n'est pas la meilleure des initiatives vu le regard que ce dernier m'envoie en ouvrant la porte. Mais tu ne viens jamais chez moi, donc je fais le déplacement chez toi Mister Maxwell. Je sais que mon appart' est minable à côté du tien, mais tu pourrais quand même me rendre visite de temps en temps, on n'habite pas si loin que ça l'un de l'autre. Dix minutes en voiture à tout casser, et moi j'ai un vieux tacot bruyant contrairement à toi. "J'aurais attendus trente secondes si jamais c'était le cas !", dis-je au jeune homme dans un rire, lui tapotant l'épaule tandis qu'il me laissait entrer chez lui. Petite plaisanterie pour commencer, lui comme moi, on a cumulé les demoiselles et je sais bien qu'il assure à ce niveau là, je veux juste le faire chier. Je pénètre dans son "humble demeure" selon ses mots, son salon fait la taille de tout mon appart', mais ce n'est rien à côté de la villa dans laquelle il habitait auparavant. Elliot me laisse un instant, et mon regard vient fixer sa baie vitrée de laquelle il a une super vue sur Boston et ses alentours. Il n'y a pas à dire, avoir du fric, ça offre des privilèges... "Si t'as pris le truc dégueulasse à l'ananas et au miel, je te tue mec !", lui dis-je alors qu'il ramène sa pizza XXL dans le salon. Je comprends pas comment on peut manger un truc pareil... J'ouvre le pack de bière et en file une à mon ami avant de lui demander: "Je te dérange pas au moins ? Ta bombasse avait pas prévus de venir ? Sinon je peux repasser un autre jour !". Un peu de politesse ne fait pas de mal, et puis je voudrais pas faire foirer ses plans quand même.

Tu débarques à l’improviste dans mon nouveau chez moi. J’te fais entrer, balançant une blague au passage que tu me rends bien. "Ha-ha, très drôle, tu prépares ton one-man show? C’est ça qui vous apprenne en théâtre à Harvard? Bande de bras cassés." Et sur ce, histoire de démarrer les hostilités de la meilleure façon qui soit, je retourne en haut pour un passage express, allant chercher la pizza que je venais à peine de commencer. "T’es ouf? Qui es-tu? Si t’étais vraiment mon pote tu saurais que j’mange pas ces merdes là." Non, une bonne pizza jambon, champignons, et triple dose de mozzarella. Bon, c’est classique, mais les choses les plus simples sont parfois les meilleures. Je pose la pizza sur la table basse, m’asseyant sur le canapé pour allumer la télé et zapper sur une chaine musical, histoire d’avoir un fond sonore un tant soit peu agréable. Tu t’assois également, poses le pack que t’as gentiment ramené sur la table à côté de la bouffe et tu en prends une avant de m’en filer une autre. Je prends une gorgée avant de reporter mon attention sur toi à ta question. "Nan t’inquiète, RAS ce soir. Rodrigo reste où il est, il se repose." Que je dis en haussant frénétiquement les sourcils, regard malicieux sous mon humour qui en ferait jalouser plus d’un (ou pas). "T’as acheté les trucs pour ta nana? Elle te fait toujours la gueule?" Bah oui parce que j’te demande pas un remboursement, mais si ta technique de lui acheter un collier - ou un bracelet? des boucles d'oreille? j'sais plus en fait - a même pas marché, c’est ce que j’appelle une arnaque totale.

Le one man show est une forme de théâtre après tout ! Mais je te l'accorde, ma blague était quand même bien simpliste et surtout plutôt pourris, j'ai déjà fait mieux. Mister Maxwell revient finalement avec une pizza, pas une dégueulasse aux ananas ou ce genre de truc immonde au moins. C'est bien, je ne te renierais pas de mes amis, tu peux rester un de mes meilleurs potes même. J'attrape ma bière et tout comme toi, j'en bois une gorgée avant que tu ne sortes une connerie qui manque de m’étouffer avec ma boisson alors que tu m'adresses ton regard de pervers. "Rodrigo ? C'est portugais ça non ? Il doit être tout poilus ton Rodrigo...", ajoutais-je à ta blague pourrie, moi aussi je sais y faire. Je me permet de piquer une part de ta pizza, je fais comme chez moi, pas de chichis entre nous, il n'y en a jamais eu, on ne va pas commencer maintenant. Puis tu me demandes si ça s'est arrangé avec Sheryln, je te fais une moue dubitative avant de te répondre: "J'arrête pas de déconner avec elle, je te jure je suis sans cesse obligé de me rattraper. Mais ça va bien pour le moment, je vais lui donner les boucles d'oreilles à Noël je pense. Merci mec d'ailleurs de m'avoir aidé à les payer, j'aurais jamais pu sans toi.". Ouais je déconne beaucoup, je te charries, je te vannes, mais je sais pertinemment que tu seras toujours là si j'ai besoin de toi. Et je ne parle pas que d'argent... "Et toi avec ta gonzesse ? Ça va mieux ou pas ?", te demandais-je à mon tour. Parce qu'elle n'est pas aujourd'hui, j'espère que ce n'est pas parce que vous êtes en froid.

"C’est pas parce que les portugais sont poilus qu’ils ne s’épilent pas!" Wesh. T’as encore réussi à retourner ma blague contre moi, arrête ça, c’est fatiguant, j’ai l’impression de ne pas être drôle après ! Alors que tout le monde sait que je suis un gars hilarant. Bon, peut-être pas dernièrement avec ma dégaine de zombie dépressif, mais chut, on passera sur le sujet. J’préfère parler de la nana après laquelle tu cours comme un petit chien. T’inquiète, pas de jugement, moi aussi j’ai l’habitude de courir après les nanas qui ne veulent pas de moi. Bienvenue au club! "Mais pourquoi? Fin, t’es un gars bien, tu m’as pas l’air d’être le gars qui a besoin de tout foutre en l’air sur son passage. J’comprends pas, quand tu dis que tu déconnes tout le temps avec elle, t’entends quoi par ‘déconner’ ?" Parce que bon, ouais, si on parle de tromperie, en effet tu déconnes. Mais sinon… j’vois pas trop. "T’inquiète, geste d’ami. Retiens que tu me devras une faveur en temps et en heure." Et t’inquiète que je saurais trouver une façon de l’utiliser, ce joker amplement mérité de par ma bonté sans fin. "Tu me diras ce qu’elle en aura pensé. J’espère qu’elle aime tout ce qui est bijoux et bling-bling par contre… j’sais qu’Agathe détesterait ce genre de cadeau." Pas pour te foutre la pression ou quoi que ce soit… t’es censé connaître ses goûts donc si t’as choisi ça c’est que ça roule. D’ailleurs tu me parles d’Agathe et je hausse vaguement les épaules. "Ouais, ça va." Et même si j’te regarde pas puisque j’en profite pour manger un morceau de pizza, je sens ton regard inquisiteur dans mon dos. N’importe quel pote saurait que ma réponse était du mytho. J’suis un gars qui adore parler, qui fait que ça. Alors quand je balance que deux petits mots, c’est qu’il y a anguille sous roche.

"Je ne veux pas savoir quel coupe de cheveux tu lui fais mec, c'est dégueulasse !", dis-je dans un rire et de très mauvaise foi sachant que c'est moi qui ait mis ce sujet de ton Rodrigo sur le tapis... Mais voilà, à peine chez toi que je rigole sans retenue, c'est un peu l'effet que notre amitié peut avoir sur moi, je sais qu'en venant ici je passerais un bon moment avec mon meilleur pote, ça m'avait manqué ça. Enfin... A part quand tu évoques le sujet de Sheryln qui est plus compliqué à comprendre que la théorie des cordes bosonique en physique quantique. "On est pareil, on est super jaloux et dès qu'une histoire ressort de mon passé où j'ai fricoté avec une autre meuf, elle se braque et je rame pour lui faire comprendre que c'est elle qui compte aujourd'hui...", répondais-je à ton interrogation en soupirant, c'est compliqué les femmes non ? Et Dieu sait qu'il y en a eu des meufs avant Sheryln, il vaut mieux qu'elle n'apprennent pas toutes ces histoires. "Elle s'est même battus l'autre jour avec Hope ! Tu la connais non ? C'est aussi une pote à toi ? On s'est un peu chauffé l'été dernier, Sheryln l'a appris et c'est partis en vrille, ça a finis en sang...". Je te jure, pire que nous les filles, de vrais charognards qui ne lâchent pas leur morceau de viande, si je ne les avais pas séparé elles se seraient entre-tués. Finalement, changement de sujet et je te remercie pour le cadeau alors que tu m’indique que ton dû sera réclamé en temps et en heures. Pas de soucis, mais pas un truc trop glauque s'il te plait hein... "Elle va aimer ne t'en fais pas, je la connais que trop bien pour savoir que ça lui plaira.", te répondais-je, je la connais depuis tellement d'années que je suis sûr de mon coup pour ce cadeaux. Mais on parle un peu trop de moi non ? Je redirige la conversation sur toi et ta demoiselle mais tu ne daignes pas me répondre, tu me laisses un très peu convaincant mensonge en fuyant mon regard. Je rigole en attrapant un nouveau morceau de pizza avant de te dire: "Pas à moi Elliot ! Tu peux faire avaler ça à qui tu veux mais moi je sais détecter quand tu mens mec !". Je prends une nouvelle gorgée de bière de cette marque bon marché, celle tout en bas dans le rayon, mais qui n'est pas si mauvaise que ça finalement, avant d'ajouter: "Allez balance, je partirais pas avant de savoir !". Et tu sais que j'en suis capable ! S'il faut je dors ici ! Et tu devras expliquer à ta gonzesse pourquoi un mec qu'elle ne connait pas dors sur le parquet du salon près du radiateur !

Je roule des yeux, levant les bras en l’air en signe de pure innocence. C’est pas moi qui ai commencé à parler de Rodrigo hein! Alors ne me blâme pas quand ce n’est pas de ma faute, petit coquin. “T’sais, Agathe et moi on est pareil aussi. Ça fait un sacré cocktail explosif, mais c’est aussi pour ça que ça marche si bien...” Parce qu’on est deux personnes intenses, qui savent pas prendre leur temps, qui sont soit à fond dedans soit pas du tout. Qui ont du mal à faire confiance mais qui, une fois la barrière passée, aiment sans retenue. “Et ta gonzesse, elle a un beau palmarès aussi? J’veux dire, dans notre genre?” Parce que bon, si elle te fait des crises pour tes exs mais que de son côté elle en a autant... C’est pas très fair play. Tu mentionnes Hope et je lève les yeux au ciel. “Ouais enfin non, c’est pas ma pote. Je la connais, disons.” Je la connais dans le genre : elle m’a forcé à lui injecter de la morphine avant qu’on s’envoie en l’air avant qu’elle ne sorte avec un de mes meilleurs potes. Tu m’assures que le cadeau lui plaira et je hoche la tête en guise de simple réponse, répondant vaguement à ta question sur Agathe avant d’enfourner une part de pizza dans ma bouche. « Quoi, moi, mentir, hein? Ja-mais. » Bah oui, je suis un ange, c’est bien connu. Je roule des yeux quand tu insistes. « Mais y’a rien à dire. Y’a des hauts, y’a des bas, c’est tout. On est dans un bas mais ça finira par s’arranger. » Du moins, je l’espère. J’essaye de me convaincre que ça sera le cas en fait. « Mais pas de quoi en faire tout un plat. » J’t’assure.

C'est peut-être ça le secret ? Tu viens peut-être de découvrir la formule parfaite des relations amoureuses mon pote ! En effet, la relation que je peux avoir avec Sheryln, et toi avec Agathe selon tes dires, est explosive de par nos caractères sulfureux. Mais c'est peut être ce qui rends ces relations si passionnés. "Ouais... Elle a un trop gros palmarès même...", dis-je sur un ton blasé avant d'ajouter: "Il y en a qui ont même eu le droit à mon poing dans la gueule...". Un léger sourire en coin se dessine sur mes lèvres, tu me connais, je suis un gros jaloux et rien que l'idée que ces mecs là aient pu toucher ma petite-amie, ça me donne envie de leur en mettre une. Alors quand je les vois continuer de mater Sheryln avec un manque de respect évident, c'est plus fort que moi, mon poing finit dans leurs nez. L'évocation de Hope n'était visiblement pas une bonne idée, tes yeux roulent vers le haut et tu me fais comprendre que ce n'est clairement pas une pote à toi. Je ne m'attarde pas plus sur le sujet et préfère en apprendre plus sur ce soucis avec ta copine, mais comme d'habitude, tu restes dans le vague. Est-ce que ça me gave ? Légèrement, mais je le prends avec humour. Après tout, tu fais bien ce que tu veux, si tu ne souhaite pas m'en dire plus, je ne vais pas te forcer la main. Enfin... "Je vois... Je pensais qu'on étaient meilleurs potes tous les deux, mais j'ai dû me tromper...". Du chantage ? Ouais c'est tout ce que j'ai trouvé comme moyen afin d'en savoir un peu plus sur cette affaire. Je suis même obligé de tourné la tête vers la fenêtre afin que tu ne vois pas ce léger sourire qui se dessine sur mes lèvres alors que j'avale une nouvelle gorgée de ma bière.

 « Bah tu vois! T’es comme elle. Elle s’est fightée avec Hope, tu t’es fighté avec je sais pas qui. Ça revient à ce que je disais, en fait vous êtes tellement pareils que ça crée des étincelles qui peuvent vite se transformer en gros feu de forêt. Mais justement, faut savoir éteindre le feu, faut que vous trouviez ce qui fonctionne et fonctionne pas pour apprendre à calmer les flammes quand elles deviennent trop puissantes. » Sinon, ça finira par vous déchirer. Comme ça nous a déchiré, Cléo et moi. On a pas su mettre notre égo et notre rancoeur de côté et ça n’a pas fonctionné. C’est pas le même cas de figure de base mais la conclusion est la même : apprendre à comprendre l’autre et savoir arranger les choses. « Après dis toi que, elle a beau avoir un beau palmarès, c’est du passé. Elle a choisi d’être avec toi. Agathe et moi on a des putains de palmarès aussi. Enfin, surtout moi qu’elle j’crois. Mais on sait que c’est plus d’actualité. Qu’on est plus dans cet état d’esprit là, de séduire. » Enfin, j’crois. J’ai quand même mes soupçons sur une potentielle tromperie de sa part quoi. Mais j’suis peut être parano. Je roule des yeux à ta remarque. « Eh, ça va le mélodrame là? » que je réplique en riant avec toi. « Rien j’te dis, ça va. C’est juste qu’on se voit plus beaucoup, que je l’ai pas mal repoussée, et j’ai l’impression qu’un truc s’est brisé. Sûrement par ma faute. Et peut-être qu’elle en a eu marre et qu’elle est allée voir ailleurs. Peut-être. J’en sais rien. » Je termine cul sec la bière et me lève pour aller chercher dans un placard une bouteille de vodka et du soft. La bière, ça me suffit pas là. Hop, deux verres, je sers le mien. Tu fais comme chez toi, si t’en as envie tu te sers comme un grand. Pour l’instant je vois que t’as pas fini ta bière donc bon.