Premier match de l'équipe de basket, première occasion pour moi de revêtir mon tout nouvel uniforme de cheerleader et d'agiter les pompons avec les autres filles. Je pouvais enfin faire comme dans les films ! Comme je venais tout juste de commencer, j'étais tout à l'arrière du groupe, avec celles faisant les acrobaties les moins périlleuses. J'étais déjà heureuse de pouvoir participer. L'ambiance était totalement dingue. Notre équipe était proche de la victoire et j'attendais avec appréhension la fin du match. Pour ce premier évènement que je vivais aux États-Unis, il fallait une victoire. Que je puisse raconter à mes grands-parents que j'avais assister à un vrai match de l'équipe de basket d'Harvard et que les garçons avaient gagné. Puis même, c'était beaucoup plus sympa de fêter une victoire que d'oublier une défaite. Encore quelques secondes avant le verdict... Et victoire ! Super heureuse, je suivis les autres filles pour faire la chorégraphie prévue. Je m'appliquais pour donner le meilleur de moi. C'est rapidement fini, trop rapidement. J'aurais aimé que ça dure plus longtemps, que la choré soit plus longue. Ou faire quelque chose de plus important. Plus tard peut-être. En attendant, je recule pour laisser le terrain libre, ne regardant pas derrière moi. Je me retourne quand je sens que j'ai percuté quelqu'un. "Oh désolée je ne faisais pas attention." Je remarque son maillot et son corps recouvert de sueur. "Tu es un joueur de l'équipe ? Félicitation pour votre victoire. Vous avez super bien joué."

Peut-être que je n'ai pas assez fait attention à la tête des joueurs pendant le match. J'étais beaucoup plus concentrée sur la balle qu'autre chose. Puis il y a quand-même dix personnes qui courent sur le terrain, je ne suis pas censée retenir les têtes de tout le monde. En vrai, j'étais juste beaucoup plus concentrée sur le fait d'assister à un match de basket à Harvard que de regarder le dit match. N'empêche que je me rends compte d'à quel point ma question était stupide quand il répond. Évidemment, il ne va pas être tout suant dans un maillot de sport juste pour le plaisir. Le maillot seul ça aurait pu mais la transpiration indique clairement que c'est un sportif. "J'aurais du m'en douter. Question stupide désolée." Quand il me demande si je suis cheerleader, j'agite mes pompons. "C'est ça. Elle nous fait bosser dur mais c'est normal. Il ne faudrait pas que l'une d'entre nous se fasse mal parce qu'elle ne sait pas assez entraîné. Tu connais Romee ?" Peut-être que c'était normal et que toutes les pompons girls connaissaient les membres des équipes de sport de la fac et inversement. En fait, ce serait plutôt logique. A force de ce voir aux matchs, on devait bien finir par connaître les autres. "Au fait, je suis Brooklyn. Je viens juste d'arriver dans l'équipe." Ce qui expliquait que je ne connaissais pas le capitaine de l'équipe de basket.

"Oui il parait qu'elle vient d'arriver. Je sais pas trop, je ne lui ai pas vraiment parler." C'est vrai que pendant l’entraînement, je ne discutais pas tellement que ça avec les filles. J'étais trop concentrée sur les exercices et les enchaînements. J'étais presque sûre que deux secondes d’inattentions seraient suffisantes pour que je me blesse. C'est vicieux les pompons, faut pas se fier à leur air tout gentil. "Merci. De ce que j'ai déjà vu du campus, ça à l'air super cool. Tout est tellement gigantesque ici. J'adore!" Oui j'avais passé près d'une demi-heure à m'extasier sur un building de vingt étages il y a quelques jours. Ou sur la taille de l’amphithéâtre où j'avais cours. Un rien me fascinait ici. Quand Zed me demande de quel université je viens, je me renfrogne. Évidemment, pour eux c'est normal d'aller à l'université à 18 ans. C'est logique et pas du tout une galère sans nom. En fait, ça aurait pu être facile pour moi aussi si j'avais choisit la fac de Nauru ou une unif en Australie. Mais non, moi je voulais les États-Unis. "Aucune, c'est ma première année." Pitié, ne me prend pas pour une débile. Ça ce voyait que je n'avais pas le même age que les premières années lambda. "Il m'a fallut du temps pour mon dossier d'inscriptions. Et toi, t'es à Harvard depuis le début ?"

Je ne répondit pas tout de suite à la question de Zed sur la pause dans mes études. C'était ça sans être ça. En fait, je ne voyais pas vraiment comment expliquer. Ce n'était pas juste que j'avais décidé de ne rien faire pendant deux ans, c'est juste que je n'avais pas vraiment eu le choix. "Non je n'ai pas fait de pause. C'est juste que quand tu vit sur une île riquiqui perdu au milieu de nul part, il faut du temps pour que les choses viennent jusqu'à toi. Il n'y avait rien de prévu pour passer les examens d'admission et la poste est pas ultra rapide. Le temps que je renvois mon dossier, j'avais raté la deadline." Et de une première année à l'unif ratée. La deuxième s'était perdue un peu de la même façon, avec un entretien ultra compliqué à organisé. Si Céleste ne m'avait pas motivé tout du long, j'aurais abandonner en plein milieu. "Oh l'Australie !  Il parait que c'est un super beau pays. J'y suis passé en venant à Boston et ça avait l'air vraiment bien." Mon passage avait été très bref, juste le temps de changer deux fois d'avion et de faire la distance reliant Brisbane à Sydney mais j'avais aimé le peu que j'en avait vu. Ça devait être cool d'avoir grandit dans un endroit pareil.