“Je sais. Je sais que l’argent ouvre des portes considérables. Mais ça change rien au fait que ça ne fait pas tout.” Tout ne s’achète pas. Le bonheur par exemple. L’amour, la famille, la tranquilité d’esprit. L’argent contribue au bonheur mais il n’est pas le bonheur. Et j’ai peut-être mis du temps à le comprendre quand j’étais plus jeune, mais maintenant j’le sais. Parce que j’suis friqué et pourtant j’suis toxico. Et si l’argent m’avait rendu heureux, j’aurais évité la drogue. J’en aurais pas eu besoin. J’serai juste allé claquer mes thunes dans une nouvelle voiture, un nouveau jacuzzi, peu importe. J’serai pas aller claquer mes thunes dans des fioles de morphine. Tu m’annonces que t’as sympathisé avec Davi, mon meilleur pote, et là je fronce les sourcils. Il me l’a pas dit. Je décide de passer outre, j’en discuterai avec lui le moment voulu. En attendant, je te remerciais pour mon casier parce que quand même, ça me retirait une grosse épine du pied. On discutait ensuite de nos parents et comment ils traiteraient sa bienvenue : avec un chèque. Et contre toute attente tu m’annonces que t’es parents, ceux qui t’ont élevé, sont morts. « Désolé. » J’suis nul pour ce genre de moment. Et j’savais pas comment gérer la mort, le seul que j’avais connu qui était maintenant de l’autre côté c’était Wyatt et ça datait de quelques jours seulement, alors j’savais toujours pas comment le gérer. On embrayait donc sur un sujet moins délicat : moi. Ma vie, mes études, mes relations. « C’est ce que mon père aurait souhaité j’pense, mais ça m’intéresse pas. Je me penche plutôt vers le journalisme d’investigation, voire d’infiltration. M’intégrer à un groupe, une enseigne, une institution, pour exposer leurs secrets au grand public. » Révéler la vérité. Parce que ça, c’était moi. Je ne jurais que par l’honnêteté. J’étais un piètre menteur, j’comprenais pas le but du mensonge en fait. « Et puis concernant Agathe... on est assez fusionnels ouais. Les gens que je déteste, elle les déteste ; les gens qu’elle déteste, je les déteste. Mais pour info, j’ai pas d’ennemis. Je ne déteste personne. Bon, à part deux-trois exceptions... Mais sinon j’m’en fiche, j’ai pas de temps à perdre avec des gens à qui je porte aucun intérêt. » Au moins c’est dit. Donc tu peux en déduire que je ne te déteste pas. Si je te détestais, je ne serais pas là. Mais toi, pourquoi t’es là au juste si tu veux pas rencontrer les parents? Tu me réponds de but en blanc que je suis ton frère et que tu veux apprendre à me connaître. Et ça, ces mots là, oui, ça me fait quelque chose. Parce que j’ai toujours voulu un grand frère. Quelqu’un comme Wyatt. Qui puisse veiller sur moi, cacher mes conneries tout en m’engueulant, un genre de père qui manquerait pas à ses devoirs. « On peut... essayer. J’te promets pas que ça marchera vu nos caractères respectifs, et je te fais toujours pas confiance. » J’me dis que t’es là pour te venger, parce que notre famille, ma famille, t’a abandonné. J’me dis que t’essayes de me voler Megara, de la rallier à ta cause pour la retourner contre moi. Tout ça, j’le pense. Et j’le penserai tant que t’auras pas gagné ma confiance et que tu m’auras pas prouvé le contraire. Toi, t’as tout à gagner avec moi. Alors que moi, j’ai tout à perdre avec toi.

Il précisait ses propos, et je ne pouvais qu'imaginer la vie qu'il avait eu. C'est vrai il avait eu droit à un cadre de vie auquel je n'aurais même pas pu rêver quand j'étais jeune. Mais tout ce que je voyais aujourd'hui, c'était à quel point cette vie l'avait rendu malheureux. Il avait l'air bien en apparence, un super look, une super nana, un super compte en banque. Mais il y avait un truc qui clochait avec lui. Moi qui pensait être le plus brisé des deux à l'intérieur, peut-être m'étais-je trompé ? Enfin, nous avions tous nos blessures et nos croix à porter, il n y avait pas de douleur plus forte que d'autres, et ce n'était pas un concours non plus. Lorsqu'il me présenta ses condoléances pour la mort de mes parents, je sentis qu'il était à son maximum niveau compassion. Il était un peu comme moi, il ne savait pas trop comment réagir aux mauvaises nouvelles style mort d'un proche ou maladie incurable. J'ai réussi à faire mon deuil depuis le temps. Toi et Meg, en dehors de nos "parents", vous êtes un peu tout ce qu'il me reste. dis-je en m'en voulant de devoir faire ce constat. La seule famille qu'il me restait était une famille qui soit ne voulait pas de moi, soit ne me comprenais pas, ou pire ne m'acceptais pas tel que j'étais. Parfois je me demandais si je n'aurais pas mieux fait de choisir Oxford plutôt qu'Harvard. Lorsqu'il m'exposa ses plans de carrière, je le sentis réellement passionné, et d'ailleurs cela me rappelait à quel point moi aussi j'aimais le droit. Défendre les gens, trouver la jurisprudence qui allait changer la vie d'une personne était la chose la plus satisfaisante qui soit. Il ne s'agissait pas que de gratter du papier. Tout cela en pratique avait un sens. Je pourrais avoir besoin de tes services un jour, si tu veux jouer les lanceurs d'alerte, il y a toujours des gros groupes sans foi ni loi qui mériterait une bonne class action pour les calmer ! On serait un peu comme Batman et Robin, prem's sur Batman ! dis-je presque fier de moi. Et j'étais d'autant plus fier lorsque je réussis à lire entre les lignes de son discours, comprenant qu'il ne me détestait pas. C'était déja un bon point car moi, je l'avais détesté au plus haut point. J'avais souhaité qu'il lui arrive les pires horreurs à mon arrivée ici. J'avais tellement de colère en moi à l'époque que j'avais perdu de vue que l'intérêt de tout ça, c'était d'apprendre à connaître ma famille, mon frère. D'ailleurs, lorsque je l'avais appelé ainsi, il avait été tout aussi surpris que moi. La réalité de la chose m'avait sans doute frappé alors que les mots sortaient de ma bouche. Je plantais mes yeux dans les siens alors qu'il m'avouait être prêt à essayer, à essayer de construire une véritable relation. C'est tout ce que je demandais. Je crois qu'on n'arrêtera jamais de s'engueuler très sincèrement. On à des caractères similaires, et on aime avoir raison, c'est sûrement de famille. Et c'est vrai que j'ai voulu détruire ta vie quand je suis arrivé à Harvard... je voulais me venger, me venger d'avoir été abandonné. Mais j'ai compris que j'avais juste reporté toute ma colère sur toi sans raison à l'époque. J'avouais mes fautes, et je préférais tout faire en une fois pour ne plus jamais avoir à le refaire. Je prenais sur moi, car je savais qu'il fallait que chacun fasse un pas vers l'autre si on voulait arriver à tenir une discussion un minimum normale sans menace ou insulte. Mais je ne compte pas passer mon temps à faire mes preuves. Il y a un moment où il faudra que tu me fasses confiance, et crois moi je suis bien le dernier à savoir l'accorder facilement. @Elliot Maxwell