Naître un 25 Décembre semble être quelque chose d'excellent aux yeux de la plupart des mortels. Détrompez-vous, ça ne l'est pas. Naître un 25 Décembre, c'est faire face aux blagues pourries, finir par ne recevoir qu'un seul cadeau pour deux événements bien distincts, entendre parler du père Noël toute l'année alors qu'en temps normal, on en parle que vers la fin de l'année. Etre certain qu'aucun professeur n'oubliera de souhaiter un Joyeux Anniversaire au mec né à Noël à la rentrée et donc, impossible de cacher sa date à qui que ce soit. Bref, cela n'a rien de réjouissant. Heureusement pour compenser la poisse intense d'être né un jour de fête de ce genre, Thomas a une famille en or. Il vit dans un endroit en or et il a des voisins en or. Sinon, ce serait réellement la merde jusqu'au bout des ongles de doigts de pieds. Il a une grande soeur qu'il apprécie énormément. Ils passent leur temps à se vanner et à parler de tout et de rien. C'est également une grande confidente. Il peut tout lui dire. Il a également une petite soeur pleine de vie, toujours prête à faire les 400 coups avec lui. Un père droit et sérieux et une mère qui a toujours le mot pour rire. Cette famille soudée c'est un peu un repère pour Thomas, une aide sans nom. C'est une perfection.

Malheureusement tout se complique l'année de ces 12 ans. Sa mère tombe gravement malade. Un cancer fulgurant comme ils disent. Thomas déteste ce mot et il déteste encore plus les médecins qui leur en parlent comme si c'était la chose la plus banale du monde alors que ça ne l'est pas. Pas du tout. Son père est licencié parce qu'il est trop souvent absent. Sa petite soeur ne comprend pas tout et la grande se met à fuir cette situation douloureuse, les laissant souvent seuls avec leur mal-être. A sa mort, un jour avant Noël, Thomas sait que jamais plus, il ne verra son anniversaire comme quelque chose de chiant ou de drôle. Plutôt comme une malédiction, comme un des pires jours de l'année où il se rappellera les yeux et les paroles de sa mère jusqu'à son dernier souffle.

Son père sort difficilement la tête de l'eau, buvant, s'éloignant de la famille, les laissant lâchement tomber. Sa grande soeur part pour ses études et il a bien l'impression de rester seul au monde avec elle. Il l'aide du mieux qu'il peut et même s'il n'en veut pas directement à son père, la rancoeur contre la vie et le ressentiment face à l'injustice le gagne. Thomas se met à sortir, à fréquenter du monde qu'il n'aurait pas fréquenter avant toute cette histoire. Il rentre très tard mais personne n'est là pour s'en soucier après tout. Il commence à fumer, boire, draguer, voir des personnes plus âgées que lui. A l'école, ça n'est pas non plus la joie immense. Là encore, personne n'est derrière lui pour le reprendre ou l'aider. Tant il veille sur sa soeur, tant il ne fait pas attention à sa propre vie et se met à faire n'importe quoi. C'est également à ce moment qu'il se lance dans des combats de rue à la con avant d'en faire de plus sérieux en grandissant.

C'est l'année de son entrée à Harvard que tout bascule de nouveau. Agé de 17 ans et demi, Thomas est la rébellion incarnée. Il ne laisse personne lui dire ce qu'il doit faire et n'a de conseils à recevoir de personne. C'est un électron libre. A la mort d'un de ses amis dans la rue, Thomas est pourtant plus que perdu. Il se retrouve désarmé et l'incompréhension, les rappels des souvenirs de la mort de sa mère le détruisent à petit feu. Il remet tout en question. Il n'est plus sûr de rien.C'est un de ses professeurs, anciennement coach sportif, en boxe thaïlandaise, qui trouve exactement la manière de le prendre et de lui parler de son avenir. Etant un peu comme Thomas lui-même, il semble qu'il sache exactement quoi dire pour lui faire prendre conscience que sa vie est un capharnaüm. Même si Thomas ne peut, du jour au lendemain, devenir quelqu'un d'autre, il fait énormément d'efforts, s'inscrivant même à des cours de boxe avec son professeur et il s'investit énormément pour son avenir. Thomas sait à présent ce qu'il veut faire de sa vie et ce n'est sûrement pas traîner dans les rues et devenir un délinquant mais plutôt les aider.

Evidemment, Thomas n'a pas changé sur certains points. Il reste cet électron libre, cette grande gueule incapable de retenir son avis sur tout les sujets qui lui tiennent à coeur. Il reste également un mec capable de péter un câble pour quelque chose qui pourrait sembler commun, banalisé. Ce mec qui refuse d'ouvrir son coeur et de montrer ce qu'il y a dedans. Pour autant, il réussit à se fondre dans la masse des élèves d'Harvard et voici à présent 6 ans qu'il y est et qu'il continue à travailler comme un dingue quand quelque chose lui tient réellement à coeur. Avec sa mémoire d'éléphant, c'est d'ailleurs assez simple pour lui puisqu'il retient toujours tout le bougre. Don Juan, prédateur, séducteur, c'est ce qu'il montre, c'est ce que tout le monde pense qu'il est. A présent, il faudra savoir, qui serait capable de gratter sous la carapace?