( that's when i realized what a true friend was. someone who wold always love you - the imperfect you, the confused you. the wrong you - because that is what people are supposed to do, @Belle Tanner )

Daya passe la porte du Starbucks et sourit à l'odeur du café qui vient chatouiller ses narines. Les gens auront beau dire ce qu'ils veulent, il n'y a rien de plus réconfortant au monde que l'odeur des graines moulues, la chaleur du breuvage à travers la tasse contre ses doigts. Même sans en aimer le goût, il y a quelque chose de réconfortant avec le café, de fascinant. Il suffit de fermer les yeux pour avoir la vision d'un père, installé à la table de la cuisine, un carnet de mots croisés entre les mains, prêt à nous tenir compagnie pendant qu'on prend son petit déjeuner. Le genre de souvenir que Daya n'a pas, mais qu'elle s'est inventé au fil du temps. Elle a troqué son existence de malheurs au Mexique pour une vie plus rangée aux Etats-Unis. Pour le bonheur de simplement se lever le matin pour aller à l'école, accompagnée de sa voisine, Belle. Cette même voisine dont l'amitié a perduré au cours des années et que Daya s'apprête à rejoindre à leur Starbucks préféré. Elle s'en veut un peu la mexicaine. Elle a fait la morte ces derniers temps, elle n'a plus donné de nouvelles à grand monde. Elle a préféré se tapir dans l'ombre plutôt que de souiller ses proches avec ses éternels problèmes. Au loin dans la salle, Daya reconnait Belle. Elle lui semble radieuse. Pourquoi assombrir un si beau visage avec des mauvaises nouvelles ? Après avoir reçu sa boisson au comptoir, la mexicaine s'approche de son ancienne voisine et amie et se penche vers elle au dessus de la table pour lui donner une bise. « Et moi donc. » qu'elle répond avant de se laisser tomber sur la chaise que lui avait gardé Belle. Elle est sincèrement heureuse de voir un visage familier. D'à nouveau prétendre mener une vie banale. Une longue gorgée dans son latte et Daya pose le gobelet face à elle. « Je vais bien. » elle répond simplement. Quelques secondes passent avant qu'elle ne se décide à faire preuve d'honnêteté face à son amie. « Avant que tu me demandes comment se passent les cours, je dois te dire que j'ai quitté Harvard. » voilà, c'est fait. C'est dit. C'est un poids en moins sur sa poitrine. « Et toi, quoi de neuf ? » qu'elle rajoute en toute innocence, dans l'espoir de ne pas trop s'attarder sur le sujet.

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Daya avait peur de se confier auprès de Belle, et ce pour de multiples raisons. Tout d'abord la honte. La honte de s'admettre dans le besoin, la honte de s'admettre à moitié vaincue. La mexicaine est d'une fierté déconcertante, probablement un vestige de son vécu, des épreuves qu'elle a réussi à traverser seule. Elle a passé la frontière sans aide, et maintenant elle se sentir faiblir face à un système injuste, en lequel elle a voulu croire par le passé. C'est comme si elle perdait en force, comme si elle oubliait d'où elle venait et de quoi elle était capable. Ses années aux Etats-Unis l'ont rendue vulnérable, elle a baissé sa garde. Ensuite, elle craignait la réaction de ses proches, et donc de Belle. Elle craignait qu'ils ne la jugent, ou qu'ils se fassent trop de soucis pour elle. En aucun cas Daya ne voulait leur mettre cette responsabilité sur les épaules. Elle l'a fait avec Lauri, résultat elle a probablement brisé son couple, alors qu'il commençait à s'en sortir. Une erreur qu'elle ne commettra pas une seconde fois. Maintenant, c'est Daya versus the world. Mais Belle se montre particulièrement compréhensive envers elle. Rien d'étonnant en fin de compte, la jeune femme n'a rien d'un tyran. Elle a toujours été une bonne amie, la preuve, elle se contente de demander à Daya si elle veut en parler. « C'est compliqué ... » qu'elle lâche, pas franchement certaine de savoir pas où commencer, et surtout si c'est une bonne idée d'en parler. « J'ai quelques problèmes administratifs. » elle finit par dire en haussant les épaules. Daya ne souhaite pas s'épancher sur sa situation, pas maintenant. Elle n'a pas vu Belle depuis bien trop longtemps et elle voudrait savoir comment elle va. Daya attrape son gobelet pour y prendre une gorgée tandis que son amie commence à se confier, et manque de s'étouffer dans son café alors qu'elle lui parle de premier baiser. Daya se met à tousser, mais elle essaye de parler en même temps, ce qui lui provoque une autre quinte de toux. Il faut dire qu'une telle nouvelle ne pouvait que la surprendre. Une fois calmée, la jeune femme prend une nouvelle inspiration. « Attends attends. » qu'elle dit en posant ses mains sur la tables, et en se remémorant la phrase de Belle. Il est possible que j'ai reçu mon premier baiser. « Déjà, t'entends quoi par "il est possible" ?? » elle s'exclame, amusée et en même temps un peu confuse. Aux dernières nouvelles, quand on embrasse quelqu'un on sait qu'on l'a embrassé. Il n'y a pas de place au doute normalement. « Et ensuite, c'était avec qui ? Quand ? Comment ? » la mexicaine ne se rend pas compte de son enthousiasme. Il faut dire que Belle a presque son âge, elle se connaissent depuis qu'elles ont seize ans. A cet âge là, Daya avait déjà été enceinte, c'est pour dire. « Je veux tout savoir Belle, tu vas pas échapper à mon interrogatoire. » elle finit par rajouter d'un air sérieux. On parle là du scoop de l'année.

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Les efforts de Belle pour toujours lui venir en aide ont toujours beaucoup touché Daya. Elle se souvient d'une époque où les rôles étaient inversés, une époque où c'était la petite mexicaine qui se battait avec ses camarades de classe pour défendre sa voisine lorsqu'ils s'en prenaient à elle. En fin de compte, les deux jeunes femme ont grandi, elle ont évolué, et leur amitié également. Mais maintenant, c'est plus souvent Daya qui se retrouve dans des situations impossibles. Belle est maladroite, certes, mais Belle a de la chance d'être née du bon côté de la frontière. Elle sourit à la jeune femme qui lui offre une nouvelle fois son aide. C'était prévisible, et Daya regrette presque d'avoir commencé à se plaindre et de l'impliquer dans cette histoire. « T'inquiètes pas Belle. Je vais me débrouiller. De toute façon, même toi ne pourrais pas m'aider. » qu'elle lui dit dans l'espoir qu'elle se décourage. Mais cela ne fait qu'attiser sa curiosité. Daya le sait car elle perçoit le regard de la brune, elle perçoit sa prise de conscience et elle ne tarde pas à le lui faire savoir. La mexicaine soupire longuement. « Oui. Mais ne t'inquiètes pas, je ne vais pas partir. Je vais trouver une solution. » ses propres paroles résonnent mal dans son esprit. Daya elle veut y croire, mais elle ne sait plus comment faire. La dernière fois qu'elle a essayé de contourner les règles, ça n'a pas marché. Elle s'est mariée avec un ami sur un coup de tête, et a du annuler le mariage car cette histoire ne tenait tout simplement pas debout. De toute façon, Daya préfère largement discuter d'un sujet plus léger, comme par exemple le premier baiser de Belle. Le genre de scoop qu'elle a attendu pendant des années et qui arrive enfin aujourd'hui. La brune se mord la lèvre d'enthousiasme alors que son ancienne voisine admet qu'ils se sont vraiment embrassés. Cette histoire devient de plus en plus intéressante, et Daya veut la suite, ce qui ne tarde pas à arriver. Elle écoute tout attentivement, elle s'imagine la scène dans son esprit. Belle qui se mange un casier, Belle qui se fait amener à l'infirmerie. C'est digne d'une série. Digne de son amie. Elle voit bien que cette dernière s'emballe un peu et ça la faire sourire, puis rire. C'est beau. Enfin un peu de normalité, enfin un peu de positif. Une jeune femme qui reçoit son premier baiser. On est loin des drames de la vie de Daya. « Tu me vends du rêve Belle. » Daya s'exclame en riant encore un peu. « Mais maintenant que tu le dis, j'aurais pas imaginé ça autrement pour toi. » elle finit par admettre. C'est du Belle tout craché. C'est juste parfait. « Et après, il s'est passé quoi ? » un petit coup de coude en direction de la jeune femme. Mais Daya sait qu'elles sont différentes et son amie est probablement moins à l'aise sur le sujet qu'elle-même. « Vous vous êtes reparlés depuis ? » demande Daya, avant de reprendre une gorgée dans son latte. C'est pas possible qu'il y ait juste eu un baiser et au revoir. Daya veut tout savoir.

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Daya elle envie Belle. Elle envie son innocence, sa douceur. Pourtant, la jeune femme n'a pas non plus eu l'existence la plus simple au monde. Elle aussi a connu les épreuves et la souffrance, d'une manière différente certes, mais pas plus simple pour autant. Daya ne peut donc que se réjouir de la voir heureuse, épanouie. Cette fois, c'est elle qui lui propose son aide, et pour rien au monde Daya ne voudrait mettre sur ses épaules le poids de ses propres soucis. De toute façon, la mexicaine finit toujours par s'en sortir. « Et qu'est-ce que je ferais sans ton soutien ? » qu'elle ne peut s'empêcher de remarquer. Sans le soutien de ses proches, Daya n'aurait probablement pas la même volonté de s'en sortir. Elle aurait finit par retourner au Mexique, dans un petit village calme, loin de la fureur de sa famille en espérant que ces derniers n'entendent plus parler d'elle. Ou bien elle serait partie au Canada. C'est bien aussi, le Canada. Mais voilà, Daya elle a une vie ici, à Boston. Des amis, un début de carrière. Elle n'a pas fait tout ce chemin pour perdre ce pour quoi elle a fait tant d'efforts. Puis elle veut avoir la fin de l'histoire de Belle. La mexicaine hausse les sourcils en l'entendant parler de Tinder. « Hein ?? » elle lâche assez surprise. Jamais elle n'aurait imaginé Belle être sur Tinder. Enfin, pas tout de suite. « D'où t'es sur Tinder toi ? » elle s'en amuse. C'est une amie qui l'y a ajoutée, oui bien sûr. C'est ce qu'on dit tous. En réalité, Daya la croit, mais si Belle est tombée sur ce Daniel, c'est qu'elle a utilisé l'application. « Daniel hm ? » un petit clin d'oeil en direction de la brune. Il a donc un prénom. Pourrait-on en savoir un peu plus sur lui ? « Alors, tu vas le revoir ? » Daya est presque plus excitée que Belle par cette conversation.