Je souris, sans comprendre la nuance ; « J'crois que c'est ça, surtout, tu m'voulais pour toi, juste pour pas que d'autres m'aient. » Est-ce que c'est différent ? En quoi ça l'est ? Je te voulais, le principe est le même, la volonté similaire. « J't'ai choisi parce que j'suis amoureuse de toi. » La nuance est plus précise, d'un coup. Les yeux sombres se plantent dans ceux plus clair. Est-ce que je dois y voir de l'espoir ? Un possible retour arrière ?  « On se met avec quelqu’un parce qu’on l’aime, c’est comme ça que ça marche. Et on essaye de pas la blesser, de pas la perdre, on fait ce qu’on peut pour que ça marche. C’est faire des sacrifices et manquer des opportunités. C’est choisir. Tu m’as choisi et.. t’as oublié. » secoue la tête, j'ai fais tout ça. Tout ça, c'est moi. Je l'aime, j'ai tenté au mieux de ne pas la blesser, de ne pas la perdre, j'ai tout fait pour que ça fonctionne, pour qu'on fonctionne. J'ai peut-être été maladroite, par moment, j'ai peut-être loupé quelques signaux que t'envoyer, certainement, mais j'étais là. J'étais là, j'étais avec toi. « C’est vers moi que tu devais courir quand tu voulais être désirée. » fronce les sourcils, "J'le faisais." j'essaie de défendre le peu qu'il me reste, "J'sais pas ce qui se passait Scarlett, j't'assure je.." soupire, je sais que c'est perdu d'avance, je le sais, mais je tiens quand même à t'offrir une explication. "J'ai fais une erreur." et je le vois tous les matins, quand les cheveux à côté de moi sont trop courts, ou alors d'une couleur différente de la rousseur à laquelle tu m'a habituée. « T’es heureuse ? » Rigole nerveusement, j'ai toujours essayé de l'être. Au fond, je crois que je sais même pas ce que ça veut dire. Comment ça se définit ? Avec quoi tu le mesure ? Par rapport à quoi on se base ? « Est-ce que là maintenant, t’es heureuse ? Avec ta liberté ? » Hausse les épaules, la vérité c'est que je rempli le vide que tu as laissé. "Je.. comble les trous." souris, presque tristement, "Je sors beaucoup plus qu'avant, j'vois beaucoup de personne, j'en invite beaucoup, aussi. Je travaille plus, j'm'occupe.. J'songe même à la présidence Kirkland.." c'est pour dire le vide que t'y a fais. Moi qui était contre les maisons, qui détestait ça, j'en ai rejoins une. Pire encore, je m'y vois à la tête. Le monde devient dingue, et moi aussi. "Rien n'est jamais assez.. plus rien me suffit." j'ai toujours ce vide, ce même vide que tu comblais parfaitement, jusqu'à ce que tu t'en aille. Alors, j'en fais des tonnes, je joue, surjoue, j'ajoute et rajoute des éléments, jusqu'à essayer de déborder. Le problème c'est que jamais rien ne déborde, au lieu de ça, une nouvelle journée commence, et le jeu reprend. J'empli et je rempli les blancs, je comble les vides, en espérant qu'à la fin de la journée, le sommeil sera plus facile à trouver. "Et toi, t'es heureuse ?"

"J'sais pas ce qui se passait Scarlett, j't'assure je.. J'ai fais une erreur." On est toutes les deux d'accord là-dessus, sauf qu'on sait pas quand l'erreur a commencé. Si l'erreur, c'était de croire qu'on y arriverait, ou si c'est juste ta défaillance qui l'est. J'sais plus vraiment, j'ai trop porté d'espoir là-dedans, j'ai trop fini par y croire, en m'accrochant à chaque journée, chaque geste que tu faisais vers moi. Chaque clé que tu me donnais, chaque soirée que tu m'accordais. « Et, t'en referas. Si là, maintenant, j'te disais qu'on pourrait tout recommencer, si t'étais capable de me promettre que ça n'arriverait plus jamais. » Moi j'abandonnerai ma tristesse, ma solitude, j'abandonnerai mes idées noires, si t'étais capable de ça. Mais t'es pas prête, et j'suis pas sûre que tu le sois un jour. J'aurai tourné la page, quand toi tu regretteras cette page là, en particulier, la mienne, au beau milieu de ton bouquin de conquêtes. Soulève ses épaules frêles, dans une gestuelle déjà perdante. Le regard est déjà fané. « T'y arriverai, à me promettre ça ? » Voit comme notre relation ne tient qu'à quelques mots, voit comme notre futur se résume à une phrase. Toujours la même. "Je.. comble les trous. Je sors beaucoup plus qu'avant, j'vois beaucoup de personne, j'en invite beaucoup, aussi. Je travaille plus, j'm'occupe.. J'songe même à la présidence Kirkland.." Une simple confirmation de ce dont je me doutais, au fonds. Je sais que les échanges au fonds de tes draps se multiplient, je sais que tu cherches le contact dans d'autres bras. C'est comme ça que tu fonctionnes, tu compenses. Mais, j'me surprends de la fin de ta réplique. « Tu vas diriger une confrérie ? Elle est loin, la brillante Némésis. » Que souligne la rousse, d'un fin sourire. J'n'ai jamais été aussi catégorique que toi, et j'crois que j'ai toujours aimé ton esprit frondeur. Mais, les choses évoluent, les gens aussi. Même toi, c'est dire. « Tu seras bonne là-dedans, j'suis sûre. » Putain de Strudwick, même pas foutu de la détester, malgré son cœur maltraité. Scarlett, la fille pas foutue de tuer le loup qui la mord, qui l'excusera, accusera sa faim, lui donnera encore un peu de son sang. "Et toi, t'es heureuse ?" En aurait presque oublié cette question, tellement elle est absurde. « Non. » La réponse est simple, elle ne mérite même pas l'explication suivante :  « Moi, j'étais heureuse avec toi, j'avais pas besoin de plus. » Tu m'suffis, même quand tu refuses de m'accompagner chez ma famille, même quand t'as du mal à nous assumer, même quand on avance à petits pas. On avancait, et t'as juste fais demi-tour, piétinant ce qu'on avait fait pousser.

Je me rendais pas compte que je pouvais te perdre. Le problème, quand on a quelque chose, c'est qu'on a tendance à le prendre pour acquis, et ça a été ma plus grosse erreur. Je me suis dis que maintenant que je t'avais, maintenant que nous étions labelliser sous ce terme de couple, jamais tu partirais, jamais tu ne m'abandonnerai, et pourtant, regarde-nous. Je sais que l'erreur est mienne, je le sais et je l'assume. Je m'en excuse, même. « Et, t'en referas. Si là, maintenant, j'te disais qu'on pourrait tout recommencer, si t'étais capable de me promettre que ça n'arriverait plus jamais. » je la regarde, considère l'idée. Dans ma grande folie, je te dirais que oui. Dans mes sentiments actuels, je t'assurerai que j'ai compris la leçon, que je ne manquerais plus d'aucune attention, envers toi, envers nous et envers tout ce que je pourrais encore sauver. « T'y arriverai, à me promettre ça ? » regarde la rousse, convaincue par ses propres idées, "Bien sur que j'pourrais Scarlett." j'te promettrais la lune, si c'est ce que tu veux entendre, et tu le sais. Je ferais tout pour toi, pour t'avoir de nouveau près de moi, et au fond tu le sais, au fond tu pourrais en jouer. Je suis la méchante dans l'histoire, mais tu es celle qui a le plus de pouvoir de manipulation. Ton coeur est trop pur pour en profiter, et c'est ta meilleure partie. Celle dont je suis tombée amoureuse. « Tu vas diriger une confrérie ? Elle est loin, la brillante Némésis. » rigole, secoue la tête, "J'veux pas forcément diriger, j'veux dire, j'arrive déjà pas à m'occuper d'une plante.." hausse les épaules, "La vice-présidence m'irait", au début. Me faire les crocs sur quelque chose, remplir des papiers, accrocher des pancartes, ce genre de connerie que personne ne veut faire. Être l'ombre d'un président, c'est surtout être le premier des perdants. « Tu seras bonne là-dedans, j'suis sûre. » Relève les yeux vers Scarlett, tu vois, je crois que c'est dans ses moments là que j'ai le plus envie de toi. Mon corps contre le tiens, c'est un appel, un besoin. Dommage que j'ai perdu ce droit. Je l'ai perdu quand t'a arrêté d'être heureuse avec moi, je suppose. « Non. » Je le vois dans tes yeux, que le bonheur à disparu, j'ai même pas besoin d'une confirmation, la vérité c'est que je le savais. « Moi, j'étais heureuse avec toi, j'avais pas besoin de plus. » se lève doucement, attrape la main plus froide, tire la rousse vers moi. "Je l'étais aussi avec toi." passe une main dans la chevelure rousse, approche son visage, "tu me manques, Scar.." vraiment, beaucoup. Je sais que j'ai mal fais, que je te fais du mal, que mes mots sont des couteaux, mes gestes des blessures qui s'incrustrent au plus profond. Je voulais pas t'abîmer ni te faire pleurer, je voulais juste te garder pour moi, en oubliant quelques fois que t'étais là.

Nous n'avons pas été originales ; dans cette relation, on a tout fait comme il faut, ou presque, et on est quand même tombé dans les éceuils prévus. N'importe qui, qui nous connait, savait comment cette histoire allait se terminer. Prévisible. De mon impatience, de mon empressement, à ton désir de voir cette précieuse attirance dans les yeux adverses. Elle était pourtant constante dans mon regard à moi ; ça ne te suffisait donc pas ? On se vautre encore dans le prévisible, quand tu reviens, quand tu mens, et que moi, j'te crois presque. J'ai envie de gober ton : "Bien sur que j'pourrais Scarlett." alors que je n'en crois pas un mot, au fonds de moi. Mais, tu vois, mon battant comme il s'accélère ? Mon corps te veut près de moi, il veut renouer à des sensations passées, il veut te pardonner. L'esprit, heureusement, contre. Il rappelle la souffrance, et combien tu es une charmeuse efficace. Menteuse, aussi. Sans ciller, jamais. « Le problème, c'est que je ne te crois plus. » Regarde mes lèvres tristes, qui tracent un espèce de sourire fade. Je te connais, et toutes les promesses pourraient être faites, là, devant moi, juste pour que je retrouve tes bras dans les prochaines minutes. Et, quand viendra le jour suivant, tu auras oublié la moitié des contrats signés. Je te les soufflerai, pour garder notre flamme encore vaillante, puis, tu n'entendras même plus mes murmures. On va se perdre, encore. « Il faut peut-être que j'accepte que tu ne sais pas aimer qu'une seule personne, te satisfaire d'un seul regard. » Il faut peut-être que toi aussi, tu l'acceptes, tu le comprennes. « Ou je n'étais tout simplement pas la bonne personne. » C'est la première fois que j'y pense, en fait. J'ai toujours été tellement persuadée que j'étais celle qu'il te faut, que j'en suis venue à ne plus envisager le contraire. J'me poignarde moi-même le cœur. Et, tu continues à enfoncer la lame, en prenant ma main, me rapprochant de toi. J'me laisse guider, j'suis docile. "tu me manques, Scar.." C'est comme ça qu'elles font, les sirènes ? J'suis pas attachée à un mat moi, j'dois résister de moi-même. J'dois amorcer un recul, une distance. « Tu me manques aussi.. » Que je suis bien obligée d'avouer, malgré tout. Mais se rattrape, juste après une inspiration plus franche. « Mais tu devrais y aller Tamsin. » Mes doigts ont intercepté ton poignet, arrêté la conquête de tes doigts dans ma chevelure. Arrêté la conquête de toi, sur moi.