Les yeux verts pâles de Lidiya viennent s'ancrer dans les iris bleus de Blake. Elle est touchée, le fait qu'il soit là pour elle, qu'il s'inquiète pour elle... Cela lui fait certainement plus d'effet que ce qu'elle ne voudrait. Même si elle ne pouvait pas aller jusqu'au bout de sa pensée, elle devait avouer que parler à quelqu'un, cela pouvait soulager. Juste savoir qu'il l'écoutait, malgré les excuses bidons qu'elle pouvait sortir, cela faisait du bien. Et en même temps, elle se sentait tellement mal de ne rien pouvoir lui dire. Pourtant elle avait l'habitude, il n'était pas la première personne à qui elle servait ce ramassis de conneries... Mais là c'était différent, cela lui faisait plus mal.
Elle approche une main et ses doigts fins viennent effleurer la joue de Blake; mais elle n'ose pas aller plus loin, comme si ce simple contact était déjà interdit. Mais merde Lidiya, tu fous quoi là ? C'pas le moment ! Ô cruelle conscience ! Elle le fixe, tout simplement/

- Merci Blake... Pour tout...

Et elle espère juste qu'il puisse capter toute la sincérité dans ses paroles. Elle le pense réellement. Parfois, il y a des personnes que l'on rencontre, que l'on connait depuis peu et pourtant, très vite on en vient à avoir l'impression qu'un lien étrange nous lie à eux. C'était un peu ce qu'il se passait pour Lidiya avec Blake. La russe a finit par reconnaître que lorsqu'ils ne parlent pas pendant un moment, elle ressent un petit pincement au coeur. Mais en général, un coup de fil de la part de ses parents finit par la remettre dans ce qu'ils appellent "le droit chemin". Foutus agents à la con oui !
Alors qu'il fait ça petite tête attendrissante dont il a le secret, Lidiya explose de rire:

- Aaaaah parce que tu crois que ça va marcher sur moi ? Bon comme t'as été sage, j'veux bien envisager de te nourrir ! Mais c'est uniquement parce que t'as été sage !

Bon et parce qu'elle avait aussi clairement envie de lui faire plaisir. Elle fait quelques pas vers la cuisine avant de finir par pousser un cri de surprise en se retrouvant sans grande difficulté calée sur l'épaule de Blake. Comme un reflex, comme si elle avait déjà été entraînée pour succéder à ses parents, en une fraction de seconde ses pupilles se dilatent et ses mains se referment sur la nuque du jeune homme. Maudits reflex de merde... Elle ne fait rien cependant et a tout juste le temps de se contrôler avant de commencer à exercer une quelconque pression. Puis il la repose, comme si elle était aussi légère qu'une plume, elle le regarde un instant, la respiration plus irrégulière et peu à peu son regard redevient normal. Elle s'humecte délicatement les lèvres alors que l'atmosphère se charge légèrement:

- Je... euh...

Oui pour le coup, ça lui a coupé la chique, littéralement. Encore chancelante, elle ne dit rien, espérant fortement que Blake n'a pas vraiment fait attention à son geste ou sinon, qu'il pensera quelle voulait tout simplement se retenir. Et d'un autre côté toutes ses terminaisons nerveuses lui hurlent qu'elles réclament encore ce contact. Hein ? Mais ça va pas ? Qu'est-ce qui fait qu'elle débloque autant aujourd'hui ?
Puis la proposition tombe à pique. Un tour en moto. L'accro aux sensations fortes qu'elle est ne peut qu'être réjouie par ce projet. Ses yeux s'éclairent soudain, comme si elle redevenait une enfant et comme si on lui apportait un nouveau cadeau de Noël:

- Avec plaisir ! Pffff pour tout de dire j'ai cru que t'allais jamais le proposer tiens !

Elle lui administre un léger coup de poing, rien de bien méchant, c'est même plus un geste qui se veut amical qu'autre chose. Elle le cherche c'est tout.

- Alors où irons-nous, Monsieur le pilote ?, demande-t-elle tout en se dirigeant vers le placard qui renferme les assiettes.

Elle sort tout ce dont Blake a besoin pour manger et les pose sur l'imposant plan de travail. Elle attrape ensuite la grosse cocotte en fonte dans laquelle repose le boeuf et vient le replacer sur les plaques de cuissons électriques et finit par rallumer le four pour le gratin. Bah, faut bien refaire chauffer un peu tout ça:

- Si tu veux bien prendre place..., dit-elle en lui désignant la chaise de comptoir à l'aide de sa spatule en bois. J'espère que ça va te plaire !