"Parce que t’es fiancée et maman?" J’sais pas, ça me parait logique en fait? A quoi bon te dire que t’es attirante à mes yeux? Ça changerait rien, ça ne servirait à rien, voire ça créerait même un potentiel malaise entre nous. Mais j’le dis, parce que tu reculeras pas tant que t’auras pas eu ta réponse. En même temps, pour qui t’étais pas attirante? Sérieux, t’étais à tomber. "Arrête." Je déteste quand tu fais ça. Quand tu reprends mes mots, que tu me les forces à la figure comme un reproche. J’te connais par coeur Meghan, je sens dans le ton de ta voix que t’es vexée par ce que j’ai dit. "Parce que t’es pas une ‘pote’. T’es… mon âme-soeur Meghan. T’es la personne qui me connait le mieux, t’es celle pour qui je sauterais d’un pont si tu me le demandais, même sans raison valable." Et ouais, j’ai peur que si je commence à te regarder, à me poser la question, ça puisse tout changer en fait. Je sais pas à quoi ça peut mener, tout ça. À rien de concret, parce que de toute façon, t’as ta vie bien organisée et carrée. "Tu veux la vérité? Plus on avance et plus j’me dis parfois qu’on aurait pu être bien ensemble. On colle parfaitement. Mais on a jamais eu le bon timing. Quand t’étais libre, j’étais un connard qui enchainait les meufs. Puis quand j’ai enfin su ouvrir mon coeur, t’étais casée avec Sully. Et maintenant tu vas te marier et t’as des enfants. D’où le fait que j’ai pas le droit de répondre à cette question, de te dire que je puisse te trouver attirante." Tu comprends mieux maintenant, ma gêne?

« est-ce que je trompe qui que ce soit en posant une question ? » c’était une question. je ne t’avais pas demandé de m’embrasser ou rien d’autre de tout ça. ce n’était rien qu’une question. alors ouais, pourquoi est-ce que c’était si dérangeant pour toi d’y répondre ? j’ai l’impression que t’en fais soudainement tout un plat comme si c’était typiquement le genre de truc que tu ne voulais jamais aborder entre nous. « et ? t’es mon âme soeur aussi. tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. n’importe quoi. » ça ne change quand même pas le fait que je me pose des question et que j’en ai le droit. « mauvais timing han ? » j’pousse un soupir me redressant du canapé. « un mauvais timing ou t’avais juste peur que je te trouve pas assez bien pour moi ? » et j’sais pas, tu m’idéalises tellement la plupart du temps que je me dis que c’est possible en soit. que t’ai posé des barrières tout seul juste parce que t’étais terrifié à l’idée que je te repousse. est-ce que ça semble tiré par les cheveux ce genre de théorie ? « mais ouais, restons sur le mauvais timing » ça a l’air de te convenir comme réponse à toi après tout. donc ouais, ce n'est rien d'autre qu'un mauvais timing et puis il ne nous restait plus qu'à prétendre que cette conversation n'était jamais arrivée.

Non, tu trompes personne. T’inquiète pas pour ça. Mais ouais, moi, ce sujet de conversation ne me mettait pas forcément à l’aise parce que… parce que j’étais plus le Elliot d’avant le crash, maintenant, je réfléchissais un peu trop, je me posais un peu trop de questions, et ça, c’était le genre de truc qui allait me faire cogiter, j’le sens. Pourquoi on pouvait pas juste ne jamais évoquer le sujet? Pourquoi j’pouvais pas continuer à ne pas te regarder, à ne pas me poser la question, à garder les choses simples? Et tu tiques à nouveau, cette fois sur le ‘mauvais timing’. Tu reprends même encore mes mots. Tu te lèves même, instaurant une petite distance entre nous. Tu vois, c’était ça que je voulais éviter. Te voir t’éloigner pour des mots qui n’auraient probablement jamais du sortir. Alors je me lève à mon tour pour te faire face. Et je pince les lèvres à tes mots, qui sonnent peut-être bien trop vrais. "Ça te parait si improbable que ça?" Tu sais très bien que non. T’as toujours été une fille honnête, droite, loyale, fidèle, dévouée. Et j’passais très bien en tant qu’ami, mais j’étais pas dupe, t’étais pas frivole comme moi, et j’me demande même si t’appréciais le peu de manières que j’avais à l’époque, et les bonnes moeurs que je n’avais pas, contrairement à toi. Avoue-le Meghan, c’est fort probable. J’dirais même que t’as mis le doigt en plein dans le mille là.

ouais, qu’est-ce que tu veux qu’on fasse d’autre de toute façon ? je t’ai lancé sur un sujet que tu ne voulais de toute évidence pas aborder alors autant arrêter maintenant tant qu’il en est encore temps. et promis, j’garderais ma bouche fermée la prochaine fois histoire de ne pas accentuer le malaise. « alors c’est ça ? t’avais juste peur que je ne veuille pas de toi ? » je.. tu te rends compte à quel point c’est idiot elliot ? tu te rends compte à quel point t’es bête d’avoir pensé ça ? j’veux dire.. tu crois que tout ce que je t’ai dis n’avait aucune valeur ? j’me suis tenu à tes côtés encore et encore sans jamais te laisser tomber une seule fois. je t’ai répété des milliers de fois que t’étais le centre de mon monde et que je pourrais m’enfuir à l’autre bout de la terre avec toi. « je.. wow. c’est n’importe quoi. » et si t’étais tellement persuadé qu’on aurait pu matcher, pourquoi t’as jamais essayé ? peut être que t’as raison dans le fond, regarde à quel point on est similaire toi et moi. on s’entends sur tout, on a les même points de vue, j’suis pas sûre qu’il y ait énormément de sujet sur lesquelles ont puissent se battre et.. ouais, t’as raison, y a peut être eu du mauvais timing mais y a aussi eu un manque de courage venant de ta part j’crois.

"Fais pas comme si c’était de la pure folie Meghan." Bien sûr que t’aurais pas voulu de moi. Mais en réalité j’me posais même pas la question à l’époque. J’te rappelle que j’étais persuadé que l’amour n’existait pas, que c’était une pure invention sociale. Et non, c’est pas n’importe quoi. "De toute façon, pourquoi ça t’intéresse? Qu’est-ce que ça t’importe?" T’es casée Meghan. T’es avec Sully, tu viens d’accoucher, tu vas te marier dans pas longtemps. Et moi, j’suis avec Vega. Que tu le saches ou pas, on est pas fait pour être ensemble, on le sera jamais. Et c’est pas plus mal en fait, parce que Sully, il te rendra sûrement plus heureuse que moi. J’sais pas. Ouais, j’suis juste pas assez bien pour toi, il te faut quelqu’un qui soit à ta hauteur et clairement, c’est pas moi. Y’a des gens comme ça qui n’ont jamais leur chance dans la vie. On fait sûrement parti de ces gens là. Et puis… Attends, quoi? "T’es en train d’insinuer que t’aurais voulu de moi?" Ouais, moi, j’réalise ça quarante ans après que tu l’aies dit. Faut que ça monte au cerveau là. Parce que franchement, ça me parait littéralement impossible.

« mais bien sûr que c’est de la pire folie. » t’es vraiment tordu dans ta tête pour imaginer ce genre de chose alors que tu m’as jamais laissé entendre que tu pouvais être potentiellement intéressé. t’as juste sauté à des conclusions hâtives alors ouais, j’crois sincèrement que t’as juste eu un manque de courage énorme et que c’est pas une question de mauvais timing. et j’hausse les épaules prise au dépourvu. ouais, pourquoi est-ce que ça m’intéresse ? j’ai l’impression que c’est soudainement le brouillard dans ma tête. et je sais pas si c’est moi qui me pose des questions ou si c’est sullivan qui a fini par immiscer cette idée dans ma tête à force de rabâcher à tord et à travers qu’il y avait hypothétiquement quelque chose entre nous. dans tous les cas, je suis consciente que je viens de foutre un sacré bordel en moins de cinq minutes là. et j’sais pas pourquoi je suis partie soudainement sur ce terrain là alors que c’était cramé que c’était une pente glissante. « et pourquoi pas ? » j’te regarde me pinçant les lèvres, convaincue que je n’aurais pas du dire ça. et pourtant, c’est sortie. pitié, dis moi que je suis pas en train de tout faire merder. « j’avais.. peut être un crush sur toi au début mais.. c’était inutile alors » je l’ai gardé pour moi, that’s all.

Non, c’est pas de la folie, et tu le sais. Tu dis que je t’idéalise, mais pour moi, c’est même pas de l’idéalisation, c’est juste la réalité, t’es tellement au-dessus à mes yeux, au-dessus de tout le monde. C’est pas pour rien que j’te dis que je sauterais d’un pont si tu me le demandais. Réellement Meghan, j’réfléchirais même pas, je sauterais, point. Alors non, dans ma tête, c’est pas de la folie. C’était un connard alors que t’étais parfaite. T’aurais rien voulu avoir à faire avec moi. En tant qu’amis ouais, mais pas plus, j’le sais. C’était le cas de personne en fait, même pas de moi. Et j’sais pas comment on en est arrivés là, comment on en est arrivés à cette conversation qu’on a jamais eu en des mois et des mois de relation. Alors que pourtant, on a juste blagué, comme on le fait d’habitude. Mais… ce soir, ça a dévié, et là, on parle de choses très sérieuses pour lesquelles je ne suis sûrement pas prêt. "Pourquoi pas? Pourquoi pas quoi, Meghan? Tu peux pas dire des trucs comme ça..." Je me passe les mains dans mes cheveux blonds que je ramène en arrière, un peu pris de court. Putain mais qu’est-ce que tu fais? Et maintenant tu m’avoues que t’avais un crush sur moi? Mais? "Tu l’as jamais dit non plus." Tu peux me reprocher mon manque de courage autant que tu veux, au final, si t’y avais pensé aussi, t’avais jamais rien laissé paraître. Ou du moins, pas assez pour que je vois les signaux, s’il y en avait.

puis moi, j’ai jamais caché que je pouvais manquer de courage sur certaines choses. je me cache pas derrière des mauvais timing pour justifier ma non prise de parole. alors ouais, les mots sont sorties et j’ai l’impression qu’on s’enlise un peu plus à chaque fois. sauf qu’autant mettre les choses à plat, pas vrai ? on est pas le genre de personne capable de faire semblant. je me dis que si ça sort maintenant, c’est qu’on ne pouvait plus -ou je ne pouvais plus- le garder intérieurement. puis j’sais que dans le fond, on est bien assez fort pour réussir à passer au dessus de ça dans tous les cas, quoi qu’il advienne. parce qu’on parle de toi et moi et qu’on ne se laissera jamais tomber pour ce genre de connerie. jamais. on se l’ait promis et je tiens mes promesses, toujours. « je ne peux pas les dire ou tu ne veux pas les entendre ? » parce que tu vois, y a toute une différence entre les deux. et j’crois que toi, t’es plutôt sur la deuxième option. t’as pas envie de m’entendre dire ça parce que c’est en train de foutre le bordel chez toi. en soit, je comprends mais sois juste honnête un petit peu. « je sais, j’ai jamais été courageuse sur ça. » tu peux pas dire le contraire. c’est pas moi qui suis allée vers marin. c’est pas moi qui suis allée vers sullivan. je ne fais jamais les premiers pas, tu pouvais pas t’attendre à ce que je le fasse pour toi. "j'aurais pas du parler de ça, désolée."

T’as raison, j’veux pas les entendre. J’suis égoïste à force, tu le sais. T’es en train de foutre le bordel dans mon esprit et tu me fais peur. Moi qui pensais être tranquille et posé, voilà que tu débarques, que tu fais un pas vers le devant de la scène et que tu fais tout vaciller. Je garde le silence, je te regarde, vraiment cette fois. Je te regarde, pleinement, et ma main vient attraper la tienne pour te tirer contre moi et réduire la distance que t’as décidé de nous imposer. Et mes bras viennent s’enrouler autour de toi pour te caler tout contre moi. J’expire doucement, le nez dans tes cheveux, comme pour remettre les idées en place dans ma tête. "T’excuse pas…" Surtout pas. "Je t’aime, Meghan. Je t’ai toujours aimée, et je t’aimerais toujours." J’tenais juste à le re-préciser, quand même, au cas où tu l’oublierais en cours de route. Et je mets fin à notre étreinte, fais un pas en arrière pour pouvoir reposer les yeux sur toi. "C’est pas comme si ça changerait quelque chose de toute façon…" Même si j’te faisais une déclaration d’amour, ça en resterait sûrement là, parce que quels choix on a de toute façon? Je replace une mèche de tes cheveux derrière ton oreille avant d’enfouir mes mains dans mes poches de jean, comme si mon geste était déjà de trop au vu de la situation.

je ne sais pas quelle mouche m’a piqué, j’te promet. c’est juste arrivé comme ça et c’est presque comme si je n’avais pas pu me contrôler pour le reste. j’suis désolée elliot, je cherche pas à tout faire voler en éclat autour de nous mais.. tu sais que je suis quelqu’un de spontanée et qu’un jour ou l’autre, tout ce qui me passe par la tête finit par sortir. alors j’te laisse me prendre la main et m’attirer contre toi. je me blotti dans tes bras inspirant ton odeur à plein poumon comme si mine de rien, je venais de lâcher un truc qui me pesait sans que je m’en rende compte. ouais, j’suis soulagée en fait. « je t’aime aussi » infiniment. et tu comptes tellement pour moi. j’espère que tu réalises ça. « ça change rien pour toi ? » je demande parce que je veux être certaine. sois honnête, regarde moi dans les yeux et dis moi que ça ne change strictement rien pour toi. que tu balanceras aux oubliettes tout ce que l’on vient de dire et que ce n’est pas important. je veux l’entendre de ta bouche en fait. puis regarde, tu me touches à peine et tu te reprends comme si c’était soudainement devenu malsain. tu peux pas me dire pour le coup que ça ne change rien parce que ça sonne faux tu vois. moi j’crois qu’on vient de changer les choses, de redistribuer les cartes et que c’est à nous de prendre une décision. mais si tu préfères prétendre, j’te suis. dans tous les cas, je refuse de te perdre.