Sauf que j'entends beaucoup de paroles, de paroles mais ce n'est que du vent tout ça se permit-elle car après tout Drea n'avait de cesse de l'attaquer après lui avoir proposé ce poste, espérant peut-être que Bambi en vienne à regretter d'avoir dit oui, mais il n'en serait rien en vérité. Il ne s'agissait pas d'un élan de fierté mais plutôt un besoin de se prouver à elle-même que c'était possible, qu'elle pouvait arriver à être un médecin, et un bon, quoi qu'en dise un chirurgien parmi tant d'autres. Si, on me l'a déjà dit... admit-elle bien volontiers, avant d'être prise d'une insupportable toux. L'italienne sauta sur la première serviette qu'elle trouva à proximité du comptoir, se rendant compte que sa toux était encore en train de s'aggraver, lâchant du sang. Elle s'excusa d'un signe de tête et partit vers les toilettes, dont la porte était malheureusement fermée. Merde. Putana ! s'exclama-t-elle en continuant de tousser.

Vous seul serez juge à l'intérieur de votre cabinet fit-elle valoir avant que la situation ne lui échappe complètement. Bambi aurait voulu éviter de faire apparaître sa faiblesse, elle s'y serait prise autrement. Pour un peu, l'italienne se surprit à prier que Drea ne vienne pas la rattraper ni ne découvre le pot aux roses, car il s'agissait là d'une information de taille : une de celles dont il pourrait se servir pour la rabaisser, une parmi tant d'autres, hélas. Sauf que le chirurgien eut tôt fait de lui attraper le bras, constatant l'importante quantité de sang sur le mouchoir qu'elle tenait toujours en main. La question légitime de ce dernier la poussa à dire la vérité, mais pour qu'il la croit, elle sortit une petite boîte de gélules, données en cas d'attente de greffe... Pulmonaire. Je ne me drogue pas... reprit-elle entre deux manifestations de toux, alors que tout son corps tremblait et qu'elle retenait ses larmes de souffrance. La crise va passer, j'ai l'habitude. Ça va aller... tenta-t-elle de le convaincre et de se convaincre également au passage, alors qu'elle ne quittait pas son regard, ne sachant pas ce qu'il ferait.

Contre toute attente, bien loin de lui jeter la pierre ou même de la juger, Drea fit en sorte de la reprendre par le bras et de la faire sortir de cet environnement malsain, confiné et enfumé. L'air frais fut hélas extrêmement douloureux pour ses poumons à vif, tant et si bien que Bambi plaqua une main contre sa poitrine alors qu'elle tâchait de respirer petitement à la fois, histoire de reprendre un souffle certain. Pourquoi vous... m'aidez ? articula-t-elle avec difficulté, s'asseyant sur un banc près du club, son teint virant à la pâleur extrême. Au lieu de continuer à jouer les demoiselles sexy, voilà que sa faiblesse la rattrapait, traîtreusement. Merci... de l'avoir fait... admit-elle alors que sa toux reprenait, hélas, de plus belle.

Le simple fait que Drea passe du tutoiement au vouvoiement troubla un brin Bambi, qui ne s'y était clairement pas attendue. L'espace de longues minutes, l'italienne se tut effectivement, donnant à ses poumons un peu de repos, si l'on pouvait voir les choses ainsi. La douleur restait aussi vive et insupportable, la poussant à se contracter de temps à autre, mais toujours en silence. Pourquoi passer du tutoiement au vouvoiement d'un coup ? Si la demoiselle continuerait à le vouvoyer envers et contre tout, surtout qu'il s'agissait tout de même de son futur patron, l'inverse la choquait presque. Mais bientôt, ce ne fut plus qu'un détail parmi tant d'autres alors qu'une ambulance arrivait, très certainement appelée par le patron du bar. Merci pour votre aide professeur, j'arrête de squatter votre squatter, mon carrosse m'attend... à lundi, et prenez soin de vous fit-elle valoir dans un sourire, alors que les ambulanciers l'emmenaient avec grands soins.