Two solitudes
— ft. @Nick Larsson

Poppy sortait - enfin - de l'hôpital aujourd'hui, son sac en main, un bandage sur le bras. Impossible de le cacher puisqu'elle portait un haut à manches courtes, mais qu'importe. L'américaine ne comptait pas s'attarder ici et même poursuivre le toubib devant lui donner son autorisation de sortie s'il le fallait. La blonde volcanique sillonnait les couloirs depuis cinq bonnes minutes, d'un pas décidé, sans vraiment regarder où elle allait et c'est de cette manière qu'elle manqua de bousculer ce pauvre Nick. Elle s'arrêta juste à temps, esquissant un petit rire en levant les mains en l'air après en avoir lâché son sac. Décidément je vais croire que j'aime te faire du rentre dedans ! plaisanta-t-elle, ne pensant pas mettre les pieds dans le plat ou bien être maladroite. Cette petite mine qu'il affichait l'alerta aussitôt. Comme quoi, même longtemps après leur rupture, les réflexes avaient la vie dure. Oula... ça ne va pas fort toi, je me trompe ? fronça-t-elle les sourcils.

Les journées pouvaient pas être plus pénible, j’avais aucune envie d’être ici et en même temps j’avais aucune envie d’être chez moi non plus. Maintenant je me rappelais très bien pourquoi j’avais été des années sans faire confiance à personne. Après notre petit périple en Floride, Louve n’avait simplement plus donné de nouvelles et était repartir je ne sais trop où. Comme quoi une simple dispute arrivait à casser le lien qu’on avait réussi à créer. Même si je ne lui avouerais jamais, j’ai beaucoup souffert de son départ, mais maintenant je dois continuer à reprendre le cours de ma vie sauf que plus rien n’est « normal ». Mon appartement n’est plus vraiment le même depuis qu’elle est partie et franchement je regrette d’avoir été assez bête pour croire que cette fois ça serait différent. Ses pensées étaient en permanence dans ma tête et j’étais beaucoup moins concentré qu’à l’habitude au boulot. D’ailleurs je passais très proche de foncer directement dans une jeune femme blonde que je connaissais très bien d’ailleurs!  « Woahh.. clairement! » dis-je avec un demi sourire m’efforçant de ne pas laisser paraître le désastre de ma vie. Ça ne passa pas inaperçu, car elle renchérit aussitôt me demandant ce qui n’allait pas et j’échappais un léger soupire m’efforçant de ne pas laisser mes émotions trop remonter.  « On peut dire ça comme ça oui… ça parait tant que ça? » Mon attention se porta alors sur son bras où un pansement s’y trouvait et je fronçais les sourcils.  « Hey mais toi… qu’est-ce que tu fais ici ? Tu t’es blessé? » demandais-je d’un air inquiet.

Two solitudes
— ft. @Nick Larsson

Poppy avait manqué de rentrer dans Nick et créer une nouvelle catastrophe mais cela venait d'être évité de peu. Il valait mieux, étant donné que l'intégralité de son corps lui paraissait être une gigantesque douleur depuis l'accident. Rien de grave d'après les médecins, et on ne l'avait gardée en observation qu'en vue de gérer une potentielle nouvelle crise convulsive... due à sa tumeur. Rien d'autre. Sans doute fut-ce l'occasion rêvée de s'occuper de quelqu'un d'autre que de sa petite personne, et l'américaine ne s'en priva pas une fois face à son ex, dont la présence lui paraissait toujours aussi agréable. Disons que je te connais bien et que ses yeux tristes ne me disent rien qui vaillent... c'est grave ? s'enquit-elle en se moquant totalement de son propre état, comme souvent, son côté tête brûlée lui ayant déjà joué des tours à bien des reprises. Oh ça ? Trois fois rien puis on s'en cogne, vu que toi c'est pas la forme ! minimisa-t-elle aussitôt la chose en riant doucement, cabotine comme à son habitude. Mais elle redevint sérieuse dès que son regard d'un bleu puissant croisa celui de l'infirmier, immanquablement. Tu me laisses te payer un café ? Tu ne me raconteras que si tu le souhaites, mais tu sais bien que je suis une tombe... murmura-t-elle en déposant sa main contre l'épaule du jeune homme, ne pensant déjà plus ni à son pansement, ni à ses propres douleurs.

Mes collègues de travail avaient un peu lâché prise à ce niveau étant donné que je leur répétais que tout allait bien, mais j’avais comme l’impression que Poppy n’allait pas lâcher le morceau. Elle me connaissait trop bien pour croire que tout allait bien. Quand mon regard se porta sur son bras enroulé dans un bandage, j’oubliais tout le reste – pour une fois. Pourtant elle insista que ce n’était rien avant de revenir sur mon cas et me proposant même d’aller prendre un café pour en discuter. Mon regard s’arrêta sur sa main qui venait tout juste de se poser sur mon épaule avant que je ne replonge dans son regard. Elle n’avait probablement pas idée à quel point ce simple petit geste se voulait réconfortant pour moi en ce moment.  « Je veux bien accepter ta proposition… mais à une condition. Je veux que tu me racontes ce qui t’es arrivé parce que vite comme ça j’ai pas l’impression que c’est rien moi. » Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres et qui aurait cru que de revoir une de mes exs me feraient autant de bien. À vrai dire, c’est probablement la seule que ça me faisait véritablement plaisir de revoir.  « Je vais juste aller leur dire que je pars… je me change, et on y va? » Vue ma tronche je savais qu’ils comprendraient que j’avais besoin d’un peu de temps pour moi et qu’ils ne m’en voudraient pas. J’arrivais au poste des infirmiers où je demandais le reste de ma journée et en moins de 10 minutes je revenais à l’entrée principale après m’être changé.  « T’avais pas d’autres plans de prévu au moins j’espère? »

Two solitudes
— ft. @Nick Larsson

Le geste de Poppy, simple et sincère, avait été effectué sans l'ombre d'une arrière pensée, et parce que le sentir mal la rendait triste par la même occasion, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. L'américaine s'était toujours sentie extrêmement proche du jeune infirmier, normal avec ce qu'ils avaient vécu ensemble et traversé main dans la main. Une chance que leur histoire se soit bien terminée, au bout du compte, car elle leur permettait aujourd'hui de se soutenir mieux que n'importe qui d'autre. Je crois que tu me connais trop bien et qu'à toi, je ne peux ni mentir, ni utiliser mon talent d'actrice... quel dommage ! rit-elle doucement, cette nouvelle expression illuminant aussitôt ses traits pourtant marqués par la fatigue et le choc. Mais d'accord, tu as gagné... si tu me racontes d'abord ce qui t'arrive, je te jure que je fais de même juste après. Toi d'abord, c'est plus important ! renchérit-elle avant de hocher la tête aussitôt alors que Nick lui disait qu'il devait prévenir qu'il s'en allait et se changer au passage. L'actrice l'attendit avec plaisir, son sac dans une main, son sac à main dans l'autre. La douleur lui paraissait moins insurmontable, d'un coup d'un seul. Cela lui donnait un autre but, sans doute... dix minutes plus tard, Poppy le vit revenir et son sourire étira une nouvelle fois ses lèvres alors qu'elle lui tendait son bras pour qu'ils quittent l'hôpital ensemble, bras dessus bras dessous. Oula non pas du tout ! Mon fils est à la crèche, personne ne m'attend à la Eliot... pour ainsi dire, tu sauves ma journée ! s'exclama-t-elle à l'aide de cette franchise dont elle avait toujours fait preuve avec lui. En quelques minutes à peine, ils se retrouvèrent à la terrasse du café en face de l'hôpital, et Poppy ne le lâchait pas des yeux. Qu'est-ce qui t'es arrivé, Nick ? Tu m'inquiètes tu sais...

J’acquiesçais d’un léger signe de tête avant de me joindre à son rire lorsqu’elle affirma qu’elle ne pouvait jouer le jeu avec moi et faire comme si de rien était – c’était clairement réciproque. Elle ajouta aussitôt qu’elle était bien d’accord avec mon idée, seulement elle voulait que je le lui raconte d’abord et ensuite elle promit de tout me dire de son côté.  « Ça me va.. mais je doute que mon histoire soit plus importante que la tienne! » dis-je avec un léger rire. Mon histoire n’avait rien de dramatique en soi considérant que c’était le genre de chose qui devait arriver à tous les jours. J’allais bien finir par m’en remettre, mais comme tout le monde je devais en quelque sorte faire le deuil d’une personne que j’aimais. Je quittais rapidement pour indiquer mon départ, me changeais puis rejoignis Poppy qui m’attendait à l’entrée. Sans hésité je passais mon bras sous le sien avant que l’on ne se dirige vers le café situé en face de l’hôpital.  « Oui sauver est un bien grand mot… je risque peut-être de te miner le moral plus qu’autre chose! » ajoutais-je en riant faussement, car une part de moi espérait que ce ne serait pas le cas. On arrivait sur la fameuse terrasse où l’on pris place avant que Poppy ne me demande une nouvelle fois ce qui n’allait pas.  « Bien disons que je me suis en quelque sorte fait laisser? En fait je sais pas trop… tout allait super bien. On était partie une fin de semaine en Floride le voyage était super. On a eu une petite dispute et elle a juste… disparu. Sans donner de nouvelles. Je suppose que c’était trop pour elle à gérer.. je sais pas en fait. »

Two solitudes
— ft. @Nick Larsson

Nick doutait fortement que son histoire soit plus importante que celle de Poppy mais la jeune femme ne voulait rien minimiser, curieusement. Sans doute l'instinct, une fois encore, et elle haussa les épaules pour le lui faire comprendre. Qui sait ? L'américaine n'avait pas pour habitude de vendre la peau de l'ours avant de lavoir tué, aussi attendit-elle que le bel infirmier la rejoigne et ne prenne son bras pour l'accompagner jusqu'au café afin den apprendre davantage. Il ne s'agissait pas là de curiosité mal placée, bien au contraire, Poppy était vraiment inquiète pour lui et son inquiétude fut hélas fondée. Peut-être qu'elle était trop jeune et non prête ? s'enquit-elle en s'emparant de la main de Nick pour mieux la porter à ses lèvres, faisant preuve d'une délicatesse rare. Mais l'actrice en avait besoin après ce qu'elle avait vécu, et quelque chose lui susurrait à l'oreille que son interlocuteur se trouvait dans le même cas. Ne te sens pas coupable, Nick... les choses n'arrivent parfois pas par hasard et cela ne veut pas dire que tu ne seras pas heureux. Ce n'était pas la femme qui te convenait sûrement... okay je ne suis pas le meilleur exemple pour parler de ça mais je pense sincèrement ce que je dis et je sais que tu es quelqu'un de formidable ! s'exclama-t-elle en jouant machinalement avec les doigts du jeune homme, tout en le regardant, sans même s'en rendre compte. Tu pensais me miner le moral mais je ne crois pas. Le bandage que tu as vu est le résultat de mon accident, en fait...

Lorsque vint le temps d’expliquer à Poppy la cause de mon air si déprimé, l’information sortie d’une traite, sans hésitation. Peut-être parce que ça faisait plusieurs jours que je me repassais les derniers événements dans ma tête et que je connaissais maintenant les faits par cœur. Lorsqu’elle souligna que Louve était peut-être seulement trop jeune je baissais le regard, ce n’était peut-être pas faux. La jeune blonde s’empara de ma main, l’approchant de ses lèvres. C’était bien Poppy ça, douce et attentionnée comme elle l’avait toujours été.  « C’est vrai qu’elle était plus jeune, mais j’ai vraiment cru que c’était différent. » J’haussais à nouveau les épaules, l’amour rend aveugle qu’on dit, non? Je laissais la jolie blonde jouer avec mes doigts, appréciant sincèrement ce contact, pour une fois je me sentais un peu moins seul.  « C’est gentil vraiment.. t’as surement raison. Rien n’arrive pour rien, hein? » En même temps je réalisais que j’étais peut-être mieux seul, j’étais au moins convaincu qu’à moi, je pouvais me faire confiance. Poppy reprit la parole, m’expliquant que le bandage c’était à cause d’un accident et je fronçais les sourcils.  « Un accident? Qu’est-ce qui s’est passé? Raconte-moi tout! » Lorsque la serveuse passa à nos côtés j’en profitais pour nous commander à boire parce que je voulais tout savoir ce qui lui était arrivé.

Two solitudes
— ft. @Nick Larsson

Poppy se surprenait à ne pas avoir oublié leurs petits réflexes physiques ni les regards qu'ils partageaient autrefois lorsqu'ils se confiaient. A croire que de ce côté là, rien n'avait changé et sans doute était-ce pour le mieux. L'américaine avait besoin d'une certaine constance dans son existence, les imprévus et l'adrénaline l'intéressant moins maintenant que son petit bout comptait sur elle. On veut toujours croire que cette fois c'est différent. Je crois que j'ai tellement tenté de m'en persuader que je me suis totalement perdue de mon côté... soupira-t-elle, serrant un instant les doigts de Nick dans les siens, un peu plus fort qu'elle ne le voulait de prime abord, sans même s'en rendre compte. Oh pardon je ne voulais pas te broyer la main ! secoua-t-elle négativement la tête de droite à gauche avant de reprendre aussitôt : non rien n'arrive pour rien, même si je t'aurais souhaité d'être heureux, tu sais... Quand ils étaient ensemble déjà, Poppy plaçait le bonheur de Nick avant le sien, et aujourd'hui encore elle le faisait, au point de n'avouer son accident qu'après sa confession. Sa réaction ne la surprit pas cependant, bien que son sourire s'effaça complètement de son visage d'un coup dun seul. Mon ex m'a foncé dessus et fait retourner ma voiture. Résultat, une égratignure et ça ce n'est rien, deux côtes cassées et je suis restée en observation car l'accident a provoqué une crise convulsive. Mais j'ai fait des pieds et des mains pour sortir avant... Venait-elle d'avouer à demi mot que quelque chose plus grave sommeillait dans son corps ?

Poppy n’avait pas tort, on veut parfois tellement ce convaincre qu’on a trouvé le bonheur parfait qu’on oublie qu’il n’existe pas. Parce que dans toute relation il y a des hauts et des bas et c’est tout simplement inévitable.  « T’as bien raison. » J’avais pas de mal à la croire. Sa main se resserra un peu plus fort autour de mes doigts sans qu’elle ne semble le réaliser sur le coup. J’éclatais de rire à ses propos avant d’ajouter aussitôt.  « T’inquiète pas… je crois pas que tes petites mains arriveraient vraiment à me faire mal. » dis-je en jouant un peu avec ses doigts. C’est vrai que si on comparait la taille de nos mains c’était le jour et la nuit.  « Mais merci c’est gentil.. » ajoutais-je pour répondre à ses derniers mots. Je savais que ses paroles étaient sincères et ça faisait quand même chaud au cœur à entendre. Puis la conversation dévia finalement sur son fameux bandage qu’elle avait autour du bras. Aussitôt qu’elle eut prononcé le mot accident, mon expression changea et je lui demandais plus de détails espérant que ce n’était rien de trop grave. Ses révélations n’enlevèrent guère l’inquiétude qui s’était installée sur mon visage.  « Ton ex t’a foncé dessus? Mais pourquoi?  » J’étais plutôt troublé par ses aveux et au fond j’espérais que c’était qu’un simple accident, mais un détail ne m’échappa et je renchéris aussitôt.  « Qu’est-ce que tu veux dire par « ça a créé une crise convulsive? » J’avais maintenant tellement de questions et je regrettais presque de lui avoir fait part de ma petite vie misérable alors que ce qu’elle vivait était franchement pire.