Je regarde Jax me sermonner comme si j’avais 4 ans et qu’il me disait qu’il compte jusqu’à 5 pour que je me tiennes correctement. C’est un peu ça, sauf que mes commentaires et leurs sous-entendu sont classé pour “public averti seulement” et que la sentence est NSFW. Avouez, ça rends la chose nettement plus intéressante.

- Je ne sais pas si tu me dis ça pour que je te provoques volontairement ou non, fis-je songeur. Mais je vais essayer de me tenir à carreaux, promis-je après un faux instant de réflexion. Un vrai petit ange, assurais-je avec un air innocent.

Il est cornu le petit ange, on le sait tous les deux. Parce que son petit ami est là, principalement. Après, je suis capable de tenir une journée sans lui sauter dessus, mais je garantie pas pour les répliques. On s’enquiquine régulièrement et c’est un point que j’aime bien justement de notre relation, parce que ça reste léger tout ça.

Lorsqu’on parle des possibles arrêts de la journée, je ne peux d’ailleurs m’empêcher de faire encore le gamin lorsqu’il affirme que ça pourrait être sympa d’arrêter dans un magasin d’art pour que je zieute. Ma réponse légère semble le surprendre et j’en pouffe à son commentaire.

- T’es con, riais-je. Non, je risque plutôt de te regarder comme un extra-terrestre, l’informais-je avant que cette idée ne lui colle vraiment. Mais je suis un peu sur nuage, expliquais-je en jouant distraitement avec le rebord de mon café tandis que je regarde mon petit ami et continue : tu subis sans broncher que je te fixe pour dessiner ou prendre une multitudes de photos, t’acceptes sans conditions - ou moyennant un paiement des plus agréables - d’être ma muse, tu acquiesces sans problèmes qu’on passe dans un magasin de fournitures d’arts alors que tu sais que je deviens intenable comme un enfant au matin de Noël! Mieux encore : tu m’offres des fournitures spécifiques que tu as vu que je voulais! M’exclamais-je. Je te le dis : je vais devoir apprendre à ronronner en sortant avec toi! Concluais-je avec un large sourire et un petit rire.

J’exagère peut-être un peu, mais c’est vrai que ça m’est des plus plaisir lorsqu’il m’encourage ou me pousse à faire ce que j’aime. C’est une chose de ne pas entravé une passion, s’en est une autre de vouloir que la personne s’épanouisse sur son chemin. Et avec Jax, j’ai ça. En contre partie, j’essaie d’être là autant que je peux quand il n’a peut-être plus la foi en ce qu’il fait après une journée particulièrement difficile avec ses patients. Mais il aime ce qu’il fait, ça se voit lorsqu’il m’en parle après de bons temps, alors j’essaie de lui rappeler ces périodes lorsque le temps se fait plus gris.

Sortant de mes pensées, je l’informe qu’on peut y aller quand il veut, qu’il peut donner le signal du départ quand bon lui semble. Et c’est un peu ce qu’il fait me disant qu’il va simplement chercher nos cafés pour emporter. Ce mec…

- …quand je te disais que je devrais apprendre à ronronner! Pouffais-je en me levant, m'assurant d'avoir la laisse de Daeron en main.

- J’oserais te provoquer? Moi? Fis-je en le regardant avec ma meilleure bouille d’ange.

Oui, j’oserais très bien. On le sait tous les deux. Et on sait pourquoi et jusqu’à quel point. Je ne le pousserais pas dans ses retranchements ou ne chercherait pas à le mettre en colère, c’est pas mon but, mais l’enquiquiner pour des questions de sport de chambre… oui, parfaitement mon genre! Et le sien aussi, faut dire!

- Je crois que c’est plus que ronronner quand mes mains s’éparpillent sur ton corps, ou quand les tiennes explorent le mien, admis-je avec un petit sourire. Et juste comme ça, j’aime bien les photos que tu m’envoies, moi, lui rappelais-je en pointant le bout de ma langue entre mes lèvres. C’est juste… commençais-je plus sérieusement avant de baisser la tête vers ma tasse, fixant le contenu sans le voir, serrant mes doigts autour un peu plus avant de secouer la tête pour chasser les pensées qui essaient de se frayer un chemin pour me gâcher ma journée. …Disons que j’ai pas toujours été soutenu dans ce que je faisais alors ça compte pour beaucoup, même si ça te semble peut-être normal comme réactions de ta part, avouais-je en souriant doucement. Je suis bien avec toi, tout simplement, ajoutais-je sur le même ton en le regardant. …même si tu t’amuses à me mordre les oreilles à tous moments pour m’enquiquiner, finis-je par dire en riant.

Fallait que je dises une connerie, parce que je commençais un peu trop à plomber l’ambiance. Ça n’en reste pas moins que je penses ce que j’ai dit. Je n’ai peut-être pas voulu me l’avouer au départ, par crainte d’être blessé ou de le blesser. Je sais plus exactement ce qui me retenait, mais ça me semble plus nécessaire. Et si j’ai encore des réactions pour me protéger parfois, c’est avec des moments comme ce matin qu’il arrive à me les faire oublier. …et je deviens peut-être un peu trop guimauve pour le coup! On mettra ça sur le trop plein de sommeil, le regain de caféïne ou le manque de nicotine!

Et pour une dose de caféine supplémentaire, Jax m’informe qu’il a l’intention de retourner à l’intérieur pour en chercher d’autre pour la route. Acquiesçant avec une remarque je suis heureux de l’entendre rire doucement, presque surpris de ne pas l’entendre me traiter d’idiot. C’est jamais méchamment quand ça arrive de toute façon et je l’ai déjà fait également alors, y’a pas de quoi grimper dans les rideaux et faire une scène comme quoi on s’insulte.

Le laissant entrer, je me lève tout de même et fais comprendre à Daeron qu’on bouge. Je n’ai pas l’intention d’aller bien loin, mais je veux profiter du moment pour m’allumer une cigarette et par principe, je ne veux pas fumer sur la terrasse. Je me place à quelques pas à peine, encore bien en vue pour que Jax ne nous cherche pas et je m’étonne de voir la peluche s’asseoir tranquillement alors que je récupère paquet et briquet dans les poches de mon manteau et que je ne lui ai rien dit. Question d’habitude, j’imagine. Mon zippo en main, la cigarette entre les lèvres, le tabac commence à peine à griller lorsque mon adorable petit ami revient en me tendant un nouveau café, clin d’oeil à l’appui. En échange, je lui tends le paquet de cigarette et mon briquet, l’invitant à s’en griller une s’il en a envie avant qu’on entre dans les magasins et que ce ne soit plus possible.

- Tu flattes mon orgueil, là, Sexy, indiquais-je sur un léger - et très faux - ton de reproche. …Mais j’aime bien, tu peux continuer, dis-je en riant doucement, saisissant la tasse pour la porter à mes lèvres. Et j’aime bien te faire ronronner, ajoutais-je un peu plus bas avant de prendre une gorgée en continuant pourtant de le fixer.

Je ne crois pas que je lui apprends quelque chose en disant ça, je veux dire, je crois que c’est assez évident que je veux qu’il prenne plaisir lorsqu’on s’amuse. Au début, c’était peut-être un peu plus de le mettre à l’aise et de lui faire réaliser que c’est pas parce que je suis un mec que c’était défendu, mais ensuite… disons que j’ai rien à lui reprocher. Et qu’il est très très bon élève. Très studieux. Même si je ne crois pas lui avoir réellement enseigner quoi que ce soit. Je considère plus qu’on s’explore mutuellement, c’est comme d’apprendre à se connaître à différents niveaux. On explore de nouvelles avenues aussi. Le genre que, non, j’avais pas essayer avant et je ne sais pas si j’aurais été enclin véritablement à essayer avec certains de mes exs. De son côté, je sais pas, mais il se vante souvent d’avoir beaucoup d’imagination - chose que jusqu’à présent, je ne peux pas contredire - et ça semble le ravir de me dire qu’il est un pervers - chose que j’approuve plus ou moins, mais c’est seulement le terme qui me fatigue.

Je me perds un instant dans mes pensées, me faisant réaliser que si j’ai pu lui paraître très assuré la première fois qu’on s’est rencontré dans ce bar perdu de Boston, je ne l’étais certainement pas autant que maintenant. Pour tout ce qui touchait à mes oeuvres, j’étais beaucoup plus fragile, facile à briser, parce que ça ne m’étais pas véritablement interdit, mais disons que, selon le paternel, ça aurait dû être prohibé. C’est en m’éloignant de lui et en baignant constamment dans mon élément que je me suis reforgé. Avant c’était ma bouée de sauvetage, aujourd’hui, c’est une part de ma vie. Et que Jax m’appuie dans cette voie, ça compte plus pour moi qu’il ne semble le réaliser. Même si par moment, avec de petites attentions comme maintenant alors qu’il vient chercher mes doigts pour une pression, je me dis qu’il saisi. Son geste me ramenant à la réalité, je secoue la tête légèrement et fini par lancer une boutarde pour alléger l’atmosphère que j’étais en train de plomber avec mes souvenirs.

- Je crois que je préfère encore que tu me mordilles l’oreille plutôt que de m’appeler “mon coeur” à tout vas, indiquais-je, surpris par ses mots, mais encore sous mon principe de préférer n’importe quelle action démonstrative à un surnom mielleux.

Le laissant entrer pour aller chercher nos cafés pour la route, je me dirige plutôt vers la sortie de la terrasse, m’assurant d’avoir bien en main la laisse de Daeron qui suit docilement comme s’il suivait son maître. Soit il est ultra bien conditionné ce chien, soit je paniquais vraiment pour rien. Le regard posé sur la peluche un instant, je fouille mes poches pour m’allumer une cigarette. La mauvaise habitude, je sais, je sais, mais faut bien que j’aie des défauts quelque part! Tendant paquet et briquet à Jax pour qu’il s’en allume une aussi lorsqu’il revient, je reste un moment fixe alors qu’il chippe plutôt celle qui se trouvait entre mes lèvres. Oh. Bon, bah si c’est comme ça! Refourgant tout dans mes poches, je m’approche et lui retire à mon tour …pour cependant les remplacer par mes propres lèvres. Un baiser, léger. Tirant ensuite une bouffée de nicotine, je la lui rends sans faire d’histoire. Je nous en allumerai une autre si on en a besoin, mais pour le moment, je crois qu’on va partager celle-là.