Hamstald - Suède - 10 ans:

"Papa. Je veux faire du théâtre." Dix ans. C'est l'âge où tout les enfants veulent devenir maître ou maîtresse. Suivre ceux qui les enseignent. C'est général une phase qui ne dure pas bien longtemps. Le petit brun fixe son père, camouflé par le journal qui lit depuis bien trois heures. Sean fait la moue quand il n'obtient aucune réponse. "Papa. Je veux faire du théâtre." répète t-il, déjà agacé par le peu d’intérêt que son paternel lui prête. "Tu veux pas trouver encore plus gay comme métier ?" Le petit cligne des yeux sous les mots de son père. L'homophobie dont il fait preuve pourrait réellement l'influencé si sa mère ne faisait pas tout pour que ça soit le contraire. "Comme toi ? Au chômage parce que tu veux pas travailler ?" Le journal se pose et le petit ferme les yeux, attendant la claque qu'il allait, à coup sûr, se prendre. "Lucas ! Qu'est ce que j'ai dis pour les claques. Tu arrêtes! Sean, chéri, va te laver les dents." Je prends mon assiette et la met directement dans l'évier. "Maman. Je veux faire du théâtre." Le sourire du petit garçon s'agrandit en voyant celui de sa maman. Toujours derrière lui, peu importe ce qu'il faisait. "Vraiment ? Je t'inscrirais alors."

Hamstald - Suède - 15 ans:

"Sean ! Mais qu'est ce que tu fabriques ?! Tu me fais quoi là ?!" Le professeur croise les bras sur son torse alors que son élève, debout sur la scène, n'est pas sûr que la réponse doit être donné ou pas. Sean, il n'est pas bien grand, plutôt gringalet et manque cruellement de confiance en lui. Le théâtre l'aide énormément mais il n'arrive pas à exprimer un sentiment négatif. Bloqué dans une joie, une positivité qui n'est pas forcément nécessaire lorsqu'il joue. "Sean, tu joues Oscar,
Oscar est en colère. Tu me le joue tellement moue qu'il pourrait se faire piquer sa nana sous son nez ! Met toi en colère !" Des rires se font entendre dans le dos du professeur. Il fait signe à son élève d'approcher. "Sean. Un être humain, ce n'est pas toujours heureux, pas toujours souriant. L'être humain est conditionné pour tout faire foiré lorsqu'il est heureux. Trouve quelques choses qui te met en colère et montre moi." Trouver une chose qui le rend furieux. Sean reste immobile, passant en revue sa courte vie. Quinze ans, ce n'est pas énorme. Qu'est ce qui pourrait le rendre suffisamment en colère. Il est bon à l'école, n'est pas très populaire mais ce n'est pas comme s'il cherchait à l'être.
Mais finalement, c'est son père qui lui vient en tête. Lui qui rend sa passion pour le théâtre comme signe d'une homosexualité flagrante, lui qui passe son temps à le rabaisser.
Et ce sentiment d'injustice lui donne suffisamment de haine pour pouvoir remonter sur la scène, avec sa partenaire. Sean attrape la main de la blonde et sa voix résonne déjà dans toute la salle. "Arrête donc de lorgner ma femme ou marcher ne sera plus possible pour toi !"

Hamstald - Suède - 17 ans:

"Pourquoi on doit partir ?" Soupire Sean. Il ne comprend pas réellement pourquoi sa mère se dépêche d'emballer ses affaires. Le père de la famille dort alors c'est d'autant plus difficile à comprendre. La brune renifle et ferme sa valise. Elle a décidé de s'en aller. Et inutile de penser laisse Sean ici. "Où va t-on ?" Aucun mot. Pourquoi ne réponds t-elle pas ? Sean soupire et suit toutefois sa mère qui s'accroche à son poignet comme d'une bouée pour ne pas couler. Les valises sont lancés dans la voiture et les voilà déjà en marche.  "O-On va vivre ailleurs.. Chez ta tante." Tante. Sean fronce les sourcils sans comprendre. "A New York ?! On peut pas partir comme ça ! On a même pas un sous !" La main levé de sa mère le fait déjà taire. Il voit bien qu'elle est à bout de nerf et il ne comprends pas une telle décision. Si soudainement. Il avait vu que leurs couples battaient de l'aile. Mais de là à partir comme ça ? D'un coup ? "Sean. On m'a aidé. Ta tante nous aide. Il faut juste qu'on parte. Ne me rend pas la tâche plus difficile."

New York - USA - 18 ans:

"J'aime pas cet endroit. Il y a trop de monde. On se croirait dans une boite de sardine." Sean grogne. Affalé sur le canapé dans le petit appartement que sa mère à loué. Ca fait un an et il ne s'est toujours pas fait au changement de pays. Il a perdu ses amis, ses cours et même s'il a toujours été bon en Anglais, il ne se sent simplement pas dans son élément. "Sean.. Je sais que ça prend du temps. Mais.. on est pas si mal ici ?" La brune s'installe près de lui et l'enlace. Elle est parti pour lui, pou que tout aille bien pour lui. "On est parti parce qu'il te frappait..? "

New York - USA - 20 ans:

"Sean! Tu as reçu une lettre!!" La brune est à la limite de l'hystérie et cours dans les pièces pour retrouver la trace de son fils. Fils qui sort à peine des toilettes. "Tu as marché sur un lego pour être aussi énergétique ?" déclare le jeune homme en éclatant de rire. Bon, un lego sous un pied ne rend personne énergétique mais plutôt à deux doigts de rentrer le lego dans l'orifice du propriétaire. Mais vaut mieux éviter le sujet. La brune frappe son épaule et lui tend déjà l'enveloppe. Sean n'a jamais été victime de stress mais à la vue de la lettre, son sang n'a fait qu'un tour. Contrairement aux autres, Sean n'avait pas posé de candidature à une centaine d'université. Il n'en voulait qu'une. Enfin, il avait laissé sa mère le convaincre de n'en viser qu'une. Juilliard. Et même s'il n'était clairement pas convaincu d'y être accepté, il avait essayé. "Ouvre là avant que je ne fasse une crise cardiaque !" Sean pince déjà sa mère en grondant. "Non mais tu vas pas porter la poisse toi !" Il attrape la lettre et rejoint le canapé. Il n'arrive même pas à se convaincre qu'il faut l'ouvrir. Et après quinze minutes à uniquement regarder l'enveloppe, il perd sa respiration et ouvre celle-ci. "Cher Monsieur Blablabla... Putain !"

New York - USA - 27 ans:

"Tu penses que je serais un bon professeur ? Je veux pas être acteur. Je veux former les acteurs. Les rendre meilleur, pas faire parti des meilleurs." Allongé sur le lit, Sean glisse les mains sous sa tête. Il n'est pas réellement sûr de ce qu'il est capable de vraiment faire. Et comme sa mère n'est plus là pour l'aider, il s'en remet à ses amis. Un coussin lui arrive en pleine poire et lui arrache déjà un sourire. "Non mais regarder le lui, enfant prodige, tu vas la fermer ouais ! Bien sûr que tu seras bon prof. Arrête avec ta fausse manque de confiance en toi." Fausse, pas réellement. Sean lève les yeux au ciel. "Merci ? J'imagine."

Sean possède une utopie sur son futur travail. Il veut faire parti de ceux qui aide les autres. Le théâtre l'a aidé à prendre confiance en lui. A aussi se développer et se mettre à la place de quiconque. Et comme beaucoup, Sean voudrait pouvoir aider comme on l'a aidé. Il n'est pas toujours nécessaire d'être celui que l'on voit pour se sentir important.

Cambridge - USA - Salle de théâtre - 35 ans:

"On pense toujours qu'au théâtre, le plus difficile à jouer est la tragédie. Ce qui est faux. Il est plutôt simple de toucher quelqu'un, une larme, la colère. Mais une comédie est la plus difficile. Parce que tout le monde ne rit pas de la même chose. Il est plus difficile de faire rire quelqu'un parce que ce que vous racontez n'est pas forcément drôle. Mais votre façon de jouer, vos mimiques, vos gestes rendront le tout hilarant. " Debout devant les élèves, Sean essaye d'expliquer son cours. Lui aussi à longtemps cru que faire rire quelqu'un était simple au théâtre.
"Prenez une situation tout à fait banale. Vous vous levez le matin et vous vous prenez l'orteil dans le premier meuble qui vient." Des rires se font entendre et Sean ne fait pas exception à la règle. "En soit, rien de drôle. Mais maintenant, imaginez la tête que vous faites, tous au moment précis où votre orteil s'encastre dedans. Vous vous retenez tous d'insulter la planète entière. C'est là qu'intervient l'acteur comique. La situation peut être banale mais c'est bien l'acteur en lui même qui la rend drôle." Sean baisse les yeux sur sa montre et frappe finalement dans ses mains, réveillant les quelques andouilles endormis au fond. "Allez, ça ira. Vous pouvez sortir. Attention à ne pas castrer vos orteils à la sortie !"