J’accepte ce verre que tu me proposes, parce que t’façon, sobre ou pas, ça changera rien. Mon esprit est empoisonné de ta présence, de ton aura, de ce que tu dégages. C’est pas une question de défonce ou pas en fait, c’est juste toi. J’attrape le verre et j’en avale directement une gorgée. Pas besoin de trinquer, on n’a rien à fêter de toute façon. Tu glisses habilement contre moi sur le sofa, tes lèvres viennent trouver mon oreille et me susurrent des mots que je peux pas entendre. Que je veux entendre, mais que je peux pas supporter. Ton souffle chaud s’abat contre ma joue, je serre les dents, mâchoire crispée, muscles tendus. « Sans se toucher, hein…? » Pourquoi j’ai l’impression de tromper Basile? J’suis pas avec Basile, putain. Vous êtes pas foutus de savoir ce que vous êtes, il peut pas m’en vouloir quand il m’assure que tu n’es rien, si? Et moi, Cléo, elle n’est plus à moi, plus depuis qu’elle a avoué ses sentiments à Hadès, alors j’ai rien à me reprocher. Et putain… ma main me démange. Je serre le poing, pour éviter de laisser ma main déambuler sur ta cuisse. Parce que oui, j’ai envie de te toucher. Je t’avais dit que c’était pas en toi que j’avais pas confiance, mais en moi… « Ça te plait de me torturer comme ça, Dina…? De nous torturer? » Je tourne légèrement la tête pour que mes yeux accrochent les tiens. Dis-moi Dina, les yeux dans les yeux. Tu l’aimes ce jeu, hein? Tu aimes voler un peu trop près du soleil et risquer de te brûler les ailes non?

Assouvir les envies sans même se toucher. Tu crois que c’était possible ça, Dina? Moi, j’étais pas franchement convaincu par tes dires, même si au moins, ça prouvait ta bonne foi. Ça prouvait que tu comptais vraiment tenir ta promesse, et ça me touchait. Parce que je savais que c’était compliqué pour toi. J’le savais puisque ça l’était tout autant pour moi. Mais tu faisais un effort pour respecter ma volonté et réellement, j’appréciais. Ton souffle qui s’abat chaudement contre mon lobe, mon visage qui se tourne légèrement vers le tien pour accrocher mes yeux aux tiens. T’aimes bien ce jeu de torture entre nous, Dina? Vas-y, dis-le moi. Mais non, tu m’avoues que tu le détestes et je suis quelque peu surpris. Ta peau frôle la mienne quand tu t’approches encore plus de moi et j’en ai presque le souffle coupé. Pourquoi on est devenus aussi dépendants? Comment une nuit partagée sur le bord d’un trottoir dans l’hiver bostonien a pu nous amener ici? Tu plantes tes dents dans ta lèvre inférieure et inconsciemment, j’humidifie mes lippes du bout de la langue. T’imagines pas ce que cette vision amène dans mon esprit. « Ça… » je chuchote presque. Je glisse mon pouce sur ta lèvre toujours emprisonnée par ta morsure pour te désigner ce dont je parle. « Fais pas ça. » Parce que ça me donne une folle envie de t’embrasser. Je laisse retomber ma main et je vois qu’on pense à la même chose à l’entente de ta question. Je viens prendre l’une de tes mains dans la mienne, les glissant entre nos corps bien trop proches pour notre santé mentale. J’emmène le bout de tes doigts contre mes lèvres encore humides pour te laisser les caresser quelques instants, avant de guider tes doigts jusqu’aux tiennes, de lèvres. « À toi de me le dire… » C’était pas un baiser, non, mais toute cette retenue, tous ces interdits, ça avait un côté encore plus sensuel que des gestes francs et irréfléchis.

Je souris quelque peu, amusé à la réplique que tu me sors, l’excuse pour laquelle tu mordilles ta lèvre inférieure. Ça m’fait quelque chose dans le bas-ventre, tes mots, ils réveillent des choses que j’aurais préféré gardé endormies. Je te fais toucher mes lèvres humides pour ensuite porter tes doigts à ta bouche, histoire que tu puisses me goûter sans réellement le faire. Sans réellement franchir le mur qu’on a tant bien que mal essayé de construire. T’es timide au début, tes lèvres frôlent à peine tes doigts. Puis, le bout de ta langue vient les goûter avant que tu ne refermes complètement tes lèvres autour de tes doigts, venant les sucer un par un. Et putain Dina, tu sais pas ce que ça me fait de te voir faire ça… J’entends à peine tes mots, ton verdict, c’est comme si j’avais un bourdonnement incessant dans les oreilles qui m’empêche de me concentrer sur ta voix, qui garde mon esprit pleinement occupé sur la scène qui se déroule devant moi. Et ça me démange trop, j’peux pas m’en empêcher, j’ai une main qui devient baladeuse, qui vient se glisser sur ta cuisse presque nue dans une caresse lascive. Sur l’extérieur, pas l’intérieur, parce que j’essaye de garder mes gestes innocents. Même si déjà ce qu’on est en train de faire là, c’est loin d’être innocent. C’est déjà mieux que les fois dernières non? C’est moins direct, moins primitif. Comme si on était deux adultes qui savent parfaitement se contrôler. Sauf que non. Et que c’est pas mieux que les dernières fois. C’est encore plus malsain, en réalité. Tu le sais, et je le sais. Mais on se cache derrière des faux-semblants, derrière des excuses. Parce que c’est comme ça qu’on fonctionne nous deux. On n’a pas le droit d’assumer tout ça donc on utilise n’importe quelle raison pour se dédouaner. Mais tu sais quoi? Ça me va. Ma main sur ta cuisse, l’autre vient se perdre dans tes cheveux blonds, mes doigts jouants avec tes mèches rebelles. Parce que malheureusement, c’est ce genre de pauvre contact dont je dois me satisfaire avec toi.

C’est un jeu dangereux auquel on est en train de jouer, toi et moi. J’croyais que tu voulais plus jouer Dina? J’croyais que c’était game over entre nous? Non, je crois pas, ça l’est. Ça doit l’être, y’a pas d’autre moyen. Parce que t’as Basile. Parce que Basile t’a, toi. Et moi j’suis au milieu. Et j’devrais plutôt vous pousser l’un vers l’autre plutôt que de m’immiscer et de vous détruire sans même que ce ne soit volontaire. Il me tuerait s’il apprenait ce qu’on faisait là. On a beau se dire qu’on ne fait rien, rien de mal du moins, on sait tous les deux que c’est un beau mensonge. Ce n’est pas rien. Tu suces tes doigts comme je le ferais avec les miens après t’avoir donné un orgasme. Mais je ne le ferai pas. Jamais. Mais je te veux. Je veux un peu de toi. Le minimum. Peut-être que ça apaisera mes envies. Peut-être que ça éteindra la flamme. Alors ma main glisse sur ta cuisse et tu soupires bruyamment ton contentement. Cette sensation là, je la ressens aussi. Putain, c’est comme si on pouvait se satisfaire par un simple toucher tant la tension est grande, tant elle est cuisante. J’ai ces chatouillements dans le bas-ventre qui annoncent l’excitation, le désir, mais j’peux pas. Mon cerveau me dit que je ne peux pas, pourtant, la main elle continue ses caresses presque naïves. Innocentes en surface. Mais rien qu’en surface. Mon autre main se perd dans tes cheveux dorés et tu penches la tête vers elle comme pour imprimer mon contact, les yeux fermés. Et moi, je t’admire. Je prends le temps de regarder chacun de tes traits d’un regard de braise, regard que je ne m’autoriserai plus jamais à poser sur toi après ce soir. Tu susurres mon prénom en ouvrant à nouveau les yeux, revenant à un semblant de réalité. La dure réalité qui fait qu’on ne sera plus jamais sous les mêmes draps toi et moi. Mais tu t’avances, encore et encore, j’ai même l’impression que tu vas venir prendre possession de mes lèvres mais non, tu t’arrêtes juste à temps, juste avant le méfait. Et tes mots… Mon souffle se mêle au tien de par nos lèvres entrouvertes, comme si on cherchait à avoir un peu de la chaleur de l’autre en nous. Mes doigts s’emmêlent entre tes mèches. J’veux pas te lâcher. « J’aimerais tellement pouvoir te toucher plus que ça… » Plus qu’une simple main dans tes cheveux ou sur ta cuisse. Tellement plus. Et c’est à mon tour de fermer les yeux, pour me perdre dans les méandres de mon esprit. La respiration calme, comme apaisée, contrôlée par tes soins, par ta proximité. « Est-ce que tu rêves de moi autant que je rêve de toi, Dina…? » C’est pas vraiment une question. C’est plutôt une confession, un aveu. T’as pas forcément besoin de répondre. Mais t’as le droit de savoir. T’as le droit de savoir que tu me hantes, et j’ai beau le repousser, ça revient toujours plus fort la nuit d’après.

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