Le regardant de la tête au pied pour faire genre, je ris doucement.

- T’es intéressant, admis-je. Et je suis bien capable de reconnaître que tu dois avoir ta foule, mais je suis plus attiré par ton côté artiste que par ton physique, donc je ne t’ai jamais regardé comme une possibilité, avouais-je franchement.

Je me doute que ce que je viens de dire pourrait créer un malaise parce que je suis peut-être un peu trop franc ou direct, mais c’est la vérité : il ne m’attire pas. Il est sympa, c’est un artiste d’enfer, mais autre que ça… Nah.

J’en lève les yeux au ciel en l’entendant dire que son père l’aurait battu à mort s’il avait su qu’il était gay. Génial. Certaines personnes devraient comprendre que l’ouverture d’esprit ne signifie pas se fendre le crâne et que ce n’est pas si douloureux, ça éviterait bien des conneries. Laissant fuser un soupire découragé, je reprends la parole :

- De mon côté, il a fait l’autruche pendant un moment quand je lui ai annoncé, en se disant probablement que si on en parlait pas, j’allais finir par redevenir “normal”, expliquais-je en faisant les guillemets avec mes doigts. Mais il a pété un plomb quelques années plus tard quand certains de ses collègues m’ont vu avec mon copain de l’époque et le lui ont rapporté en disant quelques bêtises - pas si méchantes, en fait - sauf qu’il a pris ça comme le summum de la honte alors, on s’est engueulés sévère et il m’a foutu dehors, résumais-je en haussant les épaules.

Les hauts et les bas de la vie de famille. Je ne mentionne pas le coup de point parce que ce que j’ai dit avant l’avait clairement provoqué et comme je me souviens plus exactement ce que j’ai dit, ça ne vaut pas vraiment la peine d’être mentionné. Je sais juste que c’était pas brillant de ma part de lui lancer ça alors qu’il avait déjà la mèche très courte, mais j’étais énervé aussi. Et puis, fallait bien que ça explose un jour ou l’autre entre lui et moi. Et sincèrement, je regrette pas qu’il m’aie foutu dehors! Je vis mieux ici.

Ewen m’explique ensuite pour son chat et je souris un peu plus : il adore cet animal, c’est indéniable. La surprise parait cependant sur mon visage quand il me parle de le promener en laisse.

- Oh, t’es sérieux!? M’étonnais-je. Tu le sors avec une laisse et il accepte? Genre, il marche à tes côtés comme un chien?!

Franchement, c’est la première fois que j’entends ça. Après, c’est aussi le premier chat du genre que je vois : il grimpe partout sans problème et aime les hauteur, mais c’est pas un énervé et tout envoyé par terre comme Sunshine. Il adore Ewen, mais ne fait pas la galette pour avoir de l’affection devant tout le monde comme Figaro. Et il a beau porter les vestes que mon coloc lui enfile avec une certaine dignité, il est loin d’agir comme une princesse comme le faisait Môo. Qui plus est, il a pas essayer de me réduire la main en bouilli avec ses griffes et ne me vole pas mon matériel, alors je le trouve chouette son gremlin!

- Dis, juste comme ça, par curiosité, je pourrai voir ton studio un jour? Le questionnais-je. Après, si tu me dis non, je comprendrai.

C’est sa bulle, son espace, je serai pas vexé s’il ne veut pas que j’y mette les pieds. C’est le genre d’espace privé que certains ne veulent même pas donner l’adresse, tandis que d’autres vous y invite avec plaisir. Ça dépends des gens. Un jour, peut-être, j’en aurai un aussi.