Le lendemain soir je me rends sur la plage endroit de rendez-vous ou j'ai proposée à Alan de me rejoindre pour faire un feu de camp et jeter les objets de sa boîte de sa souvenir en mémoire de son couple avec Absolem. Je n'ai jamais fait ça de ma vie, certes j'ai déjà consolée des personnes d'une rupture, mais je n'ai jamais eu affaire au fait de devoir se débarrasser des choses qui ont beaucoup compter. Quand j'arrive il a déjà fait le feu de camp et il est assis juste devant avec sa boîte dans la main et le regard dans le vide. Ce n'est pas une épreuve facile, mais c'est une épreuve qui va le faire grandir et avancer dans la vie et maintenant qu'il est devenu mon ami je veux qu'il soit à nouveau heureux, vraiment tout joyeux comme j'ai eu l'habitude de le voir lors des fêtes ou réunions de groupe.
Je lui fais la bise puis je m'assois à côté de lui, je lui souris pour lui montrer que tout va bien se passer, que je suis la. « Tu vas y arriver, je crois en toi Alan tu peux y arriver. » Je lui passe une main dans le dos seulement un instant pour le soutenir, puis je lui demande d'ouvrir la boîte pour me montrer le premier objet à jeter dans le feu. Il sort le premier ticket de cinéma. « Premier ticket de cinéma, raconte moi c'était quel film, est-ce-que tu as aimé ce film ou alors c'était pour lui faire plaisir la première fois? » Comme dis hier soir, je veux qu'il me raconte le souvenir de chaque objet dans sa boîte avant de le jeter au feu, comme s'il se libère d'un poids et qu'il décide de s'en séparer pour briser l'emprise qu'elle a encore sur lui malgré le fait qu'elle est partie très loin maintenant. Quand je le regarde j'ai vraiment de la peine au fond de moi parce que je n'aime pas le voir aussi mal et aussi parce que ça doit être tellement dur, mais je sais qu'il va réussir à se relever et je vais veiller sur ça.

Je vais y arriver ? Surement grâce à ton aide Janessa, et même si je ne te le dis pas, sache que je t'en suis reconnaissant. Sa main se posant subtilement dans mon dos est réconfortante alors qu'après une dernière respiration bien plus forte que les précédentes, j'ouvrais la boîte que j'avais en main pour y voir des objets qui me firent remonter des souvenirs, certes très beaux dans mon esprit, mais aussi très blessants. Pinçant le premier objet entre mon pouce et mon index pour l'extirper de la boite en bois, je sortais ce ticket de cinéma tandis que la blondinette me demandait dans le même temps l'histoire derrière ce dernier. " C'était un des premiers rendez-vous avec elle en tant que couple. On s'est chamaillé pour savoir ce qu'on allait voir, elle voulait un film romantique alors que je préférais un thriller, mais comme toujours, elle est parvenue à ses fins en m'offrant sa mine de chien battue, elle y parvenait à chaque fois, je ne pouvais pas y résister. ". J'esquissais un début de sourire, mais ce dernier s'effaça très vite quand il fallut que je me décide à jeter l'objet en question au feu. Encouragé par mon amie, j'y parvins après de longues secondes et vis les flammes dévorées ce souvenir sans la moindre difficulté. Continuant cette tâche des plus ardue, je sortais une grille de score du contenant puis me lançais dans les explications : " Dire que c'est moi qui avais proposé cette soirée au bowling... Je pensais la battre facilement, mais finalement, il s'est avéré qu'elle m'a ridiculisait, deux fois de suite ! ". Même sort pour ce souvenir, détruit par le feu ardent qui avait aussi le mérite de me réchauffer moi et la Cabot. Paradoxalement, si cela était de plus en plus difficile à chaque objet, cela faisait également un bien assez inexplicable. Un par un, je racontais mes histoires, elle m'écoutait attentivement, rigolant parfois à mes côtés de ce qui avait pu m'arriver avec l'ex Dunster et je les envoyais dans l'oubli jusqu’à ce qu'il ne reste plus que deux occupants bien calés dans le fond de cette boîte. Saisissant le premier d'entre eux, celui-ci correspondait aussi bien à un bon moment qu'à un mauvais, mais ce soir, je n'aborderais pas les mauvais cotés. " Je l'ai emmené en Californie pour qu'elle rencontre ma mère, Maman l'adorait, tu sais ! À plusieurs reprises, elle m'a confié de ne pas lâcher Absolem parce que c'était une des rares qui voulait bien supporter son fils... ", un léger rire s'échappa à l'évocation de ce moment avant que je reprenne : " ... C'était un séjour très sympa, je lui avais acheté ce grizzli en peluche, ils en vendent partout là-bas parce que c'est leur symbole. Mais ce n'était pas aussi important pour elle que ça l'était pour moi apparemment puisqu'elle ne l'a pas pris avec elle en fuyant... ". Sans grande hésitation, l'ours vint à la rencontre des flammes et l'inscription " I Love U " ornant le cœur imprimé sur le ventre de l'animal disparaissait lentement, mais sûrement alors que la laine de la peluche s'assombrissait à vue d’œil. Le plus gros du chemin avait été fait désormais, mais est-ce que le plus difficile ne restait pas à faire ? Je vidais la boite en attrapant le dernier souvenir à supprimer avant de la jeter elle aussi à la mort. Dans ma main, cette photo qui m'a valu une crise injustifiée envers Jan' hier soir, cette photo désormais chiffonnée, froissée, mais sur laquelle on pouvait encore bien voir de quoi il s'agissait et je décrivais donc le contexte de cette photo nous montrant moi et Absolem pour un selfie en pleine mer: " Je crois que c'est le premier vrai rendez-vous que j'ai eu avec elle en tant que couple, rien que nous deux. Elle avait emprunté le bateau de ses parents et on s'est isolé du monde au milieu des vagues. On a pris cette photo alors qu'elle m'avait forcé à faire comme dans Titanic ". Je m’arrêtais là pour ne pas en dire plus parce que j'avais peur de ne pas y parvenir et que les détails tels que le fait que ce soit le lieu de ma première fois avec elle sont un peu trop intime. Après de longues secondes d'hésitations, cherchant même un peu d'aide de la part de ma partenaire du soir, Un des souvenirs les plus importants à mes yeux se retrouva dans la même situation que les autres. Les yeux posés sur ce spectacle peu plaisant, j'ironisais intérieurement sur le fait que de tels souvenirs puissent disparaître aussi rapidement. Les yeux humides, une larme parvint à s'échapper pour courir le long de ma joue tandis que la chaleur venait de creuser un trou au milieu de la photo que je venais de jeter au feu. J'essuyais très vite cette larme, tentant de garder une once de fierté. On est restés là, silencieux, je ne saurais dire combien de temps, à regarder le feu se consumer avant que je ne me décide à me relever pour venir aider Jan' à en faire de même en lui tendant la main. " Tu viens ? Je crois qu'on a besoin d'un bon remontant maintenant ! ", lui adressais-je avec un léger sourire synonyme d'un nouvel état d'esprit désormais.