Not you again...
— with Alexander

Je sais exactement ce que Aurore dirait si elle me voyait dans l'état dans lequel je suis : bouge tes fesses et sort ! Rencontre des gens et oublie moi ! Aurore, ma meilleure amie il y a encore quatre ans qui a été victime des bombes qui ont explosé à Harvard. Victime de sa famille aussi, qui ont décidé de ne pas la débranche malgré qu'elle soit dans un coma duquel elle ne se réveillerait certainement jamais. Aurore, qui est officiellement décédée depuis un peu plus d'une semaine maintenant. Je pensais être préparée à ce moment et je me rends compte que non. La vérité, c'est que c'est la première fois que je perds quelqu'un que j'aime. J'ai la chance d'avoir encore mes grands parents et mes parents à mes côtés, je n'avais encore jamais connu la douleur du deuil. En ce vendredi soir, je décide de sortir me changer les idées. La semaine est terminée, le week-end arrive et il faut que je sorte le nez de mes bouquins pour vivre un peu. Je m'installe en terrasse d'un petit bar sur Winthrop Square et je profite de l'été indien qui laissera bientôt place à un hiver certainement glacial, comme tous les ans. Le serveur m'apporte ma coupe de champagne et alors que je sors un roman de mon sac, je vois un gars s'avancer vers la terrasse. Oh non. Ce mec n'a pas arrêté de me draguer il y a quelques mois et je ne pensais plus le revoir après l'été qui s'était écoulé et où je ne l'avais pas rencontré mais visiblement, il est encore dans le coin. Je garde un mauvais souvenir de nos dernières rencontres et je ne pense alors qu'à une chose : remettre le livre dans mon sac et me barrer le plus vite possible !

not you again... — Le fait est que revenir ici, ça rappelait énormément de souvenirs. Az, Hendrix. C'était dur par moment mais il fallait que je trouve la force de m'en sortir. Ne pas retomber dans mes travers et surtout, aller de l'avant. Ce ne serait pas facile, je dis pas le contraire, mais je devais vraiment faire attention à ne pas aller dans la facilité. Parce que ce serait clairement une mauvaise chose. Pour Ava, pour Robyn mais surtout pour moi. Pas sûr que j'arriverai à m'en relever si ça venait à arriver. En attendant de savoir quoi faire pour ma future entreprise, et surtout en attendant des papiers importants pour pouvoir la créer, je rodais en ville. Pas sûr que ce soit la meilleure idée du siècle, surtout si j'allais dans des endroits que je fréquentais avec ma femme mais.. ouais, j'errais, je me baladais. Et comme il faisait assez bon pour un mois d'octobre avancé, j'avais décidé de me poser sur la terrasse qui se trouvait non loin de là. Et ça me permettrait de sortir l'ordi de mon sac, faire quelques recherches sur des locaux présents sur Cambridge ou même Boston. À voir au coup de cœur des locaux disponibles. Seulement, à peine j'arrivais vers la terrasse qu'une fille m'ayant vu pâlit à vue d'œil. Elle voyait un fantôme ou quoi ? Mais plus je m'approchais, plus je remarquais ce visage familier. Oh, merde. « T'en fais pas, j'vais pas faire le lourd de la dernière fois, j'te laisse tranquille, promis » que je disais, tentant de la rassurer au mieux, installé quatre chaises plus loin.

Not you again...
— with Alexander

Je ne suis pas vraiment d'humeur à envoyer bouler un mec. Encore moins un mec comme Alexander. Oui oui, je connais son prénom puisqu'il a du me le dire au moins quinze fois la première fois où je l'ai rencontré. Ce qu'on peut dire, c'est que ce gars est un sacré coureur de jupons et j'ai du bien galérer pour qu'il me lâche la grappe. Forcément, en le voyant arriver, je ne réfléchis même pas et je range mon roman dans mon sac à main dans l'optique de prendre mes jambes à mon cou. Pas sûre qu'il m'ait vu mais je ne préfère pas prendre le risque. Le jeune homme s'approche alors que je m'étais levée, sac à la main et il me lance, « T'en fais pas, j'vais pas faire le lourd de la dernière fois, j'te laisse tranquille, promis » Je stoppe tout mouvement et je le regarde se poser à la même terrasse, mais quelques tables plus loin. Sourcils froncés, je m'assoie de plus belle, je me penche pour sortir mon bouquin et j'attrape ma coupe de champagne pour tremper mes lèvres dedans. Je le regarde du coin de l'oeil alors que j'ouvre mon livre dans le but de me plonger dedans. Mais sans savoir pourquoi, mon attention se tourne toujours vers ce gars qui a sorti son ordinateur. Je pose alors mon livre, agacée d'être autant distraite et je lui lance. « Est-ce que t'es un espèce de Gremlins? » Je le regarde, d'un air totalement sérieuse avant qu'un léger sourire vienne se nicher sur mes lèvres. « Genre, tu deviens un gros lourdeau dragueur qu'après minuit ? » Parce qu'il a l'air vachement différent des dernières fois où je l'ai vu et ça me perturbe un peu. Ma curiosité me pique et je ne peux pas m'empêcher de poser la question, même sur le ton de la plaisanterie.

not you again... — Disons que j'avais eu des mauvaises actions les premières semaines après l'enterrement et ça avait pu me causer du tort. Seulement, il fallait que je fasse amende honorable envers toutes les personnes à qui j'ai pu faire du tort. Et ça commençait par cette fille qui se trouvait sur cette terrasse et qui avait commencé à ranger ses affaires à la simple vue de ma personne. Non mais je pensais pas avoir été si traumatisant dans le fond, faut croire que je me suis trompé. Mais qu'importe, lui laissant alors toute la liberté qu'elle souhaitait, je la rassurais par des mots simples et assez clairs : je n'allais pas la faire chier aujourd'hui, ni jamais d'ailleurs. M'installant assez loin d'elle, je pensais avoir fait passer le message. Et c'était le cas, jusqu'à ce qu'elle vienne m'aborder à son tour, assez interrogée par mes agissements faut croire. Tournant la tête vers elle sans vraiment comprendre la question - enfin, j'avais quand même capté la référence - un sourire venait naître sur ses lèvres et j'entendais bien qu'elle était d'humeur taquine à présent. « Je deviens un gros lourdeau après plusieurs verres d'alcool.. et à l'époque, j'étais rarement sobre. » Bon, même avec plusieurs verres dans le nez j'étais pas un gros lourdeau, là c'était vraiment circonstentiel. Et avec un touche de drogue dans le système également. « Je suis encore désolé de t'avoir fait subir tout ça.. J'étais pas vraiment au meilleur de ma forme à ce moment là » J'esquissais un léger sourire envers cette fille qui, au final, semblait assez gentille.