• J'ai jamais eu pour habitude d’emménager directement dans le même appartement que ma copine. J'aime prendre mon temps, bon, je ne dis pas non plus que je vais attendre dix ans, mais j'aime faire par étape, ne rien bruler trop vite, ne pas se presser, ne pas mettre la charrue avant les grosses vaches au masculin. Je sais qu'on s'entend bien, que la cohabitation pourrait être cool, mais avec sa perte de mémoire et tout ça, on va quand même attendre un peu je pense, attendre que tout rentre dans l'ordre, que tout se remette à plat, que ces souvenirs reviennent et tout ça. "Je prends note alors, dormir plus souvent ensemble... Pour éviter de donner de mauvaises habitudes à la chienne, évidement !" Je lève les yeux au ciel, faisant comme si je disais ça juste pour éviter à la chienne de prendre de mauvaises habitudes. J'crois que depuis le début ça a toujours été comme ça entre nous, rien que pour notre premier baisé, on avait fait passé ça sous quelque chose d'autres, comme si c'était une obligation, qu'on le faisait seulement pour éviter quelque chose, alors que pas du tout. Puis, elle vient m'annoncer qu'elle va partir à New-York, chez sa mère, avec sa sœur. Bon, ça m'enchante pas, mais que voulez-vous que j'y fasse ? Si ça peu lui faire du bien d'être au près de sa famille, si ça peu l'aider, l'encourager à retrouver encore plus sa mémoire ? Je ne vais pas l'attacher et l'empêcher, je serais à la place de sa mère, j'aurais fait la même chose. C'est pas facile de vivre à des centaines de kilomètres des personnes que tu aimes, tu aimerais qu'ils soient tous les jours vers toi, pouvoir les voir dès que tu en as envie. Alors, je la comprends, imposant tout de même quelques conditions, conditions qu'elle s'amuse à démonter, comme ça, normalement, comme à son habitude. Je ne dis rien, attrapant le chien qui se trouve sur mes genoux le déposant à terre pour qu'il puisse continuer de découvrir l'appartement, puis, je reporte mon attention sur la jeune femme. Je prends une grande inspiration, et j'vais faire en sorte de mon montrer plus clair. "Bon... Tu m'as mal compris je crois... Erreur de compression, on mettra ça sur ta perte de mémoire... Tu restes pas longtemps, tu vois ta mère, ta sœur, des anciens amis peut-être mais t'y vas habillé en sac poubelle avec des faux boutons partout sur le visage, et tu me fais un rapport de ta journée tous les soirs, et c'est pas négociable, évidemment." Qui a dit que j'étais un peu psychopathe sur les bords ? Vous croyez que je dois suivre un stage sur la colère pendant encore quelques mois pour quoi, pour apprendre à tricoter ? •

En arrivant dans cette nouvelle ville, je n'avais que 18 ans. Ouais, j'avais quelques années de moins qu'aujourd'hui, et pour le coup, ma mère m'appelait toutes les deux secondes pour avoir de mes nouvelles. Elle est restée quelques jours avec moi, histoire que je m'installe dans l'appartement que j'avais trouvé. Une fois livrée à moi-même, je me suis vite sentie seule. Ouais, je suis venue ici pour être loin de New-York, de ma famille, mais je me suis sentie bien seule pour la première fois de ma vie. Je n'aime pas être seule, vivre seule, c'est pour ça que j'ai vite passé une annonce à l'Université. C'est peut-être un problème que j'ai, mais c'est juste impossible que je sois seule. Les premiers soirs, j'avais peur. De quoi ? Je ne sais pas, mais je ne faisais pas la fière. Non, je m'enfermais à clé, que ce soit la porte et les fenêtres. Aujourd'hui, je ne suis plus seule. Non, j'ai des amis qui m'aiment, que j'aime et j'ai un petit-ami adorable, bien que très taquin sur les bords. "Bien entendu que c'est seulement pour que chienne ne prenne pas de mauvaises habitude". Je rigole parce que ça me fait rire, mais aussi par gêne. Enfin, j'ai l'impression d'être habité par deux Piper. Une qui serait limite entrain de rougir devant Alek, tandis que l'autre veut littéralement le sentir contre elle. Putain, je fais finir folle. C'est peut-être bien que je retourne à New-York alors. Si sur le coup, j'ai dit à Julia qu'il était hors de question que je retourne vivre là-bas, les jours suivant, je me suis mise à réfléchir. Est-ce que je devrais y retourner pour de bon ?. J'ai noté sur une feuille les pour et les contres, et c'est du 50/50. Ouais, New-York me manque en fait. La ville en elle-même, son attraction, ses lumières le soir. L'animation dans ses rues, la danse et le chant de Broadway. Le bien que ça fait d'être à central park, que ça soit pour se reposer, faire du sport ou passer du bon temps entre amis. Oui, ça me manque, mais d'un autre côté, ma vie est à Boston, Cambridge. Quand je suis avec mes amis, je me rends compte que je ne peux pas partir. Ils sont là pour moi, depuis 5 ans, ils sont ma nouvelle famille. En plus de ça, maintenant, j'ai Alek. Alors oui, ça ne fait que quelques mois qu'on est ensemble, je n'ai pas envie qu'on y aille trop vite dans notre couple. On a prit un chien, enfin il l'a surtout fait pour moi, mais c'est une étape dans notre couple. A l'heure d'aujourd'hui, je ne sais pas si la Piper que je suis pourrait dire qu'elle est amoureuse de lui, sans ses anciens souvenirs. Mais si l'ancienne Piper était là, celle d'avant l'accident était là, elle dirait directement qu'il est hors de question qu'elle parte, que oui, elle s'est attachée à ce garçon et que même si elle ne lui dit pas, elle tombe petit à petit amoureuse de lui. Alors je lui raconte pour mon séjour dans mon ancienne ville, le taquinant un peu, mais là, je le vois prendre un air sérieux, reposant au sol Zelda qui part je ne sais où. Je le regarde, l'écoute me donner ses conditions et quand il finit, je ne peux pas m'empêcher de rire. "Tu as d'autres conditions comme ça ?", je lui demande, essayant de rester sérieux. "Alors d'un, je vais m'habiller comme je veux, de deux tout le monde sait que j'ai une peau parfaite et de trois, si je m'endors avant d'avoir fait mon rapport est-ce que c'est grave ?". Non, parce que franchement, je ne sais pas ce que je vais faire là-bas. Quoique, connaissant Julia, on va sûrement sortir et profiter de la ville, de nos amis. Me rapprochant de lui, ma main caresse machinalement, naturellement sa joue et c'est en lui souriant que je lui dis, "Je vais revenir ok ?....J'ai un chiot qui va m'attendre !!!". Ouais, bon, il va me tuer, mais je ne pouvais m'en empêcher.

• Une excuse, encore et toujours des excuses. Pour le chien. Pour éviter de donner de mauvaises habitudes. Conneries, encore une fois, conneries. Est-ce qu'à un moment donné on va être clair dans nos propos ? Sans les détourner ? Sans les faire passer sous quelque chose pour les mettre en avant comme si c'était normal et qu'on devait le faire, comme si c'était un travail plutôt qu'une envie, un plaisir ? Honnêtement, j'en ai aucune idée, on a toujours fonctionné comme ça, à trouver des excuses. A se taquiner, à se chercher. A faire passer des messages codés limite. Je crois d'ailleurs que si l'un de nous avait su parler en morse, on aurait communiquer comme ça de temps en temps, juste pour éviter de dire les mots. Éviter de se dévoiler, de se mettre à nue, c'est bien plus simple quand c'est fait de manière détourné. Des enfants, c'est ce qu'on est, des grands enfants, avec une pointe de timidité peut-être, ce qui expliquerait cette façon de faire. "Et c'est vraiment pas pour qu'on dorme ensemble non, c'est un travail comme un autre, c'est ça, hein ?" Toujours plus, toujours dans l'abus, dans la connerie. Elle a beau avoir perdu la mémoire, je pense que ça, elle va vite s'y habituer, et puis de toute façon, elle est pareil, c'est même elle qui a commencé aujourd'hui. Je ne fais que rentrer dans ce jeu, c'est tout. Puis vient le moment où elle m'annonce pour New-York, son départ. Ouais ça me fait chier, ça me fait même limite un deuxième trou au cul, je viens à peine de la retrouver, on recommence à être comment avant, mais elle part déjà, donc oui c'est sûr que ça me casse les couilles. Du coup je pose des conditions, conditions peut-être un peu trop stricte, mais je m'en moque. "Ouais j'en ai d'autres ouais, me chauffe pas trop si tu veux pas que je te les impose !" Répondant à sa petite provocation, je savais très bien qu'elle ne le ferait pas, et je savais très bien que c'est pas ce que je lui demandais, enfin, si, en quelque sorte, mais pas aussi hard que ça. "Ouais, c'est grave si t'as pas fait ton rapport, tu risques des travaux d'intérêt généraux en revenant." Quoi ? Je ne sais pas encore, mais vous inquiétez pas je vais bien trouver. Je venais même de me mettre à réfléchir, mais elle me coupa net, encore une fois, elle me chercha, mais là, c'était la fois de trop, je ne pu m'empêcher de lui répondre sans vraiment réfléchir. "Vas'y tu soules la ferme avec tes conneries." La tirant vers moi pour la serrer dans mes bras, je la fis monter à califourchon sur moi. •

Je ne sais pas, je n'ai pas envie de penser sérieusement. Je n'ai pas envie de me retrouver encore face à un mûr, face à un trou noir concernant notre couple. Oui, il a partagé mon lit plus d'une fois. Sauf qu'aujourd'hui, je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens pas des nuits passées dans ses bras, des matins à le regarder dormir. Alors oui, je m'amuse à trouver des excuses concernant le vide qu'il y a dans mon lit, utilisant notre chienne pour garder cette place. C'était celle d'Alek, enfin, c'est toujours la sienne, mais depuis tout ça, depuis mon accident il n'y est pas venu. Je ne l'ai pas invité, il n'a peut-être rien tenté à cause de mon souci, n'empêche, qu'on dirait deux gamins à ne pas se dire les choses en face. Il faudrait que j'arrête d'utiliser l'humour, utiliser ce que nous sommes le temps d'un moment, pour être sérieuse, lui dire les choses. On a déjà eu des conversations sérieuses, mais non, on a toujours tendance à utiliser l'humour. Il faut que je m'ouvre à lui, que je me laisse aller et ne plus penser aux souvenirs perdus. Ils reviendront à un moment donné, je dois juste arrêter de réfléchir et me laisser aller avec Alek. "Non....j'ai envie que tu reprennes ta place", je finis par lui répondre avec un petit sourire en coin, un peu de timidité tout de même. Je profite de ce petit moment pour lui parler de mon séjour à New-York, le temps de quelques jours. Julia me l'a proposé à cause de notre mère, je peux bien faire ça pour elles non ?. Oui, sauf que ça n'a pas l'air de trop plaire à Alek. Il accepte, de toute façon, je ne lui donne pas le choix, mais il pose ses conditions. Mais c'est une blague ?. Je lui répond donc de la même façon, utilisant l'humour bien quand soit, je vois bien qu'il y a un peu de sérieux dans ses paroles. Non mais, faut qu'il se calme le petit là !. "Ah, parce que tu en as d'autres ? J'aimerais bien voir ça !". Dommage pour lui, il ne sera pas là pour voir ce que je fais, ou même ce que je peux bien porter. Un rapport chaque soir ? Et puis quoi encore ?. Bon ok, me connaissant, je l'aurais fait, je lui aurais envoyé des photos toutes les deux secondes pour faire comme si il est avec moi. Sauf que là, le fait qu'il me l'oblige presque, j'ai même plus envie de le faire. "Des travaux d'intérêt généraux, non mais chéri, les rêves, c'est la nuit tu sais, faut que tu arrêtes de délirer ! C'est moi qui ai un bout de cerveau en moins, mais c'est toi qui délires complètement !", je lui répond un peu sèchement. Bon ok, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec lui, je sais très bien qu'Alek fait ça pour moi, mais aussi, que ça lui fait pas plaisir de me voir partir. En soit, je l'aurais bien invité, mais Julia s'est proposée. Je vois bien les efforts qu'elle essaye de faire, alors je n'ai pas pu lui dire non. Bref, pour détendre l'atmosphère, je l'embête un peu, je le taquine comme à mon habitude. Sauf que là, je reste bouche bée. Il m'a vraiment dit de la fermer là ? Puis d'abord, je ne dis jamais de bêtises... Je lui répondrais bien d'aller se faire voir, mais je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il m'attire dans ses bras, me posant à califourchon sur lui. Ben voyons, non, il n'aura pas de câlin. "Non, tu es vilain ne me touche pas !!!", je lui réponds, tout en me débâtant. Ok, je ne le fais pas bien longtemps, puisque je finis par me laisser tomber contre lui, mon visage dans son cou. "Je te déteste !", je grogne en venant déposer un baiser sur son cou. Il sait très bien que c'est faux, que je suis loin de le détester même avec la mémoire en moins. Non, je n'ai pas envie de le quitter, de partir sans lui à New-York, mais je sais que ça va nous faire du bien. En plus de ça, ça lui fera un poids en moins sur les épaules. Il va pouvoir souffler sans moi, passer du temps avec ses amis et un peu plus avec son fils.

• Aux oubliettes ces mauvaises habitudes de faire passer toutes ces questions, ces demandes et tout le reste sous le ton de l'humour. On a plus cinq ans, nous ne sommes plus des adolescents qui se tournent autour sans vraiment savoir ce que l'autre attend, ce que l'autre fera. Nous n'en sommes plus à ce stade là, alors pourquoi continuer ? Pourquoi on ne se dit pas les choses comme on le pense ? Surement parceque c'est comme ça, qu'on est. Nous sommes de grands enfants, et peut-être qu'on a peur, tout simplement. Qu'on a peur de la réaction de l'autre, peur d'un refus, je ne sais pas. Je sais juste qu'on devrais pas, qu'on a passé l'âge, et que même si c'est une habitude qu'on a pris au fur et à mesure des semaines, des mois, faut que ça s'arrête. Enfin, de temps en temps c'est pas plus mal, c'est plutôt drôle, mais pas tout le temps, je sais qu'elle peu être sérieuse et que moi de même, je sais qu'on est pas des causes perdus, des enfants oubliés dans un monde sans aucune place pour eux. Non, on s'en sort, et on continuera de préserver cette place qu'on a. "J'en ai envie aussi..." Elle a fait le premier pas, elle l'a dit, clairement, sans passer par quarante chemins déférents, sans utiliser l'humour, les messages codés, non, elle ne pouvait pas être plus clair, et ça me fait plaisir. Je la vois presque rougir, et c'est drôle, on est des gamins en fait, face à face, quand il s'agit d'être sérieux et de se dévoiler, on se chie dessus, on rougit, on est timide. Bordel, quelle belle bande d'empoté on fait. Bref, on continue dans l'autre lancé, et elle m'avoue qu'elle va partir pour New-York, que sa mère veut qu'elle y retourne pour la revoir, bref, la merde quoi. Mais j'accepte, de toute façon même si je n'avais pas accepté, elle l'aurait fait, donc j'accepte, posant mes conditions, qui au final sont plus là pour rire qu'autre chose. Sauf que non, ça ne lui plait pas, je le ressens à l'intonation de sa voix, à son regard. Sérieusement ? Elle m'a pris au sérieux ? Très bien. "Touuuut le temps que tu seras là bas, j'vais le passer à te trouver des conditions, vaux mieux pas que tu restes longtemps du coup..." Putain j'ai du boulot si je dois vraiment faire ça, surtout qu'au final, si je lui impose une fois qu'elle est rentrée, ça ne servira plus à rien, non ? Merde, j'avais pas pensé à ça en fait. Du coup, je lui dis de se taire, bon, j'ai peut-être pas employé les mots qu'il fallait mais elle m'a cherché aussi, du coup j'ai sorti le premier truc qui m'est passé par la tête, et... Ouais, ça lui a pas fait plaisir, elle essaie de me repousser, mais bon, ça reste Piper. Elle a pas les bras de Popeye, donc elle finit rapidement par capituler, clamant qu'elle me déteste. Ouais, moi aussi. "Ça me fait chier que tu partes." Passant mes mains dans son dos, je descends lentement jusqu'à ces hanches, la serrant contre moi, je dépose un baisé sur son front. Elle va me manquer putain. •  

On est comme ça depuis des mois, depuis qu'on s'est rencontré. Notre couple est fait de rire, de taquineries. Nous sommes ainsi, préférant nous embêtement gentiment, faire passer des messages sur le ton de l'humour. Pourquoi ? Je ne sais pas, peut-être que même si on sait que nous sommes bien ensemble, nous avons parfois peur de dire les choses. On ne devrait pas pourtant, nous sommes deux adultes et nous savons ce que nous voulons. Sauf que parfois, l'humour aide plus facilement à comprendre certaines choses. On a peur de blesser l'autre, alors que ce n'était pas notre but, ou encore, on a peut-être peur de dire des belles choses qui ne seront pas dites en retour. Bref, on est juste deux gros gamins quoi sauf que là, il est temps de grandir. Il est l'heure de grandir un peu, au moins pendant cinq minutes et de dire franchement les choses. Pas besoin de tourner autour du pot pendant dix ans. Je lui dis donc sérieusement, sans rire, sans détourner la chose que j'ai envie qu'il revienne dans mon lit. Bon, ok, on va penser au côté sexuellement mais non. Enfin oui, mais en soit, ce n'est pas le sens de ma phrase. Ce que je veux dire, c'est que j'ai besoin de lui auprès de moi. Avec ou sans ma mémoire, je sais, je sens qu'il est important pour moi. Je n'ai plus envie d'être seul dans mon lit non, je veux juste retrouver mon homme dans mes draps. Je souris à sa réponse, quand il me répond que lui aussi, il souhaite reprendre sa place. "Quand je rentre de New-York, d'accord ?". Ouais, quand je rentrerais de mon week-end avec ma sœur, il viendra à l'appartement pour retrouver sa place, et je pourrais enfin me retrouver dans ses bras, et m'endormir. Nous parlons donc de New-York, lui mentionnant que ce n'est que pour quelques jours. De toute façon, je n'ai pas envie d'y passer une semaine. Là, Alek me donne ses conditions mais honnêtement, je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon, alors que le coup, je ne le prends pas très bien. Ouais, je répond un peu froidement, mais je comprends vite qu'au final, il ne fait que plaisanter. "Rien du tout, tu ne me retrouveras rien du tout sinon, tu ne me touches plus pendant trois mois !". Ouais bon, en soit, il ne me touche plus depuis quelques semaines le pauvre. Bref, je le taquine voilà, on se remet à se taquiner, je l'embête et il me dit de la fermer. Ah ben merci quoi. J'essaye de me débattre, mais j'abandonne vite. Je ne suis pas des plus fortes et au final, je suis bien mieux dans ses bras. "Je reviens vite, promis puis ce n'est que le temps d'un week-end !", je lui réponds en me redressant légèrement pour le regarder. Ouais, ça me fait chier de me séparer de lui. C'est même la première fois qu'on est ensemble, qu'on se retrouve séparé. Enfin, on passe pas toutes nos journées ensemble non plus, mais déjà, de base, on est dans la même ville et on peut au moins se voir genre quelques minutes. Là, à New-York ça ne va juste pas être possible. "Quand je rentre, il n'y aura que toi et moi ! Bon, et Zelda, mais surtout toi et moi", je plaisante, posant mes mains sur ses joues pour venir lui voler un petit baiser. "Faut que je te dise autre chose...". Je crois que je cherche les emmerdes en fait !. "...Je pense que je vais partir de la coloc avec les filles, je ne m'y sens plus vraiment chez moi puis, avec les histoires entre Ari, Alan et tout le bordel, j'ai plus envie d'y être".

• Ouais, j'ai envie de retrouver ma place, j'ai envie de passer mes nuits en sa compagnie. M'endormir et que son visage soit la dernière chose que je puisse voir, ouvrir les yeux et la voir, quelle soit la première personne que je regarde. C'est elle, je ne saurais pas vraiment comme l'expliquer, mais elle est celle qu'il me faut, elle est cette petite perle rare dont j'ai besoin. Alors peut-être qu'on utilise souvent l'humour pour faire passer des messages, c'est notre façon de faire, notre façon d'être, mais au final, nos envies et nos pensées ne changent pas, malgré sa perte de mémoire, malgré tout ça, Piper restera Piper. Est-ce que c'est de l'amour ? Je ne sais pas, peut-être, surement. Jamais on en a vraiment parlé, on a juste vécu notre vie à notre façon, ne cherchant pas vraiment à mettre des mots sur ces sentiments. Mais je sais qu'un jour, ça arrivera, un jour, ça sera soit elle, soit moi qui allons finir par le dire, comme ça, instinctivement, sans réfléchir. Je hoche la tête quand elle me dit que je retrouverais ma place lorsqu'elle rentrera de New-York. Ça me convient, et puis comme elle me l'a dit, elle ne va pas y rester éternellement, ce n'est l'histoire que de quelques jours, ça va passer vite. Enfin, j'espère. Depuis qu'on est ensemble, je crois qu'on c'est vu limite tous les jours, même si ce n'était pas longtemps, on c'est vu, et c'était ça le plus important pour moi, la voir, la sentir prêt de moi, savoir que si j'avais envie d'aller la voir, en un claquement de doigts c'était fait. Là, ce n'était pas le cas, mais ça va, on va s'en sortir, j'en doute pas. Et là, je suis bien de toute façon, je suis tellement bien que je n'ai pas envie de penser à ça. A califourchon sur moi, je l'embête, elle me répond, elle me cherche, mais je me contente de rire, parceque ouais, son histoire de ne plus la toucher pendant trois mois, ça me fait rire. "Au final elle va croire que son maître c'est moi tu sais..." Mais juste Piper et moi, dans notre bulle, notre petit cocon coupé du monde. Sauf que comme à chaque fois, elle a quelque chose à m'annoncer. Non mais sérieusement ? Toute sa vie elle va avoir des annonces à me faire ? Obligé dans une vie antérieure elleé était présentatrice de journal ou un truc du genre, c'est pas possible autrement. Alors je soupire, préparant le pire, laissant mes mains glisser sur ces cuisses que je caresse lentement. Et je l'écoute. [color]"Ah..."[/color] C'est pas un "ah" j'en ai rien à foutre, c'est un "ah" de soulagement plutôt, je m'attendais à pire comme nouvelle. Je regarde un peu partout autour de moi, un sourire sur les lèvres, et je reporte mon attention sur elle, mon regard plongé dans le siens. "Vient ici si tu veux." J'ai pas besoin d'en dire plus, qu'elle vienne ici, si elle a envie de partir, ça me ferait plaisir qu'elle vive avec moi, qu'on vive ensemble. Et puis au moins, on aurait pas le problème de la garde partagé du chien...•

Ouais, on ne va pas passer par quatre chemins, autant dire les choses comme elles sont, comme on les ressent. Alors oui, une fois de retour de New-York, j'ai envie qu'Alek revienne dormir avec moi. J'ai plus envie d'être seule non, enfin, ce n'est pas le fait d'être seul dans un lit, mais plus une envie de l'avoir avec moi. J'ai envie de m'endormir en l'écoutant me parler de sa journée, ou tout simplement en riant à ses conneries. Le matin, c'est son visage que j'ai envie de voir en premier quand j'ouvre les yeux. C'est donc décidé, nous reprendrons nos habitudes d'ici peu de jours. Je n'ai pas envie de me retenir parce que j'ai oublié certaines choses. Non, tant pis, ça reviendra quand ça reviendra. Je ne vais pas me prendre la tête avec ça, à me demander ce qu'on pouvait bien faire ensemble. Non, je vais l'apprendre à nouveau à ses côtés bien que visiblement, le naturel revient vite au galop. On continue de se chamailler, parlant de New-York, de ses conditions à la con mais aussi ses travaux d'intérêts généraux. Non mais alors là, même pas en rêve. Je le menace, sortant encore une connerie. Le priver de sexe, c'est pas mal non ?. D'accord, ce n'est pas trop juste sachant que depuis mon accident, bah, on a rien fait. Nope, j'ai eu ces petits moments de recul, ces moments où j'oublie qu'il est à moi. Donc bon, le priver de deux fois moins de sexe, il va finir par mourir ou partir. "Bah, tu es son maître aussi tu sais...mais non, je suis la première dans son coeur donc je vais vite revenir, pour qu'elle ne prenne pas de mauvaises habitudes avec toi !". Ouais, je vais vite revenir et retrouver mon chéri. Pour qu'on puisse se retrouver, avoir nos moments sans personnes autour, sans avoir à réfléchir à comment je vais pouvoir me souvenir d'un truc. Non, rien de tout ça. À califourchon, tout contre lui, je lui annonce que j'ai autre chose à lui dire. Son expression me fait rire, oui bon, j'exagère, mais je préfère lui dire maintenant. Si je lui dis en rentrant de New-York, lui disant que ça fait des jours que j'y pense, il risque de me faire un caca nerveux. Je lui annonce donc que je compte partir de la colocation, pour aller vivre où je n'en sais rien, mais je ne peux plus me voir cet appartement en peinture. Il lâche un "ah" et là, bah, je ne sais pas ce que ça veut dire. Ouais, ce n'est pas très explicite tout ça. Il regarde autour de nous, je fais de même. Quelqu'un est derrière nous ?. Non, il regarde son appartement, je fronce les yeux. Mon dieu, faites qu'il ne me sorte pas une connerie ou qu'il ne me gronde pas comme une gamine. "Quoi ?", je lui demande, totalement surprise. Attendez, j'ai bien entendu ce que j'ai entendu ? Monsieur Alek Lewis-Kennedy me demanderait-il de venir vivre chez lui ?. "Tu veux que je vienne vivre ici ? Avec toi ?". Oui, je préfère demander, histoire d'être sûr d'avoir bien compris. Je fais ma blonde là, mais en soit, je suis heureuse. Je souris comme une débile, sautillant limite sur ses genoux. Je ne peux pas m'en empêcher, mais là, j'attrape son visage entre mes mains et vient l'embrasser. Non parce que ouais, là, au fond de moi, la Piper d'avant l'accident, elle est entrain de jubiler comme une petite folle. Limite, elle ferait péter un feu d'artifice.

• Tout n'est pas tout beau tout le temps, tout rose. Tout n'est pas fait que de joie, de sourire, de rire. Parfois, il y a des hauts, mais aussi des bas. C'est la vie, le cycle, un cercle vicieux dans lequel tu t'embourbes. Et tu ne peux rien y faire, c'est comme ça et pas autrement. Je l'ai compris assez vite, j'ai peut-être l'air d'être un peu con sur les bords, mais ce n'est qu'une façade, qu'une apparence, ne pas tout prendre au sérieux pour pouvoir vivre comme je l'entends, comme je le désire. Toute ma vie je me suis dit que je devais vivre comme je l'entendais, que je devais prendre des décisions et ne demander l'avis à personne. J'ai compris que ça ne marchait pas tout le temps, que parfois, deux avis valaient mieux qu'un. Les années et les épreuves que j'ai du endurer, les conneries que j'ai fait, tout ça, ça m'a mené ici, à aujourd'hui. Le cul dans mon canapé, si on m'avait dit il y a un an en arrière qu'un an dans le futur, je ne serais plus marié à Nevada, que je me serais barré du jour au lendemain sans un mot, sans un message, sans aucune explication, je n'y aurais pas cru. A cette époque, elle était la femme de ma vie, celle pour qui j'étais prêt à crever. Aujourd'hui, c'est différent, c'est totalement différent. Mon avis à changé, ma vision de la vie aussi, je l'ai aimé, je ne dirais jamais le contraire, et je pense qu'au fond de moi, je la porterais toujours dans mon cœur malgré le bordel que j'ai foutu. Neva restera Neva, elle restera la mère de mon fils et je sais très bien que si un jour elle a un problème, je viendrais, mais sans pour autant espérer quelque chose. Je n'ai pas envie de me remettre avec, je n'ai plus de sentiments amoureux pour elle, c'est juste qu'elle a fait partie de ma vie, elle m'a changé, elle m'a donné un fils, et que je ne pourrais pas l'oublier. Il y a des personnes comme ça, qui rentre dans ta vie et qui te change, des personnes qui te marque, qui on eu une emprise sur toi, un impact, et Piper, elle faisait partie de ces personnes, ce nombre de personne très limité. Est-ce que c'était de l'amour que je ressentais pour elle ? Surement. Est-ce que je lui avais déjà dit ? Non. Par peur ? Non, mais disons qu'avant de la rencontré, je m'étais dit que je ne méritais pas d'être heureux, que je devrais vivre dans la souffrance toute ma vie. Et puis elle est arrivé, avec sa folie, ces sourires, ces taquineries, ces petites attentions, et j'ai succombé, j'me suis laissé aller, je me suis attaché, et aujourd'hui, je pense que c'est avec elle, que j'ai envie de vivre. Elle est la seule qui me donne cette envie, la seule avec qui j'ai envie d'être, tout le temps. J'ai besoin d'elle, j'ai besoin de sa présence, de ces conseils, de sa folie, de son amour. Et malgré le fait qu'elle est perdu une partie de sa mémoire, ça n'a rien changé pour moi, elle est toujours la même, toujours Piper, ma Piper. Elle est à moi, à personne d'autre, comme je suis à elle. Alors je lui fais cette proposition de venir vivre avec moi si sa colocation ne lui plaît plus. J'pense qu'on est prêt, qu'on peu se lancer. Comme à son habitude, elle me fait rire, sa réaction me fait rire. Elle comprends sans pour autant comprendre, et quand elle réalise, elle m'embrase, elle m'offre un vrai baisé. Baisé que j'interromps après quelques secondes. Un sourire sur les lèvres, je réponds à sa demande. "Je dois prendre ça pour un oui alors ? Car il y a assez de place pour nous deux ici tu sais..." Qu'elle vienne avec moi, qu'elle vienne vivre ici, qu'on se couche dans le même lit tous les soirs, qu'on vivent notre vie, à deux, juste elle et moi, juste nous. •