Bambi avait pris les devants, sachant pertinemment que Milow n'en serait pas capable, encore sous le choc de sa brève mais intense conversation avec son père. En deux coups de cuillère à pot, elle fut en mesure de boucler une valise et de se rapprocher pour se montrer rassurante en lui caressant la joue. L'italienne espérait par ce geste apaiser au moins une partie de ses craintes, car après tout, on ne mettait pas à la porte la fille Corleonesi sans s'y reprendre à maintes reprises. Le tempérament s'était transmis, aucun souci là dessus. Et tu crois que je vais profiter et faire bronzette pendant que tu affrontes seul ton paternel ? Que nenni ! Je t'accompagne, ce n'est pas négociable ! s'exclama-t-elle en rendant son sourire au jeune Lowell, qui venait de prendre sa valise en main, direction le taxi et donc l'aéroport. Bambi n'avait pas pris de quoi se changer certes, mais elle achèterait sur place, forte d'une fortune personnelle suffisamment conséquente pour se permettre ce genre d'écart. Une fois que le taxi les eus déposés à l'aéroport, d'ailleurs, l'italienne ouvrit enfin la bouche, après avoir checké l'heure du vol prévu qu'ils devaient prendre tous les deux. Juste le temps d'enregistrer ton bagage, de prendre nos billets et zou, on est partis ! Ca va chou ? Tu as l'air pâle, tu veux qu'on te prenne un truc à grignoter ?

Bambi n'avait pas l'impression que ses vacances étaient gâchées. Au contraire. Au moins elle faisait quelque chose d'utile pour son ami et ça, ça n'avait pas de prix. Ce fut sans doute la raison pour laquelle l'italienne insista à ce point, même en sortant du taxi, entendant Milow marmonner dans la barbe qu'il ne possédait pas quelque chose d'inaudible, dont elle devinait pourtant la teneur, et qui lui arracha un sourire. Petit haussement d'épaules plus tard, elle prit la direction des opérations, notamment pour enregistrer leurs bagages histoire qu'ils ne se fassent pas couillonner à se niveau. Elle attendit cependant le jeune homme devant une boutique proposant des vieux téléphones prépayés et le laissa insérer sa sim dedans, essayant de le rassurer du regard, touchant de temps à autre sa main pour lui faire comprendre qu'elle était là, présente, et ne le lâcherait pas. Ils n'échangèrent guère de mots jusqu'à être assis dans l'avion, à leurs places réservées. Milow se lança à ce moment là dans une longue tirade qui émut Bambi au point qu'elle serra aussitôt sa main dans la sienne. Elle est sympa ta sœur dis-donc ! tenta-t-elle de dédramatiser avant de poursuivre, plus sérieuse : je te souhaite de tout cœur que ce soit l'homme posé, le père qui parle et non pas le ministre qui pense surtout à son statut... je te le souhaite tellement chou ! Mais j'essayerai d'argumenter avec toi, tu sais. Tu n'es pas tout seul... je ne te laisse pas tomber, jamais.

Tu sais que je peux aller lui dire deux mots à ta frangine ? proposa Bambi, n'ayant aucunement l'habitude de courber l'échine devant quelqu'un qui beugle. L'italienne avait l'habitude de beugler encore plus fort histoire de rabaisser le caquet des roquets n'ayant rien d'autre que leurs voix pour exister. Rien d'autre. Je ne doute pas que ton père ne soit pas un tyran chou ! C'est sur ça qu'on va essayer de jouer... et puis essayer de faire entendre ta voix, tes envies. Il n'attend peut-être que ça ? fit-elle en portant la main de Milow à ses lèvres pour tenter de le détendre un peu. Le voyage le rendait nerveux d'une part, mais affronter son père également, alors il fallait de toute urgence qu'il respire et pense à autre chose, au moins jusqu'à ce qu'ils n'arrivent à destination. Mais ce fut peine perdue et l'italienne refusa de lui faire la moindre réflexion au sujet de ses tics, qui ne la dérangèrent pas forcément. Ce ne fut pas nécessairement le cas de la voisine de l'allemand, mais tant pis. Une fois sur le tarmac, son pote ne manqua pas de prendre sa main direction les taxis, avant de s'enquérir de son bien-être. La donne arracha un petit rire à Bambi. Mais oui ne t'en fais pas ! Bébé et moi on va très bien...

Bambi n'avait pas peur d'une petite pisseuse, pas alors qu'elle était fille d'un parrain de la Mafia. La peur, la vraie, elle connaissait mieux que personne. Mieux que Milow elle-même, bien que l'italienne ne minimisait en rien ce qu'il ressentait à l'heure actuelle. La preuve, la brunette le soutenait autant qu'elle le pouvait, serrant sa main, en caressant le dos sans rompre une seconde le contact visuel afin de le détendre. Il ne faut pas que tu t'en fasses trop d'avance. Respire, et une fois devant ton père, on gèrera ensemble ! promit-elle, bien décidée à tenir cette promesse jusqu'au bout. D'ailleurs, cette dernière était toujours à l'esprit de Bambi à leur arrivée en Allemagne, dans le taxi, tandis que son ami s'inquiétait pour son début de grossesse. Sa sollicitude la touchait bien évidemment, mais la jeune femme ne souhaitait pas qu'il s'en fasse pour cela. Pas maintenant. C'est vrai à chaque fois j'oublie ! Eh bien dis-toi qu'actuellement, bébé n'est pas plus gros que le bout de mon petit doigt, à peu près... alors c'est vrai qu'il ressent ce que je ressens, mais je suis détendue, alors tout va bien chou ! reprit-elle d'une voix douce, poursuivant la discussion autour de sa grossesse afin que Milow se focalise sur autre chose durant le trajet jusqu'à chez lui. Bambi hocha la tête une fois devant l'interphone, pour l'encourager à appuyer et ne surtout pas flancher maintenant. Le portail s'ouvrit face à eux et l'italienne s'empara de la main de Milow pour lui donner le courage nécessaire d'avancer. Je suis là chou. Tout va bien se passer... considère que je suis ton armure !