La chance était avec eux ce jour là, puisque Bambi avait normalement prévu une journée au calme dans sa chambre luxueuse. Rien d'autre qu'un grand bain, un room service de princesse et éventuellement un moment sur Skype avec son frère aîné. Mais ce petit programme fut un tantinet bousculé par un appel imprévu, celui de Milow, dont la voix paniquée et serrée ne fut pas complexe à comprendre pour l'italienne. Ne bouge surtout pas, j'arrive de suite ! s'exclama-t-elle en raccrochant peu de temps après, enfilant de quoi être décente, des chaussures et prenant son sac à main direction les quartiers de son ami proche adoré. Hors de question de le laisser dans la panade alors qu'il l'appelait au secours... elle frappa doucement à la porte de la chambre, se permettant finalement d'entrer lorsqu'elle n'eut aucune réponse au bout de quelques secondes. Son côté futur médecin s'exprimait pleinement, craignant qu'il ne fasse une connerie... Oula... ça doit être grave remarqua-t-elle en le rejoignant sur le balcon, où il faisait les cents pas. Pour le moment, pas de commentaires sur le sachet présent sur la table. La brunette y viendrait plus tard... Si tu me donnais ça, que tu me laissais te faire un câlin et que tu me racontais ce qu'il se passe chou ? proposa-t-elle d'une voix douce, accompagnant cette dernière d'un tendre sourire, alors qu'elle tendait la main vers la bouteille pour qu'il la lui donne et arrête ainsi de s'alcooliser les veines et le reste.

Bambi ne pouvait qu'avoir le rôle d'observatrice en cette minute précise étant donné que Milow ne tenait pas en place. S'il lui tendit la bouteille après l'avoir brièvement serrée contre lui, il eut tôt fait de la lui reprendre pour y reboire quelques gorgées. Impossible d'en placer une non plus ni de comprendre grand chose dans le discours ô combien confus de son ami, qui la perdait à chaque nouveau mot prononcé. Pourtant, l'italienne n'avait pas l'intention de bouger du moindre centimètre, bien décidée à l'aider et à trouver une solution pour que ses parents n'en fassent pas en prime de la charpie. Tes parents ont découvert pour tes études, c'est ça ? tenta-t-elle, espérant avoir bien compris dans le flot d'informations lui ayant été donné pêle-mêle. Je ne suis pas sûre que tu sois en état de les appeler déjà, chouchou... reprit-elle en plaisantant doucement, pointant tout de même la bouteille d'alcool qu'elle n'essayait plus de lui reprendre. S'il voulait s'alcooliser les veines pour éviter de penser au reste, Bambi n'était personne pour le lui interdire. Je peux peut-être t'aider en les appelant ? proposa-t-elle tout de même. Si tu m'expliques ce qu'il y a sur la table... L'alcool, ce n'était pas un souci. Mais le reste, pour un futur médecin, c'était un peu persona non grata.

C'est déjà un point positif auquel se raccrocher alors ! fit-elle valoir en essayant d'appuyer ses propos d'un petit sourire, histoire que Milow puisse s'accrocher à cette idée également. S'il était encore inscrit à Harvard, et plus encore ici au Summer Camp de Vientiane, c'est bien parce que ses parents ignoraient encore tout de son choix d'études... ce qui lui laissait une opportunité pour jouer finement. L'italienne observa son ami se laisser glisser contre la rambarde du balcon pour finir assit sur le sol, accompagnant son geste en s'accroupissant de son côté. La brunette le surveillait du coin de l’œil, au cas où, car il s'était ingurgité une sacrée dose d'alcool déjà... et surtout sans rien dans l'estomac. Si tu ne veux pas que... Bahi c'est ça ? Risque de dire la vérité à ta place, je te conseille de les appeler avant. Demande pardon, explique-leur que tu avais besoin de temps pour te retrouver, pour leur avouer la vérité. Ils accepteront forcément mieux si cela vient de toi, leur fils... tu ne crois pas ? Bambi ne pouvait hélas que le conseiller à cette seconde précise, le soutenir moralement et rester avec lui aussi longtemps qu'il en aurait besoin mais à l'heure actuelle, elle se trouvait plutôt impuissante... surtout lorsqu'il botta en touche au sujet du petit sachet de poudre blanche qu'elle avait aperçu en entrant. Va pour qu'on en parle plus tard chou... mais on en parlera tu sais... je ne te laisserais pas te détruire sans rien faire, je tiens trop à toi pour ça ! reprit-elle d'une voix douce, avant de s'emparer de la main de Milow pour lui faire comprendre que justement, elle ne comptait pas bouger d'un pouce. Je ne bouge pas... pas tant que tu as besoin de moi chou, je ne t'abandonnerais jamais, tu le sais bien !

Certes, le mensonge n'était pas la solution du siècle mais Bambi ne lui jetait pas la pierre : avouer pareille chose au téléphone ne paraissait pas l'idéal non plus. Milow voulait les affronter en face, chose courageuse et qui arracha un sourire tendre à l'italienne. Tendre mais également encourageant, car elle ne comptait pas le lâcher en si bon chemin... cela ne lui ferait pas oublier le petit sachet de poudre blanche trouvé sur la table un peu plus tôt, sachet pour lequel son rayon de soleil bottait en touche pour le moment, mais cela montrait au moins que son ami voulait que la situation cesse. Elle l'accueillit pour cela dans ses bras, longuement, caressant son dos comme pour l'encourager plus encore dans sa démarche et lui prouver qu'elle ne comptait pas fuir, que ce soit pour cette raison ou une autre. Il restait son ami et elle le soutiendrait, quoi qu'il advienne. Je reste à côté chou, courage ! s'exclama-t-elle en écoutant brièvement la conversation qui se jouait devant elle, les parents à l'autre bout du téléphone, et Milow pâlissant brusquement devant ses yeux bleus océan. Il n'avait pas fini sa phrase, s'étant arrêté en plein milieu, ce qui n'augurait rien de bon... Qu'est-ce qui se passe Milow ? Milow ? T'es tout pâle réponds moi !

Tout venait de s'accélérer en l'espace de quelques secondes à peine. Milow avoua que son père le voulait rentré d'ici vingt-quatre heures, mais avant que Bambi puisse répondre quoi que ce soit, elle vit son avis courir jusqu'à la salle de bain pour y vider son estomac. Inquiète, elle le suivit de près lorsqu'il en sortit, sa conscience de futur médecin parlant certes, mais pas seulement... son inquiétude d'amie également. Le jeune homme semblait si perturbé qu'il l'en avait complètement oubliée, et ce souvint de son existence au moment où, après avoir maltraité sa valise un bon moment, il s'excusa de tout ça. Attends, attends... reprit-elle, calme, avant de s'emparer de la valise pour la poser un peu plus loin. Je refuse que tu y ailles seul dans l'état où tu es. Tu as l'estomac vide déjà, et tu es tellement déboussolé que j'ai peur pour toi... pas moyen, je t'accompagne, je ne te laisse pas tout seul. Si je suis là, ton père ne sera pas aussi dur, fais-moi confiance ! fit-elle avec fermeté, caressant doucement la joue de Milow pour le rassurer. Tu veux bien me faire confiance sur ce coup là et me laisser t'accompagner ?