Fin de semaine horrible. Tu avais apprit des mauvaises nouvelles, une après les autres, concernant ton père. Puis y avait eut cette embrouille avec Denys. La pire que vous ayez connue. Celle qui t'avait fait dire des choses mauvaises, que tu ne penses pas, juste sous la colère. Et si le jour même tu avais été énervée après lui, préférant noyer cette dispute dans l'alcool. Le lendemain avait été tout autre. T'es derniers messages étaient illisibles, chapeau à Maxime et Willow pour les avoir déchiffré. Honteuse, tu t'étais mise à t'excuser auprès d'eux, faisant même un pas vers ton meilleur ami, en vu d'une discussion, d'une réconciliation. Aucune réponse. Il devait vraiment t'en vouloir et n'avait aucune envie de te parler. Tu tentais quelques snaps, montrant que tu venais en paix, mais toujours rien. Étant le samedi, il devait avoir beaucoup de travailler, c'est ce que tu t'étais dit pour te rassurer, sauf que les heures défilées et toujours pas de nouvelles de lui... Plus fort que toi, tu continuais de le relancer, de snaps, de SMS, harcelant d'autres amis, à la recherche d'aide, regrettant ce qui c'était passé, cherchant du réconfort, des nouvelles de lui, des conseils même pour ne pas le perdre définitivement. Willow. Margot. Alexys. Même Ayma avait fini par être une des personnes auprès de qui tu ne cachais plus tes craintes, tes regrets. T'avais même fini la journée par vos messages, à la conseiller avec Abélard, pour ne pas qu'elle fasse les conneries que tu as faites. Pour ne pas qu'elle perde celui qu'elle aime, comme tu venais de le faire. Fatiguée de toute cette angoisse, ce stress, de l'enterrement aussi, tu t'étais endormie. Et c'est au réveil que tu eu la bonne surprise de voir un message, ENFIN, de lui. Froid, distant, certes, mais le simple fait de voir son nom affichait, te donna le sourire. Il allait bien, mais fallait tu le constates de tes yeux. Décidée tu rentrais à Boston aujourd'hui, après avoir vu Nate, ne voulant pas annuler alors que tu ne l'avais pas vu depuis très longtemps. 7 h de vol. Aussi long que la journée précédente, à attendre de ses nouvelles. En arrivant à l'aéroport tu le cherche du regard alors que t'as Naélie dans les bras, endormie. Tu le repère devant, et là tu commences à stresser en t'avançant vers lui. Tout revient. La dispute, les mauvaises paroles. Tes peurs reviennent de devoir l'affronter, de savoir que ça va être bizarre, pas comme d'habitude. Surement froid, étrange. Pourtant une fois à sa hauteur, tu l'encercle d'un bras pour le serrer contre toi, comme si c'était la dernière fois que tu allais l'enlacer... Et une fois l'étreinte finie, tu le frappes sur l'épaule. Me fait plus jamais ça. Tu insistes sur le 'jamais', sentant cette boule au ventre s'agrandir. Le voir, le sentir, si près, ça te retourne le coeur. Ça te fait du bien et à la fois de la peine...

Les montagnes russes. Et encore c'était faible pour décrire le yoyo de nos humeurs et de nos relations ces derniers temps. Peut-être qu'elle avait raison en fait, quand des mois plus tôt, Ash avait affirmé qu'on devait surtout ne pas remettre ça et s'en tenir à l'amitié pure et dure. Je commençais sérieusement à m'interroger surtout lorsque vendredi, dans le feu de la dispute, elle m'avait assuré ne plus vouloir ne serait ce que de mon amitié. Une nouvelle crise. Encore. Cette fois à cause d'échange de sms avec Cléo. Ces crises que j'avais jusque là encaissé, ne me sachant pas tout blanc avec mes noces bidons pour aider Louve, celle de vendredi néanmoins ça avait été la goûte de trop. D'où elle me donnait des leçons quand elle continuait de fréquenter plus que régulièrement Dimitri ou encore Maxime, puisqu'apparement ce dernier faisait parti de ses conquêtes également ?  L'hôpital qui se fout de la charité ou une énième fuite de la blonde pour ne pas se lancer ? Alors qu'elle m'accuse d'être le fuyard de nous deux, moi je n'avais pas cessé de lui affirmer mes sentiments. Alors oui, ça m'avait énervé et pour la première fois depuis des mois, j'avais baissé les bras. Lâché l'affaire. Sauf que... arrêter de vouloir Ash c'était comme arrêter de respirer : impossible. Dans mon énervement j'avais coupé mon téléphone portable, l'abandonnant dans un coin du loft. Le samedi, big day, entre garage et gym club, j'en avais oublié mon portable à l'appartement et tant mieux. Aucune envie de lire de nouveaux textos incendiaires de ma BF. Sauf que j'avais pas idée des films qu'elle était en train de se faire devant mon silence radio. Le soir , exténué, j'avais constaté qu'on n'avait plus de courant chez nous. Super... Et entre deux ronchonnements et un check-up du compteur, les dernières factures reçues pendant le 'décès ' d'Ashleigh me revinrent en tête. Possible que dans mon ivresse chronique de cette période, j'en aie oublié de régler la note,  ce qui expliquerait la coupure actuelle, n'ayant pas pris le temps de payer depuis. Et c'est en me maudissant, dans le noir, crevé par ma journée que je me couchais, oubliant une fois encore de vérifier mes messages. Quand le lendemain je rallumais mon téléphone, c'est par une profusion de textos et snaps en grande majorité d'Ash que je fus accueilli. D'autres sms les accompagnaient de la part de nos amis communs qu'elle avait visiblement alertés. Je me sentis encore plus mal de ma réaction volcanique et énervée  de l'avant veille... Surtout que la jeune femme voulait 'qu'on parle ' et ça,  ça ne sonnait jamais bon. Me voilà donc à l'aéroport à son heure d'arrivée. Nerveux, je guettais la porte de débarquement où elle ne tarda pas à  apparaître. La petite Naelie dans un bras, son autre vint m'entourer pour une étreinte une fois que je fus devant elle, presque  comme si le nouvel accrochage houleux qui avait animé nos dernières conversations n'avaient jamais existé. Et puis comme une piqûre de rappel, son poing venait frapper mon épaule avec l'ordre de ne jamais recommencer ça. "Quoi ? Venir te chercher à l'aéroport ?  Faut le dire si tu préfères rentrer en taxi..." repliquai-je, choisissant l'humour en jouant l'idiot qui comprendrait sa phrase au premier degré. Et puis, mon petit sourire taquin s'estompa vite, parce que j'avais encore le poids de nos mots à l'esprit et je savais que cet accroc avait été plus violent, plus déchirant que mes autres. "Je suis désolé Ash. " Soufflai-je alors, simplement, sans preciser dans quelle mesure, espérant ainsi peut-être tout effacer, échapper à la 'discussion' qui je le redoutais confirmerait la rupture opérée. Un 'désolé' magique qui était censé tout faire oublier... Du moins dans ma tête, puisque je me penchais ensuite pour l'aider avec sa valise.

7 h de vol c'était abominablement long. Encore plus dans un avion privé, ce qui veut dire que tu étais seule avec Naélie. T'étais pas partie de nuit alors pour le sommeil c'était pas possible de le trouver, et cela malgré que tu avais très peu dormi la veille, trop inquiète par son manque de réponses, par l'absence totale de nouvelles, pas juste à toi mais aussi à d'autres amis. Dans l'avion t'avais eut le temps de te repasser les derniers jours en tête. Refaire la dispute, les mots prononcés, le terme de ce qui se passe entre vous, peut être même de votre amitié. Tu essayais de te changer les idées mais impossible, te coupant la faim et te menant à finir la tête dans la cuvette. Mal, t'étais vraiment pas bien de cette situation. Et tu essayais d'imaginer les 'retrouvailles' de comment agir, quoi faire, quoi dire, comment le dire. Mais avec lui tu ne savais jamais à quoi t'attendre. Il était doué pour avoir cet effet sur toi que tu ne contrôle pas. Pour t'énerver rapidement comme pour t'apaiser facilement, alors que tu sais assez bien gérer tes émotions et ne rien laisser paraître. Mais plus avec lui. Il brisait toute ta carapace petit à petit, s'y invitant à l'intérieur, sans t'y laisser le choix. Surement ça qui te faisait t'emporter soudainement, crisant parfois. Et voilà que ton avion se posa, que tu échangeais quelques messages avec tes sœurs en attendant de pouvoir sortir. Tu angoissais, et tu rêvais d'être une petite souris pour te faire petite et te cacher dans un trou. En un an, c'était la première fois que tu appréhendais autant de le voir. Remplie de honte, de craintes. Et si c'était l'officialisation de la fin d'Ashleigh et Denys ? Car pour le coup, pour une fois, tu te sentais plus coupable que tu ne le jugeais coupable... Tes yeux sur la petite, elle dormait, et tu la maudissait. Si elle était réveillée au moins elle ferait du bruit, tu aurais de quoi t'occuper a l'occuper. Ça éviterait un malaise, un blanc. Elle t'avais pourtant lâché, décidé à ce que tu te débrouilles et assume tes conneries toute seule. Merci. Alors devant lui, un élan te prit pour le serrer. Le contrecoup des derniers jours, la crainte que cette étreinte soit la dernière. Tu en profitais donc un peu, et aussi soulagé de le voir en chair et en os après les films que tu t'étais faite toute la veille. Le grec n'échappa pas tout de même à un coup, lui interdisant de refaire ça. Qu'il te déteste, qu'il t'ignore, qu'il veuille plus te parler, c'était une chose, mais pas faire de même avec tout le monde et ne pas t'inquiéter comme une folle. Et Denys étant toujours Denys, il opta pour l'humour, blaguant sur ton moyen de transport pour rentrer chez toi. D'ailleurs ton chez toi c'était chez Maxime actuellement... Et t'avais pas bien envie d'aller là bas, pas après les récents événements, encore moins pour lui parler. Tu sais de quoi je parle que tu dis d'une voix tout de même bien moins assurante que d'habitude quand tu t'adresses à lui. Attrapant ta valise, tu le revis quelques semaines plus tôt, quand tu étais revenue de NY. Situation opposée, tu lui avais clairement fait comprendre tes envies à ce moment là, et là... là tu y repensais, regrettant que ce ne soit pas encore comme ça entre vous. Que ça n'allait plus l'être probablement. T'en entendais à peine son désolé du coup et ta boule dans le ventre continuait de s'agrandir. C'est possible de me déposer au loft s'il te plaît ? J'ai des affaires à prendre. Excuse toute trouvée pour ne pas à ce qu'il t'emmène chez Maxime, parce que c'était un peu à cause de ce dernier que ça avait grandement pété, ainsi que les messages avec Cléo. Je me débrouillerais pour rentrer après... Rentrer chez Max, mais tu préférais éviter de prononcer son prénom, comme si ça allait remettre du feu sur le gaz. T'avais pas envie que ça relance une explosion quand t'avais besoin qu'il soit calme pour pouvoir lui parler. Besoin d'être calme toi aussi pour pouvoir trouver le courage de lui parler. Déposant la petite dans son cosy, tu l'attachait a l'arrière et prit place à l'avant. Tu pouvais sentir ton sang circulait dans ton corps tellement tu stressais, d'être assise à coté de lui, de devoir faire trente minutes de route alors que tu ne savais pas quoi dire. Tu ne voulais pas commencer la discussion en voiture, ça pouvait être risqué quand même après le gros différent que vous veniez d'avoir. C'est quelques minutes plus tard que tu brisais la glace. J'ai vu Nate, il te passe le bonjour. Votre coloc commun était peut être la solution pour enlever ce froid glacial non ? Ça n'empêchait pas que tu sois préoccupée et ça se sentait, dans ta voix, dans ton regard fuyant pour ne pas le poser sur lui, ne pas risquer de tomber dans ses pupilles et y lire quoique ce soit qui te rendra encore plus mal à l'aise que maintenant. Le paysage, ça c'était mieux, tu n'y lirais aucune déception, et tu n'aurais pas à voir que cette petite lueur avec laquelle il posait ses yeux sur toi n'est plus présente...

 Pendant quelques secondes, son élan vers moi pour passer son bras autour de moi, cette étreinte, tout semblait presque normal… Des retrouvailles à l’aéroport presque chaleureuses, peut être moins enthousiastes et démonstratives qu’après le Mexique ou qu’après NY quand même… Mais oui, presque normales… Sauf que son poing contre mon épaule et sa petite réflexion étaient bien là pour nous remettre dans le vif du sujet. Et comme moyen de défense face à cette discussion que je redoutais, j’attaquais avec ma meilleure arme : l’humour, jouant l’idiot en prenant ses mots au premier degré. Bon, loupé. Vu le ton sérieux qu’elle adopta pour me rappeler à l’ordre, m’assurant que je savais de quoi elle parlait. Je m’excusais donc, vaguement, sans préciser l’étendue de mon ‘désolé’ qui de toute façon semblait passer inaperçu puisque lorsqu’elle reprit la parole c’était pour me réclamer de la déposer au loft. « Euh oui… Bien sûr. » Ou comment remettre bien l’accent sur le fait que le loft n’était plus vraiment son chez elle, qu’elle squattait depuis un petit moment chez Maxime. Meilleur ami donc hein, mais ex plan cul quand même, désormais je le savais. Alors si j’avais eu le droit à une crise en règle pour des noces bidons et quelques textos à Cléo, je me perdis un instant à imaginer le sort qu’Ash m’aurait réservé si j’avais osé aller vivre chez l’une des deux demoiselles… Ouais, non, n’imaginons pas. De toute façon, on ne pouvait pas faire pire que vendredi, que cette dernière dispute.  Bref, c’était donc sur cet échange sommaire et dans cette ambiance particulièrement tendue qu’on rejoignait la voiture. Moi je me chargeais de mettre sa valise dans le coffre alors que la jeune femme s’occupait d’attacher la petite et son cosy. Je pris ensuite place derrière le volant et démarrai alors qu’un silence gêné s’installait dans l’habitacle de la voiture, uniquement brisé par les bruits de moteur. J’avais juste pas envie de lancer le truc avec un ‘alors tu voulais me parler’ parce que cette discussion, je la redoutais. Elle avait dit qu’elle ne me voulait plus, même en tant qu’ami, que je pouvais donc partir, et moi de mon côté j’avais assuré que je le ferais donc, et même si dans ses textos ensuite elle était revenue sur ses paroles, je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’elle devait quand même les penser un peu. Les yeux rivés sur la route, sa voix résonna, Ash se décidant à briser le silence en parlant de Nate. « Ha ok. » Bon peut être que c’était un bon plan ça, de parler de notre coloc commun. Du coup, j'enchainais là dessus : « Je ne savais pas qu’il était à Londres, il est en vacances là bas ? Il va bien ? »

C'était plus que gênant, tout cette situation. Peut être que tu aurais dû refuser, qu'il vienne te chercher à l'aéroport. Tu aurais dû lui dire que c'était mieux de prendre un taxi et que tu le rejoindrais au loft, pour parler. Non, ça aurait été une mauvaise idée, ça aurait peut être mit de l'huile sur le feu. Mais qu'il vienne te récupérer, après cette dispute, cette 'rupture', c'était pas la meilleure des solutions non plus. Faire comme si tout va bien, que rien n'a eut lieu, t'en étais incapable malgré que tu te mise à le serrer contre toi. Plus pour profiter une dernière fois de lui, de son odeur, son corps collé au tien. Ces petites choses qui risquaient de ne plus avoir lieu à l'avenir. C'est ce que tu es persuadée qui va se passer, puisque même dans cette courte étreinte, tu ne le sens pas proche. Tu le sens loin, pas très là dans cet échange. Ce qui vient bien vite à te pousser de le frapper et lui dire de ne plus faire ça. Et son humour, pour cacher le malaise, tu l'interprètes comme une façon pour lui de fuir, de ne pas devoir remettre le sujet sur le tapis. Pourtant, faut le faire, tu le sais, et c'est ce qui fait que t'es aussi ailleurs, bouleversée, dans tes pensées. Mauvaises, mais tes pensées quand même. Tu demandes quand même à aller au loft, ça serait mieux de parler là bas, plus éloigné des regards indiscrets, et non dans le lieu du principal concerné qui a déclenché toute cette tension entre vous. Il accepte, et une fois dans la voiture, après avoir prit soin d'attacher Naélie, tu sens encore plus le stress monter. Ce petit véhicule dans lequel vous êtes, qui marque une proximité trop proche à ton goût, car si ça te fait du bien, ça te fait aussi du mal. De le savoir là, de sentir ce vide, ce blanc, au lieu de discuter, de rire, de glisser des sous entendus. C'est ce qui aurait dû avoir lieu si ça avait été un autre moment, avant cette dispute. Mais il semblait pas à y remédier, alors tu le fis, le regard perdu par la fenêtre, à contempler les différents bâtiments qui passent sous tes yeux. Différentes voitures, dans lesquelles tu peux voir des personnes, comme lui, comme toi. Des familles même. Et tu t'imagines si eux aussi sont comme toi, pensifs, avec des soucis en tête. Ou s'ils sont heureux, comme tu pouvais l'être quelques jours avant, avant qu'il décède, qu'il chamboule tout... J'avais moi même oublié jusqu'à qu'il m'envoie un message. Quelle amie tu faisais ces derniers temps ? Tu préférais ne pas y penser, ne pas en rajouter à ton cas. Il avait l'air bien oui, changé, mais bien. Parce qu'il avait eut l'air plus confiant, plus sur de lui le coco. Tandis que toi il avait dû te trouver clairement tout l'opposé. Comme si vous aviez switché les choses. D'ailleurs, c'était perceptible, à cet instant même, que t'étais à moitié là, préoccupée. Et tu ne cessais de regarder ton téléphone pour y voir l'heure, priant que vous arrivez bientôt à l'appart. C'était intenable ici, à agir comme si ça allait, ou a essayer de faire la discussion quand des tas de choses te trottaient. Quant tu voulais mettre les choses à plat, les points sur le i, les barres sur les t et qu'advienne que pourra. T'aimais pas tourner autour du pot, et là t'étais coincée entre vous libérer de la vérité, des conséquences de vos actes et paroles, et justement, subir les conséquences de cette discussion à venir, loin d'être sûre de vouloir affronter ça. T'en avais juste pas le choix. Tu pouvais pas rester comme ça, à te faire des hypothèses en tout genre. Merci... d'être venu que tu lâches alors, toujours le regard fixé par la fenêtre. Un merci qui cache peut être d'autres raisons...

Retrouvailles plus que tendues , ambiance gênée, plaisanterie et humour qui ne prenaient pas,  on ne s'éternisa pas dans le hall de l'aéroport. Enfin dans la voiture, l'ambiance n'était pas meilleure... Du vide. Du silence. Ce blanc. Les bruits du moteur en bande son. Ash finit par briser ce silence en prenant la parole, révélant avec vu Nate. Notre coloc. Apparemment à Londres pour les vacances, fait que j'ignorais. Je pris donc des nouvelles du garçon, apparemment il allait bien. "Changé comment ça ?  Il s'est fait une couleur ? " questionnai-je alors toujours sur le thème Nate, m'amusant à l'imaginer en blonde platine histoire de me détendre un peu. De faire abstraction de l'étrange atmosphère qui régnait là. Mais un coup d'oeil vers mon interlocutrice qui zieutait son téléphone me firent de nouveau me sentir mal à l'aise. "T'attends un coup de fil ou un message ? "  Demandai-je avec une pointe d'agacement avant de me focaliser de nouveau sur la route. Ça allait être comme ça maintenant ? A chaque fois qu'on se verrait ? Peut-être qu'elle le pensait, ce qu'elle m'avait dit, comme quoi elle ne voulait plus qu'on soit amis. Peut-être même que c'était ça qu'elle voulait me dire. Mais pourquoi alors me remercierait elle d'être venu la chercher ?  "De rien. Je me disais que je pourrais cumuler un job de chauffeur de taxi en plus du reste donc ça m'entraîne comme ça ..." Humour. Nouvelle tentative.  "Enfin t'inquiètes je te ferais pas payer la course. C'est gratuit pour les amis ..." Humour et aussi un moyen de sonder un peu la demoiselle : est-ce qu'elle nous classait encore dans la case 'amis' ou même sur ça, il allait vraiment falloir également faire une croix ?

Le regard bloqué par la fenêtre, à observer ce qui filait sous tes yeux, à imaginer si ces personnes que tu croisent sont elles aussi malheureuses ou bien tout l'opposé. On passe notre temps à être figurant dans la vie d'une personne, sans se douter de ce que cette personne vit. Alors est ce qu'eux aussi sont comme toi, font semblant ? Sont sur le point de perdre une personne qui est cher à leurs yeux ? Aucune idée. Pour l'instant c'était Nate le sujet de discussion. Et malgré que ce soit tendue entre vous, que le bruit du moteur et des voitures extérieurs se faisaient plus entendre que vos voix, tu te mis à rire légèrement devant sa blague. Il a gagné en assurance, en confiance. Toujours le regard vers le dehors, tu surveillais l'heure sur ton téléphone, laissant ainsi croire à ton meilleur ami, ou ex meilleur ami ? Que tu attendais un appel ou message. Tu le sentais bien cet agacement dans sa voix. Malgré tout, tu le connaissais assez et ça te faisait plaisir de savoir que t'étais encore capable de décerner ce genre de choses. Ca c'était pas envolé. Non, non. Absolument pas d'ailleurs. J'ai juste hâte de me poser. Tu venais quand même de faire 7 h d'avion avec une petite de six mois et si là elle dormait, elle n'avait pas passé tout le vol à dormir, au contraire. Et puis tu voulais en finir avec tout ça, enlever ce poids, sur ton cœur, sur tes épaules. Toutes ces questions dans ta tête. T'en profité ainsi pour le remercier, maintenant, d'être venu, mais cachant derrière cet aveu d'autres raisons pour lesquelles tu le remerciais. Pour avoir été là toute l'année. Pour avoir été présent quand t'en avais besoin, quand Az est parti, quand il était en prison et qu'il t'a aidé à tenir bon. Quand tu lui a avoué ton kidnapping et qu'il a comprit et t'a soutenu. Pour tous les bons moments passés ensemble. Pour t'avoir montré pourquoi les gens sont aussi niais avec d'autres personnes quand c'est la bonne. Pour être lui, tout simplement. Avec ta voiture ? Tu ne pus t'empêcher de le vanner, sachant combien son véhicule compte pour lui mais que pour en faire un taxi ça risquerait d'être compliqué. Surtout, il tiendrait pas la route. Mais ton sourire s'estompa bien vite quand il évoqua la course et la gratuité pour les amis... Tu te mis à avaler ta salive péniblement, ton cœur se serrant dans ta poitrine. Le silence régna à nouveau, suite à sa dernière phrase. Ouvrant la bouche, tu la fermais aussitôt, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Cette simple phrase, ces simple mots venaient de te frapper comme un couteau bien aiguisé. Tu pouvais y sentir la profondeur de la plaie, la douleur que ça faisait, te coupant même le souffle un instant, te faisant ouvrir la vitre de la porte. Inspirant, bien plus fort que tu ne l'aurais voulu, les yeux fermés, tu tentais de reprendre contenance. C'était trop long. C'était pas tenable. T'avais presque envie d'ouvrir la porte et de t'y jeter pour ne plus avoir à attendre comme ça. Il restait encore trop de temps pour arriver au loft, trop de circulations, trop de feux. Ecoute... Je sais que j'ai merdé, que j'ai dit des choses blessantes, et que je pensais même pas en plus. Je sais que ça fait des semaines que je suis invivable, que je m'en prends à toi et que c'est pas juste. Je sais que je suis allée trop loin, que je t'ai fait aller au bout de tes limites, je le sais, mais... Toujours le regard à l'extérieur, tu refusais de le regarder, de voir ses yeux sur toi et d'y lire quoique ce soit à l'intérieur, qui pourrait ne pas te plaire. T'avais besoin d'aller au bout et non qu'il t'en empêche par ses pupilles qui diraient beaucoup. Je veux que tu saches, que c'était pas le but. Que j'ai pas joué avec toi, ni fait semblant. J'ai eu juste peur, que ça change tout au départ, que je te fasse du mal, de te perdre. C'était pas des mots en l'air, que si je te perdais, je le supporterais pas. Mais au final, à faire ça, c'est tout ce que j'ai réussi, de te faire du mal, de briser ce qu'on avait, de te perdre. Mais je t'assure c'était pas ce que je souhaitais. J'ai pas su gérer, Ivy, Naélie, mon père, ton mariage. J'ai pas su gérer à quel point tu me rendais vulnérable. Ce que t'as pas compris c'est que t'es ma force, comme ma faiblesse. Et moi j'ai pas su comprendre que valait mieux prendre le risque d'essayer. J'ai été stupide. Stupide d'attendre, de repousser le moment, de pas arriver à te dire les choses. Stupide de te faire tourner en rond quand dans le fond c'était évident, que je voulais pas d'autres, que je voulais être la seule, que je voulais pas que du sexe. Que j'avais beau être au Laos sans toi, même en colère, ils avaient aucun intérêt. Que c'était toi que j'avais besoin, avec qui je voulais être. Et je sais que c'est trop tard, que j'ai tout perdu, mais je veux pas que tu te reproches quoique ce soit. Tu méritais juste de savoir qu'Ashleigh Strauss est une idiote profonde.

Nate était peut être un bon choix de conversation. Imaginer notre coloc en blonde platine, ça m’aiderait peut être à me détendre, et la réflexion sur le changement de couleur sembla également dérider un instant Ash, même si elle me corrigea, m’expliquant que le changement opéré était plutôt du domaine de l’assurance, de la confiance. Peut être qu’il allait falloir que Nate nous refile son secret, parce qu’en terme d’assurance et de confiance, on était plutôt à zéro dans cette voiture. J’avais juste peur de lancer le sujet et d’entendre ce qu’elle avait à me dire, imaginant quelque chose de radical qui ferait écho à nos conversations houleuses par sms, une sorte de point final qui prononçait à l’oral aurait des allures plus définitives et un côté plus irréversible que lorsqu’on s’était simplement envoyé tout ça par texto. Puis ses yeux qui scrutaient l’écran de son téléphone, ça ne m’aidait pas à croire qu’on avançait vers un mieux, vers une réconciliation, Ash donnant plutôt l’impression de n’avoir aucune envie d’être ici, sur ce siège passager, à mes côtés. Elle assura qu’elle avait simplement hâte de se reposer. « Je fais aussi vite que je peux avec mon bolide. » répondis-je alors, tentant une nouvelle fois le ton léger, le qualificatif de bolide n’étant pas le plus adapté pour parler de mon cher break. D’ailleurs, c’est sur ma bonne vieille voiture que la demoiselle me taquina ensuite, lorsque je confiais mes ambitions de reconversion en tant que taximan. « Attends, je vais acheter un de ces petits chiens qui secoue la tête pour le mettre sur la plage arrière, je suis sûr que je ferai un malheur, le vintage c’est à la mode. » Oui, enfin là c’était plu vintage c’était carrément kitch. Et puis après ce début de mieux, j’ajoutai ma remarque sur la course  offerte, sondant ainsi où on se situait amicalement parlant. Mauvais plan. Vu sa réaction… Gros blanc.  Elle ouvrait la vitre, elle continuait d’éviter mon regard, et ça me fit redouter encore plus ce qu’elle avait à me dire. Alors quand elle reprit, je retins instinctivement ma respiration. J’aurais voulu la couper ensuite, lui répéter que j’étais désolé, que j’avais merdé aussi, que je n’aurais pas du m’énerver… C’était juste pas possible, parce qu’elle parla rapidement, ne me laissant pas l’occasion de la couper. Alors je l’écoutais… Elle m’expliqua qu’elle n’avait jamais voulu tout ça, qu’elle avait eu peur, peur de me perdre, de briser ce qu’on avait, chose qui au final c’était produit quand même. Les récents évènements, elle n’avait pas réussi à les gérer, chose qui n’avait rien arrangé… Et elle concluait qu’elle avait tout perdu, que c’était trop tard… « Ash… » soufflai-je alors, profitant du feu rouge auquel je m’étais arrêté pour tourner mon visage vers elle, alors qu’elle fixait toujours obstinément l’extérieur : « Ash, regarde moi. » Je devais moi aussi m’excuser et je voulais le faire en ayant ses yeux face aux miens. « Je suis désolé de m’être énervé. Je suis désolé parce que c’était pas le bon moment pour toi, t’avais toutes les raisons du monde d’être bouleversée et j’aurais pas du en rajouter en réagissant comme je l’ai fait. Je t’ai dit que je partais, mais tu sais que c’est bidon, j’ai mon bracelet électronique déjà… Et puis même si je ne l’avais pas en fait… J’ai juste pas supporté quand tu t’es énervée, quand tu m’as dit que tu n’avais même plus envie qu’on soit amis. Je veux bien tout encaisser, je peux comprendre que t’aies pas envie qu’on soit ensemble, que t’aies peur, que l’idée d’être en couple ne te tente pas, mais je ne supporte pas l’idée qu’on ne soit plus amis. »

T'avais des messages de personnes, bien que tu parlais avec Ayma et Cléo en sortant de ton avion. Tu avais passé la veille à attendre des messages de lui, de quelqu'un te disant qu'il a répondu, mais pas aujourd'hui. Là tu espérais juste que les minutes défilent vite et que vous soyez au loft rapidement, afin de parler, de mettre les choses au clair, de vider ton sac, ton coeur, et ainsi savoir comment seront les choses suite à vos mots, vos actions. Il te soutire un fin sourire en disant qu'il essaye d'aller aussi vite que possible. Hélas il peut pas changer tous les feux rouges en verts. Ni faire écarter les voitures pour aller plus vite. Alors tu dois prendre ton mal en patience, mais tu n'y arrives pas, encore moins quand il évoque la course gratuite, après blaguer sur sa reconversion en chauffeur de taxi. Ouais t'aurais pu continuer à blaguer dessus, dans un autre cas, une autre situation. Là, ça t'étouffe juste, de l'entendre confirmer que vous êtes amis, comme un rappel à vos mots durs, à cette dispute... T'as besoin d'air et de courage, pour lui dire les choses. Lui expliquer que t'as dû supporter trop de choses dernièrement, et que t'as pas réussi à tout gérer. Que c'était trop, trop d'un coup et étant le plus proche de toi, celui qui te rend le plus vulnérable, c'est lui qui a prit. Qui a subit tes craintes, tes peurs, pensant qu'il se jouait de toi lui aussi, quand dans le fond tu le sais qu'il est sérieux, qu'il serait pas allé voir ailleurs, encore moins avec ta sœur. Qu'il s'est battu, plus d'une fois. Il a tenu bon, depuis des mois, à ne pas lâcher l'affaire, à persister, te prouver par A + B que y a que toi, seulement toi. Tu le savais, tu l'avais dit à Ayma et tu l'avais même conseillé pour ne pas qu'elle fasse les mêmes erreurs que toi. Qu'elle perde pas Abélard comme t'avais perdu Denys, et pourtant dieu sait que tu le déteste le Belge. Tu avouais donc les choses, et une fois finie, il demandait que tu le regardes. Tu tournes ton visage vers lui, un court instant, n'étant pas capable de croiser plus longtemps son regard. Ton visage a nouveau en direction du paysage, tu l'écoutes à ton tour. C'est vrai, il avait choisi le mauvais moment pour s'emporter, pour te lâcher, te laissant complètement seule face à l'enterrement de ton père. Mais peut être que c'était tout ce que tu méritais après avoir été aussi chiante, aussi insupportable, a criser pour rien, sans cesse. C'était pas toi d'être aussi prise de tête, de pas mettre les choses à plat. Lui, au final, ce qui l'avait surtout blessé c'est que tu veuilles mettre un terme à tout, même votre amitié. Une fois encore il comprenait que tu ne veuilles pas être avec lui, il voulait juste pas que vous ne soyez même plus amis. Arrête, je me suis énervée car tout ce que tu répétais c'est qu'on devait être QUE meilleurs amis. Mais t'as pas compris, t'as pas compris que je te vois plus QUE comme mon meilleur ami. J'ai essayé de te le dire l'autre fois quand t'as coupé court à la discussion, genre c'était pas le bon moment. J'ai compris que c'était déjà trop tard, que tu avais reculé, l'entendre, le lire, officiellement, je m'y attendais juste pas. J'étais pas préparer à encaisser encore une mauvaise nouvelle, spécialement celle là. Enfin bref... Y avait rien à rajouter, t'avais un très mauvais timing. On t'avais prévenu, plus d'une fois, Lucky, Maxime, Ivy, Ilhan. T'avais joué avec le feu et tu t'étais brûlée. T'avais cru que tu pouvais le faire attendre encore longtemps et tu t'étais trompée.

Durant quelques secondes, nos regards s'affrontèrent.   Mais quelques secondes seulement parce qu'elle détourna les yeux. Ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre, de m'excuser, de m'expliquer, je n'avais pas assuré. Ma patience à bout au pire des moments pour elle... Je m'en voulais quoi qu'elle dise, je me sentais mal de lui avoir dit tout ça et qu'elle se soit inquiétée devant mon absence de réponse ensuite. Et ma justification c'était que j'avais pété un câble devant ses sms. Pas à cause de sa crise, ça encore ça n'aurait été qu'un accrochage de plus à la liste, mais la menace qu'elle avait proféré sur notre amitié, la fin de cette dernière, c'est ça que j'avais été incapable de supporter. Et j'aurais juste voulu qu'on se réconcilie sur la promesse de ne pas laisser notre lien, notre complicité, s'effriter, quoiqu'il se passe entre nous. Sauf que ce n'était pas vers ce genre de promesse qu'on se dirigeait, le sujet de notre amitié semblant énerver plus qu'autre chose la jeune femme. "J'ai dit ça parce que c'est ce que l'on est Ash. Si on n'est pas ensemble on est meilleurs amis." C'était la vérité. Peut-être un peu de la provoc' pour lui rappeler que tant qu'on avait pas l'étiquette couple au front, on n'avait uniquement celle d'amis. Et histoire de lui rappeler aussi que ce statut de couple c'était elle qui l'avait toujours refusé. Des klaxons me rappelaient à l'ordre. Le feu était repassé aux verts et les automobilistes derrière moi s'impatientent.  Je redémarrais en ronchonnant : "Tu vois c'est jamais le bon moment."  Avançant, toujours direction me loft, les paroles de mon interlocutrice en tête, je n'avais juste pas envie de remettre encore à plus tard cette mise au point. Alors la question qui me brûlait les lèvres, je finis par la lâcher : "Tu me vois plus que comme ton meilleur ami ? Ça veut dire que tu me vois comment ?  Tu nous vois comment ?  On est quoi Ash ? "   Mis à part deux idiots qui s'engueulent dans une voiture.