Tu vides ton sac et quelque part, ça te fait du bien. Ca t’aurait sans doute aidée de le faire plus tôt mais t’as préféré te renfermer sur toi-même, à cogiter sans cesse au point de ne dormir que quelques heures chaque nuit. Et encore fallait-il que t’y arrives. Parce qu’à chaque fois que tu fermais les yeux, tu repensais à tout ça. Au mariage, à ta grossesse, à Basile. A quel point il te manquait. Tu te torturais au fond de ta suite et c’en était ridicule. Digne d’un grand film hollywoodien sur la tragique vie d’une parisienne pleine aux as et dont l’avenir est d’ores et déjà tracé. Bref, ridicule du début à la fin. Entre deux phrases, t’écoutes ce que Basile a à te dire. Que t’aurais au moins pu le tenir informer, quitte à lui mentir et à lui dire que t’allais bien. C’est vrai que t’aurais pu, si t’avais pas laissé ton téléphone en mode avion tout ce temps. T’évitais tout contact de peur de céder avant d’avoir trouvé une solution à ta situation et à celle de Denys. Et avec ton téléphone qui avait décidé de te lâcher y a quelques jours de ça, et ta flemme monumentale de te rendre dans une boutique adaptée pour en reprendre un, t’avais pas eu d’autre choix que de te couper un peu plus de ton monde et de t’enfermer dans ta bulle. Tu prends pas la peine de lui répondre, tu lui expliqueras tes soucis de téléphone plus tard mais encore faut-il qu’il y croie tant ça peut sembler grotesque. Parce que comme toujours, le hasard fait mal les choses et t’as ce don pour enchaîner les situations merdiques. Poisseuse jusqu’à ton dernier souffle, tu sais très bien que tu le seras. Et alors que tu craches tes dernières paroles, ta tête se baisse pour tenter au mieux de cacher tes faiblesses à Basile. Pourtant, tu sais qu’il est plutôt bien placé pour y faire face et que t’as pas de raison de te cacher.

Les joues rougies par l’émotion montante et la gorge nouée à trop te retenir de fondre en larmes comme du beurre au soleil, tu te sens tirée contre lui. Et étrangement, tu t’y attendais pas. Tu poses ton front contre son torse et, comme par réflexe, tes bras viennent s’enrouler autour de lui. Depuis tout ce temps, c’est sans doute ce dont t’as le plus eu besoin. De te sentir soutenue par la bonne personne. Et ses paroles t’apaisent, comme si un poids se retirait soudainement de tes épaules. Tu peux d’ailleurs pas t’empêcher de sourire timidement alors qu’il t’affirme qu’il sera toujours là pour toi. C’est sans doute la première fois qu’il te le dit, et ça te fait un bien fou ; mais ça te gêne. T’as pas l’habitude de l’entendre dire ce genre de chose. Et tu t’attends pas non plus à ce qui suit. Tu reposes tes yeux sur son visage dès qu’il reprend ses distances. C’est sans doute l’une des rares fois où il aura l’occasion de te voir si fragile ; parce que c’est pas dans tes habitudes de montrer tes faiblesses, et quand bien même ça peut te faire du bien, tu comptes pas réitérer la chose rapidement. T’as pris l’habitude avec le temps de tout prendre sur toi pour pas qu’on voie ne serait-ce qu’une faille dans la carapace que tu t’es forgée. C’est pas forcément une bonne idée, tu le sais pertinemment, mais tu peux pas faire autrement. T’as pas envie qu’on te voie comme cette chose fragile que t’es au fond de toi. Pas n’importe qui en tout cas. Ton cœur loupe un battement dès lors que Basile te retire des mèches de ton visage, et tu te poses mille et une questions. Tu comprends pas. Parce que deux secondes plus tôt, il était en rogne contre toi et il frappait dans une poubelle à grand coup de pied. Et là, il a radicalement changé. Ton rythme cardiaque s’accélère alors qu’il attrape ton menton et, dès que ses lèvres touchent les tiennes, tu finis par réaliser. Et t’as l’impression que le temps s’arrête, tu te sens emportée dans un flot de sentiments inhabituel. Tes mains viennent glisser sur ses joues en même temps que tu te hisses un peu plus haut sur tes talons. En un geste, il a fait s’envoler tous tes tracas.

Alors tu luttes pour lui rendre sa liberté. Tu recules d’un pas alors que ta main glisse le long de son bras jusqu’à le lâcher, pas certaine que t’en aies réellement envie ou que ce soit la meilleure chose à faire. Mais t’es pas sûre non plus qu’il ait pas fait ça sous l’effet de l’alcool, pas sûre qu’il en ait réellement eu envie au fond de lui. T’inspires un grand coup, comme pour te donner du courage. Parce que t’as besoin de savoir ce qu’il a. Ce qu’il veut. Ce que ça veut dire. C’est trop flou pour toi. « Je… je sais pas si c’était une bonne idée. » Et pourtant, tu penses tout le contraire. « Je veux dire, je suis même pas sûre que tu saches ce que tu viens de faire. J’ai pas envie d’être l’une de tes conquêtes de soirée que t’as déjà oublié après une bonne nuit. » Ca te ferait mal. Mais avec l’alcool, tu sais même pas s’il s’en souviendra demain. T’as pas envie de te faire des idées et pourtant, c’est plutôt mal parti. Ce serait mentir que de dire que Basile n’a pas une liste de chasse aussi longue que son corps tout entier ; et t’es persuadée que pour les trois-quarts, il les reconnaîtrait même pas s’il les croisait dans la rue. Tu veux pas avoir cette place pour lui. Tu l’as occupée pour bien d’autres, mais pas Basile. Tu t’en remettrais pas. T’as besoin de l’entendre dire que t’es pas comme les autres, qu’elles t’arrivent pas à la cheville, que t’es spéciale. T’as envie de lui demander ce que ça signifie pour lui, ce baiser, mais t’as pas le cran. Par peur sans doute d’entendre des choses qui te conviendraient pas.

Basile finit par ravaler sa fierté. Laisser parler son cœur plutôt que sa tête. Et s'il y va en douceur, attirant Louve contre elle et l'enveloppant de ses bras, l'envie de l'embrasser se fait de plus en plus présente. Si d'habitude il ne fait rien de la sorte, ce soir les choses sont différentes. Il la désire à un point tel que c'en est douloureux. Elle lui a manqué ces deux dernières semaines. Affreusement. Beaucoup trop. Beaucoup plus qu'il ne l'aurait pensé, qu'il ne l'aurait cru. Jamais une fille n'avait hanté ses pensées de la sorte, ne l'avait tourmenté à ce point. Jamais. Alors, il en profite, là, dans cette ruelle où ils ne sont que tous les deux, à l’abri des regards. Relevant son visage, il finit par déposer ses lèvres sur les siennes. Et c'est presque une délivrance pour lui. Puis, lorsque Louve répond, attrape son visage entre ses mains, Basile en profite pour rendre le baiser plus profond, mêlant sa langue à celle de la blonde. S'il n'est pas doué pour les mots, exprimer ce qu'il ressent, il espère bien qu'elle comprenne par ce baiser échangé. Car même si on pourrait croire qu'il agit uniquement à cause de l'alcool ingurgité, ce n'est pas le cas. Il est certes, désinhibée, mais il a toujours eu un faible pour cette petite blonde. Un très (trop) gros faible. Elle le rend fou. Littéralement. Sauf que son ego et sa fierté l'empêchent de l'avouer....

Et il est à deux doigts de la plaquer contre le mur Basile. Sauf qu'il se fait couper dans son élan par Louve elle-même qui met un terme à cet échange, le laissant hébété quelques instants, exprimant un regard interrogateur. En silence, il l'observe. Se tait. Pourtant, il en aurait des choses à dire, à raconter. Et quand Louve ouvre la bouche, Basile ne peut s'empêcher d'écarquiller les yeux. « J'pensais que c'était c'que tu voulais.. » qu'il répond d'une voix neutre lorsqu'elle affirme que ce n'était pas une bonne idée. Il est blessé le brun. Blessé dans son orgueil parce que faut bien le dire, Louve vient de lui foutre un sacré râteau. Et ça fait mal. Non pas de se faire rembarrer. Il a beau avoir un tableau de chasse impressionnant, ce n'est pas la première fois qu'une fille refuse ses avances. Mais ça fait mal parce que ça vient de Louve... Il est à deux doigts de partir Basile. Tourner les talons. La laisser seule ici, dans cette ruelle. Sauf que la belle reprend la parole, le faisant se rétracter. Et elle met l'alcool sur le tapis, lui faisant esquisser un sourire au passage. Il aurait dû s’en douter. « J'suis pas bourré. J'ai p'tete un peu trop bu ouai, mais j'connais mes limites. » qu'il répond, alors qu'il s'approche une nouvelle fois d'elle pour venir la surplomber de toute sa hauteur. « Et t'es loin d'être un simple nom sur ma liste. J'pensais que tu l'avais compris  ça... » qu'il confesse presque à voix basse. Son attitude ne le traduit-elle pas assez ? Ses excès de jalousie, son impossibilité à rester calme lorsqu'il la voit aux bras d'un autre, ses tentatives puérils de la rendre jalouse à son tour lorsqu'il se pavane une fille à son bras... « Mais p'tete que j'me suis trompé finalement. » qu'il termine en haussant les épaules, anormalement calme, faisant mine de partir pour sonder la réaction de la jolie blonde...

Sans vraiment le vouloir, tu reprends tes distances. Tu t’éloignes d’un pas et pourtant, t’as envie que ça continue. Depuis le temps que t’espères que ça arrive, tu doutes. T’es pas sûre qu’il le veuille vraiment et qu’il fasse pas ça sous l’effet de l’alcool. Et dès que t’ouvres la bouche pour parler, tu vois qu’il change. Il se renferme soudainement, ou du moins, c’est l’impression que ça te donne. Il pensait que c’était ce que tu voulais. Bien sûr que ça l’est. T’as sans doute prié tous les dieux possibles pour avoir un jour la chance que ça aille plus loin avec lui. T’as pas passé des années à baver devant Ton dieu grec pour que ça aille pas plus loin. Mais tu veux pas finir comme une autre. T’as besoin de savoir que t’es spéciale, que t’es unique, qu’il te laissera pas filer, qu’il t’oubliera pas. Alors tu l’écoutes se défendre, clamant que c’est pas l’alcool qui lui a fait faire ça parce qu’il connaît ses propres limites. Et ça te soulage. Il se plante face à toi, tu peux pas t’empêcher de sourire. Ca te fait plaisir, tu peux pas le masquer. Et plus il parle, plus tu te sens apaisée. T’as l’impression de te faire emporter ailleurs, loin de vos prises de tête quasi quotidiennes. Mais dès lors qu’il dit qu’il s’est peut-être trompé et qu’il tourne les talons, tu retombes. Ton sourire disparaît et t’en serais presque là à perdre tes moyens. « Me laisse pas. » que tu rétorques, le fixant de tes grands yeux. Et qu’importe qu’il déserte les lieux, t’as ce truc en toi qui t’empêche de vider ton sac, de lui dire ce que t’as sur le cœur depuis toujours et encore plus ces derniers mois. De lui dire à quel point tu tiens à lui, à quel point tu serais prête à tout pour le garder près de toi. « Bien sûr que c’est ce que je voulais Basile. Depuis le temps que j’attends ça… mais j’avais besoin d’entendre ces mots. De savoir que je serai pas une énième conquête. » Rien qu’à l’imaginer, t’as mal. Parce que t’as déjà été prise pour une conne dans le passé et tu sais ce que ça fait d’en souffrir, quand du jour au lendemain, tu te retrouves seule sans un mot. A croire que ce type attendait juste que tu sois pleinement sous son charme pour te faire faux bond. Ca t’a tuée. Tu veux pas le revivre. D’autant plus que là, c’est même pas comparable. « Je veux pas que tu partes encore une fois. J’ai plus envie de te voir avec une autre dans les bras Basile, ça me tue. » T’essayes de remballer un minimum ta fierté pour pas le voir te filer entre les doigts une nouvelle fois. T’as pas envie de le recroiser encore une fois après des semaines de silence avec une autre que toi à son bras. Et tout ce temps, t’es restée plantée à ta place dans cette ruelle. Comme une gamine paumée qui sait plus quoi faire. Mais tu prends ton courage à deux mains et tu fonces vers lui ; tes mains se plaquent sur chacune de ses joues, déterminée à reprendre le baiser là où tu l’avais laissé. Tu tentes de te hisser au mieux à sa hauteur pour profiter de ce rare moment d’intimité que t’attendais depuis des années. Ton baiser se veut langoureux et plein de sens ; tu veux qu’il comprenne, lui aussi, ce qu’il représente pour toi. Et qu’aucun autre ne lui arrivera jamais à la cheville.

Louve s'éloigne, recule, sur la défensive. Et il peut le comprendre Basile. Parce qu'il n'est pas du genre à ouvrir son cœur comme ça. A dévoiler ses sentiments. C'est même tout le contraire. Quitte à foutre la merde avec la seule personne qui compte à ses yeux, à savoir Louve. C'est pas pour rien qu'ils se prennent la tête à chaque fois qu'ils passent du temps ensembles. Jalousie, fierté, ego ne font pas bon ménage quand ils sont mélangés. Et Louve est aussi têtue que lui sur le plan amoureux. Sauf qu'il le dira pas Basile, mais ça le fait flipper ce qu'il peut éprouver pour elle. C'est nouveau, inconnu, et ingérable. C'est pour ça qu'il a toujours tout caché. Jusqu'à ce soir. Jusqu'à cette nuit. C'est plus fort que lui au brun. Quand il voit Louve avec un autre gars, il pète un plomb. Littéralement. Et peu importe que ce soit un simple ami, qu'il n'y ait jamais rien eu entre eux, il ne peut pas se contrôler. N'y arrive pas. Il n'aime pas savoir SA Louve proche d'autres mecs. Amis ou non c'est du pareil au même pour lui. Rien que se rappeler qu'elle s'est mariée avec son ex, ça le fout en rogne Basile. Même s'il sait que c'est un arrangement entre eux, il n'arrive pas supporter cette idée. Pour dire à quel point il est mordue de cette gamine blonde...

Finalement, il fait mine de s'en aller, la laisser là. Après tout, il vient d'essuyer un refus non ? Et si, d'habitude, il aurait haussé le ton, lançant une énième dispute au passage, cette fois il est anormalement calme. Peut-être un peu trop. De manière évidente, il sonde la réaction de Louve, cherche à savoir ce qu'elle va faire : le retenir ou le laisser partir ? Il compte Basile. Lance un compte à rebours silencieux. Quatre, trois, deux... Et après quelques pas, sa voix cristalline s'élève, faisant se stopper net Basile qui reste, malgré tout, dos à elle. Et à ses mots, il ne peut s'empêcher de sourire en silence, satisfait. Et un brin soulagé, faut bien l'avouer. Cœur qui bat plus vite, Basile pivote lentement afin de faire face à Louve, quelques mètres à peine les séparant. L'entendre affirmer sa jalousie envers les autres filles, sa possessivité, fait étirer un peu plus ses lèvres au bras, alors que son cœur manque un battement. Il avait attendu ces mots. Il avait attendu qu'elle les dise enfin. Mais il faut bien avoué, c'est assez déstabilisant de finalement l'entendre de vive-voix. Presque perturbant. « Parce que te voir avec d'autres mecs ça m'fait rien p't'être ? » qu'il demande, même pas sûr que Louve aie tout entendu tellement il a baissé le ton. Soirée confession, mais le brun ne compte pas non plus se dévoiler à cœur ouvert, faut pas déconner.

Et finalement, la blonde s'élance vers lui, avant de se placer sur la pointe des pieds et saisir une nouvelle fois son visage entre ses mains. Sauf que cette fois,c 'est elle qui initie le baiser. Baiser intense à travers lequel Basile perçois bien les émotions que peut ressentir la jeune femme. Parce que c'est pareil pour lui. Des assoiffés qui ont enfin trouvé leur oasis. Saisissant sa taille, il la plaque contre lui, la douceur de son étreinte contrastant avec la douceur de leur baiser. Faisant quelques pas, il vient plaquer Louve contre le mur non loin de là, avant de venir l’embrasser dans le cou. « Tu m'as manqué » qu'il lui murmure à l'oreille de sa voix rauque, avant de plonger ses yeux dans les siens un court instant, puis saisir à nouveau ses lèvres avec plus d'urgence et de fièvre.

On t’a rarement vue si fragile et si ouverte. N’importe qui de présent serait capable de lire en toi, à l’instant présent, comme dans un livre ouvert. Et pourtant, t’as toujours été plutôt bonne quand il s’agit de cacher des trucs que t’as pas envie d’étaler aux yeux de tous. Mais la présence de Basile change la donne. Il s’ouvre, lui aussi, et tu parviens enfin à entendre ce que t’avais besoin depuis bien longtemps pour te sentir un peu mieux. C’est comme si un poids sur tes épaules venait de s’envoler, comme si la peur de le voir sans cesse dans les bras d’une autre n’allait devenir qu’un lointain souvenir. Et tu l’espères, en réalité. T’espères que ce qu’il t’a dit est vrai et qu’il se foutra pas de toi maintenant que tu t’es lancée. C’est pas dans tes habitudes d’ouvrir ton cœur, bien au contraire ; t’as souvent eu tendance à fuir dès que tu te rendais compte que l’attachement devenait trop intense. Comme Denys. Tu l’as quitté dès que t’as compris qu’il s’attachait à toi pour de vrai, alors que toi, tu recherchais pas ça. Et t’as eu la trouille. T’as été lâche, sur ce coup. T’as pas envie de l’être avec Basile. De ce que tu vois, tes mots ont un effet plus que positif sur lui ; il a fini par se retourner et t’as enfin pu voir ce sourire que t’aimes tant. Tu le vois qui bouges ses lèvres, mais le son qui en sort t’est complètement inaudible ; et t’aurais aimé savoir ce qu’il disait. Mais tu préfères t’élancer dans ses bras pour capturer ses lèvres et lui faire ressentir toute la tension en toi. Une bonne tension. Tu sais très bien qu’il comprendra ce que t’attends de lui, et pas que maintenant. Parce que c’est pas qu’un simple désir, c’est bien plus fort, t’es même pas capable de mettre un mot là-dessus tant c’est inhabituel. Mais ça a le don de te rendre dingue. Et dès qu’il te plaque contre le mur frais et qu’il s’empare de ton cou, un frisson parcourt tout ton corps. Ca te fait du bien, de te sentir désirée de la sorte. Par Lui. Pourtant, tu refuses de le lui dire. Tu te dis qu’il comprendra parfaitement sans que t’aies besoin de parler, c’est suffisamment clair pour que même un aveugle le voie. Puis quand il saisit à nouveau tes lèvres, tu peux pas t’empêcher de passer tes bras autour de son cou pour te remonter contre lui, enroulant ainsi tes jambes autour de sa taille. Tu sens que tu bouillonnes d’envie, tu peux pas t’empêcher de te coller à lui comme si ta vie en dépendait. Ta poitrine contre son torse doit sans doute lui faire ressentir chaque battement de ton cœur, alors que le rythme de ce dernier ne fait que s’accélérer. Et si tu t’écoutais, tu pousserais les choses plus loin encore. Mais t’es pas certaine que ce soit le lieu pour, bien que le moment puisse être plutôt bien choisi. Pas romantique pour un sou, un réconciliation sur l’oreiller. Ce dont t’es sûre, à présent, c’est que c’est lui que tu veux, et pas un autre. Si auparavant t’en as déjà eu la sensation, la situation de ce soir ne fait que confirmer ce que t’as toujours pensé.

Il ne réfléchit plus Basile. Bien qu'on ne puisse pas dire qu'il aie beaucoup réfléchit avant d'agir, avant de parler, plus tôt dans le pub en voyant Louve. Cerveau sur pause, il se laisse complètement aller ce soir. Et quand la jeune femme dépose ses lèvres sur les siennes, sa raison s'envole en fumée. Ses réticences aussi. Le brun répond à son baiser, l'approfondit encore un peu, leurs langues entamant une danse endiablée, alors qu'il vient plaquer la jeune femme sur le mur de pierres froides à leur droite. Déviant ses baisers jusque dans le cou de la belle, il ne peut s'empêcher de lui dire qu'elle lui a manqué. Et c'est vrai. Même si elle l'a fait tourner en bourrique, même si elle lui a fait un putain de silence radio qui lui a fait péter un plomb tellement il s’inquiétait, même si les trois quart du temps, ils se balancent des crasses au visage, elle lui a affreusement, terriblement manqué. Et qu'il puisse enfin goûter à sa peau de porcelaine, à ses lèvres charnues, ça le rend fou Basile. Depuis combien de temps il attendait ça ? Depuis combien de temps il se retenait d'esquisser le moindre geste en ce sens ? Beaucoup, beaucoup trop longtemps à ses yeux. Jamais une femme n'a eu autant de pouvoir sur lui. Jamais. Lui, qui d'habitude n'a qu'à claquer des doigts pour obtenir satisfaction... L'atmosphère se charge en électricité. La tension en est presque palpable... Louve se colle à lui, alors que Basile repart à l'assaut de ses lèvres tentatrices pendant que l'une de ses mains remonte doucement le long de sa cuisse dénudée. Lenteur calculée, mesurée, pour la rendre folle de lui à son tour. S'il s'écoutait, il la prendrait ici et maintenant tellement il la désire. Sauf que ce n'est pas ce qu'il veut. Pas pour Louve. Pour elle, Basile veut faire les choses biens. Loin d'être un romantique, il est cependant hors de question que leur première fois se passe dans cette ruelle glauque des Laos. Et surtout qu'il soit alcoolisé, même si bien loin de sa limite. « Si tu savais comme j'ai envie de toi » qu'il lui souffle à l'oreille, avant de mordiller délicatement son lobe. Et après quelques secondes, se faisant violence, Basile se recule, sépare leurs corps, cette proximité, pour venir replacer l'une des mèches rebelle de Louve derrière son oreille et plonger ses yeux dans les siens, avant de venir coller son front au sien. « Mais pas ici. Pas comme ça. » qu'il murmure en fermant les yeux, l'adrénaline pulsant dans ses veines et le cœur battant à tout rompre.

Basile, il a ce don pour te faire bouillonner. Tu sens que chacun de ses gestes est bien calculé, il sait comment te rendre dingue. Tu te retrouves à avoir envie de le déshabiller comme une sauvage au beau milieu de cette ruelle mal éclairée. L’idée te paraîtrait bonne si c’était pas si crasseux et que tu savais sur qui vous risquiez de tomber. T’as pas spécialement envie de finir dans un cachot pour le reste de ton séjour ici, alors vaudrait peut-être mieux éviter. Ou que vous vous trouviez un petit coin tranquille en urgence. Parce que là, pour toi, ça relève de l’urgence, t’as plus envie d’attendre, tu perds un peu plus patience à chacun de ses gestes tant l’envie se fait forte. Et quand il glisse au creux de ton oreille qu’il a envie de toi, t’as un énième frisson qui parcourt ton corps. Tu t’imagines déjà la scène. « Je veux plus attendre Basile. » que tu souffles alors qu’il te mordille l’oreille. T’aurais pu lui demander de te prendre sur le champ, mais tu te retiens de le lui balancer. Et quand il te lâche finalement, que tes pieds reviennent fouler le sol, t’as ce sentiment de frustration qui t’envahit subitement. Parce qu’il t’a stoppée quand t’en avais le plus envie. Tu peux d’ailleurs pas t’empêcher de soupirer en secouant ta tête de droite à gauche, les paupières closent. T’es sur le point de râler, de l’attaquer pour te laisser en plan alors que t’es à la limite de plus répondre de toi, mais il revient. Et ça t’arrache un sourire en coin, l’espoir au fond de toi qu’il veuille sauter le pas. Mais ses paroles, elles te mettent un coup ; ton cœur loupe un battement. Qu’est-ce qu’il entend par ‘pas comme ça’ ? Parce que t’es prête à attendre quelques minutes le temps de rejoindre ta chambre d’hôtel s’il le faut, si c’est ce qu’il veut pour enfin céder à vos désirs. « Alors on rentre. On va dans ma chambre. » que tu lui réponds, insistante. Mais t’as peur qu’il te dise non, que le souci soit autre que cette stupide ruelle. Qu’est-ce qu’il peut bien attendre de toi ? Qu’est-ce qu’il attend pour votre première fois ? T’as bien trop attendu pour céder à une excuse bidon. Va falloir qu’il te donne une très bonne raison de pas pouvoir enfin profiter de son corps tout entier. Et t’es là, à scruter son visage pour savoir ce qu’il veut vraiment. Tu peux pas t’empêcher de glisser ta main sur la sienne pour venir la plaquer sur ta hanche. « Qu’est-ce que t’attends ? Tu les fais toutes attendre comme ça après les avoir chauffées ? » Tu râles un peu malgré toi. Parce qu’au fond, ça te met en rogne qu’il te mette un stop pareil après avoir fait grimper en toi l’excitation. T’es certaine qu’il fait pas ce coup-ci aux autres, alors pourquoi à toi ?

Ses mains explorent le corps de la belle avec habileté. Il sait comment s'y prendre Basile, pour lui faire perdre la raison. Et il veut qu'elle le désire autant qu'il peut la désirer. S'il s'écoutait, il la prendrait là, dans cette ruelle sombre, sous l'urgence de l'envie. Mais il se retient le brun. Retrouve la raison alors qu'il s'éloigne d'elle. S'il aurait pu agir ainsi avec n'importe quelle autre fille, avec Louve il veut que soit différent. Il ne veut pas se contenter d'un coup rapide dans un endroit glauque. Il veut faire les choses bien. Alors, malgré la pression dans son jean, il prend sur lui le brun, suspend ses gestes, laissant sûrement Louve dans l'incompréhension. Du moins, c'est ce qu'il semble déceler au fond de ses yeux lorsqu'il la regarde. Et tendrement, il lui sourit tout en secouant la tête de gauche à droite lorsqu'elle propose d'aller dans sa chambre. Lui caressant la joue, il la contemple une nouvelle fois, un court instant. Essayant de lui faire comprendre par ses gestes où il veut en venir. Après tout, il lui a bien dit qu'elle n'était pas un simple nom sur sa liste pas vrai ? Et il compte bien lui montrer le brun. Lui montrer que ce ne sont pas des paroles en l'air, juste pour obtenir satisfaction.

Sans attendre, Louve vient chercher sa main, la plaquer sur sa hanche. Elle reprend la parole, frustrée, Basile le sent bien. Et il ne peut s'empêcher de rigoler le brun, avant de venir une nouvelle fois capturer ses lèvres. Il se retient de la toucher, de glisser ses doigts sous ses vêtements. A la place, il vient les enlacer aux siens. Presser sa paume contre la sienne. « C'est pas l'envie qui me manque de te prendre ici et maintenant, crois moi » qu'il lui lance, amusé de sa réaction. Déposant un baiser léger sur ses lèvres, Basile dévie lentement au niveau de sa mâchoire, puis son cou. « Mais j'veux faire les choses bien avec toi. » qu'il ajoute contre sa peau, humant son parfum qui le rend fou. Puis une nouvelle fois, il s'éloigne. « J'veux pas faire ça dans l'urgence » qu'il termine, pour justifier le fait que non, ils n'iront pas dans la chambre d'hôtel de la blonde. Pourtant il pourrait Basile. Et il en a envie. Très envie, faut bien le dire ! Mais il veut lui donner plus. Tellement plus qu'un simple coup rapide, même dans un lit confortable. « Je sais que mon corps d'Apollon te donne envie, mais va falloir être patiente sweet heart » qu'il lance le regard malicieux avant de lui faire un clin d’œil et l'embrasser sur le front.

A chacun de ses gestes, à chaque rapprochement, t’as l’impression qu’il te nargue. A croire qu’il attend que tu te mettes en rogne et que tu lui imposes de te prendre sauvagement contre ce mur en brique. Et pourtant, quand tu le vois qui sourit à tes paroles, tu peux pas t’empêcher de sourire à ton tour. Mais ton sourire, il veut tout dire. Il pue la frustration, les nerfs tendus, ton envie de lui crier dessus. Parce que bien que ses paroles te fassent plaisir, à te dire qu’il veut pas faire ça comme ça même si l’envie lui manque pas, l’envie de le sentir plus proche de toi que jamais cède vide sa place à l’envie de lui gueuler dessus. T’as l’impression qu’il joue avec tes nerfs, et il vise juste tant mille et un sentiments se mélangent en toi. « Tu m’emmerdes, tu mérites que… » tu te stoppes alors que ta main saisit sa mâchoire et se resserre doucement sur cette dernière. Tu sais pas trop ce qu’il mérite, mais tu lui rendras la monnaie de sa pièce. Tu te le jures. Faut dire que t’es plutôt rancunière et que t’aimes tout particulièrement de venger. Et là, c’est le bon plan. La raison parfaite pour lui en faire voir de toutes les couleurs. T’es là à le fixer, droit dans les yeux, d’un regard malicieux, toujours ce sourire au coin des lèvres. T’aurais envie de le bouffer. « Ton corps d’Apollon ? Si je me fie à ce que je vois… » ta main vient glisser sur son membre, que tu saisis à travers son pantalon. « … une partie de toi te trahit. » Et puis, soudainement, tu le relâches. Tu t’extirpes de son entreprise comme un poisson qui glisserait hors du filet. Tu fais quelques pas en direction de la rue par laquelle vous êtes venus ici, avant de te stopper, dos à lui. « Tu me dois un verre. » que tu lui lances en tournant légèrement ton visage sur le côté pour l’observer du coin de l’œil. « Je suis pas venue ici pour rien. Alors c’est la moindre des choses pour que je te pardonne un centième de ce que tu viens de me faire. A moins que tu veuilles qu’un autre me paye ce verre ? » Dans ta voix, on entend clairement cette envie de jouer, cet air de défi. T’as pas fait tout le chemin depuis l’hôtel pour ne rien te mettre sous la dent. Des verres ou Lui. Et t’espères qu’il va pas rester là à rien faire après ça. Après ce doux moment que vous avez passé ensemble et que tu considères pourtant bien trop court.