Un sourire à son commentaire sur ses envies de ne voir personne d'autre que moi. Je le suis des yeux, appréciant la vue, tandis qu'il récupère et enfile un boxer. Ici, ce sera pour ce soir alors. Ce n'est pas la première fois qu'on profitera du service au chambre. Pas nécessairement pour les mêmes raisons qu'à Miami. Ha men! Ça me semble loin tout ça soudainement. Y'a eu tellement de trucs depuis. Et ça va encore continuer.

Il me dit d'ailleurs avoir une proposition et si je m'attendais à un plan pour la soirée, je me rends vite compte que c'est plutôt un horaire pour les jours à venir. L'écoutant défiler ses idées, je me prends à le fixer, les yeux grands ouverts, plutôt étonné. Son horaire est assez chargé en vrai. Et ça implique beaucoup.

D'abord, mariage ici parce que c'est autorisé. J'y ai pas pensé à dire vrai. Si ça aurait posé problèmes, on aurait pu attendre d'être revenu à Boston. Parce que je sais pas plus si c'est reconnu au Laos. À dire vrai, je me suis jamais renseigné sur les permissions puisque la dernière fois que j'ai pensé à ça, ça s'appliquait pas.

Après… Il vient littéralement de me proposer de ramener ma fille. Que je puisse l'adopter. Et que son nom figure aussi sur les papiers d'adoption. Y'a pas un mois, j'avais eu peur de le perdre pour une possibilité que j'aie un gosse. Maintenant que c'est clair et net qu'il y a Eva, c'est lui qui vient au devant des décisions et m'offre tout ça sur un plateau. ...Comme toujours en fait.

Les traits de mon visage s'adoucissent et mes mains vont se poser à sa taille, l'incitant à se poser sur moi, à califourchon comme il le fait si souvent, plutôt que devant moi comme il est présentement. Je les laisse ensuite ainsi, sagement posé, et lui vole un baiser avant de parler, mes pupilles ancrés aux siennes.

- Ce n'est pas pour ça que j'ai demandé ta main, Jona. J'y avais pas penser à dire vrai, expliquais-je. Et je t'ai dit d'être franc, alors je le serai aussi. L'idée que la petite soit en adoption me fatigue énormément. Même si j'ai pas d'expérience, même si je saurais probablement pas comment m'y prendre avec elle, j'ai l'impression que la laisser là, ce serait de l'abandonner, avouais-je. Je ne savais pas comment tu le prendrais et je voulais attendre de la rencontrer pour t'en parler. Je ne sais pas non plus ce que Salcha en dira, mais…

Je marque une pause, ne sachant pas trop comment formuler mes pensées. D'ordinaire, je suis clair et concis, pourtant là, ça manque.

- Si elle ne l'a pas sortie de là, alors que sa situation s'est améliorée, elle devrait pas vraiment s'opposer.

Je soupire légèrement et appui mon front contre son épaule, embrassant doucement sa peau au passage. Je reste ainsi quelque seconde avant qu'un sourire n'étire le coin de mes lèvres et que je ne relève la tête pour le regarder à nouveau.

- "Papa Jona" c'est ça? le questionnais-je, amusé mais aussi touché. Jonathan Thomas Skelton-Lynch… soufflais-je. Ça fait aussi plaisir que pour la réservation de la chambre? lui demandais-je encore tout contre ses lèvres.

Mon sourire en coin devient plus prononcé alors qu'il énonce "Mr et Mr Skelton-Lynch". Étrangement, ça sonne bien à mes oreilles. Ça réchauffe le coeur peut-être aussi. Et ce n'est pas une sensation que j'avais quand j'ai pensé faire une demande à Becca. Parce qu'elle n'était pas la bonne? Parce que Jona est celui qu'il me faut? Aussi niais que ça puisse paraître, en ce moment, j'ose le croire et penser ainsi. J'écoute attentivement le reste de ses paroles, hochant vaguement la tête pour reconnaître que ma demande sort un peu de nulle part. Ce n'était effectivement pas prévu. Sinon je ne lui aurais pas remis l'un de mes bracelets, j'aurais passer un jonc à son doigt. ...faudra d'ailleurs en trouver si on se marie sous peu.

Lorsqu'il m'explique la vision qu'il avait du mariage, j'en laisse échapper quelques notes de rire. Est-ce que je dois lui rappeler la discussion que l'on a eu, l'hiver dernier, lorsqu'il a trouvé mes anciennes alliances qui étaient planqués dans le fond de mon sac de voyage? À l'époque, penser à vouloir m'engager à nouveau aurait été un cauchemar pour moi. Et pourtant aujourd'hui, j'ai mis un genou en terre pour le lui demander. Ça m'a semblé naturel. Agréablement naturel.

Je ris encore en un souffle lorsqu'il dit avoir l'air d'une vieille vierge effarouchée, même s'il le contredit quelques millisecondes après. Je me tais cependant rapidement, m'abandonnant au baiser qu'il m'offre. Longuement, réveillant une certaine envie, surtout lorsqu'il se trémousse. Un vague grondement monte dans ma gorge et je resserre quelque peu ma prise sur sa peau.

Reprenant mon souffle lorsqu'on se sépare, j'attends que les battements de mon coeur se calment tandis qu'il m'explique son acceptation pour Eva. Je tilte tout de même sur certaines de ses paroles.

- Le plus attaché aux valeurs familiales? répétais-je, particulièrement étonné. Je n'ai jamais eu que ma mère, c'est pas moi qui aie eu la vie de famille par excellence, expliquais-je.

Je ne comprends pas trop d'où il peut tenir m'associer de tels traits. Je n'ai jamais vraiment eu d'exemple de famille unie où quoi que ce soit, autres celles que j'ai peut-être croisé sur ma route, alors… je sais pas.

- Je serai là pour tes crises de panique, Jona, lui assurais-je avant de l'embrasser doucement. On passera ça ensemble, soufflais-je encore.

Comme maintenant. Comme on a déjà fait.