Chaque histoire a son héros et au début je n'étais pas sûr d'être celui de la mienne.

Une famille célèbre, honorable et soudée, pas par amour non, plutôt grâce à l'argent. Une famille où la réussite est un standard, voire une obligation. Depuis l'enfance on me fait comprendre que je n'ai pas droit à l'erreur et que je dois écraser ceux qui en font.

Jouer la carte de celui qui avait tout pour être heureux et qui pourtant a souffert serait trop facile, ce n'est pas de votre pitié que je veux. Il faut juste comprendre que la famille a moins de sens que le nom, comme l'amitié a moins de sens que l'intérêt ou que l'amour a moins de sens que le sexe.

J'ai très vite compris ça, compris que le monde serait à moi si j'en prenais la peine, compris que mon nom m'ouvrirait les portes même si ma famille était inconnue à mon cœur, compris que je pouvais avoir toutes les femmes que je désirais. Surtout une d'entre elle. Mon ombre, mon animal de compagnie, mon esclave : Soledad. Vous êtes choqués par mes propos ? Pourtant c'est pour cela que ma famille les entretient, elle et sa mère, depuis que nous sommes petits, c'est même comme cela qu'elle se définit : esclave par amour. Une demoiselle de compagnie élevée avec moi, formée pour comprendre le moindre de mes désirs avant même que je l'éprouve. Une poupée de porcelaine devenue succube dévouée, amie, amante, garde du corps. Elle ne me quitte jamais, ombre du soleil mourant.

Avez-vous vraiment besoin de connaître mon enfance solitaire, mon adolescence dépravée, mes larmes et mes rires ? Je ne pense pas, retenez seulement mon avenir, celui d'un homme destiné à conduire le monde. Baissez les yeux devant l'astre.