Patrizia Fedra-Rosa De Massari, de par son nom, est connue à travers Vérone. Héritière d'un puissant baron de la mafia Italienne, les raisons faisant sa renommée sont basées sur le pouvoir de la peur, dont le paternel de la famille De Massari est le principal instigateur. Impliqué dans les affaires nébuleuses de la criminalité depuis plusieurs décennies, le père de famille détient une réputation qui n'est plus à faire, tout comme son prédécesseur avant lui. Une histoire de famille à laquelle il est impossible de déroger.
patrizia rentrait à la maison à l'aube après qu'elle ait passé la nuit chez giacomo. une nuit qu'elle n'était pas prête d'oublier, puisque ce soir là, ils s'étaient promis l'éternité pour toujours et à jamais. c'est avec le coeur léger que patrizia pénétrait chez elle sans la moindre appréhension. un doux sourire était peint sur son visage, comme une gravure qu'il était impossible d'effacer, alors qu'elle se sentait divinement bien. mais ce sentiment de bien être était de courte durée. des traces de sang sur le carrelage de l'entrée, il ne suffisait pas de beaucoup plus pour dérouter son coeur, pour comprendre que quelque chose clochait dans la demeure de massari. ses doutes se confirmaient lorsqu'elle tombait sur le corps sans vie de son frère jumeau gisant au beau milieu du salon. le regard vitreux, il baignait sur une immense flaque de sang, une balle entre les deux yeux. enzo ? un appel qui resterait à jamais sans réponse. des larmes coulaient le long de ses joues, puis, elles mouraient sur ses lèvres. les battements de son coeur étaient désordonnés et sa respiration entre-coupée par un sanglot. ses jambes flanchaient instantanément, le poids du monde étant trop lourd à assumer, pour une âme et un coeur en perdition. enzo, s'il-te-plaît, non. il avait suffit d'un coup de fil à son père pour le voir débarquer à la résidence familial avec plusieurs hommes de main. ils l'avaient retrouvée accroché au corps de son frère, telle une épave, agrippée à lui comme à une bouée de sauvetage. la force de deux hommes avaient été nécessaire pour lui faire lâcher prise. pour seul réconfort de la part du patriarche de massari, patrizia avait eu le droit à une giffle monumentale, parce qu'elle avait eu la pudeur de montrer qu'elle était faible. chose inconcevable même dans un cas aussi extrême. les membres de la famille de massari, ils se montraient en contrôle en tout temps, dans le seul et unique but de prouver leur suprématie. de prouver qu'ils étaient invincibles même lorsqu'ils ne l'étaient pas. à ce moment précis, quelque chose changeait en elle, un truc qu'elle ne pourrait jamais récupérer. une humanité qu'elle devait mettre en veille.


suite au meurtre d'enzo, la ville était à feu et à sang, un carnage se profilant à l'horizon. les journaux locaux faisant état d'une guerre dictée par la vengeance. il se murmurait dans les rues de vérone que la famille de massari, écorchée par le décès de leur fils, ne se reposerait pas tant et aussi longtemps qu'il ne ferait pas justice au défunt. oeil pour oeil, dent pour dent. les principaux instigateurs de cette anarchie, le clan spinelli, car il se vantait sans gêne d'être l'auteur de cette décadence. le patriarche de massari avait tout mis en branle pour retrouver le tireur. un besoin irrépressible de vouloir assouvir sa soif de vengeance, la nécessité de devoir honorer la mémoire de son fils, le devoir de devoir protéger sa famille et son héritage. et peu importait si il devait y avoir des victimes collatéraux pour arriver à ce but. patrizia s'était lentement laissée entrainer dans cette perspective, de ne montrer aucune pitié pour le clan adversaire, allant jusqu'à commettre l'irréparable pour soutirer des informations. des familles avaient été détruites pour cette guerre de sourd. il n'était plus question d'une guerre de territoire et de marché, le désir de triompher sur l'autre avait pris le bord, pour ne laisser qu'un désir immuable d'extermination. le clan spinelli ne serait plus l'ombre qu'un doux et amer souvenir. c'était la promesse d'une famille brisée, aveuglée par la douleur, suite au décès du fils prodige. une promesse qu'elle s'était promise de tenir envers et contre tout.


voilà six mois que la famille de massari avait enterré enzo. six mois qu'ils remuaient ciel et terre, pour retrouver le tireur, la raison de tout leur malheur et de cette douleur. ils tenaient enfin une piste tangible sur l'identité du présumé meurtrier. mais ils étaient loin de se douter de ce que ça allait enclencher. de ce que l'identité du tireur allait révéler, qu'il le conduirait directement au cerveau de cette opération, détruisant en une fraction de secondes toutes les certitudes de patrizia. il s'était avéré que le tireur avait été envoyé par nul autre que giacomo. cet homme dont elle s'était éprise, avec lequel elle partageait sa vie depuis trois ans, dans une idylle bien trop belle pour être réelle. elle avait découvert que giacomo travaillait pour le clan spinelli. il n'était qu'une taupe engagée pour gagner sa confiance, pour s'approcher de la famille de massari, afin de mieux pouvoir détruire celle-ci de l'intérieur. une vérité ayant l'effet d'une bombe au sein du clan de massari. et bien avant que le patriarche de massari ait le temps de faire gronder sa colère, giacomo s'était évaporé dans la nature du jour au lendemain, sans laisser de trace derrière lui et laissant son coeur en lambeaux. patrizia s'était sentie trahi à un point tel qu'elle s'enfonçait doucement dans les abîmes. telle une tornade d'une force titanesque, lorsqu'elle apprit la vérité, elle avait tout détruit sur son passage. à commencer par tous les proches de giacomo, des simples connaissances à ses meilleurs amis, blessant tous les êtres ayant un lien avec lui. jusqu'à faire de leur propre existence un véritable enfer impossible à endurer. mais ça ne suffisait pas à abreuver la soif de vengeance de la famille de massari. pour laver l'honneur du clan, patrizia devait le retrouver et le tuer, mettre un terme à la vie de giacomo. au risque de perdre bien plus qu'un frère.

patrizia est arrivée à harvard au début de l'année en cours, car elle avait eu vent que giacomo se trouvait sur le sol américain, mais plus précisément qu'il avait repris sa vie en main depuis son départ de vérone. il n'avait plus le moindre lien avec la mafia et avait une vie tout à fait banale. la jeune de massari s'est inscrite à l'université histoire de rentrer dans la masse, car elle avait besoin d'une raison afin de fouler le sol américain, et rien n'était mieux qu'une visa pour étudiant. sans compter qu'elle savait qu'il étudiait dans cette prestigieuse université. et s'ils sont tous les deux au courant de la présence de l'un et de l'autre en ville, ni l'un ni l'autre est près à crever l'abcès, car ils savent pertinemment ce que ça signifierait. la vie ou la mort.