Lisbeth attendit que Maverick s’endorme profondément pour relâcher la pression qui commençait à peser lourd sur ses épaules. Elle ferma les yeux et, même si elle tenta de les retenir de toutes ses forces, quelques larmes roulèrent lentement sur ses joues. Mais quelle vie de merde ! Elle s’était battue toute sa vie pour qu’enfin on reconnaisse qu’elle n’était pas timbrée et qu’elle avait été victime d’injustice toute son existence ! Maintenant qu’elle avait commencé une nouvelle vie, une espèce de folle voulait sa peau pour X ou Y raison ! Lisbeth commençait à en avoir ras le bol. Elle avait envie de se déchaîner, de frapper contre les murs, de hurler. Qu’on lui foute la paix, merde ! Qu’on la laisse tranquille et vivre ! Bientôt en nage, elle se leva précautionneusement du lit en prenant garde à ne pas réveiller Maverick qui dormait comme un bienheureux. Elle se dirigea vers la fenêtre et serra le poing en regardant au-dehors. Les étoiles illuminaient le ciel noir et, un court instant, elle se crut en Suède lors d’une paisible nuit d’hiver. Concentrée, elle sursauta quand elle entendit la porte s’ouvrir et était prête à se jeter sur l’intru. Ce n’était qu’une infirmière qui venait la chercher pour passer sa radio. La jeune femme hocha la tête, desserrant le poing.

Elle suivit la soignante à travers les couloirs silencieux de l’hôpital avant d’arriver en radiologie. Là, on photographia son poignet gauche puis sa cage thoracique. Une fois les clichés pris, elle attendit un moment que le médecin les lise avant de lui annoncer le verdict : poignet foulé et trois côtes fissurées. Mais pas de fracture. Tout ce qu’elle devait faire, c’était prendre des antalgiques et éviter les mouvements brusques. A la rigueur, elle pouvait immobiliser son poignet à l’aide d’une attelle mais elle savait qu’elle ne tiendrait pas quelques heures ainsi. Surtout si elle utilisait son ordinateur… Une demi-heure plus tard, elle était de retour en chambre. Lisbeth ne fut pas témoin de la crise de douleur de Maverick car il redormait déjà, sûrement assommé par le traitement antalgique administré plus tôt par l’infirmière.

Le sommeil la chercha mais ne la trouva pas cette nuit-là. Lisbeth resta sur ses gardes toute la nuit, s’attendant à voir des types encagoulés briser la fenêtre de l’extérieur pour la cribler de balles. Mais les ténèbres firent place à l’aube et bientôt, le ciel se teinta d’orange, signant le retour tant attendu du soleil. Bêtement rassurée par l’arrivée de ce nouveau jour, la jeune suédoise se détendit quelque peu. Allongée dans un fauteuil qu’on lui avait apporté au cours de la nuit, elle était perdue dans ses pensées et fixait le plafond. Elle entendit à peine bouger Maverick quand il se réveilla. C’est le son de sa voix qui la tira de sa torpeur. Clignant plusieurs fois des paupières, elle porta son regard hagard de sommeil et rouge d’avoir fixé ainsi le plafond sur lui.

« Mav… Ça va ? Tu as bien dormi ? »

On pouvait dire qu’elle avait monté la garde ! Elle resta sur son fauteuil, la couverture rabattue jusqu’à sa poitrine. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

« Tu as mal ? »

EXORDIUM.

Toujours allongée sur son fauteuil, Lisbeth regardait Maverick qui émergeait lentement du sommeil. Au moins, il avait pu dormir une bonne partie de la nuit. Mais apparemment, son sommeil avait été perturbé en son absence à cause de sa jambe qui l’avait fait souffrir. Cela avait dû se produire quand elle passait ses radio, car elle ne souvenait pas que le jeune homme se soit réveillé en sa présence. Après tout, elle avait monté la garde toute la nuit. Elle se tourna sur le côté droit pour faire face à l’homme qu’elle aimait mais tout en restant allongée. Elle avait l’impression qu’une chape de plomb la clouait sur ce fauteuil, la rendant incapable de se redresser. Elle entendit parfaitement le ventre de Maverick grogner et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

« Tant mieux si tu as bien dormi… Et oui, je pense que tu devrais manger… »

Elle observa un court instant son poignet et soupira. Il la lançait toujours un peu, comme ses côtes, mais elle s’en sortait plutôt bien. Elle hocha la tête et le dissimula sous la couverture pour ne pas avoir à observer les stigmates de cette soirée agitée.

« Ça va… J’ai passé les radio quand tu dormais. Mon poignet est foulé et j’ai trois côtes fêlées. Je m’en sors bien. »

Ça aurait pu être une balle dans la tête ou au cœur… Un léger soupir échappa à Lisbeth et elle finit par se redresser avec difficulté. Le décor se mit à tourner et elle ferma les yeux pour éviter la nausée. Elle devait également se nourrir car ça faisait presque un jour que son estomac était vide. Son corps déjà rudement éprouvé par les évènements de la veille avait besoin d’énergie.

« Très bien, mais il va falloir être patient. Je vais passer chez toi pour te prendre des affaires en même temps. »

Mais comme elle était rapide, elle serait de retour dans moins d’une heure. En attendant, et bien Maverick allait devoir patienter puisqu’il ne voulait rien manger qui venait de l’hôpital. Elle se mit sur ses jambes tant bien que mal une fois le vertige passé, et elle alla embrasser l’homme qu’elle aimait. Elle lui emprunta les clés de son appartement avant de quitter la chambre. Elle avertit les infirmières qu’elle revenait et que Maverick était impatient de se lever. Elles allaient pouvoir faire les soins du matin, comme ça. La jeune suédoise quitta l’hôpital et se mit à courir pour rejoindre l’appartement du jeune slovaque.

Rien de mieux qu’un footing pour se remettre les idées en place. Elle courut à travers les rues déjà bondées de monde se rendant sur leur lieu de travail. Elle avait piètre allure avec son pantalon sale et écorché et son T-shirt noir taché de sang. Sans oublié sa chevelure en bataille, son teint pâle et son hématome au poignet. Là elle avait vraiment l’air d’une SDF. Soupirant, elle redoubla de vitesse pour vite se mettre à couvert chez Maverick. Une fois chez lui, elle alla prendre une douche en vitesse avant de sortir un des nombreux sacs de sport du jeune homme pour y fourrer quelques affaires propres et de toilette. Puisque Lisbeth avait laissé des vêtements à elle chez lui, elle put se changer sans problème. Elle attacha ses cheveux encore mouillés en une queue-de-cheval basse. Elle avait bien meilleure allure ainsi. Elle quitta rapidement l’appartement en prenant soin de verrouiller la porte. Une fois à l’extérieur de bâtiment, elle se remit à courir en direction d’un Starbucks non loin et surtout bondé. Elle y commanda du café sans oublier les viennoiseries (après tout, Maverick était un affamé chronique). Une fois toute cette panoplie en main (sac de sport et Starbucks), elle reprit la direction de l’hôpital. Une heure s’était écoulée depuis son départ et les infirmières venaient de terminer leurs soins.

« Je suis de retour… »

Elle posa le sac de sport au sol et celui contenant le café et le petit-déjeuner sur la table de Maverick. Lisbeth, quant à elle, prit place sur une chaise pour reprendre son souffle.

« J’espère que j’ai bien choisi… »

Elle parlait de la nourriture et des habits qu’elle lui avait choisis. Après tout, elle n’était pas une experte en mode (ou peut-être que si, mais ce talent était encore caché).

EXORDIUM.

Bien s’en sortir tous les deux… Il avait peut-être raison. En tout cas, pour cette fois. Il est vrai qu’une balle dans la jambe est bien mieux qu’un projectile dans le crâne. Et elle avec ses côtes fêlées et son poignet foulé, elle n’était pas à plaindre. Toutefois, cela n’enlevait rien au fait qu’elle n’en était pas moins traquée par une malade mentale. Et qu’elle devait redoubler de vigilance. Après tout, n’ont-ils pas attaqué en plein jour, cette fois-ci ? Ils avaient passé à la vitesse supérieure après s’être rendus compte qu’elle avait déjoué deux tentatives d’assassinat, dont l’une avec le premier tireur. Bon sang, tout devenait tellement compliqué ! Pour l’heure, elle devait donner le change. Lisbeth n’était pas du genre à se plaindre et à s’apitoyer sur son sort et elle allait continuer sur cette voie. Après avoir rassuré Maverick, elle récupéra ses clés, l’embrassa et quitta les lieux pour aller chercher ce qui lui manquait. Une heure plus tard, elle était de retour avec tout ce qu’il fallait pour un bon petit-déjeuner et des affaires pour son homme.

Elle se chargea de sortir les viennoiseries achetées avant de pousser une chaise vers la table pour y prendre place. Elle avait marché d’un bon pas aussi bien pour éviter à Maverick d’être seul trop longtemps que pour se dépêcher de se mettre à couvert. Bientôt, elle allait sortir en Veronika ou Irene si ça continuait comme ça… Prenant son gobelet de café en main, elle en but une grande rasade en prenant garde à ne pas se brûler. Un peu de caféine lui ferait le plus grand bien ! Ainsi que de la nourriture. Elle picora dans un croissant et le mangea lentement. Son estomac cria alors famine et c’est à ce moment qu’elle comprit à quel point elle était affamée. Les émotions, ça creuse !

« Je pense que oui… Tu veux que je t’aide ? »

Elle avait entamé une deuxième viennoiserie avec appétit et reprit une grande gorgée de café. La jeune femme se leva alors et contourna la table pour venir près du lit de Maverick. Les infirmières l’avaient fait marcher ? Mais c’était très bien, ça !

« Ne t’inquiète pas, il faut juste que tu te laisses le temps. Ne brûle pas les étapes sinon tu risques d’être en convalescence plus longtemps que prévu. »

Elle alla récupérer son sac de sport et le posa sur le lit.

« Je t’accompagne à la salle de bain ? »

EXORDIUM.